C’est l’heure du bilan de cette semaine dans la Silicon Valley. On peut en tirer trois types de conclusions : des observations, des enseignements pour l’écosystème français et éventuellement des décisions personnelles pour les participants.

Observations

Il y a deux manières d’analyser les forces et les faiblesses de la Silicon Valley : la rationnelle et l’émotionnelle. Dans le rationnel, on observe la masse critique d’universités, laboratoires de recherche, de startups et grandes entreprises, de talents dont nombreux sont ceux qui viennent d’e l’étranger, de prestataires de services ainsi que de capital qui font tous tourner la belle machine huilée. Dans l’émotionnel, il y a évidemment la culture locale qui joue un rôle, héritage de plus d’un siècle d’histoire. Elle génère une atmosphère électrisante de défi permanent, d’ambitions démesurées et aussi de concurrence exacerbée. Tout ceci rend évidement jaloux non seulement le reste du monde mais aussi le reste des USA.

Map of the Silicon Valley (based on Google Maps)

Ce que l’on a vu de la Silicon Valley était aussi assez centré sur le monde ultra-marchand de l’Internet dédié à un mode de vie d’ultra-consommation. On trouve aussi cela en France avec la pléthore de sites de commerce en ligne ou de m-commerce qui se créent. Heureusement, les initiatives de Stanford sur les réseaux sociaux et de la Mozilla Foundation en général sur les application stores tempéraient cette impression. En fait, le champ d’intervention de la Silicon Valley dépasse celui de l’Internet grand public. Dans le numérique, il y a aussi les solutions d’infrastructure, les logiciels et, au-delà, les medtechs et les cleantechs tout comme les industries liées au militaire (le fameux “complexe militaro-industriel”).

Entre 2007, date de ma dernière visite, et 2011, il y a tout de même eu la crise financière de 2008/2009. Pendant cette période, la Silicon Valley était un peu en hibernation. Les startups baissaient dynamiquement la voilure pour vivre avec le cash qu’elles avaient tandis que les levées de fonds se faisaient plus difficiles, surtout en série A. Mais depuis, l’activité a redémarré comme si de rien n’était. La capacité à se reconfigurer dynamiquement de la Silicon Valley est assez sidérante.

Visiter la Silicon Valley est aussi un moyen de se rappeler la concurrence mondiale féroce entre nos économies dites “modernes”. Il y a d’abord cette porosité internationale de la Silicon Valley dans le sens des entrées. Elle attire les meilleurs autant dans les universités comme Stanford que dans les entreprises, établies comme startups. L’ouverture dans l’autre sens vers le reste du monde est variable. Elle existe chez les universitaires et les chercheurs, elle est incontournable dans les grandes entreprises mais elle est plutôt faible dans les startups trop occupées par leur produit ou par le marché américain déjà suffisamment vaste.

Il y a aussi une concurrence forte entre les européens qui abordent le marché américain. Le Royaume Uni est un privilégié de longue date par sa proximité culturelle (au moins linguistique) et par le dynamisme plus grand et en tout cas plus ancien de son marché intérieur dans le numérique. Ce marché y est bien plus développé que le nôtre tant en btob qu’en btoc. Et c’est aussi le premier marché du capital risque en Europe !

L’image de la France par rapport au Royaume Uni est ainsi handicapée : les filiales des grandes entreprises américains du numérique, tant dans le btoc que dans le btoc, font au moins 50% de CA en plus sur UK qu’en France, voire parfois jusqu’à 100% de plus. Alors que les deux pays ont à peu près la même population et le même PNB. La conclusion est rapide pour les américains : la France est trop lente et n’innove pas assez, pourquoi s’en préoccuper ? L’Allemagne est dans une position intermédiaire et le reste de l’Europe très fragmentée. Ce n’est donc pas une surprise si les antennes européennes des grands fonds d’investissement américains sont basées à Londres. Ce n’est pas seulement lié au rôle pivot de la “City”. Ces fonds regardent dans deux autres directions : la Chine et l’Inde (du fait de la taille de ces marchés et du volume de compétences qu’on y trouve) et Israël (du fait du dynamisme dans la high-tech et d’une grande proximité culturelle). Mais pas souvent vers la France, un peu marginalisée. La Chine est évidemment au centre des préoccupations. C’est un sous-traitant obligé et une source d’immigration de qualité pour la Silicon Valley, mais aussi un concurrent dangereux à terme.

Enseignements pour la France

L’écosystème français de l’innovation peut-il apprendre quelque chose de la Silicon Valley ? Certainement ! Il l’a d’ailleurs déjà fait ces dernières années. La question n’est pas de “faire comme dans la Silicon Valley”, mais d’importer quelques-unes des bonnes pratiques qu’on y trouver ou que l’on trouve dans d’autres pays. Les bonnes pratiques relèvent plutôt de l’état d’esprit ambitieux et du brassage international et multidisciplinaire des compétences.

Il y a bien entendu les attitudes scrogneugneu dédaigneuses de certains américains pour qui la France s’évertue pour rien à essayer d’imiter la Silicon Valley (en une phrase, ils disent : “it’s the culture, stupid…”). Attitude qui a généré récemment l’approche contre-scrogneugneuse de deux américaines en Europe, Michelle Chmielewski et Roxanne Varza. Une bataille de mots entre américains qui montre bien que les préjugés des américains confinés aux USA sont en partie basés sur des méconnaissances, comme tous les préjugés. Mais elle remue toutefois le couteau dans la plaie de certaines vérités pas bonnes à entendre et pas faciles à changer chez nous.

Ecosysteme France evolutions

Depuis novembre 2007, nous avons fait pas mal de progrès dans l’univers des startups en France :

  • Les jeunes veulent de plus entreprendre. Je l’ai constaté chez mes élèves à Centrale et la même observation peut être faite dans un grand nom d’écoles de commerce ou d’ingénieur qui ont lancé leur incubateur ces dernières années. Il y a même Science Po qui a son incubateur ! Il ne manque plus que l’ENA ! Bon, n’exagérons pas. A quoi est due cette volonté d’entreprendre ? Peut-être du fait d’une image dégradée des grandes entreprises et aussi par la volonté croissante de “se réaliser par soi-même”.
  • Il y a de plus en plus de business angels, encouragés fiscalement par la loi TEPA de 2007 qui s’est appliquée pour la première fois pour les levées de fonds clôturées en juin 2008. Il est dommage cependant que cette mécanique risque de s’enrayer du fait de diverses coupes dans la Loi de Finance 2011. Le meilleur écosystème de business angels est celui qui résiste aux aléas de la fiscalité !
  • La création des fonds d’investissements d’entrepreneurs à succès de l’Internet (Kima, Jaina, ISAI, etc). Ceux-ci apportent non seulement du financement d’amorçage de taille intermédiaire qui manquait dans le cycle de financement entre les Business Angels et les VCs mais également l’accompagnement d’entrepreneurs qui apportent leur savoir-faire et leur réseau. Sans compter la symbolique, extrêmement positive. Et en plus, leurs fonds ne sont pas liés aux exonérations fiscales donc ils peuvent traverser les Lois de Finances (presque) sans encombres.
  • La starification des entrepreneurs en question tels que Jacques-Antoine Granjon (vente-privee), Marc Simonccini (Meetic), Pierre Kosciusko-Morizet (PriceMinister) ou Xavier Niel (Free) créé des modèles et l’envie d’entreprendre. La présence de certaines d’entre eux dans le Conseil National du Numérique n’est pas innocente de ce point de vue-là. Même si l’on peut regretter par ailleurs cette composition du CNN qui laisse pas mal de pans du numérique de côté (la “société civile de l’Internet” avec ses différentes associations comme les industries des composants, du matériel ou des contenus).

Equipes au complet du Startup Weekend Nantes Feb2011 (2)

  • L’activité de l’écosystème est intense tant à Paris qu’en Régions. On ne compte plus les événements, les Startup Week-ends (ci-dessus à Nantes), les Camping, la Cantine (inaugurée en 2008 à Paris et 2010 à Nantes), les Barcamps, les Open Coffee, les conférences de TechCrunch dont la Failcon ou TechCrunch Recipes de la semaine prochaine, en anglais, le Founder Institute, etc. Sans compter  la conférence LeWeb qui est unique en Europe. Les jeunes – et les moins jeunes – qui veulent entreprendre ne sont plus seuls. Ils peuvent plus facilement présenter leur projet, développer leur réseau, se faire aider et constituer leur équipe.
  • L’activité des grandes entreprises s’est un peu développée. Nous avons vu apparaitre ainsi des structures d’open innovation et d’accompagnement des startups chez SFR puis Bouygues Télécom. Il y a eu quelques acquisitions ou prises de participation notables.
  • Les aides publiques se sont multipliées mais on y trouve de tout. Je constate un glissement des aides génériques (surtout Oséo Innovation) vers les aides par projets (appels à projets pour les pôles de compétitivité et le grand emprunt). Et une focalisation à la fois de l’intérêt de la puissance publique (par affinité et par obligation règlementaire) aux phases amont de l’innovation que constitue la R&D. L’Etat subventionne beaucoup mais devrait plutôt être meilleur client de l’innovation. Aux USA, le programme “Startup America” lancé par la Maison Blanche est un partenariat public-privé multi-facettes d’accompagnement des startups. Il semble ne pas être conçu pour la Silicon Valley qui n’en a pas vraiment besoin, mais pour le reste des USA qui se sent un peu laissé pour compte, notamment dans les régions que se désindustrialisent. Il est relativement modeste dans l’échelle et presque inspiré de certaines pratiques européennes et françaises et ce n’est pas étonnant pour une administration démocrate.

Ce qui manque encore chez nous est ce côté fou de l’ambition débridée de la Silicon Valley et des moyens qui vont avec. Rares sont les projets très ambitieux. Il y a trop de me-too et d’améliorations incrémentales de succès. Ces startups ont très peu de chances d’émerger à cause du classique effet de réseau qui privilégie les leaders en place, même quand ils sont imparfaits. Rares sont les VCs qui prennent réellement de gros risques, à savoir parier sur des innovations de rupture pas évidentes et aussi miser gros dessus. On manque toujours de la capacité à financer des leaders mondiaux, pour des tours supérieurs à 10m€. C’est une des raisons qui poussent les entrepreneurs à s’établir ailleurs pour obtenir les moyens financiers de leur ambition mondiale. Nous avons certes le FSI, mais son approche d’investissement semble plus défensive qu’offensive, histoire d’éviter que des pépites locales – pas toujours bien en forme – passent sous contrôle étranger.

L’autre domaine où le pays a besoin de s’améliorer dans l’innovation numérique est dans son ouverture sur le monde, dans l’appel du large et il est lié au précédent. Nous avons quelques pôles de compétitivité “d’envergure mondiale" et on se demande à quoi servent les autres ! Cet appel du large n’a jamais été le fort de la France et de sa culture, comparativement aux cultures d’origine protestantes et du Nord, d’un naturel plus commerçant. Les français qui s’établissent aux USA sont parfois perçus comme des traitres ou de mauvais citoyens. Alors qu’il faudrait se poser la question de savoir comment créer des entreprises du type de Criteo, avec une R&D en France et des activités commerciales solidement implantées là où sont les clients, et notamment aux USA. Le modèle ici n’est pas la Silicon Valley mais Israël, où l’on trouve un esprit d’entrepreneuriat – compétitif et ambitieux – voisin de celui de la Silicon Valley, et tout un tas de startups qui s’implantent aux USA.

Dernier point qui me vient en tête, le regroupement des compétences non techniques nécessaires à l’innovation. L’aide publique ne peut couvrir le financement des investissements marketing. La solution principale pour l’Etat et les Régions consiste à rapprocher les compétences complémentaires dans l’aménagement du territoire, notamment dans l’enseignement supérieur. C’est mieux parti en région qu’en Ile de France, où les sciences molles (ou douces, selon) et le design sont plutôt à Paris et les sciences dites dures concentrées ailleurs, et notamment dans le ghetto scientifique de Saclay.

Des décisions personnelles pour les participants au voyage

Un voyage dans la Silicon Valley est toujours dynamisant pour ses participants. On en revient toujours en se remettant un peu en cause. Le premier sentiment est de trouver un peu “chicken” l’ambition de notre pays comme… sa propre ambition personnelle.

Equipe French Siliconnection

L’autre impact est de pousser certains à s’implanter d’une manière ou d’une autre aux USA. Certains décident carrément de s’y installer quelques mois avec visa touriste pour y créer directement une startup. C’est courageux mais un peu casse-cou. Créer une équipe à partir de rien du tout n’y est pas évident sauf à avoir une idée du tonnerre et encore. Mieux vaut d’abord créer sa boite en France pour faire un bon produit avec du financement d’amorçage puis d’aller installer son bureau commercial dans la Silicon Valley avec l’un des fondateurs.

Chez les élèves de troisième année de l’Ecole Centrale, certains avaient déjà fait une partie de leurs études ou un stage dans la Silicon Valley. D’autres avaient déjà prévu de faire un stage (d’ingénieur) à partir du mois de mai. Notamment Louis Romero qui ira chez Apple à Cupertino et Julien Weber chez Criteo.

Enfin, une bonne part des participants sont en phase de création de startup, notamment les organisateurs du voyage. Il y a Charles Gourio (Smart Impulse, déjà couvert), Damien Detcherry qui lance une startup dans la mobilité, nom de code Snapoleon, Thibault Poisson qui se lance avec ShareMySpot (partage de places de parking libres), d’autres dans le bookmarking vidéo, etc.

Bref, tout ceci n’était pas vraiment du tourisme ! A part peut-être pour moi… Smile.

Voilà, c’en est terminé de ce long compte-rendu d’une semaine dans la Silicon Valley. Je vais maintenant reprendre une activité normale…

Petit rappel des épisodes précédents :

Retour en Silicon Valley (1/7) grandes tendances
Retour en Silicon Valley (2/7) la recherche
Retour en Silicon Valley (3/7) grands de l’Internet
Retour en Silicon Valley (4/7) startups Internet
Retour en Silicon Valley (5/7) l’écosystème
Retour en Silicon Valley (6/7) cleantechs

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Publié le 1 mai 2011 Post de | Entrepreneuriat, France, Innovation, Internet, Loisirs numériques, Politique, Silicon Valley, Startups, USA | 78670 lectures

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Les 14 commentaires et tweets sur “Retour en Silicon Valley (7/7) et nous et nous ?” :

  • [1] - gaetan a écrit le 1 mai 2011 :

    Bonjour Olivier,
    Bravo et merci pour ces retours de qualité qui permettent d’humer l’air de la Bay et donnent envie d’aller voir ailleurs ce qui se passe. De bonnes idées à digérer et intégrer…
    Continuez ainsi 😉

  • [2] - Daniel COHEN-ZARDI a écrit le 1 mai 2011 :

    Très bonne analyse, comme toujours.

    Sur la culture du risque, je ne suis pas du tout convaincu qu’il y ait une tendance à l’amélioration chez les jeunes.

    Sans doute y a-t-il un peu plus de “volonté d’entreprendre”, ce qui est lié à plusieurs facteurs comme tu l’expliques bien.

    Sur la culture du risque elle-même, ce n’est pas ce que je constate lors des entretiens d’embauche avec les jeunes. Les seuls qui voient positivement les mécanismes variables et incitatifs que nous avons mis en place sont les étrangers. Ils comprennent bien ce qu’ils peuvent gagner de plus s’ils réussissent.

    A l’inverse, il y a même un candidat qui n’a pas continué les entretiens à la seule mention que son salaire fixe pourrait être plus bas (alors que nous offrons multitudes d’avantages divers rendant la rémunération globale plus attractive, surtout en cas de succès).

    Son verbatim fut “Il est inconcevable que mon salaire fixe baisse”. Et c’était un major de promo, donc il aurai certainement crevé les plafonds ! Et en plus, il s’emm… dans son job actuel et était recommandé par une camarade de promo qui se plait très bien chez nous.

    Donc il y a encore du chemin en ce qui concerne la culture du risque à mon avis !

    • [2.1] - Olivier Ezratty a répondu le 1 mai 2011 :

      En effet. Mais les cas que tu décris sont ceux qui ont choisi le salariat, qui est un choix de départ (en apparence) déjà le moins risqué. Donc, tu y trouves des gens qui sont averses naturellement au risque et de plusieurs manières. Tu prends un chouilla de risques en plus en travaillant dans une TPE.

      Le fait qu’il y ait plus d’entrepreneurs en herbe est un choix en amont de celui-là.

      Statistiquement, il reste cependant marginal. On est peut-être passé en quelques années de 1% à 3% ou 4% des élèves ingénieurs ou d’écoles de commerce. Je serais intéressé de trouver des statistiques sur ce point !

  • [3] - herve a écrit le 2 mai 2011 :

    Olivier, une brève question (j’espère que tu n’as pas répondu dans tes excellents articles): quel budget faut-il compter par personne (et par jour pour un tel voyage que j’imagine durer 7-10 jours max) pour un tel voyage…

    • [3.1] - Olivier Ezratty a répondu le 2 mai 2011 :

      Le budget dépend de l’organisateur et de la formule. Pour une semaine, les formules vont de 3K€ à 5K€ selon le contenu et le niveau de personnalisation du voyage. Après, en format “étudiant”, cela revient moins cher : avion + hôtel + location d’un bus pour les trajets.

      Bref, tout dépend de ce que l’on recherche et de qui organise le voyage et dans quel format.

  • [4] - Sylvainth a écrit le 2 mai 2011 :

    Série d’articles très pertinents comme d’habitude, je te reconnais bien là.

    ça me rappelle un peu mon GeekTrip du début du mois avec Phil Jeudy avec un peu de nostalgie 😉 et surtout une énergie énorme pour ma startup.

    Sylvain

  • [5] - jf a écrit le 4 mai 2011 :

    Merci Olivier ! Fantastique reportage !

  • [6] - Patrick a écrit le 5 mai 2011 :

    Je ne sais pas si l’Etat subventionne beaucoup chez nous. J’ai l’impression du contraire… Par contre, les banques prennent de l’ascendant sur tout. Les startups font peur à René Ricol, le grand argentier du grand emprunt. Et les programmes politiques (PS, UMP, etc) vont dans le sens d’une bancarisation de l’économie. La mise en avant de l’ambiance “silicon” comme vous le faites, a déjà été tenté il y a plusieurs années. Et cela ne marche pas. Le contexte a changé. L’Etat ne peut plus être acheteur, car les entreprises publiques sont privatisées. Et l’Etat n’a plus un sou en raison d’une politique massive de défiscalisation pour satisfaire les exigences des entrepreneurs pour l’installation sur le territoire.

    • [6.1] - Olivier Ezratty a répondu le 5 mai 2011 :

      C’est une impression ! Car la puissance publique est omniprésente dans le financement de l’innovation et en représente une très grande part, par des moyens divers (aides et subventions, prêts, avantages fiscaux divers, financement des FCPI via la CDC). Cf http://www.oezratty.net/wordpress/2009/financement-public-et-priv-de-linnovation/.

      Les banques prennent l’ascendant sur tout ? Dans l’économie en général oui, mais pas dans le financement des startups car le risque, elles ne connaissent pas et connaissent encore moins que les acteurs habituels du financement de l’innovation.

      Je n’ai pas encore vu le plan UMP pour la présidentielle. Quand au plan du PS qui a été publié (http://www.parti-socialiste.fr/projet), il créé une séparation nette entre le financement bancaire des PME et le financement de l’innovation. Comme pour revenir à la situation antérieure à 2006 avec la BDPME et Sofaris d’un côté et l’ANVAR de l’autre. Cela pourrait signifier qu’ils ont entendu parler de la bancarisation d’Oséo au détriment de la mission d’Oséo Innovation dont les budgets ont diminué ces deux dernières années.

      Que les startups fassent peur à René Ricol, possible, je n’en sais rien et ne le connait pas. J’ai par contre pu observer le lobbying des grandes entreprises auprès de l’Etat qui cherchent à faire croire que l’innovation ne vient pas des startups et que c’est peine perdue de les aider. Avec ça, on est effectivement mal barrés !

      L’ambiance Silicon Valley a été effectivement tentée à plusieurs endroits, les trois majeurs étant Sophia Antipolis, Grenoble et Saclay. Du point de vue industriel et du mix universités/recherche/industries/startups/international, c’est probablement Grenoble qui est le plus aboutit. Mais la ville est géographiquement enclavée et le pôle est spécialisé dans les nanotechnologies alors que la SV est multi-disciplinaire ce qui lui permet de mieux s’adapter. Tandis que lorsque STMicroelectronics (un des plus gros employeurs locaux) ne va pas bien, Grenoble tousse fort ! A Sophia-Antipolis, il n’y a pas énormément de startups. Quand à Saclay et le grand plan associé du gouvernement, on s’apprête à en faire un énorme ghetto scientifique qui n’intègre pas ou très peu d’autres disciplines pourtant indispensables à l’innovation : le design, la sociologie, le marketing, le business, le droit, etc. Tout ceci n’est pas une question d’ambiance, mais d’aménagement du territoire et de compréhension des mécanismes non technologiques de l’innovation. Un domaine ou nos élites sont un peu à la ramasse ! Quand à voir les élites gouvernantes et surtout la haute fonction publique instiller une culture du risque, on en est effectivement encore bien loin !

      L’Etat ne peut pas être acheteur car les entreprises publiques sont privatisées ? Pourtant, aux USA, il n’y a pas et n’y a quasiment jamais eu d’entreprises publiques comme chez nous. Par contre, le poids des dépenses militaires dans le budget fédéral est énorme et contribue beaucoup à ce rôle d’acheteur. La France a beau être l’un des pays de taille intermédiaire les plus militarisés et doté d’une industrie militaire en propre, ce qu’elle en fait n’a pas l’impact qu’il a aux USA.

      L’Etat n’a plus un sous en raison d’une politique massive de défiscalisation des entreprises ? Oui, cela joue un rôle (avec environ 70Md€ au total, sachant qu’il faut faire un peu le tri dedans) mais pas seulement puisque le déficit public est actuellement bien supérieur à ces avantages fiscaux…

      • [6.1.1] - Patrick a répondu le 5 mai 2011 :

        Merci pour ces précisions. Je n’étais pas allé aussi loin sur les programmes. Je vais y regarder de plus près. J’ai juste lu dans la presse un rapprochement avec la banque postale ; je n’ai pas très bien pigé côté PS. Sont ils tous d’accord ?

        Et du côté de l’UMP on parle de crédit d’impôt innovation, de vérifier des dépenses pour le CIR et de faire intervenir Oséo dans les fonds propres des entreprises. Cela change toutes les semaines… J’avoue qu’on s’y perd. Les pôles de compétitivité chez nous ont l’air de bien prendre. Du moins, dans l’optique de rapprochement et d’échanges. Pour le reste, je ne sais pas.

        Vous pensez que l’exemple américain peut avoir à nouveau un impact ici ? Il paraît qu’Obama a du mal à se faire aimer aux USA avec sa politique économique qui n’a pas permis de recréer de la croissance véritable… Je ne sais pas si nous connaîtrons les effets jadis de Al Gore et de ses autoroutes de l’info du temps de Clinton, qui ont mis en exergue le phénomène Silicon Valley, ses startups et autres districts industriels pour nous donner envie de former des cluster aussi chez nous… Depuis, il y a eu les pays émergents, la mondialisation, la crise financière…. le chômage, la peur de l’avenir, l’éducation en berne, l’arrêt de l’ascenseur social (baisse du pouvoir d’achat, compétition entre le coût du travail et le coût du capital…)

        Vos reportages sont toujours très bien construits et très instructifs. Encore merci.

  • [7] - idee entreprise a écrit le 7 mai 2011 :

    Bonjour,
    J’adore votre site et voulais vous féliciter car il fourmille d’articles intéressants.
    Je voulais savoir si vous faisiez des échanges d’articles / de liens. J’aurais en effet un échange de bons procédés à vous proposer en parlant de votre site sur mon blog. En échange, vous mettriez un lien vers http://ideesdesiteweb.blogspot.com
    Pratiquez-vous ce genre de partenariat ?

    Merci
    Grégory

  • [8] - Christophe a écrit le 31 août 2011 :

    Bonsoir Olivier,
    Je viens de prendre connaissance de vos articles concernant vos séjours dans la silicon valley et je vous remercie pour la qualité de vos informations et pour vos impressions.
    Entrepreneur et co-fondateur d’un site de réservation en ligne, j’organise mon premier séjour à San Francisco et dans la silicon valley.
    Je m’y rend le 15 septembre prochain et je souhaitais savoir si vous aviez des contacts sur place susceptibles de bien vouloir me recevoir ? Ou bien les coordonnées d’une association ou d’une organisation pouvant me renseigner. Vous en remerciant par avance. Bien cordialement, Christophe

    • [8.1] - Olivier Ezratty a répondu le 31 août 2011 :

      Il doit être possible de tester UbiFrance sur place. La question est de savoir quel genre de personne vous souhaitez rencontrer côté business (partenaires potentiels, etc). Il y a certaines personnes qui peuvent aider, mais sous forme rémunérée ! Faisons cela par email…




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