Après près de sept mois de gestation, le plan “France Numérique 2012” a enfin été rendu public, lundi 20 octobre dernier, par Eric Besson, remplaçant au pied levé un Nicolas Sarkozy qui se décommandait à la dernière minute.
Le plan et ses 154 mesures sont disponibles au format PDF sur le site Web de France Numérique 2012. Avec une vidéo de la conférence de presse d’Eric Besson, qui est intervenu lundi en deux temps: une première fois à l’Elysée devant plus de 600 personnes où il remplaçait le Président et une seconde l’après-midi dans ses locaux, où il faisait sa conférence de presse. Les médias traditionnels et quelques blogs ont bien entendu déjà commenté ces annonces, et notamment Silicon.fr qui en a fait un bon résumé.
Je vais dans ce post voir si les objectifs de ce plan sont atteints, ses points forts, ses points faibles et raconter un peu comment ce genre de plan voit le jour, ce qui peut expliquer une partie du résultat.
Objectif atteint ?
L’objectif était large : faire de la France une nation leader dans le domaine du numérique, semble-t-il autant dans les usages que dans la création d’offres. Et le thème du numérique présente un nombre de facettes incalculable tant il irrigue la vie des consommateurs, des citoyens et des entreprises. De nombreux groupes de pression, représentations professionnelles et d’utilisateurs étaient à l’oeuvre pour faire passer “leur” priorité (les contenus, le logiciel, les logiciels libres, la protection des consommateurs, de l’enfance, la réduction de la fracture numérique, l’entrepreneuriat, etc).
L’objectif est-il atteint ? Bien partiellement et c’est normal. Le gouvernement ne peut pas plaire à tout le monde et on verra plus loin que le processus de gestation d’un tel plan contient les germes du mécontentement qui a suivi sa présentation. Les priorités présentées concernaient les infrastructures (haut débit, TNT), les contenus, les usages grand public et en entreprise, et enfin, la gouvernance du numérique (surtout de l’Internet). Dans le texte : “permettre à tous les Français d’accéder aux réseaux et aux services numériques, développer la production et l’offre de contenus numériques, accroître et diversifier les usages et les services numériques dans les entreprises, les administrations, et chez les particuliers, moderniser notre gouvernance de l’économie numérique”. Chacun (comme Christophe Ginisty) trouvera ainsi qu’il n’y a pas assez d’emphase sur “son” sujet. L’APRIL (logiciels libres) applaudit le debundling des OS mais critique les DRM. L’AFDEL (éditeurs de logiciels) critique le debundling mais se ravi des efforts en faveur de l’industrie du logiciel. Renaissance Numérique applaudit ce qui concerne la fracture numérique mais souhaiterait que le plan aille plus loin. Etc. Je n’échapperai probablement pas à ce syndrome du “verre à moitié vide”.
En moins de mots, c’était un plan que l’on aurait pu baptiser “Internet et TNT pour tous”, très teinté “télécoms et médias”. A l’image du premier rang de personnalités dans la salle des fêtes de l’Elysée où avait lieu la présentation d’Eric Besson : Didier Lombard (FT), les patrons des chaînes télé (Carolis, Tavernost, Méheu), Maurice Levy (Publicis) et ceux des autorités de régulation associées (ART, ARCEP, CSA, CNIL). Au milieu d’une mobilisation ministérielle correcte avec notamment Christine Lagarde et Xavier Darcos.
Ce qui manquait ? Surtout une ébauche de stratégie de l’offre pour faire de la France (si ce n’est de l’Europe) une puissance économique productrice de richesse dans le numérique et pas simplement consommatrice. Il y a bien quelques propositions dans ce domaine (dans l’enseignement supérieur, dans les contenus, dans les jeux vidéo) mais elles font pâle figure au regard de notre déficit commercial dans les technologies du numérique. Aucun objectif, aucune ambition n’étaient clairement mis en avant sur l’angle industriel. Une conséquence compréhensible du désengagement de l’état de toute notion de “stratégie industrielle”. Et pourtant, il y aurait fort à dire, notamment d’un point de vue prospectif sur les robots, la domotique, les nanotechs, etc. Et Eric Besson admet lui-même que l’Etat doit probablement, comme en Corée du Sud, s’investir un peu plus pour impulser une stratégie industrielle au pays.
Il manquait par ailleurs du souffle dans ce plan. Une ambition forte, même si lointaine et du genre “man on the moon”, une vision stratégique pour le pays, un positionnement de la France dans le monde sur le numérique. Ce plan était un trop franco-français dans sa teneur comme le montre ce découpage de mon cru des actions du plan par leur portée géographique potentielle.
D’où mon titre : il faudrait nous faire rêver Monsieur Besson ! Et aller au delà des basiques dont on parle depuis dix ans sur l’équipement des ménages et sur la fin programmée de la télévision hertzienne analogique (deux ans après les américains…) !
Dans sa conférence de presse, bien plus nourrie que son discours à l’Elysée, Eric Besson a tout de même charpenté son plan autour de dix commandements ou axes qu’il est bon de citer avant de faire le highlight/lowlights dudit plan :
- La couverture totale du territoire en accès Internet haut débit. C’est la tant attendue réduction de la fracture numérique géographique qui handicape encore environ 2 millions de français.
- La migration vers la TNT qui doit être bouclée en 2011 et qui comme aux USA (qui la bouclent en 2009…) doit être accompagnée de mesures précises pour faire migrer les derniers récalcitrants.
- L’utilisation du “dividende numérique” (fréquences libérées par le passage à la TNT) pour la création de nouveaux services mobiles et de nouvelles chaines de TNT, notamment régionales et aussi en HD.
- Le traitement de la fracture numérique avec la création “d’ambassadeurs numériques” pour évangéliser autant les citoyens que les PME. Une bonne intention, mais qui a des relents “d’emplois jeunes”. On verra comment cela sera mis en oeuvre !
- Les entreprises et les startups, notamment autour de la recherche et de l’enseignement supérieur. La création de cursus marketing dans les formations scientifiques. Une focalisation sur les logiciels (pétard mouillé, on le verra) et sur les jeux vidéo.
- Le respect du droit d’auteur. Long débat interminable…
- La régulation d’internet pour éviter / limiter le rôle des USA dans le domaine.
- La formation et l’équipement des écoles.
- L’administration électronique, continuité des innombrables plans dans le domaine.
- L’internet du futur avec le passage à IP V6, un aspect stratégique bien vu, mais qui sera difficile à vulgariser.
Alors, faisons le tour des points positifs de ce plan :
- Le spectre couvert par le plan est impressionnant. Il reflète le large rôle du numérique dans la société, que l’on retrouve à tous les étages : santé, éducation, recherche, entreprises, aménagement du territoire, médias, cybercriminalité, administration électronique, etc. Le dernier plan de cette ampleur était le PAGSI (Programme d’action gouvernemental pour la société de l’information) présenté par Lionel Jospin en janvier 1998. Il était temps qu’il soit mis à jour car de l’eau a coulé sous les ponts depuis cette époque “pré-ADSL” !
- La focalisation sur la réduction de la fracture numérique géographique et sociale. C’est un basique compréhensible, un socle pour le reste des actions. Le haut débit pour tous avec notamment l’affectation des fréquences libérées par le passage à la TNT (le “dividende numérique”) au haut débit sans fil. Mais attention à ne pas oublier un problème sous-jacent : la dure réalité assez taboue de l’illettrisme total ou partiel qui touche 9% de la population française ! L’équipement Internet de ces populations défavorisées passe probablement par une mission plus large de lutte contre ce phénomène aggravant les fractures sociales, l’un pouvant aider l’autre.
- Un pan entier sur l’éducation et sur l’enseignement supérieur et la recherche. Le rôle de la pédagogie qui commence à être pris en compte au delà du simple équipement matériel des classes. Et le plan Ordi 2.0 pour le recyclage des PC des entreprises notamment vers l’éducation.
- Le lancement (enfin) de la radio numérique…
- Une bonne appréhension des enjeux de gouvernance de l’Internet (IP V6, ICAHN) et la consolidation (en apparences) des instances numérique de l’Etat dans une Délégation Nationale du Numérique. Même si ses contours ne sont pas bien précisés. Et la création d’un création d’un Conseil National du Numérique.
- Quelques pistes intéressantes dans les usages comme la “carte ville” pour les mobiles (Action 70).
- Des actions, certes disséminées, qui concernent l’entrepreneuriat (notamment 39, 41, 63, 66, 70, 101, 118 et 136 à 143). Notamment les 39 et 41 qui vise à créer un portail des données publiques exploitables entre autres par les startups, faisant écho à la proposition de Michel Dahan de Banexi. Et aussi dans ce qui concerne la recherche et la création d’entreprise, la volonté d’instiller un esprit “orienté marché” et pas seulement “orienté technologie” (action 143 sur le renforcement des liens entre PME et recherche académique). Voici la liste complète de ces actions avec en vert et orange les actions qui ont un vague lien avec le plan de 29 propositions que j’avais coordonné en juillet dernier avec CyberElles, l’IE Club, les réseaux Echangeur et Echangeur PME et la CCIP.
- D’un point de vue humain, l’honnêteté intellectuelle et la maitrise des dossiers d’Eric Besson. Il n’y a pas de gros enjeu politique pour lui. Etant grillé au PS, et n’ayant probablement pas d’avenir à l’UMP, il est plus proche des politiques américains qui peuvent passer du privé au public et réciproquement plutôt que d’être des “politiques professionnels”. En ce sens, il est plus désintéressé dans son approche que les Ministres politiques classiques. Mais cela le handicape dans l’affichage d’une ambition. Il donne l’impression de ne pas “en vouloir”. Son côté un peu “droopy” nuit quelque peu à l’impact de sa communication, sans compter le fait qu’il bosse pour un autre “droopy”, François Fillon. Mais bon, on ne peut pas tout avoir ! Signalons également un bon travail de présentation du plan par l’équipe de Besson. Les documents diffusés sont bien présentés et de qualité.
Dans ce qui n’allait pas ou manquait :
- La symbolique ratée : l’absence de Nicolas Sarkozy lors de l’annonce à l’Elysée fut un coup rude porté à toute l’industrie du numérique. Il y avait deux indices qui auraient pu me mettre la puce à l’oreille avant l’annonce de son absence : il n’y avait que deux caméras de télévision broadcast dans la salle des fêtes de l’Elysée, et les contrôles de sécurité pour pénétrer dans ce temple du pouvoir étaient inexistants ! François Fillon n’était pas là non plus. L’absence de Sarkozy est révélatrice d’au moins deux points : le relatif désintérêt du président pour le numérique et les faiblesses du plan. Si sa présentation avait été l’occasion d’une annonce stratégique forte, il aurait fait l’effort de dégager 20 minutes de son temps au milieu de ses appels téléphoniques de chefs d’état pour préparer le sommet financier de novembre. Aujourd’hui même, il pouvait assister à la messe en la mémoire de Soeur Emmanuelle à Notre Dame de Paris, soit au moins quatre fois plus de temps dans son agenda, mais avec un impact symbolique et émotionnel bien plus fort évidemment ! Au passage, il serait intéressant de mettre la main sur le discours que devait prononcer le Président… :).
- Le manque de vision stratégique ambitieuse et qui décoiffe. Quelle est l’ambition pour la France ? Comment souhaite-t-elle se positionner dans la concurrence mondiale ? Peut-elle aller au delà d’une vision d’utilisateur ? Peut-elle lancer quelques projets stratégiques d’infrastructure structurants comme le très haut débit qui sera critique dans quelques années alors que le coût des transports se renchérira inéluctablement ? On voit bien poindre le lobby de la simulation numérique dans les mesures 71 à 75, qui font écho à l’intervention de Nicolas Sarkozy au CEBIT en mars 2008 et souhaitait voire émerger un projet franco-allemand de supercalculateur.
- Une approche internationale insuffisante pour positionner la France dans le monde tant dans les usages que dans l’offre. Il y a quelques points sur le sujet (ICAHN, Europe, francophonie), mais cela fait vraiment “petit joueur”. Même dans les contenus, sur lesquels le plan est prolixe, il n’y a pas de véritable vision internationale et industrielle. L’expérience montre que pour réussir à l’échelle mondiale, un éditeur de logiciel ou un acteur de l’internet créé par des français doit être ou américain ou franco-américain. C’est dur à avaler pour la puissance publique ! Donc, on fait le dos rond…
- L’absence totale de la mention de l’industrie des composants électroniques, avec notamment ST Microelectronics, Soitec et Dibcom, le tout accompagné d’un excellent laboratoire de recherche, le CEA-LETI. On n’y parle pas non plus du rôle de l’industrie du numérique dans l’indépendance et la sécurité nationale. Et enfin, si la propriété intellectuelle est abordée sous l’angle du droit d’auteur pour les contenus, la propriété industrielle n’est pas spécialement couverte alors qu’elle doit faire partie d’une stratégie industrielle d’Etat dans le matériel comme dans l’immatériel (on évoque tout de même des formations sur la propriété intellectuelle dans les universités dans l’action 136).
- On parle beaucoup de fracture numérique sociale et géographique, mais curieusement, on ne l’évoque pas au sujet des “banlieues”. Le numérique ne constitue-t-il pas une opportunité d’aider ces zones défavorisées où sont concentrés chômage, exclusion et difficultés d’intégration ? D’une manière plus générale, la préparation de ce genre de plan souffre de ne pas avoir associé des sociologues qui peuvent expliquer les dynamiques de la société et la manière de les faire évoluer. Comme ce sempiternel problème du sous-équipement des TPE et cette molesse du marché intérieur français.
- Un plan avec beaucoup de mesures d’importance très inégale ou ne répondant pas bien à l’enjeu. Premier exemple: l’industrie du logiciel que l’on dit stratégique. Et qui est associée à trois propositions dont deux n’auront aucun impact sur l’industrie française : l’une consistant à créer des correspondants UbiFrance dans 10 pays (ils existent déjà plus ou moins et leur mission et les moyens associés ne sont pas précisés) et deux qui concernent l’affichage des prix et le débundling des systèmes d’exploitation vendus avec les PC. Une mesure qui n’avantagera pas particulièrement l’industrie française du logiciel car les acteurs concernés ne sont pas français, sauf un, qui ne va pas bien du tout (Mandriva). Un second exemple qui est une caricature d’intégration faite un peu trop rapidement : “Action n°50 : Introduire la disposition selon laquelle un mandat de membre se perd de plein droit, en cas de trois absences consécutives non justifiées auprès du président”. Une mesure qui n’a rien à faire là et relève d’un règlement intérieur (en l’occurrence, de la commission de la copie privée) !
- Beaucoup de mesures gadgets ou tout du moins d’impact modéré qui relèvent de coordination, de rattachements d’organisation, de fonctionnement, pas d’action concrète. Et aussi beaucoup de mesures très techniques (comme dans le chapitre sur la simulation, probablement influencé par le CEA et Bull).
- D’un point de vue opérationnel, le plan ne comporte pas de tableau de bord de suivi, de calendrier ni de budget détaillé, ce qui est assez courant. Il ne comporte pas d’objectif sur la position relative de la France dans le monde. Va-t-on ainsi rattraper notre retard, ou juste avancer à la même vitesse que les autres pays ? Sinon, la mise en place du plan France Numérique 2012 va nécessiter des lois, des décrets, et des actions opérationnelles de diverses administrations et il n’est pas évident de faire le tri là dedans.
Behind the scene
Un plan a toujours une histoire. Et cette histoire comme le contexte de sa création expliquent ses forces et faiblesses.
Le Plan France Numérique 2012 a été piloté par le Cabinet d’Eric Besson, créé en mars 2008. Il regroupe des personnalités diverses avec des compétences très teintées télécoms et contenus/médias, que l’on retrouve un peu dans les priorités du plan. Ceci n’est pas forcément lié à celà, mais celà aide !
Les premières versions du plan ont été concoctées en s’appuyant sur une consultation assez large des forces en présence : les grands opérateurs (télécoms, médias), les associations professionnelles (Syntec, AFDEL, APRIL, etc), les associations de consommateurs ainsi même que des bloggeurs dont je fais partie. Près de 150 “ateliers” ont été organisés ou auto-organisés pour traiter de la diversité des sujets concernant le numérique. Eric Besson y est intervenu à de nombreuses reprises (en juin 2008). De ce point de vue là, l’affaire a été plutôt bien menée.
Ensuite, le Cabinet de Besson a fourni en temps et en heure sa copie à Matignon le 31 juillet 2008. S’en sont suivis des allers et retours interministériels nombreux sur les mesures proposées. Il est probable que Bercy et les autres ministères y ont mis leur grain de sel. Les contraintes budgétaires ont du déclencher un élagage de propositions. Il en va ainsi de l’idée d’un Crédit Impôt Innovation qui faisait partie des 29 propositions, et avait été judicieusement proposée par les équipes de la société de conseil en innovation Glaizer Group. Elle consiste à élargir le principe du Crédit Impôt Recherche aux dépenses plus générales sur l’innovation, intégrant l’industrialisation, la commercialisation, le marketing et l’internationalisation. Cela aurait certainement coûté cher en “dépenses fiscales” (appelées aussi niches fiscales) qui ne sont pas trop dans l’air du temps, donc on zappe ! D’autres allers et retours ont eu lieu avec diverses administrations et organismes publics tels qu’Oséo. Organisations qui gèrent le bien public, certes, mais aussi leur pré-carré…
Résultat, comme tout plan résultant d’une concertation large, le résultat est wishy washy comme on dit en américain. Il ne présente pas d’aspérités, est moyennement ambitieux et plait tout aussi moyennement, sans déplaire entièrement.
C’est un compromis avec le réel. Et le réel, c’est que les “NTIC”, c’est un peu fini. Les TICs sont devenues des commodités. Comme l’eau et l’électricité, on s’intéresse à ce qu’il y en ait dans chaque foyer. Elles n’incarnent plus l’eldorado. Les dés semblent jetés d’un point de vue industriel et les positions acquises des grands acteurs assez stables (Google, Microsoft, Intel et les autres). Et de nouveaux enjeux de société apparaissent encore plus critiques et mobilisateurs, notamment l’énergie et l’environnement.
Est-il encore temps d’inverser ce sens de l’histoire ? D’être un peu fous ? Ou doit-on se contenter, comme dans plein d’autres domaines, de ce que la France soit devenue un pays “moyen” ?
Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :
Bonne analyse, comme toujours !
Pour ma part, et plus lapidairement je classe ce plan dans la famille des prochains grands succès Français tels le plan Informatique pour tous avec les Thomson TO7…
Sur le fond, avoir de grosses autoroutes pour permettre aux contenus Etrangers de circuler plus vite c’est se tromper de cible.
La bonne cible serait plutot de favoriser la création de contenu locale, que nous pourrions revendre à l’Etranger.
Mais l’esprit ingénieur bien Français, cherche toujours les solutions techniques et non celles de l’esprit. So bad.
Des contenus en anglais, of course ? … 🙂
Je ne mettrais cependant pas ce plan au niveau du TO7 qui était “mono-produit et mono-application”.
Comme le PAGSI, le fourmillement de pistes sera en grande partie appliqué, mais il ne traitera pas forcément du problème, ni du bon problème.
Je suis par contre 100% d’accord sur la relative utilité du haut débit. Tout du moins, quand il n’est pas associé à une véritable vision sur les usages et sur leur impact sur la compétitivité économique.
A l’Ile Maurice, on a du haut débit pour faire du service en délocalisation. Et nous, on fera quoi avec ? On peut devenir les champions de la conception coopérative virtuelle (le cheval de bataille de Dassault Systèmes). On peut transformer l’urbanisme et la politique des transports (le plan parle d’ailleurs de télétravail, mais sans faire un lien direct avec le haut débit…). Etc.
Je suis ravi de lire un commentaire fouillé de ce plan, après les remarques de Christophe Ginisty (et une mini-analyse du résumé de ma part).
Vous prenez soin de faire un commentaire équilibré, mais bon : à vous lire, on se dit que tout ça est bien navrant. Un catalogue de mesures dont la plupart sont de bon sens, mais sans aucune vision globale, ni déclencheur de dynamique. Pas forcément besoin d’argent – mais de quelque chose qui nous engagerait tous, comme le “man on the moon”. Ben non. Besson doit être bien dépité et Sarkozy est égal à lui même.
Bien vue: la commoditisation (on dit ça en français?) des NTIC. Ca nous donne un coup de vieux à tous, non? 🙂
Olivier, disons-le: le Plan France Numérique 2012 ne fait que mettre en valeur des points forts déjà établis en France. Rien de bien difficile dans le but de faire de la France une terre de haut débit quand ce sont des trublions privés, comme Free, qui ont déjà fait le travail – avec des mastodontes comme Orange et SFR-Neuf Cegetel qui poussent derrière.
L’Etat devrait se préoccuper d’une chose, au-delà d’assurer la double fonction régalienne et régulatoire: se concentrer sur l’attractivité de son territoire (c’est d’ailleurs la thèse de Robert Reich, ancien conseiller de Bill Clinton, dans son ouvrage l’Economie Mondialisée) pour assurer sa compétitivité.
On en revient donc à: l’éducation et la formation en général, l’attraction de talents, la maîtrise de l’anglais, la fiscalité, la flexibilité du marché du travail, la planification des risques (naturels, énergétiques, agricoles), les décisions de spécialisation industrielle.
Sur ce dernier point, la France a fait (ou subit?) le choix des télécoms (les tubes), où le plus dur est heureusement fait, sans réaliser (voeux d’impuissance?) que la valeur de nos jours est captée par les plateformes en ligne. Les iTunes, Google.com, etc. de ce monde.
Et c’est loin d’être rassurant.
J’aurai pris au sérieux le plan si l’un des enjeux majeurs, l’accès à l’Internet mobile pour tous et à bas prix, avait été traité.
Quand on lit le détail de l’attribution de la quatrième licence 3G (Cf le Canard enchainé de ce matin), on ne peut-être que navré d’autant de machiavélisme et du peu de cas fait des utilisateurs que nous sommes.
Or le déploiement du haut débit et de l’illimité dans le fixe on démontré que c’était LA solution pour permettre à une économie entière de décoller…et donc de générer des ressources pour tous! Y compris l’Etat.
Il faut effectivement lire entre les lignes pour comprendre les tenants et aboutissants dans le domaine du mobile et de la 3G. Et aussi sur le très haut débit puisque les deux fanas de ce secteur que je connais (Jean-Michel Billaud et Jean-Michel Planche) n’ont pas l’air bien enthousiastes sur le plan (qui est traité dans les actions 12 à 16 du plan France Numérique 2012).
Pour le mobile, l’accroissement de la concurrence passe par l’utilisation des fréquences du “dividende numérique” et par le biais des MVNO (ce qui favorise FT).
La grande question est : comment favoriser la généralisation de forfaits “flat fee data” abordables sur les mobiles, notamment pour le grand public ?
“Le lancement (enfin) de la radio numérique…”
Bien en retard par rapport aux US et leur HD Radio
Oui, en retard en effet. Mais il y a des raisons à cela : le besoin d’une programmation sans publicité aux USA et les longs trajets en voiture, notamment à San Francisco et Los Angeles. Cela créé de l’appétance pour ce genre de solution. Il y a aussi la radio satellite payante, avec + de 13 millions d’abonnés aux USA !
HD Radio is a farce!
Tout à fait d’accord pour dire que les tuyaux c’est bien mais ce sont surtout les usages qui feront la différence. La fracture numérique n’est que peu liée à l’accès au tuyau. J’habite au Chili où n’importe qui peut utiliser internet dans les cybercafés omniprésent pour quelques pesos. En revanche, bien qu’il ait peu d’illettrisme, le niveau d’éducation est faible, la pratique de l’anglais rare, et “l’innumérisme” est rempant (scène classique : voir quelqu’un utiliser son téléphone portable pour faire une addition de base).
Résultat : les usages internet sont basiques et grégaires (messagerie instantanée, Facebook très populaire ici…). Rien que je puisse directement utiliser en tant qu’employeur. Accéder à Internet ne veut pas dire savoir s’en servir pour travailler et être compétitif.
>l’attractivité de son territoire (c’est d’ailleurs la thèse de Robert Reich, ancien conseiller de Bill Clinton, dans son ouvrage l’Economie Mondialisée
C’est plutôt la thèse d’Adam Smith puis David Ricardo plus de 150 ans auparavant ! Le XXe siècle n’a pas inventé la mondialisation, il l’a plutôt faite reculer pendant les 3/4 de sa durée.
Au final ce plan typiquement à la française est parfait pour gagner la dernière guerre.
La radio numerique… comme le dit un peu rapidement un commentaire plus haut “un peu rapide”, semble etre une excellente voie sans issue pour quiconque…
Comme souvent, la France s’est choisi un axe bien “perso” et a priori sans reel avenir, ni en interne, ni a l’echelle internationale…
Je vous invite a lire cette tribune libre qui relete l’avis d’un certain nombre de professionnels… les decideurs eux se sont partage le fromage, s’il reste un fromage a terme… 😉
Car globalement, pourquoi demander a la radio de faire de la “sous-television”… comment esperer des investissements a la hauteur des attentes, la ou la FM remplit deja bien son office, y compris et surtout de pluralite… Et comment imaginer que le transport sur IP (meme en 3G/3G+) puisse ne pas concurrencer directement le T-DMB ?
Enfin, bon, comme toujours, la realite rattrapera les combinaziones…. 😉
Sincerely
DJM
Carte bleue, carte vitale, déclaration de revenus préremplie, la France est bien placée pour devenir leader de l’administration numérique. Voir dans le blog http://www.hemmelel.fr “Pour un répertoire permanent des ménages”, “la solution miracle”, etc.
Effectivement, dans les classements européens et OCDE la France a une bonne place dans l’administration électronique. Est-ce que cette bonne lui donne l’occasion d’exporter technologies et savoir faire dans le domaine ?
@DJM : entre la bonne intention et la mise en oeuvre, il y a toujours ce petit décalage effectivement. Pourtant, d’un autre côté, on se gargarise du succès du GSM dans le développement d’une industrie européenne (ou scandinave?) du mobile ! Deux poids deux mesures ? Probablement parce que l’on n’a pas à faire aux mêmes instances de régulation, lobbying, normalisation et décision…
La radio numérique arrive peut-être trop tard en effet alors que la bande passante IP mobile sera de plus en plus abordable et permettra tous les scénarios rich media.