Pour cette troisième partie de ce compte-rendu détaillé d’une visite d’une semaine dans la Silicon Valley, nous allons couvrir quatre grands acteurs rencontrés sur place : Facebook, Twitter, Google et Zynga.
Sachant que plus ces entreprises sont grandes, moins on apprend de choses sur elles en les visitant ! A cela plusieurs raisons : on les connait assez bien car on exploite leurs outils tous les jours, elles font régulièrement la une des médias, elles ont une offre très large (Google) et le temps de la visite chez elles est très minuté. Il faut aussi dire que plus grande est l’entreprise, plus elle a industrialisé l’organisation de ces visites du fait d’une demande très soutenue. La semaine précédente à notre visite, Google, Facebook et
Il y aurait environ 250 millions d’utilisateurs mobiles de Facebook actuellement. L’ambition est d’en avoir un milliard ! Mark Zuckerberg est en effet très ambitieux et met sans cesse la pression sur ses équipes pour atteindre des objectifs en apparence délirants. C’est le lot commun des leaders de boites en forte croissance.
Pour ce faire, il faut aller au-delà de l’iPhone et en particulier pénétrer le marché asiatique. Il faut se relier au SMS qui reste le système de communication mobile le plus répandu. Il faut aussi s’associer aux opérateurs télécoms pour que l’accès data soit le moins cher possible pour Facebook. Comme un produit d’appel permettant de vendre ensuite des forfaits data. Facebook négocie également avec les constructeurs et éditeurs de systèmes d’exploitation mobiles pour s’intégrer en standard dans les smartphones et feature phones. Des accords existent ainsi avec Microsoft sur Windows Phone 7, avec Google sur Android, avec Blackberry, mais aussi avec LG et Samsung.
L’autre approche de Facebook consiste évidemment à attirer les développeurs. Pour eux, l’accès au graphe social est gratuit. De nombreuses applications géolocalisées émergent pour trouver les lieux intéressants à proximité, faire un check-in de ces lieux (comme dans FourSquare), trouver les amis qui sont proches. Sachant que les possibilités offertes aux développeurs d’applications Facebook évoluent sans cesse. Facebook travaille notamment à faciliter le développement d’applications mobiles portables sur toutes les plateformes. Voilà pour le pitch mobile.
Question traditionnelle de l’audience : quid de la vie privée ? Réponse classique : le marché change, l’étiquette sociale est en train de changer, les gens s’habituent à exposer de plus en plus de leur vie sur Internet, la société évolue. Mais comme l’information personnelle est disséminée dans plein d’endroits sur Internet, le risque est limité. A mon sens, c’est en grande partie vrai mais dépend de ce que l’on fait dans les réseaux sociaux. Les adolescents qui y remplissent en détail leur profil, passent le plus clair de leur temps et dialoguent avec leur amis (via le mail Facebook), y utilisent un grand nombre d’applications, y consomment des contenus et passent leur temps à tagger (“liker”) des objets/contenus concentrent une grande part de leur vie privée sur Facebook. Ceux comme moi qui se contentent d’avoir un profil très simple, d’être plutôt passifs et de diffuser quelques informations (liens sur les nouveaux posts du blog) sont moins exposés. D’où le fameux besoin d’une éducation sur ce que l’on dépose comme information sur les réseaux sociaux et pas que sur Facebook.
Comme beaucoup de français rencontrés dans la Vallée, Henri Moissinac a sinon passé un peu de temps sur le business des startups et à donner cinq grands conseils aux entrepreneurs en herbe :
- Viser l’international. Et notamment, privilégier un premier job à l’étranger. Il constate un tsunami d’étudiants étrangers arrivant dans la Bay Area.
- Faites attention à votre communication. Il faut évidemment savoir présenter sont projet en anglais, sinon c’est un gros hors-jeu ! Il aut aussi apprendre à communiquer et à détecter les signaux faibles dans la Silicon Valley qui sont moins évidents que lorsque l’on discute business en Chine.
- Soyez ambitieux. Un grand classique. Il recommande notamment aux stagiaires – qui n’ont rien à perdre – de chercher les projets qui mènent loin et d’éviter les projets d’optimisation incrémentale. Bref, “shoot for the stars to get some dust”.
- Soyez entrepreneurs (jeune, techos, combatifs). Il faut rester entrepreneur dans sa tête. Il note que les étudiants français sont plus multidisciplinaires, ce qui est un avantage pour eux. Les entreprises qui réussissent doivent être dirigées par quelqu’un qui aime son produit. C’est le cas chez Facebook et Apple (cf cette
Twitter
J’avais visité Twitter en novembre 2007 alors que la société ne comptait qu’une dizaine de personnes, mais faisait déjà pas mal de bruit (
Trois et demi plus tard, ils ont 200 millions d’utilisateurs enregistrés, ils sont 400 et recrutent à tour de bras. La société occupe quelques étages d’un immeuble à San Francisco. Leur cafétéria est quatre fois plus grande que leurs locaux de 2007. L’accueil est très grand, mais un peu froid (ci-dessous). Le tableau ci-dessus semble avoir disparu. Notoriété oblige, ils ont reçu fin 2007 le président Medvedev, et plus récemment Lady Gaga (mais après
Et nous sommes reçus par une chargée de recrutement qui présente une vidéo de recrutement qui se trouve sur leur
Allons-y donc sur les informations glanées lors de la réunion :
- Ils souhaitent améliorer l’expérience utilisateur, ce qui explique qu’ils les poussent maintenant à utiliser “leur client”, surtout sur le mobile qui est stratégique et à prendre l’utilisateur le plus “par la main” dans l’interface utilisateur. Ils souhaitent homogénéiser l’expérience utilisateur quelque soit le client. D’où des guidelines fournies aux éditeurs de clients tierce partie depuis un an et demi. On peut recevoir des Tweets via SMS et il n’est pas nécessaire d’avoir un compte utilisateur pour recevoir des tweets (c’est le cas du widget JavaScript qui affiche les tweets dans la colonne droite de ce blog). Côté marketing, ils ont fait de gros efforts aux USA pour apparaitre dans les émissions TV grand public pour vulgariser l’usage du service.
- Les outils tierce partie encouragés sont ceux qui exploitent les données, fournissent des “analytics” et analysent “l’autorité” des utilisateurs. Des startups stockent l’historique des tweets pour fournir des données sur les usages (ce que l’on appelle génériquement le Social Media Monitoring).
- Comment évolue la plateforme ? La priorité est évidemment la montée en puissance et le temps réel, qui fait la valeur du service (cf leur
Il y a des navettes entre les bâtiments du campus et vers différents lieux dont San Francisco et l’aéroport, mais aussi des vélos. C’est une sorte de Vélib, mais gratuit. Et les vélos sont tout colorés.
On trouve deux piscines de nage à contre-courant en plein air avec son maitre-nageur.
Il y a des jardins botaniques ou sont cultivés des agrumes et des fleurs. C’est tout propret.
La sécurité interne utilise des tricycles motorisés pour la surveillance du campus.
Tout est prévu pour récupérer les déchets animaux.
Un service de vidange de voiture est mis à disposition des collaborateurs.
Il y a même un coiffeur ambulant. Tout est fait pour éviter de perdre du temps !
Côté WC, on y trouve de quoi changer les bébés. On a effectivement croisé dans les locaux des mamans avec leur enfant en bas âge.
Les WC sont à la “japonaise” (à jet d’eau pour le nettoyage de votre derrière). Et pour ne pas perdre de temps, des guidelines de bonnes pratiques pour les développeurs sont placardées dans les pissotières ainsi que dans les WC fermés.
On peut signaler que tout est fait pour que l’accessibilité aux handicapés soit garantie : rampes d’accès, portes automatiques, ascenseurs.
Il y a bien entendu les fameuses cafétérias ou les repas sont gratuits pour les salariés et où sont servis déjeuners et diners. Comme cela, pas besoin de rentrer chez soi avant de travailler après diner.
Enfin, il y a l’inévitable Google Store où l’on peut acheter tee shirts, mugs et autres gadgets inutiles et quasiment rien de numérique à part une prise multiple USB.
Quid des bureaux ? Nous avons vu l’appartement “témoin” avec une décoration très fournie et plein de variations d’équipements. Et puis dans un autre bâtiment, des cubicles gris tout ce qu’il y a de plus classique, avec trois ou quatre personnes par zone. Pas évident de jauger de la proportion entre les deux !
La visite s’achevait avec une réunion avec Vincent Dureau de Google TV (
Comme si c’était le critère de choix de société le plus important, Alla Markova, de l’équipe de recrutement dans les universités, nous fait le topo sur la restauration dans l’entreprise. Le créateur Mac Pincus a décidé d’embaucher les meilleurs cuistots pour les cafétérias du siège. Il y a ainsi 35 personnes qui préparent 3000 repas par jour. Ce serait la meilleure restauration d’entreprise de toute la Bay Area ! Les déjeuner et diners sont gratuits, comme chez Google. Il y a aussi des cuisines avec frigo dans chaque équipe avec boissons, candies et fruits.
La société est organisée par équipes de taille réduite, une pour chaque jeu. On a évidemment pu voir les équipes de FarmVille (qui comporte 40 ingénieurs de développement en plus du reste) et CityVille. De manière classique, la société embauche des MBAs qui deviennent chefs de produits. Et après, califes à la place du calife dans la hiérarchie.
Dans une salle de réunion remplie de canapés, nous avons eu droit à une vidéo de promo pour attirer de jeunes recrues, montrant la belle ambiance créative de la société. Des développeurs sont venus discuter des méthodes de travail dans la société. Nous n’avons pas pu savoir si les serveurs de la société étaient hébergés en propre dans la société ou pas (cela veut probablement dire qu’ils sont outsourcés dans le cloud).
Les équipes de jeux comprennent généralement un producteur, deux chefs de produits, trois développeurs, et un responsable qualité. Une équipe produit a environ 35% de développeurs, ce qui est assez classique dans l’industrie du logiciel. La localisation est réalisée en interne par une équipe transversale. La création de jeux et leur évolution nécessite une grande maitrise des données d’utilisation. Ce travail est aussi réalisé par des équipes d’analystes mutualisées entre les équipes produits.
Voilà ce que j’ai pu extraire de mes notes qui respectait le NDA !
C’en est fini de cette troisième partie du compte rendu de cette semaine dans la Silicon Valley. La quatrième partie sera consacrée aux startups visitées, pour la plupart françaises avec notamment Criteo et Netvibes.
Tous les épisodes de cette série :
Retour en Silicon Valley (1/7) grandes tendances
Retour en Silicon Valley (2/7) la recherche
Retour en Silicon Valley (3/7) grands de l’Internet
Retour en Silicon Valley (4/7) startups Internet
Retour en Silicon Valley (5/7) l’écosystème
Retour en Silicon Valley (6/7) cleantechs
Retour en Silicon Valley (7/7) et nous et nous ?Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :
Outre ce voyage très intéressant, l’accompagnement d’une équipe sur-vitaminée, Olivier compose aussi bien qu’il prend les photos. Un vrai plaisir de lire ces comptes rendus.
Merci 😉
Frank
hi
Dommage que ca soit si court pour google mais NDA oblige 🙂 bravo pour ce voyage bien réussi
Bonjour,
Pourriiez-vous me dire comment vous avez réussi à visiter ces entreprises ? Quels conseils nous donneriez-vous si nous effectuons un déplacement sur place et souhaitons avoir la chance de nous rendre dans l’une d’elles, pour que notre demande aboutisse ?
Merci et bonne journée.
Ce voyage a été entièrement organisé par mes élèves de troisième année de Centrale Paris. Ils se sont débrouillés avec leur “réseau” et avec des anciens élèves déjà en place dans les entreprises visitées.