Un mariage risqué

Publié le 1 février 2008 et mis à jour le 3 février 2008 - 37 commentaires -
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Microsoft rachète finalement Yahoo! Pendant plusieurs mois, les spéculations sur le sujet allaient bon train, mais je n’y croyais pas trop, doutant de la capacité de Microsoft à non pas faire cette acquisition, mais à la réussir après coup.

Comme je ne suis malheureusement pas en mesure d’éviter à Microsoft de faire des âneries, ils l’ont faite ! Alors 1+1>2 ou pas? Malgré tout le baratin officiel sur les “synergies”, je pense que cette acquisition est mal venue et qu’il n’est pas évident que la mayonnaise prenne.

Pour trois raisons structurelles :

  • Fusionner deux sociétés de cette taille (80000 et 15000 personnes) est toujours difficile, surtout quand les cultures d’entreprises ne sont pas bien alignées. L’alignement est loin d’être évident pour ces deux boites! D’autant plus que les 15000 personnes de Yahoo vont être intégrées à des activités qui en font moins de 10000 (MSN et Live). Donc, on jumelle en fait deux boites de taille équivalente!
  • Il y a beaucoup de redondances entre Microsoft (MSN, Live) et Yahoo sur Internet: surtout avec Hotmail / Yahoo Mail, Instant Messenging, Search (voir une liste de mon cru probablement incomplète ci-dessous). Mais heureusement quelques atouts chez Yahoo qui n’ont pas d’équivalent chez MS: Flickr et Delicious. Ces redondances vont générer des combats de chefs, des fusions, des regroupements, ou bien rien du tout, et il n’y aura pas de synergies réelles. Si regroupements il y a, rien ne dit que les audiences vont s’additionner. Fusionner le search de Microsoft et de Yahoo ne va pas forcément générer une part de marché équivalente à la somme des deux. Idem pour la messagerie. Idem pour les blogs et les réseaux sociaux (où ni l’un ni l’autre ne brille).

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  • Yahoo est actuellement sur la pente descendante, et Microsoft ne va pas très bien sur Internet (parts de marché en baisse sur le Search sur 2 ans après d’énormes investissements). Acheter à la baisse sur Internet n’a pas vraiment de précédent. Mais c’est rarement de bon augure. Microsoft deviendrait-il le Computer Associates de l’Internet?

Malgré tout, il pourrait y avoir de bonnes synergies sur le business que les internautes ne voient pas: la régie publicitaire. Le cumul des parts de marché de MS et Yahoo donne un ensemble de taille respectable. Mais je trouve que Microsoft raisonne trop “publicité” avant de raisonner “valeur pour le consommateur”. C’est une vision “back-end” et non “front-end” de l’Internet. C’est un bon front-end qui permet d’avoir un bon back-end, comme chez Google. Pas le contraire.

Alors, deux boites qui “exécutent” mal leur stratégie Internet peuvent-elles surmonter toutes ces épreuves et devenir d’excellents opérationnels une fois unis? Bien, je demande à voir…

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Sinon, financièrement, le prix est élevé. Microsoft va claquer tout son cash disponible (environ $22B) et compléter avec un échange d’actions qui aura un impact à la baisse sur son cours, qui a déjà commencé (visible en after market dans le graphe ci-dessus). Si au moins l’acquisition s’était faite à un bon prix, mais ce n’est même pas le cas!

Sinon, pour ce qui est de la France, le nouveau siège de Microsoft en construction à Issy les Moulineaux devrait pouvoir accueillir Yahoo France car il a été bien dimensionné. Mais j’en connais une, en charge du projet de déménagement, qui doit se dire que les imprévus, cela commence à bien faire!

Bon, je ne vais pas faire dans comme la fameuse pub de Renault le coup du “ça ne marchera jamais” et me planter lamentablement. Mais juste relever que le défi pour Microsoft est énorme, et avant tout humain et managérial, pour éviter d’aboutir à un décevant 1+1<2.

RRR

 
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Publié le 1 février 2008 et mis à jour le 3 février 2008 Post de | Actualités, Google, Internet, Microsoft | 43987 lectures

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Les 37 commentaires et tweets sur “Un mariage risqué” :

  • [1] - jmplanche a écrit le 1 février 2008 :

    Je partage assez ton avis …. et la pire erreur serait qu’ils fassent une fusion.
    Il faudrait qu’ils laissent 100% vivre Yahoo en leur facilitant la vie à 100%, voir en continuant de coter la société, sinon 1+1 << 2 … Yahoo se Microsoftera et ce sera terrible.
    Par contre si Microsoft leur transfert leur activité Internet et font d’un coté un géant du logiciel et de l’autre un géant du “on line / contenu / services” et tirent les vraies synergies des deux modèles, ils peuvent faire qq chose de fantastique.
    Quant à la rumeur Apple / Yahoo … pas une seconde je n’y croyais …. faudrait que Steve se mette à aimer le on-line et commence à croire à .Mac. Il a pourtant un truc génial avec ca … si il trouve le temps de s’en occuper sérieusement.

  • [2] - Filmail a écrit le 1 février 2008 :

    Il me semble qu’on peut faire confiance au top mngt de MS, que personne ici n’a probablement réellement côtoyé, pour avoir un tant soit peut réfléchi à l’apport de valeur et à la synergie aussi bien qu’aux écueils et aux dangers d’un tel achat.

    Au-delà de la discussion de comptoir qui peut être sympathique, imaginer un seul instant qu’ils n’ont pas intégré ces différents éléments est une insulte phénoménale à leur intelligence…

    Quoiqu’il en soit le chemin est encore assez long pour que les équipes soient ensemble dans le beau bâtiment commercialisé par Generali. La personne dont parle Olivier ne sera d’ailleurs plus là déjà lol

    Faisons confiance au top management, (moins au midle c’est sur) de cette boite ils savent probablement plus ce qu’ils font que tous les commentateurs.

    Amicalement

  • [3] - Olivier Ezratty a écrit le 1 février 2008 :

    Ayant passé 15 ans chez Microsoft, j’ai cotoyé les gens en question!

    Ils ont beau être brillants individuellement, cela ne les empêche pas collectivement de pêcher et notamment d’avoir des difficultés à intégrer les acquisitions.

    C’est le propre des grandes organisations. Très peut savent digérer correctement leurs acquisitions. Cisco est un modèle du genre, jamais véritablement égalé avec succès dans l’industrie. Microsoft est plutôt en queue de peloton dans ce sport, surtout pour les “grosses” acquisitions (Visio, Great Plains, Navision, on demande à voir ce qu’il adviendra de aQuantive).

    J’ai vécu diverses acquisitions et beaucoup étaient gérées sans forcément un bon travail de préparation. Et d’ailleurs, je ferais plus confiance au middle management qu’à ceux du dessus…!

  • [4] - Mickael a écrit le 1 février 2008 :

    Et les utilisateurs ?
    Les fidèles de yahoo (+ flickr, delicious) ne sont, de mon experience, pas tres amateurs de Microsoft et tout ce qu’il traine comme image. non ?

    On parle des synergie internes difficiles, je mettrai également l’accent sur le risque de migration massive des clients yahoo vers …google, quand c’est possible, si Microsoft vient mettre sa patte dans les services Yahoo.

    Je surestime peut etre l’aversion de beaucoup d’usagers pour Microsoft…

  • [5] - Olivier Ezratty a écrit le 1 février 2008 :

    Oui, peut-être. Les réactions des utilisateurs aux agissements du résultat de la fusion pourraient avoir un impact négatif sur le trafic. Et pas nécessairement à cause de l’image Microsoft mais à plus de décisions produit. Comme le rebranding de services, leur fusion, le passage à un ID unique (probablement à terme celui de Microsoft, anciennement appelé Passport) ou tout du moins l’interopérabilité avec l’ID Yahoo.

  • [6] - Filmail a écrit le 2 février 2008 :

    A mon avis l’aversion Google arrivera immanquablement. Google est a l’image de ce qu’était MS il y a une dizaine d’années…Une boite qui semble sympathique, gérée par de jeunes gens, avec des résultats et un cours de bourse extraordinaire bla bla bla…mais probablement plus vite que cela n’a été le cas pour MS tout cela peut se retourner. 75% de part de marché dans les AD c’est trop…c’est d’ailleurs cher pour qui en a déjà fait. D’autant qu’ils sont juges et parties et qu’ils concurrencent assez facilement leurs propres annonceurs. C’est assez facile pour eux d’être rank 1 dans les recherches sur la surface de leur business. (les autres font pareils d’un autre côté)

    En France entre 85 & 90% du search est réalisé avec Google. Est-ce bien raisonnable ? N’est ce pas dangereux ? Moi cela me fait flipper de penser qu’une boite puisse avec ses propres algorithmes, voire ses choix, te remonter les informations qu’ils veulent sur une recherche.

    En tant qu’utilisateur, tout ce qu’on peut souhaiter et qu’ils soient sérieusement concurrencés. Que les prix d’AD baissent, que le search soit plus ouverts…que des nouveaux moteurs apparaissent réellement (moins basés sur les offres commerciales mais sur les caractéristiques des produits…)

    Sortons du formatage ! Et espérons que cela se fasse et qu’il y ait un contrepoids efficace.

    Je persiste à penser que quand MS met 45 Milliard de $ sur la table, le top mngt sait ce qu’il fait et qu’il mettra tout en œuvre pour que la fusion se fasse dans de bonnes conditions. Les exemples de fusion « loupés » (au moins en France qui n’est « qu’une filiale » exécutante je crois) donnés par Olivier n’étaient sauf erreur sans commune mesure avec celle-ci. Tant qu’ils ne mettent pas McKinsey dans la boucle LoL

    Bon allez…à partir de demain, je fais mes recherches alternativement sur Live et sur Yahoo…et je range Google au placard !

    Bonne soirée

  • [7] - Louis van Proosdij a écrit le 2 février 2008 :

    >JM Planche
    Je partage ton analyse, sauf sur le fait qu’Apple, et donc Steve Jobs, ne se soit pas posé la question très très sérieusement, mais ce n’est plus vraiment l’ordre du jour 🙂

    Sinon, oui, conserver Yahoo en structure “indépendante ” me semble le meilleur choix, tant en terme de risque à l’intégration, qu’en terme d’image, mais aussi pour ne pas annihiler l’effet 1+1 du CA internet, et enfin pour se prémunir d’un deuxième effet Kiss Cool antitrust.

  • [8] - Olivier Ezratty a écrit le 2 février 2008 :

    Perspective historique : combien de fusion de deux boites mal en point (dans un domaine) face à un leader dominant ont donné des résultats probants ? Voir par exemple cet article pris un peu au hasard sur la toile. Les études aux US montrent que la majorité des fusions ne fonctionnent pas et que moins de 20% d’entre elles génèrent de la valeur pour les actionnaires ! Les revues comme Harvard Business Review sont pleines d’exemples de fusions ratées et d’études associées. Ces échecs en quantité sont liés à des raisons qui sont dans mon post et qui n’ont pas grand-chose à voir avec le marché considéré. Elles sont managériales et humaines bien plus que techniques.

    Combien de fois des challengers se sont fusionnés pour contrer la dominance de Microsoft sur le poste de travail ? Novell rachetant Wordperfect en 1994 et le revendant à Corel deux années plus tard. Et IBM avalant Lotus en 1995 pour $5B, ce qui était énorme à l’époque, alors que Microsoft faisait « juste » $6B de chiffre d’affaire (en 10 fois plus aujourd’hui). Il y a peut-être une exception : Hewlett Packard qui a acquis Compaq en 2002 et ne s’en sort pas trop mal. Compaq avait eu du mal à digérer Digital Equipment acquis en 1998. Et HP a maintenant dépassé IBM en chiffre d’affaire et est devenu le numéro un mondial en informatique. Oui… mais, les marchés dans lesquels ils opèrent n’ont pas d’acteur dominant comme Microsoft l’est dans le logiciel ou Google dans le search.

    Est-ce que l’aversion vis-à-vis de Google va les ralentir ? Oui, peut-être, et dans la même mesure que Microsoft a été ralenti par plus de 15 années de procédures antitrust. Mais Microsoft est toujours bien en point, globalement. Dernier trimestre à 30% de croissance ! Une année fiscale qui va se boucler à plus de $60B. Quand le procès antitrust a démarré en 1998, Microsoft faisait $15B. Ils sont donc quatre fois plus gros aujourd’hui. Leur part de marché a augmenté dans quasiment tous les domaines où ils opèrent. Et même si leur image s’est bien améliorée, la société a des détracteurs encore virulents.

    Alors, sommes nous dans un cas différent ? Oui, certainement, car il s’agit d’Internet et de grand public. Alors que l’inertie du succès de Microsoft est liée à son business dans les entreprises. Le marché est plus « flexible », il y a moins d’économies de réseau. Donc, cela ouvre des portes. Mais l’obsession de Microsoft face à Google ne me semble pas forcément bienvenue car cela leur fait louper d’autres phénomènes tels que les réseaux sociaux. Cela paralyse l’innovation que de vouloir à tout prix battre un leader dans un domaine très précis (le search). Dans le même temps, Microsoft a un peu raté l’opportunité de réaliser une intégration poussée de ses services Internet pour faciliter la vie de ses utilisateurs, tout en restant interopérable avec les autres. Autre circonstance atténuante : Microsoft a peut être appris en interne de ses (grosses) acquisitions mal digérées par le passé. Plein de gens « intelligents » les ont auditées et ont du faire des recommandations.

    Reprenons l’argument : « les gens intelligents de MS ont du penser à tout cela ». Oui, comme ils ont du penser à l’impact de Vista sur le marché lorsque des gens très intelligents l’on conçu. Comme les gens très intelligents de la SG, bourrée à craquer de polytechniciens et autres ingénieurs de haut vol, ont évité le beans récent. Comme les gens très intelligents qui peuplent les allées des pouvoirs (USA, France, etc) et qui provoquent erreurs sur erreurs, plus humaines que techniques (comme dans le cas de Sarkozy) sans les admettre et en persévérant.

    Maintenir Yahoo à part ? Pourquoi pas, mais alors cela irait directement à contre-courant des déclarations de Ballmer hier qui parlait d’économies (ie : fusion => licenciements de personnes occupant des fonctions redondantes), de synergies dans la R&D, dans la publicité, etc. MS digère ses acquisitions en général. Il n’y a eu qu’une ou deux exceptions comme SoftImage, restée une filiale indépendante car dans un business très différent de celui de Microsoft. L’éditeur de logiciels 3D a été acquis en 1994 et revendu en 1998 (à Avid).

    Tient, au passage, McKinsey est un fournisseur attitré de conseil en stratégie de Microsoft Corp, et je les y ai vu mettre en place une ou deux réorganisations consécutives… No comment !

    Bref, je leur souhaite bon courage ! Si Microsoft réussit et la fusion et à en tirer profit pour réduire la puissance de Google, alors cela sera une première historique qui méritera toutes nos louanges.

  • [9] - rthomas a écrit le 2 février 2008 :

    L’infrastructure de Yahoo! c’est du Windows ou du Linux (ou autre chose)?
    Parce que si en plus il faut tout migrer ou manager des équipes aux affinités différentes … cela va être d’autant plus difficile.

    Le charisme du top management de la boite qui achète, est, je le pense, un élément très important pour le début d’une fusion réussie.

    Pour moi charisme = les décisions prises par le management sont très rarement remis en cause.
    Tout le monde n’a pas un Jack Welch sous la main.

    Rémi

  • [10] - Olivier Ezratty a écrit le 2 février 2008 :

    Bienvu! Chez Yahoo, c’est plutôt dominante Linux et LAMP comme chez Google… Leurs frontaux web sont sous FreeBSD selon Netcraft.

  • [11] - Louis van Proosdij a écrit le 2 février 2008 :

    Je vais développer dans un post à paraître sur mon blog, mais si l’acquisition de Yahoo était tout simplement la création d’une marque grand public pour Microsoft ?

    Si tout simplement Microsoft se recentrait en son nom propre exclusivement sur le marché pro, et que Yahoo devenait la marque grand public, affective, à forte image cool, innovante en terme d’usages ?

    Yahoo pour le consumer.
    Microsoft pour les Pro.

    Deux marques, deux images, deux marchés, des produits bien séparés, plus de confusion, l’un de souffrirait plus de l’image de l’autre, et vice versa.

    Et là tout prend un sacré sens non ?

    Transfert rapide des actifs grand public vers Yahoo :
    – Yahoo Windows Vista
    – Yahoo Xbox
    – et transfert de tous les actifs internet grand public.

    Microsoft se focaliserait sur le marché pro en renforçant sa marque et son image.

  • [12] - Olivier Ezratty a écrit le 2 février 2008 :

    Pas con, mais peu probable…
    Au moins pour une raison opérationnelle: il ya plein de points communs entre la branche entreprise et la branche grand public de MS. Ne serait-ce qu’au niveau de Vista.

  • [13] - Louis van Proosdij a écrit le 2 février 2008 :

    >Olivier

    J’aurais dû préciser. Je ne parle pas de transférer chez Yahoo le développement de Windows Vista. La partie OS, grand publique ou Pro, resterait évidement chez Microsoft, mais le branding serait Yahoo pour le grand public, avec une partie design UI et fonctionnalités commandées par Yahoo au fournisseur Microsoft 🙂

    En clair, côté OS, le core reste Microsoft, l’habillage et le marketing Yahoo.

  • [14] - jmplanche a écrit le 2 février 2008 :

    >Maintenir Yahoo à part ? Pourquoi pas, mais alors >cela irait directement à contre-courant des >déclarations de Ballmer hier qui parlait >d’économies (ie : fusion => licenciements de >personnes occupant des fonctions redondantes),
    Ce n’est pas tout à fait ce que je pense. J’ai dis “foutre la paix à Yahoo” et j’ajoute tout en lui apportant TOUS LES MOYENS pour son développement.
    Donc ne pas penser une FUSION en terme d’économie, mais effectivement, business model et deux mondes qui ne s’opposent pas mais se complètent avec des gens “mindés” différemment.

    >Yahoo pour le consumer.
    >Microsoft pour les Pro.
    Tu vas même plus loin que moi Louis, mais c’est TRES bien. Ceci dit, Cisco a essayé avec Linksys et Kiss et tout … il paraitrait qu’ils fassent marche arrière, mais d’autres bruits disent que non …

    Orange aussi a essayé dans le passé avec une “marque” et une “division” dédié entreprises et une grand public … cela a des limites quand les gens montent des “sillots” et arrivent à développer des offres qui se concurrencent.
    Dans le cas de Microsoft et Yahoo, c’est à mon sens beaucoup plus facile et clair et cela pourrait presque même justifier à mes yeux le passage Terry Semel.
    On pourrait même presque voir cela comme d’un coté une activité lourde et massive “infrastructure” (les OS, les systèmes d’identités, les consoles de jeux, les medias centers …) et de l’autre les “services” …
    Tout est envisageable avec cet édifice, le pire mais aussi le meilleur, qu’on peut leur souhaiter.
    En fait, quand on visite Microsoft et Yahoo, on se rend compte que ce sont des sociétés TOTALEMENT différentes, désolé. Ce n’est pas parce qu’il y a des gens qui pourraient faire de l’OS chez Yahoo et qui font un peu de Web, plutot pas trop mal parfois chez Microsoft que la fusion me semble possible. Non, d’un coté il y a Redmond et des gars sérieux en qui vous devez avoir confiance pour faire tourner votre PC (je dis vous car je ne peux pas dire nous). Et de l’autre, il y a les galopins, qui se doivent de saisir toutes les opportunités que “l’atmosphère IP” permet. Un peu moins “contenu / publicité” et un peu plus services pour ma vie de tous les jours.
    En fait, Yahoo gagnera définitivement pour pour contre google quand il aura su me faire gagner du temps et de l’argent qui est la prochaine étape. L’étape de l’Information a pour le moment été définitivement gagnée par Google.
    Quant à l’étape de la Communication, je dirais balle au centre. Les services / la technologie / le user friendly sont du coté de Microsoft et surtout de Yahoo … le hype, le brandname sont du coté de Google.
    Je reprends un peu l’idée de ce que tu disais l’autre jour, le premier qui ouvre les API de son mail (pour moi) gagnera sur les deux plans.
    Longue vie … et au passage, c’est encore quelques G$ dans les caisses des banques d’affaires ça, ou je me trompe ? (Goldman ?)

  • [15] - Olivier Ezratty a écrit le 2 février 2008 :

    Regardez les commentaires sur http://minimsft.blogspot.com/2008/02/microsoft-yahoo-microsoft-44600000000.html . Cela montre au moins une chose: au sein de Microsoft Corp même, les employés ne sont pas rassurés par une telle acquisition.

    Quand je pense qu’ils ont aussi failli acquérir SAP il y a un an ou plus…

  • [16] - Steph a écrit le 2 février 2008 :

    Est-il possible que ce rachat soit un mouvement de panique de Microsoft?
    En ce mettant à la place de Microsoft, voir Google croître ainsi, et malgré les sommes astronomiques et les efforts énormes investits pour percer face à google, et le résultat qu’on connaît, ça doit y aller côté crise de nerfs.
    Et comme Microsoft semble voir en Internet ses chances de concerver sa position de leader dans le domaine de l’informatique, on peut imaginer que la situation puisse être “stressante” pour le numéro 1.

  • [17] - Louis van Proosdij a écrit le 2 février 2008 :

    >Steph
    On ne gère pas une entreprise par le stress 🙂

  • [18] - jean-eudes queffelec a écrit le 3 février 2008 :

    Bon, si on résume:

    -A charge:
    -Un terrible aveux d’échec définitif sur msn et les milliards d’investissements sur le consumer internet depuis 95 passés en pertes et profits

    -Une totale capitulation sur les capacités d’innover et de développer une alternative en organique ou avec des petites acquisitions

    -l’historique des “grosses acquisitions ” MS qui ont toutes détruites plus de valeur que d’en créer ( WebTV, visio, great plains/navision que j’ai connu, trop tôt pour juger aQuantive ..); et pourtant toutes ont été amicales et avec des technos et des managements très proches

    -idem pour l’historique des grosses fusions/acquisitions de l’industrie hi tech (AOL/TW, etc..)

    -des cultures, géographies, management, technos diamétralement opposés

    -un doublonnage de services assez déroutant qui ne vas pas finir d’alimenter les pronostiques sur qui va survivre a qui . Techcrunch a déjà commencé d’ailleurs une revue bien documentée: http://www.techcrunch.com/2008/02/02/microsoft-yahoo-what-will-stay-and-what-will-go/

    -un environnement interne pour les 18 mois entièrement écrasé par cette colossale distraction de travail d’intégration qui va encourager tous les meilleurs contributeurs individuels et les projets innovateurs a fuir vers des environnements plus propices

    -une fixation névrotique sur Google qui, il est vrai et le seul concurrent de l’histoire à être resté non seulement indemne mais encore plus renforcé de sa concurrence frontale avec Microsoft

    -A décharge:

    -Un marché colossal (40 Mrds) qui va doubler en moins de 3 ans
    -L’acquisition de nouveaux inventaires de pub a vendre
    -opportunité de rétablir une pdm honorable dans le search (a combien est évalué le point de % du search: 1 Mrds?)

    C’est juste surprenant de constater que cette acquisition malgré toutes ces barrières et ces risques, soit considérée comme la dernière solution possible.
    Rien d’autre n’aurait pu être tenté pour arriver au même objectif?

  • [19] - Olivier Ezratty a écrit le 3 février 2008 :

    Jean-Eudes, il est marquant de voir que ce qui est à charge est assez spécifique aux boites concernées (et colossal) et ce qui est à décharge est plutôt générique au marché (et maigre). Cela se sentait dans la conférence de presse de Microsoft, pleine de “wishful thinking” : le marché de la pub est une belle opportunité, on va faire des économies d’échelle, avoir un meilleur “inventory”, etc.

    Comme le disait Churchill sur la démocratie: “c’est la pire des solutions, mais on n’a pas trouvé mieux”…

    Il y a des tas de scénarios sur la manière dont la fusion se produira (pas avant 3 mois, le délai pour l’approbation aux US, et 6 mois pour la France…). Il est probable qu’ils vont en inventer d’autres car la combinatoire est infinie!

    Ce qui me gêne dans la démarche de Microsoft, c’est la quasi absence de discours “consommateur” dans ses prises de paroles sur cette acquisition. Ils présentent cela comme un gros meccano industriel plutôt que comme une opération qui pourrait réellement changer la vie des internautes. Or un “client” sur Internet est beaucoup plus volatile qu’un client dans le logiciel ou toute autre industrie traditionnels.

    Pour l’anecdote, Kelkoo, l’un des plus beaux succès du Web en France se retrouvera probablement dans les mains de Microsoft. Yahoo voulait les vendre, après avoir raté leur intégration, mais n’a toujours pas aboutit. Microsoft voudra-t-il faire de même et les revendre ou chercher à avoir un pieds dans le commerce électronique (là où il est quasiment absent)?

  • [20] - simon mourier a écrit le 3 février 2008 :

    Salut Olivier. Je partage ton analyse!

    Pour moi, c’est simple, Ballmer est assis sur un gros tas d’argent et il se paye X % d’un marché, très rapidement. Point final. Les détails viendront plus tard.

    PS: il me semble que c’est 80000, pas 800000 le nombre d’employés de Microsoft 🙂

  • [21] - Olivier Ezratty a écrit le 3 février 2008 :

    En effet, j’enlève le zéro de trop. Et il semblerait que Yahoo ait environ 11000 à 12000 employés et non pas 15000.

  • [22] - Jean-Marie Le Ray a écrit le 4 février 2008 :

    J’aime bien cette petite histoire : “What do you get when you merge Microsoft & Yahoo? Microsoft…”

    http://www.vinnylingham.com/two-wrongs-dont-make-a-right.html

    Jean-Marie

  • [23] - Benoit Felten a écrit le 4 février 2008 :

    Je partage cette analyse, Olivier. Elle a le mérite en plus d’être plus posée que celle (plus hard mais plus drole) qu’on trouve ici: (http://www.bubblegeneration.com/2008/02/victim-of-crime.cfm

    J’ai récemment lu Google Story qui était un bouquin décevant dans l’ensemble mais avait le mérite de mettre en avant cette sorte de rivalité viscérale des Google et Microsoft. J’ai bien peur qu’au lieu de claquer son pognon à developper le prochain google apps ou salesforces.com Microsoft ne le jette en se focalisant sur le domaine (le search) où ils ont déjà perdu la manche.

    Ceci dit, la fusion n’est pas faite. Mais si elle ne se fait pas, Yahoo va devoir se secouer sérieusement. Au passage, je ne comprends pas bien la réaction apparemment négative de Google, mais peut-être cachent-ils leur joie…

  • [24] - Olivier Ezratty a écrit le 4 février 2008 :

    L’attitude de Google se comprend sur la messagerie et la messagerie instantanée car MS+Yahoo, cela fait une sacrée dominance sur le marché. Mais bon, aucun des deux ne monétise cela correctement, ni Google avec Gmail, donc à quoi bon s’inquiéter? Surtout dans la mesure où l’acquisition va tellement geler les choses chez MS et yahoo, pas connus pour leur vitesse d’exécution, que cela donnera de la marge à Google pour continuer à progresser.

    A part ça, une faille de toutes nos analyses est que , au cas où l’acquisition a bien lieu, que fera exactement Microsoft. A ce moment là, seulement, on pourra juger. Même si au premier abord, quoi qu’ils fassent (Yahoo restant indépendant, ou pas, fusion ou pas avec assets de MS, etc), cela ne dit rien qui vaille…

  • [25] - leafar a écrit le 5 février 2008 :

    Voici une tres bonne analyse sur l’impact sur l’ecosysteme de la silicon valley.
    A lire absolument !

  • [26] - Olivier Ezratty a écrit le 5 février 2008 :

    Ok avec Andreseen.

    D’autant plus que Microsoft fait beaucoup d’acquisitions en ce moment. Environ 25 boites par an depuis deux ans.

    Et même s’ils vont cramer tout leur cash disponible pour l’acquisition de Yahoo (si elle se fait), ils reconstituent leurs réserves à hauteur de 4 à 5 milliards de dollars par trimestre, ce qui laisse largement de quoi poursuivre les emplettes…

  • [27] - Nicolas a écrit le 5 février 2008 :

    Ce deal pourtant me parait la seule possibilité pour Microsoft et pour Yahoo : Google est monopolistique sur le Search (60% aux USA – 90% en France)confisquant le revenue publicitaire. Les synergies potentielles entre MS et Yahoo sont de trois ordres 1) Technologiques sur le search et la syndication 2) Audiences avec MS très fort en Europe et Yahoo fort aux USA et Japon 3) Social Network (messenger) avec la possibilité pour le nouveau groupe de faire la différence face à un Google faible. Les bénéfices pour le consomateur viennent d’une concurrence plus forte avec au moins deux régit publicitaire (Google & MS/Yahoo) de taille mondiale et des synergies sur les réseaux sociaux. Je suis d’accord que la gestion d’une telle acquisition présente des risques, mais c’est une opportunitée unique de faire bouger les lignes et de challenger la dominance de Google.
    Google ne s’y trompe pas au vu de la violence de leur réaction.

  • [28] - Olivier Ezratty a écrit le 5 février 2008 :

    D’accord sur l’aspect stratégique : c’est la seule solution pour avancer pour MS.

    En même temps, “risquée”. Car elle est très délicate à mettre en oeuvre opérationnellement pour les nombreuses raisons évoquées dans le post et dans les réactions associées.

    Comme on aime à le dire dans les boites américaines: “c’est une affaire d’exécution”.

    Attentons de voir les premières décisions de Microsoft, au cas où l’acquisition se déroule comme prévu pour eux.

  • [29] - Jean-Christophe Defline a écrit le 7 février 2008 :

    Microsoft n’a pas le choix. Depuis 15 ans, en dépit des milliards investis dans le online, il n’est rien sorti de bon à l’exception d’hotmail (une acquisition d’ailleurs) et Messenger. Pire la part de marché du search ne cesse de dévisser et Live Search n’a rien pu faire pour l’enrayer.

    La réalité, c’est qu’en termes de services online Microsoft ‘doesn’t get it’. Ils sont coupés de l’air du temps, dans les brumes de Seattle, et sont dépassés par les tendances qui se forgent au coeur même de la Valley.
    Pire, la stratégie de meilleur suiveur qui leur a si bien réussi s’avère ici inopérante. Leurs méthodes de développement calquées sur le logiciel sont inadaptées et conduisent sytématiquement à un mauvais time to market.
    Or l’avenir de l’industrie – et donc de Microsoft – repose sur la capacité à s’adapter à la nouvelle donne posée par internet. ‘The network is the computer’ proclamé par Sun (qui au passage devient de plus en plus un acteur marginal) n’a jamais été aussi vrai.

    Donc il faut rebattre les cartes, et autant le faire tant que Microsoft génére autant de profit et que Yahoo est aussi bas ( plus dans le cours d e bourse d’ailleurs que dans les audiences qui résistent bien d’ailleurs depuis plusieurs mois).
    C’est cela l’enjeu: faire de Yahoo l’enfant terrible qui saura insufler cette energie en apoportant de surcroit une marque grand public quand même plus porteuse que Live machin chose.

    C’est sur, la stratégie est risquée, car on peut craindre à l’inverse que la bureaucratie croissante de Microsoft vide de son énergie Yahoo.
    Mais, à tout prendre, ce risque parait moindre que ne rien faire, et miser sur un n+1ème et inutile revamp de MSN-Windows-whatever-live!.

  • [30] - Olivier Ezratty a écrit le 7 février 2008 :

    Tu as raison, ils n’ont pas le choix. Mais il leur reste à créer la capacité à digérer une telle acquisition.

    Tout est à faire pour eux. Tous les obstacles imaginables sont là. Avec en plus, un nouvel obstacle auquel ils ne s’attendaient pas forcément: Yahoo résiste à l’acquisition et cherche d’autres options. Ce qui ne manquera pas de laisser des traces et de rendre la digestion encore plus difficile, si elle a lieu. Sans compter que cela risque en plus de couter plus cher à Microsoft car les enchères seraient en train de monter. Mais bon, l’argent est la commodité qui leur est la plus facilement accessible.

  • [31] - Filmail a écrit le 7 février 2008 :

    Pour ma compréhension :

    pourquoi dîtes vous que Microsoft n’a pas le choix ? Pourquoi les décrire comme une boite complètement has been ou aveugle au point de ne pas se rendre compte du « plat de résistance » qu’ils s’apprêtent à avaler? A l’ aune de quoi porter de tels jugements ? Celle de Microsoft France, filiale au management « à la française » ou Microsoft dans sa globalité qui est quoiqu’on en dise une des plus belle réussites de tous les temps ?

    « Ils sont coupés de l’air du temps »…soit mais les FaceBook, Flickr, Del.icio, Twitter, Seesmic, Zlio, Netwibes, Youtube, Bebo, Linkedin, etc etc n’ont pas non plus été créé au départ par des google, yahoo, apple…qui sont sensés eux être dans le vent…

    « Yahoo résiste à l’acquisition » Pensez vous vraiment que le board MS s’attendait à ce que Yahoo dise Ok à la première offre de prix et qu’ils n’ont pas intégré 15% ou 20% supplémentaire ? allons allons…

    « la bureaucratie croissante de Microsoft vide de son énergie Yahoo » Alors ils seraient idiots au point d’asphyxier, et de ne pas tirer de l’oxygène d’une acquisition à $45 000 000 000

    Dernier point, un ami gestionnaire de fond, m’a expliqué un jour que pour les actionnaires, et pour le cours d’action d’une boite, il était bon que celle-ci soit endettée (dans des ratios convenables). Je ne saurais vous expliquer pourquoi exactement, mais d’après lui un des points majeurs dans la stagnation du cours de MS (range 25-35) était que MS n’était absolument pas endetté. J’ai cru lire que l’acquisition se ferait sous la forme d’un emprunt (aussi), ce qui serait une bonne nouvelle pour les détenteurs d’actions MS…Notez que je m’en contre fiche…car je n’en n’ai pas 😉

    Bonne journée

  • [32] - Olivier Ezratty a écrit le 7 février 2008 :

    Filmail, une partie de vos remarques s’adressent à Jean-Christophe et d’autres à moi-même.

    Pas le choix? Disons que pour grossir rapidement et devenir concurrentiel face à Google, cette acquisition est le moyen le plus rapide d’opérer.

    Se rendre compte de la difficulté? Je pense qu’ils le sont, mais ils sont quelque peu optimistes. C’est un bon moteur pour prendre des risques. Il est possible qu’ils aient aussi un peu appris des acquisitions passées qui n’ont pas bien réussi.

    Le poids de la bureaucratie? Ce n’est jamais voulu directement. Il y a d’ailleurs des senior execs chez Microsoft qui communiquent et agissent beaucoup pour y réduire la bureaucratie et les pesanteurs. Mais ils n’y peuvent rien: la taille, les recrutements et les évolutions des politiques de rémunération conduisent à apensantir la société.

    Oui, il vaut mieux s’endetter un peu ou tout du moins ne pas avoir trop de cash. C’est une question de rendement. Le cash de Microsoft rapportte environ 7% par an car il est placé assez “pépère”. Si il était investit dans de nouveaux business en croissance, le rendement serait meilleur. Et comme le crédit n’est pas cher, on peut encore améliorer le rendement global du capital en s’endettant. Tout du moins, tant que la santé économique permet de rembourser. Microsoft n’a jamais été endetté de presque toute son existence. Il leur reste donc à réduire le niveau de leur cash dans un premier temps. Ils l’ont fait sans impact de rentabilité économique il y a quelques années en distribuant $70B de cash aux actionnaires avec un dividende exceptionnel. Leurs acquisitions n’ont jamais représenté plus de 10% et quelques du cash qu’il généraient (le procès DOJ et la Commission Européenne leur ont couté plus cher, $10B au total). Avec l’acquisition de Yahoo, ils passent en effet au stade supérieur…

  • [33] - Louis van Proosdij a écrit le 11 février 2008 :

    Bon, je me suis un peu lâché 🙂

    Analyse de l’offre de Microsoft sur Yahoo, et figure libre 🙂
    http://blog.van-proosdij.fr/2008/02/11/analyse-de-loffre-de-microsoft-sur-yahoo-et-figure-libre/

  • [34] - Olivier Ezratty a écrit le 12 février 2008 :

    Louis, j’ai commenté ton post avec ce qui suit sur ton blog:

    Mouef….

    On prête souvent des réflexions stratégiques à Microsoft qu’ils n’ont pas forcément. Je l’ai vécu de l’intérieur à de nombreuses reprises pendant 15 ans.

    Oui, ils ont à gérer une certaines schizophrénie entre leur business entreprise et l’activité grand public, d’autant plus que certains produits comme Vista sont à cheval entre les deux. Mais je le les vois pas s’embarquer dans ce découpage en deux de la marque Microsoft d’autant plus qu’elle a énormément de valeur malgré ses déboires. Et plus de valeur que celle de Yahoo, même dans le grand public.

    Ils ne vont pas s’amuser à rebrander la XBOX en Yahoo XBOX non plus! D’autant plus que la XBOX gomme discrètement la marque Microsoft dans son marketing. Tout comme MSN d’ailleurs. Ce n’est pas pour ajouter une marque de plus qui leur est totalement étrangère.

    En France, on a tendance à trop stratégiser les choses. Les américains sont plus pragmatiques. Ils font moins de plans sur la comète. Quand ils voient une opportunité, ils se lancent sans trop gamberger. Ils gèrent l’intendance après. C’est leur vision optimiste du monde qui veut cela. Combien d’erreurs ai-je vues commises chez MS – presque en connaissance de cause – parce qu’ils avaient la conviction de pouvoir les corriger ensuite! Je pense qu’on est dans ce cas de figure.

    Seul problème, dans le cas de cette fusion, les aspects opérationnels sont considérables et Microsoft a un très mauvais “track record” dans le domaine. Et qui peut citer des fusions réussies de deux challengers “moyens” dans l’exécution face à un leader dominant exécutant bien? Et dans n’importe quelle industrie? Et à fortiori dans une industrie qui évolue à la vitesse de l’Internet?

    Les rebondissements récents ne me disent rien qui vaillent. C’est la première fois qu’une société que Microsoft veut acheter se refuse, et pas simplement pour des questions d’argent. Il y a bien eu SAP et Rational dans le passé. Mais on ne connait pas les détails. Sur Rational, MS s’est fait “outbidded” par IBM. Sur SAP, cela ne s’est pas fait pour des raisons non publiques. Là, le beans est sur la place publique! Quelle humiliation! Si le mariage a vraiment lieu, cela sera à reculon ce qui d’un point de vue humain ne va vraiment pas faciliter les choses.

    Si MS avait vraiment tout prévu, ils auraient mieux préparé leur coup pour éviter cela. Ils auraient eu l’assentimment au moins des dirigeants de Yahoo à défaut du board.

    Vraiment, cette affaire est très mal barrée pour MS. Et quoi qu’il arrive…

    Et il n’y a pas que les employés de Yahoo qui ont les boules. Ceux de MS également, aux USA. Cf http://minimsft.blogspot.com/2008/02/microsofts-yahoo-acquisition-is-bold.html.

  • [35] - Daniel Cohen-Zardi a écrit le 15 février 2008 :

    L’analyse est parfaitement juste.
    Pour moi, c’est un échec couru d’avance.
    Cela permet en effet de juxtaposer des parts de marché, mais ne fait pas une stratégie.

    Le problème est que quand on ne sait plus comment innover, on cherche à s’acheter le rattrapage du retard. Mais si on ne raisonne pas en valeur ajoutée pour le consommateur, quelle pérennité ? Surtout dans le monde hyper-volatile de l’Internet.

    Il manque clairement une vision. Microsoft a tout ce qu’il faut technologiquement et depuis longtemps pour réinventer de nouveaux services. La clé serait plutôt là, mais il faut une vision et une volonté. Que se passe-t-il sur Live, on ne voit rien venir de transcendant… rien de nouveau depuis Hailstorm (pour ceux qui se souviennent) !

    D’ailleurs, Google n’a pas lutté contre Microsoft en s’attaquant à son business premier, ils ont mis au point quelque chose de nouveau. Et c’est Microsoft qui s’est rendu compte que Google devenait un concurrent.

    Ce qui est ironique, c’est que quand j’étais chez Microsoft, les Larry Ellison et Scott Mc Nealy me faisaient rire avec leur obsession de vouloir battre Microsoft. Cela leur faisait commettre des erreurs stratégiques, en ne se concentrant pas sur leurs clients. J’ai l’impression que c’est ce qui arrive à Microsoft !

    Les chefs doivent lire des analyses de marché qui sont des tableaux excel faits par de supers analystes de chez Mc & Co, mais il est facile de confondre le résultat et la cause. Il est facile d’additionner deux cellules Excel, plus difficile de fédérer deux clients venus chercher des choses différentes.

    Sergueï et Larry doivent bien se marrer. Pendant les prochains mois où les employés de Microsoft et Yahoo vont être occupés à gérer les luttes de pouvoir internes, eux lanceront de nouveaux services.

    Allez, attendons encore le rapprochement avec SAP, histoire de simplifier un peu la donne 🙂

  • [36] - faouzi a écrit le 16 mars 2008 :

    Bonjour,

    J’ai lu pratiquement tout les commentaires. C’est très intéressant, mais je me demandais une chose pourquoi Microsoft ne règle pas le problème en achetant Google directement 🙂 et détruire par la suite la croissance de Yahoo Cela rendra Microsoft numéro 1 sur internet et sur les logiciels. Elle pourra donc monopoliser le marché de l’informatique.
    et pourquoi pas en quelques années acheter cisco ….

    🙂

    Allez, c’était une idée pour simplifier la donne.

  • [37] - Olivier Ezratty a écrit le 16 mars 2008 :

    Au moins deux raisons:
    – L’une financière: Google coûte trop cher : $137B au cours d’aujourd’hui, sans compter un “bonus” comme pour Yahoo. C’est hors de prix : Microsoft devrait s’endetter énormément pour payer cette acquisition, qui boufferait leur profits sur au moins une dizaine d’années.
    – L’autre, régulatoire: les autorités antitrust bloqueraient certainement l’acquisition.




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