Nous avons souvent eu l’occasion d’examiner les dispositifs de l’Etat pour accompagner et surtout financer les startups dans ce blog. Les régions jouent aussi leur rôle, notamment via les CRITT. Bouclons la boucle ici en faisant le tour d’une grande ville et pas des moindres : Paris.
L’implication sérieuse de la Ville de Paris autour des startups remonte à 2001, année de la première élection de Bertrand Delanoë à la Mairie. Sous l’impulsion de Christian Sautter, ancien éphémère Ministère des Finances du gouvernement Jospin (quelques mois en 1999-2000 entre DSK et Fabius) et Adjoint au Marie en charge du développement économique, de nombreuses initiatives ont vu le jour, la principale étant la création de Paris Développement que nous allons couvrir plus loin. Christian Sautter a aussi encouragé des initiatives privées telles que la création de
Enfin, citons le cofinancement d’une grosse vingtaine d’autres incubateurs liés à des Universités comme Agoranov (trois sites à Paris) ou à des grandes écoles comme celui de Telecom Paristech (rue Dareau dans le 14eme), de Science Po Paris. L’année dernière, la Ville de Paris avait lancé un appel d’offre pour la labellisation d’incubateurs. La plupart des réponses portaient sur des extensions d’incubateurs existant, à la recherche de budgets. Les meilleurs projets retenus au début de 2009 – aux alentours de 25 – bénéficieront ainsi d’un financement de ces extensions ou créations.
Pour revenir à Paris Développement, on peut également citer l’animation de formations et de coaching. L’agence a également créé il y a plus de deux ans le programme Paris Mentor qui vise à faire coacher dans la durée (18 mois) des startups prometteuses par des chefs d’entreprise ou anciens chefs d’entreprise. Une dizaine de startups sont actuellement intégrées dans le programme.
Partenariat avec Oséo Innovation
Ayant été impliqué dans le cycle du financement des startups, JLM avait donc en tête de répondre à une demande courante : améliorer le financement d’amorçage. Les dispositifs ne manquent pas, aussi fallait-il éviter de créer trop de doublons.
D’où l’annonce de la création en juin dernier d’un partenariat Oséo / département de Paris pour la création d’un fond de 2 m€ de financement d’amorçage des startups : “Paris Innovation Amorçage”. Ce fond constitue une sorte d’abondement de 100% de subventions et avances remboursables d’Oséo Innovation (donc, de 1m€ pour ce dernier) allouées à des startups parisiennes. Les startups éligibles proviendront des incubateurs et pépinières gérés par les incubateurs parisiens. Il y aura au passage mutualisation des ressources d’analyse de dossiers de Paris développement et d’Oséo Innovation. Et il s’agit de 1m€+1m€ par an, jusqu’à la fin du mandat actuel de Delanoë en 2014.
Le dispositif s’appelle “Fond”, mais c’est une dotation budgétaire pour des prêts et subventions. Le fonds ne prend pas de participation au capital des startups financées. Il s’agit juste d’apports en compte courant. Il est financé par le Département de Paris et pas par la Ville de Paris. Nuance statutaire liée à la structure administrative de la capitale qui est à la fois une commune et un département, l’exécutif (Maire et ses adjoints) pilotant les deux simultanément, avec des budgets séparés liées aux prérogatives relatives aux communes (5md€) et départements (2md€). De nombreuses opérations autour de l’innovation de la Ville de Paris sont également cofinancées avec le Conseil Régional de l’Ile de France, comme le futur “Laboratoire Paris Région Innovation”.
Nombre de ces outils : incubateurs, pépinières numériques, Paris Mentor et Paris Innovation Amorçage sont gérés par le même organisme : Paris Développement. Cela simplifie grandement les parcours pour les startups, surtout dans le secteur du numérique. Paris Développement se source généralement en projets de manière directe (candidatures spontanées) et via ses relations “en réseau” avec l’écosystème local : les grandes écoles et universités et leurs incubateurs, les associations comme Scientipôle Initiative, ou les associations de business angels comme Paris Business Angels. Mais Paris Développement n’est pas le seul acteur en piste dans la Ville de Paris comme nous l’avons vu puisqu’il est notamment complété par de nombreux incubateurs liés aux universités, laboratoires de recherche ou grandes écoles.
Grand Prix de l’Innovation
Jusqu’en 2007, la Ville de Paris organisait un grand nombre de concours et prix divers autour de l’innovation. Dont un Grand Prix de l’Innovation, dont le dernier a eu lieu en 2007. Campagne électorale oblige, il n’a pas eu lieu en 2008, mais il est relancé cette année.
Ce Grand Prix vise à identifier, récompenser et valoriser une entreprise dans les six secteurs suivants : biotech, greentech, numérique, design, services innovantes, et propreté (de la ville) ! Plus de 300 entreprises se sont portées candidates début juillet, dont 106 pour le secteur numérique. Le prix pour les six élus ? 15K€ de prix et une place dans un incubateur à Paris. C’est plus substantiel et motivant que beaucoup de concours organisés deci delà.
Notons que c’est l’agence Paris Développement qui assure cette année la logistique de ce Grand Prix. La remise des prix aura lieu à la Cité des Sciences de la Villette le 30 novembre 2009. Reste à donner un peu d’écho médiatique à cet événement car c’est l’un des besoins des startups qui concourent.
Autres implications
La Ville de Paris est impliquées dans un grand nombre d’opérations liées à l’innovation et aux startups, généralement comme sponsor et co-financeur. On peut citer par exemple :
- Futurs en Seine, cette opération d’une semaine fin mai et début juin 2009 qui valorisait de nouvelles créations et solutions numériques. Organisée par le pôle Cap Digital et financée principalement par la Région Ile de France, il s’agissait de sensibiliser le grand public au numérique et à ses usages par des manifestations disséminées dans la région parisienne.
- Le Paris Region Innovation Tour, une conférence qui rassemble les pôles de compétitivité de la région Ile de France dont la prochaine édition a lieu le 30 novembre 2009 et donnera lieu à la remise des Grand Prix de l’Innovation de la Ville de Paris.
- La participation au financement de “La Cantine”, ce lieu de rencontre incontournable des startups situé près des grands boulevards qui est animé par les équipes de Silicon Sentier. Une belle opération qui pulse avec l’organisation incessante d’événements communautaires divers dans le secteur du numérique.
Les liens avec l’Etat
Le sandwich de responsabilités et de budgets entre ville, région et Etat rend souvent les politiques de l’innovation illisibles. Dans le cas présent, un grand nombre d’opérations sont cofinancées par ces trois principaux étages de la puissance publique : le fonds avec Oséo, les investissements dans la recherche et l’enseignement supérieur, et les pôles de compétitivité. S’y ajoutent quelques partenariats public-privés qui concourent notamment au fonctionnement de Paris Développement. Le parcours de la startup reste relativement balisé. Il est préférable de commencer par se faire accueillir par un incubateur qui ensuite vous aiguille vers les bonnes sources d’aides et de financement.
A ce jour, on peut qualifier l’investissement de la Ville de Paris d’honorable. La création du laboratoire “Paris Région Innovation” devrait à terme assurer une certaine cohérence et éviter la multiplication des guichets. La Ville joue en tout cas plutôt bien son rôle au niveau de l’immobilier avec ses dizaines de milliers de m2 de surface disponibles – et en croissance – pour les incubateurs, pépinières et hôtels d’entreprises.
Dans ce tableau, il reste deux actions clé à développer pour la ville : son rôle d’acheteur à valoriser dans le cadre du laboratoire “Paris Région Innovation” et peut-être aussi jouer un rôle plus visible de sensibilisation destinée aux parisiens sur les innovations et notamment le numérique. Histoire d’équilibrer un peu la visibilité par rapport aux opérations telles que Nuit Blanche ou Paris Plage et de moderniser un peu le discours…
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Bravo pour avoir détaillé les actions de la Ville de Paris pour les startups. Au moins, c’est clair pour les créateurs parisiens désormais et bien foutu. Pour une fois.
Oui c’est pas mal. Mais quand même c’est de pire en pire. Le nombre de portes qu’il faut ouvrir maintenant pour créer une boîte. Tout ceci est trop politisé. Dommage.
En effet, c’est bien sympa, tout cela, mais on s’y perd encore.
Ou trop, ou pas assez…
Perso, je me sens totalement inapte à savoir à quoi j’ai droit ou non.
35 ans, salarié et chef de projet informatique dans une grosse boîte, voilà 2 ans que je monte lentement, avec mes moyens de salarié et sur mon temps libre, ma start-up. Car j’ai beau aller de site en site, ce n’est jamais très clair.
OSEO semble bloqué sur des aspects industriels, alors que mon site est un service en ligne.
Les incubateurs semblent n’exister que pour des projets sortis de la fac (que j’ai quitté il y a longtemps…), et puis, j’ai besoin de payer mon loyer et les écoles de mes filles…
Du coup, je crée le prototype par mes propres moyens, idem pour le BP et BM.
C’est long, c’est cher, mais je ne vois pas du tout quel aide peut faire émerger un Google français (non, mon service web n’a rien à voir, mais c’est juste un exemple).
Là, j’ai besoin de 10.000€ pour finir une partie du prototype que je ne peux faire ou financer seul, et ce n’est pas simple.
Quant à la Love Money, ce n’est pas clair non plus : je dois donner quoi en échange à ces personnes qui m’aiment et croient en mon projet??? :/
Ne reste que les BA, que je rencontrerai en début d’année prochaine, je suppose :/
Dommage
A noter que, non, je ne suis pas seul. On est bien deux associés et on va certainement en prendre un, voire deux autres (cf Le cas difficile de l’entrepreneur isolé)