La performance réelle du capital risque

Publié le 30 septembre 2009 et mis à jour le 16 octobre 2009 - 23 commentaires -
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J’ai assisté la semaine dernière à une présentation très intéressante sur la performance du capital risque dans le monde réalisée par les équipes de Quilvest Venture. Quilvest est un groupe privé international regroupant diverses activités dont celle de Private Equity (investissement direct dans des entreprises de croissance) ainsi que de “fond de fond” (investissement dans des fonds de capital risque). Elle faisait ici la promotion indirecte de son savoir faire dans la détection de bons projets et des meilleurs fonds d’investissement. Un excellent regard macro-économique pour comprendre le circuit de l’innovation.

La présentation s’appuyait sur une étude quantitative de 22500 sociétés créées depuis 2002 et financées par du capital risque aux USA, en Europe et en Chine. Cette étude vise à identifier les bonnes pratiques acquises par l’expérience du capital risque dans le monde et particulièrement aux USA, et aussi à permettre le repérage des projets susceptibles de générer les meilleurs retours sur investissement.

Avec quelques convictions sous-jacentes : le capital risque n’est pas mort avec la bulle Internet. Il a besoin d’ambition, de professionnalisme et surtout de patience – avec des investisseurs à même de s’inscrire sur le long terme.

Le qualitatif

Voici les points clés de cette étude tout d’abord d’un point de vue qualitatif :

  • Les USA sont toujours au coeur de la création de richesses dans l’innovation. La Chine émerge rapidement mais les rendements financiers y sont encore incertains car la plupart des “sorties” (des entreprises des fonds) se font par des introductions en bourse, dont le niveau est artificiellement élevé, même pendant la récession actuelle. Ce qui favorise les USA et fait écho aux récents propos de Marc Simoncini :
    • Ce ne sont pas les technologies qui créent cette différence. L’Europe est tout aussi bonne dans le domaine. L’argument se tient, mais n’est pas sous-tendu par des données quantitatives. On continue en tout cas d’arroser là où c’est mouillé en Europe et en France avec toutes ces aides concentrées sur la R&D, Crédit Impôt Recherche en premier !
    • Un grand marché non fragmenté. L’Europe est pénalisée par la fragmentation de son marché intérieur, malgré l’unification de la monnaie et de la régulation. C’est aussi ce qui aide maintenant la Chine.
    • Le capital risque disponible : $30B (USA) vs $6B (Europe) par an levés par les fonds de capital risque en moyenne entre 2002 et 2008 (sans compte les investissements de business angels qui sont très élevés aux USA, $30B en 2007, mais probablement moins en 2008/2009). Un décalage qui reste énorme malgré la décrue de 2008/2009, qui de toutes manières affecte tout autant l’Europe.
    • Le grand nombre de fonds gérant plus de $300m et avec une longueur d’avance d’expérience, une taille critique indispensable pour générer de gros succès.
    • Un réservoir de managers de qualité – dont il faut noter au passage l’origine géographique diversifiée. Sachant de plus que les entrepreneurs ayant réussi ont deux fois plus de chances de réussir à nouveau que les “bleus”.
    • Un marché financier dynamique : le Nasdaq représente $3000B alors que l’ensemble des seconds marchés européens représentent seulement $80B. Avec ou sans crise et bulle financière.
  • Du point de vue sectoriel, le numérique est porteur des plus belles réussites et des meilleurs rendements. Les sciences de la vie sont moins porteuses. Et les énergies renouvelable sont prometteuses mais avec des enjeux industriels complexes. Dans ces deux cas, les retours sur investissements interviennent tardivement après des investissements lourds en production industrielle nécessitant des reins solides dans plusieurs tours de financement.
  • Les groupes industriels sont au coeur du dispositif de l’innovation. Ce sont eux qui permettent la sortie par le haut des entreprises financées. Une bonne santé et des pratiques d’acquisition soutenues conditionnent étroitement la dynamique du marché du capital risque. (NDLR: la mauvaise santé des grands acteurs technologiques français du numérique – Alcatel-Lucent, Thomson, Bull, Sagem, etc – constitue à elle seule un grand trou béan dans l’écosystème de l’innovation français du numérique).
  • Les rendements des fonds varient énormément dans le temps. Quilvest considère qu’il s’agit de cycles très longs d’environ 15 ans. Il faut donc investir dans la durée. 

L’étude quantitative

D’un point de vue quantitatif, sur les 22500 startups financées par des VC depuis 2002 dans le monde :

  • Il y a eu 7000 sorties (“exits”) soit environ 1 pour 3. Les sorties sont soit industrielles (acquisition par un grand groupe) soit des introductions en bourse (IPO).
  • Il y a eu 720 sorties de plus de $100m, soit 1 pour 30. C’est à ce niveau que l’on considère qu’un VC a généré un beau succès (même si nombre d’entre eux se contentent de moins que cela en Europe). Cela fait 8 sorties par mois de plus de $100m.
  • Ces 720 (10%) des sorties inventoriées (et 3% des startups) représentent plus de 80% de la valeur globale de sortie cumulée. Cette forte concentration du retour financier sur quelques sorties était vraie pendant la bulle Internet et l’est restée après.
  • Il y a eu 32 sorties de plus de $1B (un milliard de dollars US), soit 1 sur 700, une par trimestre. Avec des retours de plus de 50x pour Google et YouTube (ratio entre gains et mise de départ des investisseurs). Dans ces 32, 10 sociétés présentaient un ratio de sortie supérieur à 20x, dont Skype, Alibaba, QCells, Spreadtrum et Equalogic. Et 20 sont américaines pour une valeur de $64B, 5 sont européennes pour $10B et 7 sont chinoises pour $20B.
  • Sur les 22500 startups examinées, 11800 sont américaines. Avec un ratio équivalent d’exits à la moyenne mondiale (1 sur 3). Mais 1 sortie sur 20 est à plus de $100m contre 1 sur 80 en Europe !

So what ?

Quilvest Venture disposait visiblement d’informations de très grande valeur et ne pouvant pas être présentées : les performances individuelles de plus de 200 fonds de capital risque, des fonds par pays, etc. Il n’avait aussi visiblement pas intégré la dimension “business angels” dans son étude, malgré le poids que cette source de financement représente aux USA dans les startups. Peut-être parce que cette source intervient très en amont, dans la myriade de startups en amorçage ou les succès sont rares. La plupart des sociétés investies par le capital risque ont été amorcées par des business angels. Il serait aussi intéressant d’étudier l’impact des aides publiques dans les réussites identifiées.

Ce genre d’étude rappelle que les grands succès sont rares et que les facteurs clés de succès sont moins bien réunis en Europe qu’aux USA. Tout le monde le sait, mais peu agissent en connaissance de cause.

Cela fait belle lurette que j’en ai déduit de manière un peu simpliste que pour réussir dans le numérique, surtout dans les couches très technologiques, il fallait avoir un (voire deux) pieds aux USA. Si un fond d’investissement était ainsi créé pour l’industrie du logiciel dans le cadre du grand emprunt, il faudrait qu’il aide les PME du secteur à s’implanter là bas. Mais comment faire accepter d’utiliser des fonds publics pour créer des emplois aux USA ? Complètement contre-intuitif, mais pourtant le prix à payer pour créer des réussites mondiales dans ce secteur. Certes, nous avons Ventes Privées et Meetic qui sont des réussites européennes, mais elles sont bien rares.

L’étude rappelle aussi en creu que le morcellement du capital risque européen et français n’est pas bien salutaire. Il serait intéressant que des regroupements ou consolidations se réalisent pour permettre aux fonds d’atteindre la taille critique permettant de réaliser des investissements lourds (au delà de 20m€ par projets) à même de générer de grosses réussites.

Mais le financement ne fait pas tout. Il faut aussi l’envie et les compétences. Et il est difficile d’accepter qu’elles soient aussi rares que l’argent, et que l’argent ne puisse pas les acheter directement ou à court terme.

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Publié le 30 septembre 2009 et mis à jour le 16 octobre 2009 Post de | Economie, Entrepreneuriat, Innovation, Logiciels, Silicon Valley, Startups, USA | 29473 lectures

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Les 23 commentaires et tweets sur “La performance réelle du capital risque” :

  • [1] - Mickael a écrit le 30 septembre 2009 :

    Encore un article de grande qualité que je me délecte de lire!
    Je commence à prendre l’habitude!

    Une fois n’est pas coutume je viens avec ma petite remarque:
    “Mais comment faire accepter d’utiliser des fonds publics pour créer des emplois aux USA ?”

    Difficile de le faire accepter et pour cause, la finalité du grand emploi est ,à mon sens, plus orientée politique que business.

    Mais est-il réellement judicieux d’avoir deux pieds aux USA sachant que les plus gros succès se font plus sur l’idée novatrice que sur la complexité technique du développement.

    Les “bonnes idées à la françaises” ne seraient-elles pas en danger dans cette économie de moyen, n’y aurait-il pas un risque de “plagiat”?

    Dans cette optique de créer cette fameuse synergie entre la “customer value proposition” et les moyens je suggèrerais à la fois une consolidation permettant aux fonds d’atteindre la taille critique comme vous l’exposez mais également la présence d’une cellule française aux USA qui jouerait un rôle de :
    – médiateur, facilitateur avec les mastodontes US
    – relais business
    – rapporteur de tendances, idées
    – suggestion de synergies
    – capitalisation d’expérience

    Bien sûr cet avis est très personnel mais il devient urgent de densifier l’aspect “business”…

  • [2] - macha a écrit le 30 septembre 2009 :

    Regroupement de fonds ici : peut être (pour la taille critique). Mais pas trop d’équipes aux USA car elles risquent de nous quitter à tout jamais. On connaît déjà. Le marché américain est trop protectionniste… et du coup il oblige à se faire absorber complètement. On n’est pas là non plus pour soutenir l’économie américaine (faut pas pousser).

    Si le marché n’est qu’américain, alors il vaut mieux ne plus investir dans le numérique en France et en Europe. Ce serait peine perdue.

    Il nous manque un vrai marché européen du numérique. Et on ne fait rien pour cela. Pourtant le marché de l’Union européenne (à 15), c’est déjà plus de 300 millions de consommateurs potentiels (soit davantage que le marché américain).

    Il va falloir se sortir de ce piège dans lequel les USA nous ont mis…

    • [2.1] - Olivier Ezratty a répondu le 30 septembre 2009 :

      Ce n’est pas un piège, c’est le mouvement de l’histoire qui date de deux siècles déjà ! Si la Louisiane était restée française et la Californie mexicaine, peut-être en aurait-il été autrement.

      Et si on parlait une seule langue en Europe, cela serait un moyen de se rattraper, mais ce n’est pas possible n’est-ce pas ? En plus de cela, nous français, sommes parmi les plus mauvais dans la langue de Shakespeare, ce qui n’aide pas non plus.

      Le protectionnisme du marché américain a bon dos. Les US trouvent de leur côté que l’on subventionne bien trop les entreprises. De toutes manières, une réussite mondiale ne peut pas se contenter de démarrer lentement en France puis de jouer à saute mouton en Europe. Il faut viser grand et vite.

      Soit on est d’accord sur ce diagnostic (pour créer des leaders mondiaux), et on agit, soit effectivement, le numérique sera pour la France une industrie de services locaux faiblement exportatrice. Bref, un marché plus qu’une industrie.

      • [2.1.1] - JustinThemiddle a répondu le 30 septembre 2009 :

        Nos différences culturelles en Europe sont une force et il faut savoir les préserver mais notre incapacité à communiquer sur la base d’une langue commune est un réel handicape avec pour conséquence de nous rendre inerte…

        Je rigolais de ceux qui promettaient l’Esperanto à chaque élections européennes mais je crois désormais que son enseignement dès le début du primaire est en réalité indispensable si nous voulons faire de l’Europe un territoire vraiment compétitif (mais le voulons-nous vraiment, nous européens?).

        Ne pourrait-on pas adopter une communication à deux niveaux comme cela est le cas pour en Catalogne? Quelles seraient les conséquences à long terme? Convergerions-nous vers une culture unique? Conserverions-nous nos identités nationales, régionales? Anglais ou Esperanto? Que choisir?

        En attendant quiconque veut conquérir le marché européen devra construire autant de stratégies qu’il ne compte conquérir de pays. C’est vraiment horrible…

        Olivier, la France n’est pas le pire au niveau de l’anglais. Je sais pas si tu as déjà essayé de parler anglais en Espagne mais…

      • [2.1.2] - Michel Nizon a répondu le 3 octobre 2009 :

        La langue commune des affaires en Europe existe déjà, c’est l’anglais international mais le système de l’éducation nationale en France est dans sa majorité réfractaire à enseigner ce qu’elle appelle un anglais d’aéroport..Un marché unifié par la langue anglaise de plus de 300 millions d’habitants faciliterait bien les choses pour les entreprises…(20 ans pour y parvenir en France d’après Alain Daumas, directeur France d’ETS, créateur du Toeic):

        http://www.capital.fr/carriere/interviews/il-faudra-encore-une-vingtaine-d-annees-pour-que-les-francais-aient-un-bon-niveau-en-anglais-437371

        • [2.1.2.1] - JustinThemiddle a répondu le 5 octobre 2009 :

          Seulement je ne parlais pas de langue des affaires qui est incontestablement l’anglais mais de langue des citoyens d’Europe qui ne sera probablement jamais l’anglais (ou alors à bien plus longue échéance que 20 ans…).

          Tout le monde fait du business en anglais par contre vous ne vendrez jamais des produits à tous les européens s’ils n’ont pas été traduits dans leur langue et adaptés à leur culture. D’ailleurs, même une langue commune n’effacerait pas la culture de chacun (et tant mieux). Je pense donc qu’un marché européen homogène relève de l’utopie. Cependant l’harmonisation du cadre légal serait déjà un grand pas et force et de constater qu’on en est encore très loin.

  • [3] - Marc a écrit le 30 septembre 2009 :

    Pouf, pouf, pouf, voir l’étude de la Kaufmann Foundation qui milite pour une division par 2 de l’offre de Venture Capital aux USA si cette industrie veut survivre et retrouver ses niveaux de rendements passés.

    Le modèle VC est bel et bien cassé, mais plus encore en Europe me semble-t-il, qu’aux USA. Quant à la France, si on enlève la défiscalisation, il n’y a plus rien.

    • [3.1] - Olivier Ezratty a répondu le 30 septembre 2009 :

      Pour les lecteurs, l’étude à laquelle tu fais allusion est ici : http://www.kauffman.org/uploadedFiles/USVentCap061009r1.pdf. On dirait presque une étude européenne tant elle manque d’optimisme !

      S’il y a probablement trop de capital risque aux USA, il en manque certainement en Europe pour faire le poids, même en divisant par deux les sommes investies aux US !

      Je ne suis pas sûr que le modèle VC soit le seul de cassé si cassure il y a. C’est aussi la bourse (plus d’IPO), les grandes entreprises (qui innovent moins par des acquisitions, syndrome du NIH) et la concurrence du reste du monde de la finance (avec tous ces montages financiers à forts effets de levier que la crise récente n’a pas supprimé loin de là).

      Sur la défiscalisation, n’oublie pas qu’il y en a aussi pas mal aux USA ! Les SBIC du SBA (exos de plus value sur les fonds d’amorçage), etc.

      La véritable inconnue sont les secteurs d’activité qui vont émerger. Le numérique est peut-être en partie derrière nous.

      • [3.1.1] - Mbaz a répondu le 31 mai 2016 :

        Bonjour, s’il vouq pouvez-vous m’avoir un document qui fait une étude comparative entre le capital-risque en France et le capital-risque classique américain?
        D’avance merci

    • [3.2] - Olivier Ezratty a répondu le 1 octobre 2009 :

      Il faudrait aussi intégrer d’autres éléments dans la réflexion sur l’avenir du capital risque : le genre de multiples financiers qui pourront être générés sur les BONS projets compte tenu des évolutions des secteurs d’activités hightech.

      Si, comme le veut la pensée du moment, le numérique évolue plus vers des services et que les logiciels deviennent plus open source, et que par ailleurs, de nombreuses briques se standardisent et se commoditisent, y compris le cloud, cela pourra diminuer les économies d’échelle des acteurs, et donc leur marge nette et après coup, leur valo, et donc les sorties.

      Pour les autres secteurs d’activité, la santé reste intéressante mais les études montrent qu’elles ne génèrent pas de très bons multiples, même si dans les années qui viennent les grands groupes de pharma pourraient procéder à de nombreuses acquisitions pour renouveler leur portefeuille de brevets qui arrivent à expiration. Avec donc des valos élevées.

      Les green techs sont le nouveau secteur porteur. Mais quand on regarde de près, ce sont pour l’instant soit des activités de service et d’intégration, soit des activités industrielles avec de gros investissements et une forte concurrence baissant les prix et donc les marges (par exemple sur les panneaux photovoltaïques). Net net, des sorties avec des multiples qui ne seront peut-être pas non plus mirobolants.

      Ca, c’est une vision plutôt pessimiste. En résumé, la double bulle des années 80-90 des industries du logiciel et de l’Internet serait derrière nous et difficile à reproduire avec les nouvelles vagues technologiques.

      Mais on peut aussi rester modérément optimiste dans la mesure où les innovations structurantes à venir et leurs modèles économiques ne sont pas faciles à anticiper.

      L’autre réflexion à avoir est la suivante : est-ce que les technos qui se préparent en ce moment (nanotechs, robotique, IA, cloud, etc) vont générer des monopoles naturels comme ceux que l’industrie des microprocesseurs et des systèmes d’exploitation on généré il y a maintenant vingt ans, et sans compter la dominance de Google dans le search ? Car les grosses valos viennent aussi de là ! Mais dans ces domaines, les monopoles naturels seraient encore plus dangereux et inquiétants que ceux qui ont court actuellement.

  • [4] - macha a écrit le 30 septembre 2009 :

    Il nous faut construire un modèle à nous, européens (ou simplement français), qui nous soit profitable à tous niveaux (y compris au niveau social biensûr). Soutenons d’autres Meetic. Il n’y a pas de raisons que l’on ne le fasse pas.

    N’oublions pas que Rocard conseille Sarkozy actuellement (et pour le grand emprunt)et il a une vision très particulière et souvent partagée :
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/09/26/michel-rocard-ce-que-financera-l-emprunt-devra-etre-aussitot-productif_1245493_823448.html

    Enfin les études que vous citez sont toutes issues de banques privées qui n’ont qu’un seul objectif : la plus-value et vite… et peu importe avec qui.

    Et toutes ces éditeurs de logiciels, français, qui se revendent au plus offrant aux Etats-Unis. C’est nul.
    http://www.echos-judiciaires.com/economie/actualite-les-editeurs-de-logiciels-partent-a-la-chasse-au-grand-emprunt-a6718.html

    Je ne sais pas si le grand emprunt national (cet adjectif a tout son sens) va servir à les financer. Il va falloir jouer très très patriotes.

  • [5] - Christophe Faurie a écrit le 1 octobre 2009 :

    Je n’attendais pas un tel optimisme. Les capitaux risqueurs que je rencontre actuellement sont au chômage, ou ont une mine bien triste!
    Même The Economist (http://www.economist.com/businessfinance/displaystory.cfm?story_id=13998760) dit du capital risque américain : “le taux de retour sur investissement à 10 ans deviendra négatif à la fin de cette année, au moment où les gains de la bulle internet disparaîtront.”
    Ce qu’il y a d’amusant c’est que le capital risque, en France comme aux USA, est géré par des sur diplômés, les mêmes que ceux qui, hier, peuplaient l’administration. Or, l’administration est devenue le mal, et le capital-risque est le bien. Bizarre.

  • [6] - Mickael a écrit le 1 octobre 2009 :

    Le problème de la langue revient souvent.
    Je pense que ce soit plus un problème culturel.

    J’ai l’impression qu’en France on s’efforce de développer des stratégies “push”, ce qui a tendance selon moi, a conforté le scientifique dans la “beauté de l’état de l’art” dans la performance technologique.

    A l’inverse, et surtout dans le monde du numérique, il paraît plus pertinent de développer des stratégies “pull” pour capter le besoin du consommateur final.
    A mes yeux, on a du mal à le faire en France et pourtant quand on y arrive ça donne un super résultat (je pense à l’application Métro Paris)

    Pour terminer sur ce pseudo problème de la langue je prendrai le cas d’Israël qui a non seulement la barrière de langue mais aussi de l’alphabet mais qui arrive à faire émerger des start-up à notoriété internationale: Amobee, Fring, Waze et j’en passe…

    • [6.1] - macha a répondu le 1 octobre 2009 :

      Bonjour Mickael. Je crois que les startups israéliennes bénéficient de fonds issus des Etats-Unis (indirectement) justement… par la communauté judaïque. C’est un cas un peu à part. Pour ce qui est de langue, quand on a l’argent tout passe…
      En France, il y a le système des prêts participatifs qui vont être mis en place… Evitent la dilution au début. Mais du coup, les capitaux-risqueurs ne vont pas pouvoir négocier à la baisse pour acheter pas cher et revendre avec une plus-value. Ca va faire mal… pour les rapaces du capital-risque :
      http://www.lesechos.fr/info/france/020149987408-financement-des-pme-le-plan-d-action-se-precise.htm
      Sinon, que tout le monde reste en Europe. C’est mieux. Pour nous tous.

    • [6.2] - Sonia Trocmé-Le Page a répondu le 2 octobre 2009 :

      Mickael, Olivier,
      Mon expérience des capitaux-risqueurs européens et américains me fait penser plutôt que ce n’est pas simplement un problème de langue en Europe, (d’ailleurs il est surtout français ce problème). La taille critique est capitale. Les tours de table aux US sont toujours vastement supérieurs dès le début à ceux qui se pratiquent en Europe. Un avantage considérable pour les start-ups US dès le début, qui s’ajoute comme le disait Olivier aux montants mis par les business angels, là aussi vestement supérieurs. Mais le plus important pour moi est la différence d’état d’esprit, qui vient souvent de la différence de backgrounds des managers des fonds : aux US,( et en Israel) beaucoup d’ex-entrepreneurs sont VCs, en Europe, et surtout en France, c’est très rare, ce sont plutôt des scientifiques,d’où à mon avis le “push” plutôt que le “pull”, le manque de “gnac” et le commercial après le scientifique. Les VCs qui réussissent en Europe (il y en a quand même) sont ceux qui ont une vision et un deal-flow européens (au minimum)ou nettement mieux, mondiaux, avec des équipes multi-pays, et qui pensent marché et débouchés (c’est à dire surtout USA pour le moment)dès le début également. Mais tout ceci est en train de changer et le débouché asiatique devient extrêmement important, voire bientôt le premier…

      • [6.2.1] - Olivier Ezratty a répondu le 2 octobre 2009 :

        Pour en connaitre pas mal, je nuancerai le propos sur le profil des capitaux risqueurs français et même US. Si peu d’entre eux sont d’anciens entrepreneurs (ayant réussi de surcroit…), ils sont assez rarement des “scientifiques” en France. Si évidemment, nombreux ont un cursus d’école d’ingénieur, cela n’en fait pas des “scientifiques” pour autant.

        On croise surtout chez les VC français des financiers et d’anciens cadres dirigeants de l’industrie informatique (française ou de filiales de groupes étrangers). Leurs profils sont assez variés mais effectivement, ils ont plus rarement créé une entreprise de technologie, et quand c’est le cas, ce sont des entreprises qui ont rarement atteint une taille critique. Les anciens entrepreneurs deviennent plutôt business angels.

        Aux USA, il y a effectivement beaucoup moins de financiers chez les VC, mais plein d’anciens cadres dirigeants d’Intel, Oracle, Google, Microsoft et autres géants de l’informatique et de l’Internet ont intégré des fonds, ou créé des fonds.

        Prenons deux des plus gros fonds de la Silicon Valley :
        – Kleiner Perkins : avec des partner comme John Doer, ancien d’Intel, Ray Lane, ex Oracle. Mais aussi Al Gore et Colin Powell… Kleiner lui-même est un des fondateurs de Fairchild Semiconductor.
        – Sequoia Capital, a été créé par Don Valentine, un des cofondateurs de National Semiconductor. Mais ses partners sont d’anciens cadres d’Intel, Paypal, Apple France (!), etc.

        On peut aussi citer Ignition, un fond créé à Seattle par de nombreux anciens dirigeants de la Division Systèmes de Microsoft.

        Donc, on a un mix de quelques réels entrepreneurs et de nombreux anciens cadres dirigeants non-fondateurs. Issus pour la plupart d’entreprises qui ont réussi.

        Plus récemment des entrepreneurs comme Mark Andreessen (ex Netscape) ont créé leur propre fond.

        Regardez la composition des plus gros fonds français (côté IT), c’est un mix d’entrepreneurs, d’anciens cadres dont parfois des responsables de R&D, mais aussi d’anciens patrons de filiales d’entreprises étrangères, et une proportion non négligeable de financiers, surtout dans les fonds qui sont des branches de private equity des banques et des assurances (SGAM, AXA PE, CDC Innovation, etc). Côté formation d’origine, un mix d’ingés (X, Centrale, Télécom), d’HEC, de Science Po, et de formations financières.

        Quel que soit la manière d’appréhender le sujet, le succès entraine le succès. Et sans grands succès, la boucle n’est pas amorcée. Dans la Silicon Valley, l’amorçage de la boucle date des premiers succès dans les semiconducteurs, donc des années 60-70…

        En matière d’innovation dans le numérique, on est parti pour continuer à chercher longtemps l’oeuf et la poule !

  • [7] - Papaye a écrit le 2 octobre 2009 :

    Bonjour a tous
    je ne suis pas du tout de ce domaine, mais comme ce sujet m’interessait, j’ai lu certains commentaires et j’ai remarque que c’est une femme qui a la meilleure/plus simple analyse de la situation. Elle part d’une analyse mondiale qu’elle semble bien connaitre pour arriver a la situation francaise, sans trop s’y arreter, et, tout de suite, elle se projete sur l’avenir.

  • [8] - herve a écrit le 6 octobre 2009 :

    Je ne peux m’empêcher de citer le post dans techcrunch sur une attaque contre les VCs: “what have VCs done for innovation”

    http://www.techcrunch.com/2009/09/20/what-have-vcs-really-done-for-innovation/

    Je ne l’ai pas aimé mais il montre un élément de la crise que rencontre le capital-risque, une espèce de haine (oui, le mot est le bon) de certains entrepreneurs face aux VCs. Pour ceux que ça intéresse, j’ai extrait sur mon blog quelques réponses y compris la mienne à ce post pour le moins incendiaire!

    • [8.1] - Olivier Ezratty a répondu le 7 octobre 2009 :

      Les commentaires au papier sur TechCrunch remettent en effet les pendules à l’heure. Sur Google, sur Microsoft, etc. Au minimum, les VCs ont tout de même permis d’accélérer le succès déjà bien lancé de ces boites. Mais ils n’ont pas transformé de mauvais entrepreneurs en réussites mondiales.

      Il est assez facile, surtout en ce moment, de mettre à l’encan toute une profession (les VCs). Comme un commentaire le souligne, il y a bien entendu de mauvais VCs, comme il y a de mauvais entrepreneurs. L’argent en apparence facile a attiré dans cette profession des personnes qui n’avaient pas suffisamment d’expérience et donc imitaient donc les autres. D’où ces copycats qui m’agacent dans le monde des startups, avec de très faibles chances de réussite. Mais le taux de copycats est encore plus grand chez les entrepreneurs eux-mêmes que chez les VCs !

      Comme dans tous les métiers, un peu d’empathie permettrait de calmer le jeu.

      La haine existe. Elle est probablement la plus forte chez les entrepreneurs “incompris” chez qui les VCs n’ont pas voulu investir. Et ensuite, chez les entrepreneurs qui ont eu des difficultés et ont été victimes du coup de l’accordéon et se sont vus déposséder de leur société. Que représentent ces populations par rapport à celle des entrepreneurs financés par des VCs sans problèmes ? Mécaniquement, ils représentent la majorité puisque moins d’un projet sur 10 est financé par des VCs…

      J’entend dire la même chose au sujet des “business angels” qui ne comprennent rien, sont trop vieux, etc.

      L’argent a toujours été source de conflits, ce n’est pas nouveau.

  • [9] - Erwood a écrit le 6 octobre 2009 :

    Olivier,
    je ne crois pas qu’être une filiale à cerveaux des USA soit une bonne chose.
    En revanche, dépasser nos limites nationales (langage et marché) afin de concurrencer les Américains et avoir des tours de table équivalents (et pas 5 à 10 fois moins) ne se fera qu’avec une concentration des VCs européens.
    Sans oublier des projets où l’aspect local n’est pas primordial.

    • [9.1] - Olivier Ezratty a répondu le 7 octobre 2009 :

      Qui propose d’être une filiale à cerveaux des USA ? Pas moi !

      Est-ce que tu considères que les USA sont des “filiales à cerveaux” des pays Européens parce que Google, Oracle, IBM et Microsoft y ont des filiales ?

      Mon point est de faire accepter de faire du business là bas et rapidement pour pouvoir atteindre une taille critique à même de créer des leaders mondiaux. Certains pensent à l’Asie, ce qui peut avoir du sens dans certains business, plutôt hardware et composants. Mais pour les logiciels d’entreprise et les services web horizontaux, les USA sont incontournables.

      • [9.1.1] - Erwood a répondu le 7 octobre 2009 :

        Pas compris la comparaison avec Google ou Oracle?
        Mais, on doit etre d’accord en fait sur l’objectif.
        OK pour des champions européens (ie, siège social en Europe aussi) dont le financement public et/ou privé permet tout de suite de s’implanter en Asie et aux USA.

        • [9.1.1.1] - Olivier Ezratty a répondu le 7 octobre 2009 :

          Oui, c’est bien cela.

          J’utilisais les boites américaines pour faire la contraposée de la stratégie d’approche des marchés US par des boites française. Les filiales en Europe des boites américaines créent des emplois locaux mais cela sert la stratégie US et ne se fait généralement pas aux dépends des emplois aux US.




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Avec Marie-Anne Magnac, j'ai lancé #QFDN, l'initiative de valorisation de femmes du numérique par la photo. Elle circule dans différentes manifestations. J'ai réalisé entre 2011 et mi 2023 plus de 800 portraits photographiques de femmes du numérique avec une représentation de tous les métiers du numérique.

Les photos et les bios de ces femmes du numérique sont présentées au complet sur le site QFDN ! Vous pouvez aussi visualiser les derniers portraits publiés sur mon propre site photo. Et ci-dessous, les 16 derniers par date de prise de vue, les vignettes étant cliquables.
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Gaëlle Rannou
Gaëlle est étudiante à 42 Paris et tutrice de l’équipe pédagogique (en 2021).
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Jehanne Dussert
Jehanne est étudiante à l'école 42, membre d'AI For Tomorrow et d'Open Law, le Droit ouvert. Elle est aussi fondatrice de "Comprendre l'endométriose", un chatbot informant sur cette maladie qui touche une personne menstruée sur 10, disponible sur Messenger. #entrepreneuse #juridique #santé
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Chloé Hermary
Chloé est fondatrice d'Ada Tech School, une école d'informatique alternative et inclusive dont la mission est de former une nouvelle génération de talents diversifié à avoir un impact sur le monde. #entrepreneuse #formation
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Anna Minguzzi
Anna est Directrice de Recherche au CNRS au Laboratoire de Physique et Modélisation des Milieux Condensés (LPMMC) à Grenoble. #quantique
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Maeliza Seymour
Maeliza est CEO et co-fondatrice de CodistAI, qui permet de créer une documentation du code informatique par une IA.
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Candice Thomas
Candice est ingénieure-chercheuse au CEA-Leti, travaillant sur l’intégration 3D de bits quantiques au sein du projet Quantum Silicon Grenoble. #recherche #quantique
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Stéphanie Robinet
Stéphanie dirige un laboratoire de conception intégrée de circuits électroniques du CEA-Leti qui travaille sur des systèmes sur puces intégrés, des interfaces de capteurs, des interfaces de contrôle de qubits et de la gestion intégrée de l'énergie. #recherche #quantique
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Sabine Keravel
Sabine est responsable du business development pour l’informatique quantique chez Atos. #quantique #IT
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Céline est HPC, AI and Quantum strategic project manager chez Atos.
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Léa est doctorante, en thèse à l'institut Néel du CNRS en thermodynamique quantique, sous la direction d'Alexia Auffèves (en 2021). #quantique #recherche
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Emeline est chef de projet web et facilitatrice graphique chez Klee Group, co-fondatrice TEDxMontrouge, gribouilleuse à ses heures perdues, joue dans une troupe de comédie musicale, co-animatrice de meetups et est sensible à l’art et à la culture. #création
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Gwendolyn est travailleuse indépendante, Game UX Designer, Game UX Researcher (GUR) et 2D Artist pour le jeu vidéo, étudiante en Master 2 Sciences du Jeu, speaker et Formatrice sur l'autisme et la neurodiversité, l'accessibilité et les systèmes de représentation dans les jeux vidéo. #création #jeuvidéo
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