Ma dernière visite dans la Silicon Valley commençait à dater : novembre 2007. J’en avais tiré quelques leçons sur l’écosystème français de l’innovation. Cela m’avait aussi amené à produire un corpus de propositions dans le cadre du plan France Numérique 2012. Propositions qui n’ont pas donné grand-chose mais restent pour la plupart toujours d’actualité et méritent de persévérer.
Quand je visite un pays à forte densité technologique (cf Corée, Japon, Chine ou Israël), j’ai toujours en tête l’obsession d’en tirer des bonnes pratiques à répliquer en France. En triant le bon grain de l’ivraie. Ce voyage n’y fera pas exception, d’autant plus qu’il suivait d’une semaine un voyage d’Eric Besson – Ministre de l’Industrie et de l’Economie Numérique – dans la Vallée (avec notamment Facebook, Twitter, Google et Netflix).
Le format du voyage
Cette visite de 2007 était “pré-Lehmann” comme on dit. La crise et la reprise sont passées par là. D’où l’intérêt de cette nouvelle visite dite “French Siliconnection” organisée par mes élèves de l’Ecole Centrale la semaine du 16 au 23 avril 2011. Notre groupe d’une trentaine de participants associait ces élèves, très dynamiques, la plupart étant en phase de création de startup ou l’ayant déjà fait comme Charles Gourio avec Smart Impulse, des entrepreneurs de l’Internet et trois enseignants dont je faisais partie (l’équipe du voyage au complet ci-dessous, à Stanford).
Comme en 2007, nous avons rencontré de grandes boites du secteur, des startups, des investisseurs et des laboratoires de recherche. Et dans le tas, pas mal de français installés dans la Bay Area. Trois entreprises vues en 2007 ont été revues cette fois-ci : Google, Twitter et Netvibes, le changement le plus marquant concernant Twitter, passé de 10 à 400 personnes.
Au-delà de ce séjour one-shot, il s’est développé une petite industrie de l’organisation de voyages d’études dans la Silicon Valley. On peut citer les Geek Trips de Philippe Jeudy qui permettent à des entrepreneurs qui veulent s’implanter dans la Silicon Valley de rencontrer partenaires et financiers potentiels, avec un grand degré de personnalisation et surtout un travail de préparation préalable (préparer son pitch, son positionnement, comprendre comment on s’implante). Le French Tech Tour d’Ubifrance relève d’une approche voisine et concerne une quinzaine de startups sélectionnées parmi des dizaines par des personnalités de la Silicon Valley. Enfin, on peut aussi citer ceux de l’Atelier BNP-Parisbas par le biais de son antenne installée à San Francisco.
Dans notre cas, il s’agissait d’un séjour de découverte de la Silicon Valley pour un grand nombre de participants. La présence d’étudiants le positionnait dans les grandes boites dans le circuit de recrutement de jeunes diplômés, très courtisés par les temps qui courent.
Au programme nous avons eu une belle diversité de rencontres :
- Des laboratoires de recherche : Stanford, le PARC et dans une certaine mesure “hors concours”, la Singularity University.
- La Mozilla Foundation et son approche originale “non profit” pour bousculer la dominance des grands acteurs de l’Internet.
- De grands acteurs de l’Internet : Google, Facebook, Twitter, Zynga. Ces trois derniers ayant connu une croissance énorme ces dernières années et le premier étant solidement installé dans l’establishment de la Silicon Valley.
- Des startups de l’Internet : Netvibes, Critéo, Zong (d’origine françaises) et Kiss Metrics.
- Des investisseurs : Jeff Clavier et Pierre Lamond de Khosla Venture, tous deux français, brillants et parfaitement intégrés dans la Silicon Valley dont ils sont devenus des notables. On voit décidément trop de français dans ces voyages !
- Un gourou de l’entrepreneuriat : Steve Blank, excellentissime, décrivant le cycle de vie de la startup qui évite d’imiter maladroitement les pratiques des grandes entreprises.
- Deux incubateurs d’un nouveau style : Blackbox et HackerDojo.
- Des acteurs du secteur des cleantechs : Better Place et OPower.
Dans quelques cas, la visite valait le détour au niveau visuel (Google, Zynga, HackerDojo, BlackBox). Dans les autres cas, il s’agissait surtout de rencontres dans des salles de réunion avec des slides ou pas selon.
De 2007 à 2011, les tendances observées
Alors, quoi de neuf docteur comparativement au dernier voyage ? Voici que voilà…
- La Silicon Valley est en pleine bulle Internet et mobile. Elle a retrouvé son niveau d’activité et de dynamisme antérieur à la crise financière de 2008. La bulle se manifeste par un très grand nombre de projets lancés dans ces secteurs, une abondance de financements disponibles pour les bons projets (qui sont en fait relativement rares), des levées de fonds aux montants étonnamment élevés (comme les $42m de Color et malgré des besoins qui sont plus limités qu’en 2000, cf le dernier article de Mike Arrington) et le cas emblématique de Twitter (bien financé, avec un gros trafic mais une monétisation toujours incertaine). Et la Vallée continue d’attirer des milliers d’entrepreneurs du monde entier, plus ou moins bien préparés à affronter un marché très concurrentiel. La bulle se manifeste par des valorisations élevées lors des levées de fonds, des entrepreneurs qui arrivent à dicter leurs conditions aux investisseurs (mais pas tous), et un marché du recrutement très tendu pur les bons développeurs. Il y a très peu d’introductions en bourse, mais celles-ci sont remplacées par l’émergence de marchés alternatifs permettant de rendre liquides les actions et stock-options des startups. C’est comme cela que Mark Zuckerberg a pu faire une donation de $100m dans l’éducation au New Jersey alors que Facebook n’est pas coté en bourse malgré une valeur estimée de $70B. Les fonds étrangers comme le russe DST achètent directement les stock options d’employés des sociétés en vue de la Silicon Valley. Mais cette bulle n’affecte pour l’instant que le monde du private equity et son explosion éventuelle n’affectera pas comme en 2000/2001 toute l’économie via la l’effondrement des valeurs boursières. On oublie que la bulle boursière de 2000 avait touché tous les acteurs du numérique (logiciel, télécoms, matériel) et pas seulement les acteurs de l’Internet. Et puis la culture de l’apprentissage par l’échec permet de tempérer.
- Les incubateurs se multiplient dans la lignée de Y-Combinator. Nous en avons visité deux : BlackBox (maison hébergeant une demi-douzaine de startups) et le HackerDojo (ci-dessous; une sorte de Cantine – 6 fois plus grande – avec 250 membres, des espaces de travail et un Hackathon pour développer rapidement des prototypes de sites en un week-end). La formule magique du Y-Combinator reste cependant difficile à imiter car elle est très liée à la personnalité de son fondateur. Les nouveaux incubateurs accueillent la myriade d’entrepreneurs provenant du monde entier. Mais ceux-ci ont tout de même beaucoup moins de chances de percer face aux ex de Stanford et des “Ivy Leagues”, les grandes universités américaines.
- Dans la compréhension du cycle de vie des startups, nous avons été exposés à la méthode du “customer development” de Steve Blank. Elle formalise le processus de développement de la startup par étape (validation de son offre avec les clients et recherche de son modèle, construction à partir du modèle identifié et ensuite maturation. Steve Blank rappelle que trop de startups et d’investisseurs cherchent à reproduire les modèles des grandes entreprises de manière inappropriée. D’où des créations de postes de VP divers et de commerciaux alors que le processus de vente n’est même pas validé ni reproductible. Sinon, le thème du “pivot” est à la mode, même si on commence un peu à en rigoler. Il couvre l’adaptation permanente des startups. Faire un “pivot” consiste à réorienter la société sur un segment de marché et une offre qui sera plus facilement monétisable. Nous l’avons vu appliqué chez Critéo et NetVibes. Seesmic est aussi très adepte de ce modèle de développement avec déjà deux pivots dans son existence après avoir été créé en 2007.
- Nous avons aussi pu observer la vitesse à laquelle les startups de l’Internet peuvent devenir des “corporations” avec les lourdeurs associées : l’obligation “par précaution” de signer un NDA (Zynga, Facebook, Google), certains qui ne peuvent même dire sur quoi ils travaillent (chez Google), la prise de photos interdite dans les locaux (Zynga, Google, Facebook, Twitter) et la visite organisée des cafétérias, salles de sport et autres lieux de détente (le jardin de Google avec son T-Rex, ci-dessous, Zynga). Ces sociétés devenues grandes font tout pour préserver l’esprit startup en maintenant de petites équipes produits relativement autonomes. Mais on ne passe pas impunément de 10 à 1500 personnes en trois ans (Zynga).
- La dominance de Facebook, Apple et Google inquiète. Elle génère des initiatives diverses. Tout d’abord l’Open Social Network Architecture de Monica Lam à Stanford visant à créer une architecture de réseau social ouverte construite autour des systèmes de messagerie, intéressante dans le principe, mais ayant assez peu de chances de s’imposer. Et puis la fondation Mozilla qui après avoir réussi à déstabiliser la dominance d’Internet Explorer souhaite maintenant contrer celle des “mobile application stores” avec une architecture adaptée aux applications web. De leur côté, les gros acteurs que sont Google ou Facebook n’ont pas l’air de trop se soucier des inquiétudes qu’ils génèrent.
- La puissance publique intervient surtout par des financements fédéraux de projets de R&D, par le biais de la DARPA (équivalent de la DGA au Pentagone), de la NSF (National Science Foundation, équivalent de notre ANR) ou du NIH (équivalent de l’INSERM). Ces financements concernent essentiellement des projets réalisés par les universités et par des laboratoires de recherche privés comme le SRI ou le PARC. Les Etats du Sud-Est financent l’implantation de structures de production dans les cleantechs pour réindustrialiser leur territoire. Vu d’un investisseur comme Khosla Ventures, le gouvernement reste “un problème” plus qu’une “solution”. L’argent public coute cher et est très lent. La raison ? Les bureaucrates n’ont pas la même relation au risque. Et de toutes manières, le gouvernement fédéral ne finance pas la R&D des startups du numérique, en particulier celles du marché grand public.
- Quelques sociétés françaises arrivent à s’implanter solidement. C’est notamment le cas de Criteo, Talend, Zong et Exo Platform. Avec de bons modèles de développement de leaders mondiaux couplés à des offres bien différentiées et des modèles économiques qui tiennent la route. Certains comme Critéo ont maintenu de solides structures de développement en France, le meilleur modèle permettant de concilier la création de leaders mondiaux avec le développement d’emplois qualifiés en France. Dans presque tous les cas, nous avons rencontré des français dans les entreprises visitées (notamment chez Google, Facebook et Twitter).
Certaines caractéristiques habituelles de la Vallée sont toujours bien présentes : l’ambition de créer des leaders mondiaux, une forte culture du risque tant pour les entrepreneurs que pour les investisseurs, une concurrence acharnée et un écosystème hyperactif. Tout cela donne l’envie de continuer à s’améliorer, à pousser l’écosystème français de l’innovation à se dépasser et surtout à dépasser ses frontières. Cela fait d’ailleurs un choc de voir quelques intervenants français dans Twitter ou ici se plaindre de l’usage que l’on peut y faire de l’anglais ! Bon sang de bon soir, il faut s’ouvrir sur le monde !
Observations diverses
J’ai pu faire un petit tour dans San Francisco le dimanche après notre arrivée, chose que je n’avais jamais pu faire dans la demi-douzaine de mes séjours précédents dans la Bay Area. Photos touristiques “classiques” autour et dans le Golden Gate, Fort Mason, Fisherman Wharf, visite de la Powell Tower et de Chinatown, etc. Et un petit tour de rigueur chez Fry’s à Palo Alto (le point de vente le mieux garni pour les geeks) et Whole Foods Market (pour un déjeuner équilibré).
On pouvait constater que les infrastructures locales ne vivent pas encore tant que cela à l’ère du numérique ou tout du moins ne sont pas très orientées “clients”. A l’arrivée à l’aéroport de San Francisco, on découvre aux livraisons des bagages des écrans cathodiques éteints… presque hors du temps !
Le plus marquant sont ces arrêts de bus avec juste une indication des numéros de lignes qui y passent et aucun plan ou liste de stations. Dur dur sans application mobile pour s’y retrouver ! Sinon, le débit Internet reste encore modeste en général dans les foyers.
Mais heureusement, le Wifi est assez omniprésent et gratuit : dans l’aéroport de San Francisco, dans les hôtels, dans les points de vente et certains restaurants, et aussi dans les rues de Mountain View (fourni par Google, of course). Et les antiques parc mètres à pièces commencent à être remplacés par des versions plus hightech.
Et puis, San Francisco est toujours la ville de la diversité, un creuset international, et aussi un foyer d’excentricité, tel que cette galerie d’art exposant un char d’assaut (ci-dessous).
Voilà pour l’aperçu général ! Les épisodes suivants sont consacrés au détail des visites elles-mêmes. Vous n’en raterez pas une miette !
Tous les épisodes de cette série :
Retour en Silicon Valley (1/7) grandes tendances
Retour en Silicon Valley (2/7) la recherche
Retour en Silicon Valley (3/7) grands de l’Internet
Retour en Silicon Valley (4/7) startups Internet
Retour en Silicon Valley (5/7) l’écosystème
Retour en Silicon Valley (6/7) cleantechs
Retour en Silicon Valley (7/7) et nous et nous ?
Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :
Ce séjour dans la valley, si bien résumé dans ce post, fut d’un grand enseignement, aussi bien pour l’ensemble des visites que pour les compléments d’informations entre 2 visites dans le bus 😉
Merci Olivier !
Frank
Merci Olivier pour la citation.
J’ai mis en place les Geektrips (10 au total) pour être une mise en situation concrète dans la Silicon Valley et ne sont qu’un des instruments d’une plateforme qui peut également faire de la veille technologique, ou encore de l’accompagnement personnalise soit pour s’installer, pour étudier les possibilité de financement.
Ancien responsable financier, Chef de Projet, Business Developer dans le mobile en Europe, maintenant depuis plus de 3 ans dans la Silicon Valley, mon CV est disponible ici http://philjeudy.com/about/
Est ce que ce genre de voyages ne nous positionne pas plus comme spectateurs/touristes plutot que comme acteurs? (comme on visite les studios de cinéma aux US)?
C’est un risque, mais ce n’est pas vraiment le cas :
– Nombre de participants au voyage envisagent de s’installer aux USA d’une manière ou d’une autre.
– Les entrepreneurs du voyage (élèves comme autres) ont eu l’occasion de pitcher leur solution dans différents meetings du voyage.
– Certains vont y faire un stage (pour les élèves).
– D’autres comme moi cherchent à identifier les bonnes pratiques à récupérer chez nous.
Plutôt qu’un voyage de touristes, il vaudrait mieux donc parler d’exploration.
Les voyages organisés type Geek Trip ou Ubifrance permettent de prendre le relais pour rendre les participants encore plus acteurs.
Au vu des rencontres que nous avons faites et le niveau des conférences, je peux assurer qu’il ne s’agissait pas de tourisme!
En revanche, dans les grandes boîtes, il y a toujours une partie “tourisme”, mais au visiteur de tirer les enseignements et les best practices, a lui de poser des questions pertinentes et intéressantes!
Il est clair qu’un groupe de 30 personnes laisse peu de place au 1to1 et qu’on ne tire pas la meme substance qu’avec un groupe de 5-10 personnes. Mais le fameux adage qui dit que le voyage forme la jeunesse peut s’adapter au cas de personnes qui se rendent a l’endroit ou il se passe le plus de choses actuellement dans la HighTech. On te voit bientot dans la Silicon Valley Yannick ?
Je voulais dire Michel…
Ca fait quand même rêver ceux qui n’y sont jamais allé, merci pour le retour.
Merci Olivier pour ton feedback!
Si l’Etat fédéral fait mal son boulot aux US. Ce n’est pas le cas en France, puisque les startups françaises qui s’implantent dans la Silicon, ont été bien aidées par l’Etat français et les collectivités locales pour démarrer. Vous les citez, elles est ont toutes été aidées. Mais après, les fils bien nés qui ont monté leur boîte, nous trahissent. Vous aussi, vous prônez le tout privé. Vous faites partie de la nébuleuse du moment. Les petits profits et compagnie. Mais vous voulez prouver quoi avec votre reportage ? US is the best ? Vous plaisantez ? Avec cela c’est sûr ,notre sarko bien aimé va se la jouer… à l’américaine, à la Kennedy… (kenedaï)
Quel commentaire péremptoire, et quels raccourcis sans nuances ! Vous êtes visiblement impatients de lire la dernière partie de ce tour d’horizon où je vais faire le point de l’évolution de l’écosystème français par rapport aux best practices de la Silicon Valley (dont il est vrai tout n’est pas à reprendre).
Où est-ce que je milite pour le tout privé ? Vous ne lisez visiblement pas ce blog régulièrement ! S’il y a des formes d’aides publiques qui me semblent mal organisées (comme dans le grand emprunt), d’autres, plus génériques (Oséo, JEI, aides régionales, fonds d’amorçages régionaux) me semblent tout à fait utiles.
C’est une affaire de vases communiquants : le privé est dynamique aux US et il y a plein de grands succès qui réalimentent la pompe du financement de l’innovation. L’Etat fédéral intervient donc moins, tout du moins dans le numérique “civil” et notamment dans le btoc. L’intervention fédérale fonctionne beaucoup en mode projet. L’Etat joue plus un rôle de client (comme pour la DARPA) que de subventionneur, même si les mauvaises langues assimilent l’un à l’autre.
En France, nous manquons de succès, donc de financements privés et la puissance publique comble le trou. Il y a un juste équilibre à trouver qui à mon sens repose sur l’encouragement au développement international de nos pépites pour leur faire atteindre la taille critique. Et à ne pas les qualifier de traîtres s’ils s’installent aux USA pour aborder le plus grand marché mondial, tout du moins si dans le même temps, ils préservent des emplois qualifiés en France. C’est le cas de deux sociétés que je vais décrire dans l’article suivant (Criteo et Netvibes).
Je crois que Netvibes s’est débrouillée toute seule. Je crois que son créateur avait beaucoup d’argent à investir… Fortune perso ? Quelle chance.
En ce moment, il y a un énervement
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0201324331601.htm
Je ne sais pas ce qu’il en est de Tariq Krim qui a sûrement du investir comme fondateur dans la boite. Pierre Chappaz qui a été DG de la société a été business angel dans le projet au même moment où Index investissait dedans en amorçage, alors qu’il y travaillait (ce qui n’est pas incompatible). La société a ensuite levé $15m, chez Index et Accel.
Olivier,
Belle initiative que de faire decouvrir la Silicon Valley a de futurs centraliens !
La prochaine fois, fais-moi signe un peu a l’avance, nous tacherons d’organiser un petit evenement avec les Centraliens de la Vallee (et potentiellement d’autres grandes ecoles – nous avons un petit reseau ici ainsi qu’un groupe LinkedIn, ferme aux non-residents de la vallee, cependant).
A bientot !
Raphael.
Bonne remarque concernant le debit Internet des foyers de la Silicon Valley… La grande surprise quand on arrive de France dans l’auto-proclame centre du monde technologique, c’est qu’on est bien mieux loti en France question Internet et mobile. Dans la Silicon Valley, AT&T a un reseau moins que fiable (c’est devenu une blague recurrente avec l’iPhone surtout), certains zones de la vallee ont tres peu de reseau (et donc les communications sautent frequemment, notamment sur la 280), et les lignes Internet ne sont pas toujours tres stables.
Mais surtout, c’est le prix assez exhorbitant des abonnements Internet et mobile qui choquent le plus, surtout quand on s’est habitue au triple-play Free a 30 euros avec un debit Internet enorme. Ici, pour le meme prix, on a a peine mieux que 1.5 Mb/s en debit descendant… Au bas mot, il faut depenser $100 (attention, en pouvoir d’achat, c’est equivalent a 100 euros, pas 65…) pour avoir Internet, TV et telephone fixe. Ajouter quasiment la meme chose pour un abonnement iPhone locke sur 2 ans…
Pour ma part, j’ai fait le choix de ne plus avoir la tele, tout simplement (et le telephone fixe quasiment gratuit grace a la VOiP de Ooma). Je ne m’en porte pas plus mal, surtout vu ce qu’on y voit en general (des pubs les 3/4 du temps !)
Le débit pourri de l’Internet dans la SV a au moins un avantage : il permet de concevoir des services en ligne qui fonctionnent bien dans le monde entier. De leur côté, les européens et les français qui ont un débit plus élevé n’en ont pas tant profité que cela d’un point de vue business. Mais il y a plein de raisons à cela qui n’ont rien à voir avec le débit Internet.
Je découvre ton blog avec grand intérêt, un peu tardivement (septembre 2011). Et je commence par ce papier. Pour faire court, j’aime bien le ton, et tu donnes beaucoup d’infos, merci.
Mais quand je lis, qu’OSEO et autres institutions françaises ont des possibilités de financements et d’aides intéressantes, et que des sociétés françaises reçoivent de l’aide de la France pour partir aux US, je me dis que j’ai du louper les bonnes personnes à OSEO ou bien je vis ds une autre réalité.
Si tu parles des aides d’UBIFrance, OK, ils aident, mais les sociétés déjà existantes, pas les startup à ma connaissance, et ils aident surtout à recaser des contrats à tous les consultants divers et variés qui gravitent autour d’eux.
OSEO et son foutu concours pour startup innovantes propose un cours à 45.000€ et ne fournit en général que 25-30K€. On se casse la tête à préparer un dossier pour lequel on compte sur 45K pour finalement se retrouver avec plutôt 25K. Bonjour la logique.
Ensuite le concours pour société innovante, même combat, on promet jusqu’à 450K et finalement on nous dit qu’OSEO arrive à donner que 150 à 250K. On se moque de qui?
Mais, au-delà des chiffres, quand on a besoin d’embaucher une équipe de 6 à 8 personnes, on fait comment avec 25K ou même 250K?
Et bien on laisse tomber les institutions françaises et on se tourne vers des BAs ou des VCs. Et eux, ils sont où en France à prendre de vrais risques? Je ne les ai pas trouvés.
Il faut dire que mon unique expérience avec OSEO est de m’être fait recommandé de m’installer aux USA directement, donc de créer une entreprise US, pas du tout francaise.
Merci OSEO.
Petit détail, je m’intéresse au business de la génomique personnelle sur mobile devices, un business illégal en France et en Allemagne, alors que déjà en pleine expansion partout ailleurs dans le monde. Oui, partout. Une entreprise francaise créant des richesses en France, pour vendre uniquement à l’étranger, n’aurait-elle pas le droit d’exister en France. OSEO m’a répondu, aller vous faire voir…ailleurs.
Les innovations de rupture ont encore de beaux jours, aux US par exemple, où toute idée est bonne à prendre, mais pas en France. Sic!
Je faisais référence pour ce qui est d’Oséo à différentes aides citées ici : http://www.oseo.fr/votre_projet/international. Mais il semble bien que celles-ci concernent les sociétés ayant déjà décollé d’une manière ou d’une autre. UbiFrance n’aide pas au sens financier du terme, mais pratique. En effet, leurs prestations sont payantes.
Pour ce qui est du concours national, il semble que le jury puisse décider d’attribuer tout ou partie de l’aide maximale prévue, c’est dans le règlement du concours il me semble. Sachant de toutes manières que cette subvention est conditionnée par l’apport de fonds propres équivalents dans l’entreprise, donc en général d’origine privée (BA, VCs). Beaucoup s’en plaignent en effet. L’Etat a choisi de ne pas faire cavalier seul et de privilégier les financements conjoints public/privé. Sur le long terme, je pense que c’est une bonne formule, même s’il est vrai qu’il est difficile de trouver des financements privés en France, ou en tout cas, plus difficile qu’aux USA.
A noter d’ailleurs que cette année, il y avait moins de lauréats que l’année précédente. Je ne sais pas dire si c’est lié à un manque de “bons” projets ou à un resserrage budgétaire. Mais je trouverai le moyen de le savoir d’ici peu…
Le sujet de la génomique personnelle est un peu particulier pour la raison réglementaire citée. Mais sans cette contrainte, il y a plein d’autres raisons qui poussent certains à s’établir d’emblée aux USA. Ce marché est généralement plus perméable aux innovations de rupture alors que le marché français est globalement très conservateur.
Pour ce qui est de l’absence de prise de risque des investisseurs en France, cela reste un jugement de valeur pas étayé par des études ou données. Comme tous les projets ne sont pas financés, les entrepreneurs qui n’arrivent pas à trouver du financement ont toujours beau jeu de dire que “les investisseurs ne prennent pas de risques”. Un investisseur cherche naturellement à minimiser les risques. Il en prend tout de même énormément ! Un business angel “de base” est à peu près sûr de perdre sa mise sur au moins les 3/4 voire 9/10 des projets qu’il a financés. Si ce n’est pas de la prise de risque, qu’est-ce que c’est ? Après, il fait des choix sectoriels. Il peut aussi éliminer des projets qu’il juge mal préparés. Ce qu’un entrepreneur perçoit comme une absence de prise de risque est, du point de vue de l’investisseur, une évaluation négative de certains facteurs clés de succès de la startup, à commencer par la qualité de l’équipe. Tout le monde doit balayer devant sa porte ! Et aussi chacun doit mieux se comprendre.
Oui, suis assez d’accord sur ce dernier commentaire.
Bien que, je trouve nos institutions françaises et les investisseurs francais, plus focalisés sur les innovations technologiques que sur les innovations de marchés.
Pour ces dernières, les américains sont encore et toujours ceux à prendre le plus de risques. Il faut parfois miser sur des “visions”. Les français que j’ai pu rencontrer ne comprennent pas les “visions” en particulier cellesconcernant des innovations de marché, ils leur faut du concret, et une innovation technologique les rassure davantage.
En tout cas c’est l’experience que j’ai pu avoir depuis le début de ma récente expérience entrepreneuriale.