Comme depuis quelques années, je vais inaugurer la nouvelle avec des vœux en forme de clin d’œil qui reprennent les prédictions que je peux glaner sur Internet, et en ajoutant les miennes au passage.
Quand je balaye les prévisions, qu’elles viennent de gens pointus, très spécialisés, de journalistes ou encore de voyants, j’essaye toujours de les segmenter pour faire le tri. Elles sont un révélateur des systèmes de pensées, de croyances et des analyses du moment.
Le terme des prévisions
Beaucoup de prévisions relèvent de cycles longs et n’ont rien à faire sur une année précise. On ne peut pas dire en effet que 2012 ou 2013 serait l’année de la TV connectée. Une telle technologie est adoptée par le grand public sur un cycle qui s’étale sur une demi-douzaine d’années. Donc, quand on dit que l’année à venir va être l’année de tel ou tel phénomène, où se positionne-t-on dans le “hype cycle” du Gartner ? Aux tous débuts de la technologie sur le marché ? Au pic du hype ? Au contraire, après la traversée de la vallée des larmes ? Pas évident ! En général, c’est juste avant le “peak of inflated expectations” que les prévisions vont bon train. Juste avant que l’on se rende compte que, bien, finalement, la technologie en question a des limites, que les usages ne sont pas forcément là ou qu’elle n’est pas suffisamment mure et qu’il faudra attendre la traversée – éventuellement réussie – de la vallée des larmes pour que la technologie s’installe durablement.
Dans les cycles longs, il y a aussi les scénarios de fin du monde dont les médias nous ont rebattu les oreilles pendant 2012. La longueur de ces cycles est incommensurablement plus longue que l’ancienneté de l’homo sapiens qui n’est que de 200000 ans.
On peut aussi utiliser une autre manière de segmenter certaines prévisions technologiques :
- Ce dont j’ai envie : certains prévisionnistes voudraient bien voir Apple sortir une télé, alors cela sera cette année ! J’avais prédit en 2008 la sortie du concert de Londres de Led Zeppelin en DVD et il n’est finalement sorti qu’en 2012. Un épiphénomène accidentel dans l’habituelle chronologie des médias !
- Ce qui est faisable techniquement : autant prévoir quelque chose de faisable d’un point de vue technique ! Mais cela n’est pas toujours le cas comme dans le domaine de la robotique. C’est le cas de la voiture sans conducteur qui va encore faire parler d’elle, selon The Daily Beast, notamment chez Google. Mais il ne s’agira encore que de démonstrations. Donc pas de quoi prédire que 2013 sera une année charnière de ce point de vue-là.
- Ce qui pourrait être fait par telle entreprise : cela concerne en général les grands industriels d’un secteur. On rentre dans l’univers du possible et souvent assez facile à prévoir. Anticiper l’arrivée d’un nouveau modèle d’iPad ou d’iPhone ne relève pas de la voyance quand on sait qu’Apple en sort entre un et deux par an ! C’est ce que fait Victor Paul Alvarez dans Yahoo! en évoquant l’arrivée en 2013 de la Xbox 720, de la PS4, d’un BlackBerry 10, d’un iPad 5, de Surface Pro (peu de chances de se tromper puisque le produit est déjà annoncé…) et d’un Amazon Phone. Mais dans d’autres cas, c’est moins évident, comme Adnaan Ahmad dans Forbes qui prévoit qu’Intel va adopter l’architecture ARM, ce qui n’est pas demain la veille quand on connait l’ADN x86 d’Intel.
- Ce qui pourrait se vendre ou se vendre mieux : cela reste le test ultime de la prévision, que les clients en veulent !
Il est toujours bon de prendre du recul sur les prévisions et de se rappeler les nombreux échecs sur le marché qui avaient suscité au départ énormément d’enthousiasme ou tout du moins de suivisme. C’est ce que fait Vincent Abry dans Les plus grands échecs techno de 2012 qui cite tour à tour le Nexus Q de Google (heureusement, décrié dès son lancement), l’application Color (qui allait révolutionner la photo et les réseaux sociaux) comme Groupon ou la géolocalisation (mise à toutes les sauces pour nous promouvoir les produits du magasin que l’on croise ou simplement les personnes dont on n’est pas loin).
Startups matérielles
Naval Ravikant prédit dans Venture Beat que les startups dans le matériel vont faire de plus grands tours de financement. 2012 avait été une année de financement par crowdfunding de sociétés par KickStarter telles que Apigy qui conçoit la serrure électronique Lockitron présentée à LeWeb 2012.
Ce mode de crowdfunding qui s’appuie sur des précommandes de consommateurs permet à la fois de sécuriser le financement d’amorçage d’un projet, de lui apporter un BFR pour la fabrication du matériel, et de valider l’offre sur le marché. Quand le cycle fonctionne bien, la startup est bien préparée à lever des fonds de manière plus traditionnelle. C’est en effet un cycle de financement particulièrement bien adapté au matériel.
Pour appuyer son propos, Naval Ravikant liste quelques startups hardware de la Silicon Valley qui décoiffent, notamment dans l’alimentaire :
- Momentum Machines, qui propose un robot de préparation automatisée de hamburgers haut de gamme et personnalisés pour les fast-foods. Cela n’a pas l’air d’être fait pour créer de l’emploi ! Par contre, le système est capable de personnaliser la fabrication du hamburger jusqu’au dernier moment.
- Nomiku, qui propose un petit système facilitant la cuisine sous vide qui devient très à la mode. C’est une bouilloire que l’on plonge dans sa casserole avec ses aliments placés dans un sac en plastique et qui contrôle la température de l’eau. Dans la démonstration sur leur site, ils montrent comment cela permet de cuire un steak à point (medium rare) à l’intérieur, avant de le dorer à la poêle. Marché difficile en France pour cet usage : les consommateurs préfèrent la viande rouge ! Mais cela cuit d’autres aliments ! La démo est juste à “localiser”.
- NanoSatisfi, une startup financée par Kickstarter qui conçoit ArduSat, une plateforme open-source de satellites d’expérimentation. Il s’agit de cubes de 10 cm de côté comprenant une carte Arduino et 25 capteurs. Grâce à cela, chacun pourra créer sa propre expérience et l’envoyer dans l’espace. Détail manquant : l’histoire ne dit pas comment ce genre de satellite serait lancé ni comment éviter de créer une poubelle de microsatellites dans les orbites basses dédiées aux satellites.
- Dans l’autre direction, vers le bas, le MiniRov d’OpenROV est un mini-sous-marin (ci-dessus à droite) en kit. Au moins, il sera moins compliqué à utiliser que le ArduSat. Mais pour l’un comme pour l’autre, il ne s’agit pas véritablement de marché grand public. Au sens : un produit que l’on pourrait retrouver dans tous les foyers.
Mobiles et Apple à la pelle
Le Gartner est toujours assez prolixe en prévisions assez générales et où le timing importe peu. On trouve leurs 10 blocs de prédictions 2013 chez Forbes qui concernent pour l’essentiel les mobiles. On y apprend :
- Que les mobiles supplanteront les desktops, un sujet qui a le don de m’agacer car c’est un peu comme si l’on disait que les vélos supplantaient les bureaux. On ne fait pas la même chose avec !
- Que les tablettes vont entrer dans les entreprises.
- Que le mobile et le cloud se renforcent mutuellement. Logique.
- Que les services en cloud vont prendre le pas en importance sur les devices eux-mêmes. Tout dépend ce que l’on entend par importance. Et il serait bon qu’il y ait un peu de standardisation de ce côté-là.
- Que le phénomène du BYOD (bring your own device) va se développer dans les entreprises. C’est le cauchemar actuel des DSI et va le rester en effet.
Par contre, ils s’aventurent dans le hasardeux quand ils prédisent une part de marché de 20% aux smartphones sous Windows Phone grâce au marché des entreprises. Le Gartner ainsi que Fred Cavazza prévoient que les applications mobiles développées en HTML 5 vont gagner du terrain face aux applications natives. On peut le souhaiter mais cela prendra du temps, même si la tendance pourrait être alimentée par le développement d’applications en responsive design qui les adapte automatiquement à toutes les tailles d’écrans !
Le Gartner prévoit aussi le développement de magasins d’applications pour entreprises. Ce qui sous-entend… pas d’iOS car Apple n’a pas l’air d’être prêt à proposer cela. Sans trop prendre de risques ni se poser de questions métaphysiques, il prévoit aussi le développement de l’Internet des objets, que le big data va devenir stratégique (mais il l’a toujours été pour les grandes entreprises, quelle qu’en soit l’appellation marketing…) et que les outils d’analyse de données vont se développer (la business intelligence a plus de 20 ans les enfants…). Ils anticipent aussi la généralisation de solutions intégrant matériel et logiciel sous forme d’appliances, puis de virtual appliances où le matériel redevient une commodité.
Dans Le Monde Informatique, on prévoit le démarrage de la 4G (ben oui, on en est aux villes pilotes en France, mais aux USA, c’est déjà largement déployé). Mais The Telegraph est plus circonspect, citant pêle-mêle le fait que l’iPhone 5 ne supporte pas la 4G en Europe alors que les clients d’Apple sont les plus dépensiers et que les abonnements 4G sont chers.
Dans CNET, Jim Kerstetter prévoit à juste titre qu’Apple est en train de se retrouver dans la même situation qu’au début des années 1980 lorsqu’il était face à Microsoft (et Intel) sur les micro-ordinateurs. Sa part de marché mobile va s’amenuiser sous les coups de boutoir combinés d’Android et des constructeurs qui le supportent, Samsung en premier. Et notamment parce que les deux inondent le marché de smartphones et tablettes moins chers que les produits d’Apple. Un phénomène aussi alimenté par la baisse de la différence fonctionnelle entre Android et iOS. Ce qui amène certains à prédire qu’Apple sortira des mobiles sous iOS moins chers, adoptant la stratégie “undershot” bien documentée dans les ouvrages de Clayton Christensen sur l’innovation. C’est le cas de Adnaan Ahmad dans Forbes qui anticipe un mini iPhone 5, en plus d’un Macbook Air supportant iOS. Pour mémoire, Apple est un cas à part, des prédictions le concernant étant publiées tout au long de l’année. Les rumeurs concernant Apple font vivre tout un pan de la presse en ligne !
Dans l’article de Venture Beat déjà cité, Don Dodge de Google Ventures prédit que le marché de la géolocalisation en intérieur va être encore plus important que celui de la géolocalisation en extérieur à base de GPS. Il l’envisage sous un angle très commercial qui n’est cependant pas sans rappeler les lubies sur les applications de commerce géolocalisées sur mobiles. Il cite tout un tas de startups du secteur à suivre : WifiSLAM, ByteLight, Neuaer, IndoorAtlas. Mais il oublie le rôle des standards ! Il aurait tout de même pu citer la In-Location Alliance qui associe Nokia, Samsung, Sony Mobile, Qualcomm et Broadcom et vise à standardiser les solutions de navigation en intérieur, basées sur Bluetooth 4.0 low energy et le Wi-Fi. Les premières applications devraient arriver d’ici fin 2013. Mais Google et Apple faisant bande à part sur ce sujet, ceci explique cela ! Et Google a déjà commencé à intégrer des plans indoor d’aéroports et de centres commerciaux dans Google Maps (ci-dessous, celui de Vélizy 2).
Enfin, Tim et Ben Bajarin dans Time prévoient que l’industrie du mobile va continuer à se verticaliser avec des investissements d’Apple dans les fabricants de composants (écrans – déjà fait chez Sharp – et semi-conducteurs), que Microsoft va lancer son propre smartphone, que Google va utiliser ce qui reste de Motorola chez eux pour continuer à créer leurs propres solutions matérielles (en oubliant de remarquer qu’aucun des smartphones et tablettes Google Nexus sortis en 2012 ne viennent de chez Motorola…).
Curieux que tout ce petit monde ne parle pas beaucoup de NFC. Pourtant, j’ai l’impression qu’au moins au CES 2013, les produits le supportant vont pleuvoir. Y compris des Smart TV !
Microsoft à la peine
Toujours dans The Telegraph, Shane Richmond cite Juniper Research qui pense que 2013 sera l’année de Microsoft. Les avis sont partagés sur le sort de Windows 8 et de la tablette Surface : son succès est pour l’instant mitigé et il dépend maintenant surtout de sa version Pro qui intègre un processeur Core Intel, un clavier en relief et supporte toutes les applications Windows. Seul hic, cette version est bien chère, aux alentours de 1000€. C’est plus cher que la combinaison d’un iPad et d’un netbook, même si c’est évidemment plus compact. Je pense que c’est une combinaison qui aura tout son sens pour les “knowledge workers”. Ceux qui consomment et qui créent du contenu. Et ceux qui écrivent des textes de plus de 140 caractères tous les jours. Cette combinaison pourrait cependant au moins percer dans les entreprises, ce que prévoient Tim et Ben Bajarin dans Time, qui anticipent un hybride associant les fonctions riches d’un laptop et celles de l’iPad chez Apple.
Après avoir évalué la validité de ses prévisions pour 2012, Fred Cavazza se lance sur 2013, il prévoit un retour gagnant pour Microsoft avec un optimisme plutôt béant, notamment lorsqu’il évoque “le succès de Azure”. Par contre, je souscris à 100% à son analyse lorsqu’il relativise la pensée unique des mobiles qui vont remplacer les PC. L’internaute n’est pas plus mobile qu’avant dans ses modes de vie, mais il utilise les mobiles là où il en a besoin et selon ce qu’il a à faire. Là où avant, on n’avait rien. Il pourrait aussi ajouter que les technologies mobiles suivent un rythme d’adoption décalé de une à deux décennies par rapport aux micro-ordinateurs, ces derniers ayant déjà des taux de pénétration très élevés dans les foyers et au travail. Dans certains pays en voie de développement, il y a certes plus de mobiles que de PC, mais ce n’est pas un si bon signe que cela pour eux. Mon raisonnement ? Un PC sert plus à des tâches créatives tandis qu’un mobile sert plus à communiquer et à consommer. Et dans une économie saine, on a besoin des deux !
Facebook de même
Facebook va continuer à énerver périodiquement ses utilisateurs en modifiant ses conditions d’usage, toujours à la recherche de nouveaux modèles de monétisation (toujours chez Jim Kerstetter dans CNET). Le problème étant pour eux de trouver ce modèle sur mobiles. The Daily Beast prévoit que ces atermoiements vont couter cher à Facebook, voire à son fondateur Mark Zuckerberg. John Haydon dans Social Media Examiner prévoit tout un tas d’initiatives dans le social commerce pour Facebook. Et Ben Pickering prévoit que la publicité ciblée sur Facebook va (enfin) porter ses fruits. Mais Anita Campbell y promeut la présence des marques dans Google+. Google quoi ?
Si on s’en tient aux chiffres, le problème de Facebook est simple : la courbe de progression de son revenu annuel par utilisateur (ARPU) a une dérivée seconde négative en atteignant $5. Cela indique qu’il leur sera difficile de changer à court terme leur modèle. Comme par ailleurs, ils ont un nombre d’utilisateurs qui dépasse le milliard, voisin de celui des solutions de Google, cela donne des signes d’essoufflement de croissance à venir pour 2013.
Fred Cavazza dénonce de son côté le “le scandale du taux d’engagement” dans Facebook et l’amateurisme des marques et des agences de communication au sujet des fan pages. Là encore, cela rejoint mes intuitions. On en fait trop sur Facebook aujourd’hui et la mode est au grand n’importe quoi. Fred pointe sur l’excellent article Facebook is Waste of Time for Advertisers qui explique en détail pourquoi la publicité sur Facebook ne fonctionne pas aussi bien que sur Google. C’est lié à l’usage des deux systèmes. Je l’explique en d’autres termes : le consommateur indique à Google ce qu’il cherche et Facebook cherche à le deviner. L’article de Tekpersona pense que Facebook sert au “branding”, que l’on place d’habitude en amont du cycle de vente. Je me demande si ce n’est pas au contraire dans l’aval de ce cycle que Facebook se situe, soit dans la fidélisation. Une page de fan est faite pour cela !
TV et vidéo sans gêne
Kun Gao dans GigaOm prévoit la globalisation de la distribution des contenus vidéo premium qui a déjà démarré, même si elle n’a pas encore sérieusement touché la France, protégée par de nombreuses barrières (financement de la culture, langue, etc). Il pense que la monétisation par abonnement restera le modèle dominant. En effet, il y a près d’un milliard de foyers équipés en TV payante sur abonnement dans le monde (câble, satellite, IPTV). La question est de savoir comment le marché va s’équilibrer entre des abonnements à moins de $10 par mois style Netflix et ceux des opérateurs du câble ou du satellite qui dépassent allègrement les $70. Sachant qu’il faut avec tout cela financer les coûts de la production de contenus de qualité, qui eux ne baissent pas. Kun Gao prévoit une plus grande segmentation de la consommation de contenus premiums, avec l’achat de chaines à l’unité (dans The Daily Beast).
La question mille fois débattue est de savoir si et quand Apple sortira sa ou ses propres TV. On anticipe cela en 2013 dans Fast Company, chez Adnaan Ahmad dans Forbes ou encore dans The Daily Beast et aux calendes grecques ailleurs. Pas sûr qu’Apple le sache lui-même !
On va bien entendu parler de 4K (ou Ultra HD) au CES 2013 et tous les constructeurs vont promouvoir des TV à cette résolution qui est le quadruple du Full HD actuel. L’écosystème mettra quelques années à s’aligner dessus. Et comme 2013 n’est pas une grande année de compétitions sportives, la 4K attendra un peu avant d’arriver dans les foyers ! Ces sont les années paires qui comptent !
Et la photo ? C’est un peu mon domaine. Mais les prédictions sont bien ennuyeuses avec une pluie de nouveaux modèles de reflex prévus par des commentateurs tels que Jared Polin.
Autres buzzeries
Les prédictions sont aussi le jardin des marronniers ! En voici quelques exemples :
- L’impression 3D revient régulièrement au menu depuis quelques temps et nous aurons l’occasion de traiter du sujet dans le Rapport du CES 2013. On en fait trop sur le sujet ! On peut certes imprimer en 3D quelques objets en plastique pour créer des jouets ou des coques de smartphones avec des machines grand public à 1000€. Mais pas de quoi fabriquer tous les objets de consommation courante chez soi ! Dans les années 1970, il y avait les croissants à cuire chez soi, que l’on pouvait trouver récemment sous la marque Danerolles de Danone. Plutôt un échec commercial. C’est trop prise de tête à gérer ! Bien, c’est pareil pour l’impression d’objets 3D. L’industrialisation de la fabrication des objets grand public dans des usines va encore perdurer quelques décennies. Même si certains ouvriers risquent comme chez Foxconn d’être un jour remplacés par des robots. La 3D grand public, pourquoi pas, mais seulement sur des marchés de niche d’objets simples pendant encore de longues années.
- la réalité augmentée revient aussi. Tim et Ben Bajarin dans Time en prévoient un gros développement et citent comme exemples Zappar(qui ajoute de la réalité augmentée sur des T-shirt) et celui d’Aurasma (qui créé des campagnes sur mesure pour des annonceurs). Mais cela ressemble encore à des marteaux à la recherche de clous. Mais dans les lunettes Google Glass, sait-on ? Il y a aussi des applications intéressantes dans le fashion ainsi que dans la coiffure (cf la startup française D-WOD dans le domaine).
- Le concept de liquid data est cité par Alex Howard dans Oreilly. Ca consiste en quoi ? En la capacité d’analyser des données d’origines diverses et de les croiser. Ca tombe bien, il y a une startup du même nom qui propose des outils d’analyses de données multisources. Ce concept est aussi mis en oeuvre par le français Qunb qui avait gagné le concours de startup de LeWeb 2012. Dans la même veine, Howard cite le “lean government” pour lequel il nous faudra encore patienter quelques années en France avant d’en voir la couleur.
- La suppression de l’email est évoquée chez The Daily Beast selon qui une organisation annoncera le remplacer par tous les gadgets de communication à la mode (chats, real-time communication). Ils ne doivent pas connaitre Thierry Breton qui l’avait déjà annoncé en fanfare en 2012 pour ATOS, au moment du rachat de BlueKiwi (et le mail n’a pas disparu pour autant). Ce sont des prédictions à la noix ! On aura toujours besoin d’outils de communication asynchrones en complément d’outils de communication synchrone. Et la communication asynchrone dans Facebook est un véritable cauchemar. Sans compter ceux qui confondent la communication 1/1 et 1/many en utilisant Twitter pour envoyer un message à quelqu’un en mettant … tout leur carnet d’adresse en copie !
- La santé préventive et génomique personnelle :Alex Howard dans Oreilly cite le développement de la santé préventive, un concept d’outre-Atlantique qui n’a pas bonne presse en France, notamment au niveau de la génomique grand-public (sujet documenté dans le sixième volet de ma série sur les technologies de séquençage du génome humain publiée en aout 2012). Ils ne savent peut-être pas que 23andme ne va pas si bien que cela. Ce thème est repris dans The Daily Beast, qui anticipe le séquençage de l’ADN à domicile. Vu l’état de l’art, il se trompe juste d’année car la machine personne qui le fera n’existe même pas dans les laboratoires. On prévoit juste un séquençage à $100 d’ici quelques années mais avec des machines de plusieurs dizaines de milliers de dollars, et sans prendre en compte le cout de traitement de l’information qui est plutôt élevé, avec ou sans cloud. Malgré cela, il est assez certain que la génomique et la biologie moléculaire vont entrainer des progrès énormes en matière de santé dans les décennies à venir.
Prévisions des voyants
J’aime bien faire le tour de ce côté-là. N’étant pas un grand croyant de pouvoirs surnaturels, je vois cette profession comme utilisant tous les signaux disponibles – faibles ou moins faibles – pour faire ses prédictions, comme les autres experts. Mais chacun dans leur domaine car les voyants ne s’intéressent pas du tout au marché des technologies. Pourtant on aimerait bien savoir si Apple sortira sa TV en 2013. Pourquoi n’utilise-t-on pas l’astrologie pour ce genre de prédictions ? L’alignement des planètes n’a-t-il pas un rôle à jouer en relation avec les terres rares que contiennent nos objets numériques ?
Une compilation des prévisions 2013 des voyants est ici. Les voyants s’y focalisent sur les grandes catastrophes naturelles, sur la politique, l’économie et les people. Ils enfoncent régulièrement des portes ouvertes en prévoyant des événements qui interviennent de manière récurrente (tremblements de terre, inondations) tout comme des décès ou des naissances (en particulier chez les couples princiers… dont c’est une des missions fondamentales). Côté politique, leurs analyses valent à peine celles de Jean-Michel Apathie. J’adore ces discussions dans les forums où les gens cherchent des conseils pour trouver des voyants “sérieux” ! Personne ne leur indique que cela n’existe pas, ou tout du moins qu’un voyant sérieux n’est qu’une forme déguisée de psychologue.
Alors, dans les évidences, nous avons Ethan Maure qui prévoit que l’économie va toujours aller mal et que le gouvernement français n’y pourra pas grand-chose (trop fort !). Verone prédit de son côté un chômage en hausse et l’arrivée d’un homme à la tête d’un grand ministère (pourquoi pas d’une femme ?). Ethan Maure va un peu loin en prévoyant que le parti néo-Nazi grec sera porté au pouvoir. Il est vrai qu’étant un régime parlementaire à la proportionnelle, tout est possible ! Il anticipe une baisse de la croissance en Chine, qui la pousserait à se focaliser sur son marché intérieur, ce qui est quelque peu contradictoire. Et oui, les voyants ne sont pas des prix Nobel d’économie ! Ce sont plutôt des prix Nobel du café du commerce !
Chez Yanis, on n’y va de main morte puisque Jean-Marc Ayrault serait remercié dès 2013. C’est aussi la prédiction de Claude Alexis. Mais les avis divergent ensuite : selon le premier, François Hollande réussirait tout de même son quinquennat et pour le second, il ne finirait pas son mandat. Yanis prévoit une grande guerre quelque part (il y en a toujours une bonne dizaine en cours…) et un décès dans la famille royale anglaise et tout porte à croire qu’il serait masculin. Dans les événements heureux, il anticipe un succès aux Oscars pour Omar Sy et Marion Cotillard. Un double-whammy pour Marion ? Ce serait bien.
Chez Julie Fricot, prévision de manifestations importantes en France, mais aussi des intempéries, de la pluie et de la neige ! Fichtre ! Elle prévoit aussi une chute vertigineuse de l’immobilier en France et une crise économique associée sans précédent, le tout de la faute de François Hollande. Il faudrait expliquer à la dame que l’offre de logements est largement insuffisante en France, ce qui explique les prix relativement élevés. Et il n’y a pas de subprimes chez nous ! Par contre, l’augmentation du chômage peut entrainer plus de défauts de paiement dans les crédits immobiliers. Mais sans l’effet domino de la crise des subprimes américaine.
Un peu plus proche de mon domaine, Claude Alexis prévoit que la “téléréalité va vivre ses derniers instants de gloire en raison d’un drame qui va se produire dans l’une de ses émissions”. Il oublie qu’il y a déjà eu des drames à l’étranger et que cela n’a pas pour autant stoppé le phénomène.
D’une manière générale, les voyants font un marketing adapté à leur temps et à l’ambiance médiatique anxiogène du moment : ils ne véhiculent pas des masses de bonnes nouvelles ! J’ai du mal en effet à trouver des prévisions de bonnes nouvelles où que ce soit. A part peut-être dans les vœux de François Hollande du 31 décembre 2012, qui annonçait, promis, juré, que le chômage reculerait en 2013. Bon, pour être honnête… que tout serait fait pour qu’il en soit ainsi. Un objectif de moyens est toujours plus facile à tenir qu’un objectif de résultats !
Bonne année 2013 !
Pour terminer, voici quelques prédictions sur 2013 concernant ma production :
- Je visite le CES 2013 la semaine prochaine. Vous me retrouverez chaque jour sur le BillauShow de Jean-Michel Billaut pour un débrief à chaud.
- J’animerai ensuite une conférence au salon IDIFF (salon des professionnels de l’audiovisuels) sur mon compte-rendu du CES 2013 le 22 janvier au Palais des Congrès de Paris. Elle sera focalisée sur la 4K et les Smart TV.
- Je publierai le Rapport du CES 2013 le 28 janvier suivant. Ce sera le huitième du genre. D’ici là, si vous ne connaissez pas la chose, vous pouvez vous délecter avec l’édition 2012.
- Je prépare une 17ième version du Guide des Startups qui paraitra aux alentours de février / mars 2013. Elle est déjà bien avancée et s’enrichit de plusieurs contributions externes et du suivi des évolutions difficiles à suivre de la fiscalité des entrepreneurs et investisseurs.
- Je ferai toujours pas mal de photos d’événements divers. J’en ai couvert 65 en 2012 sans compter l’exposition #QFDN qui va continuer à vivre !
En guise de bonne année, il me reste à vous rappeler que le futur, c’est vous qui le faites. Par vos rencontres, vos envies, vos créations et aussi vos achats. C’est à vous de jouer 2013 maintenant !
Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :
Fichtre! Certaines prédictions en prennent pour leur grade… Merci Olivier pour cette intéressante mise en perspective étayée qui respire le bon sens! J’espère que 2013 nous réserve une ou deux belles surprises non prédictibles…
Lit “Méta-prédictions 2013” de l’indispensable et particulièrement pertinent @olivez http://t.co/V0YVySTH #Tech #NTIC #NextGen
Les”Méta-prédictions 2013″d’@olivez: http://t.co/AkRpM1kq
J’en ajoute 1 : qq privilégiés auront sur leur TV une experience really “Smart”!
Méta-prédictions 2013 par @oezratti, très documenté et intéressant ! http://t.co/UisDicEO
“Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir.” Pierre Dac.
Les prédictions les plus sures sont celles que l’on se fixe à soi même sous forme de taches à réaliser comme tu l’illustres très bien à la fin de ton post. Bonne année et bonne santé pour continuer à nous alimenter avec tes observations et analyses!
Pour un recap de toutes les prédictions en 1 seul article : “Méta-prédictions 2013” par @olivez sur http://t.co/0ojgDfhK #2013 #predictions
Méta-prédictions 2013 par @oezratti, très intéressant et très bien fait ! #BeauBoulot http://t.co/dnyxw7TZ
“Méta-prédictions 2013” good read http://t.co/y0bH1Ks5
Vous aviez aimé les prédictions 2013 du @lvdlt #31? http://t.co/vfhB3ou2, vous adorerez les +pointues de @olivez : http://t.co/DtJMqaHG 🙂
Les méta-prédictions 2013 de notre expert @olivez, pertinentes et documentées #startup #innovation http://t.co/WlLyYfUS
la génomique effectivement c’est pas pour tout de suite, mais cela va bouleverser la santé peut être d’ici 2020 ou 2030, que les français le veulent ou non, mais aussi l’industrie via des matériaux organiques pourquoi ne pas faire des bâtiment biodégradable en coraux? L’agroalimentaire via des viandes de synthèse on en parle et certains y investissent.
bref très bon article
“Elle prévoit aussi une chute vertigineuse de l’immobilier en France et une crise économique associée sans précédent, le tout de la faute de François Hollande. Il faudrait expliquer à la dame que l’offre de logements est largement insuffisante en France, ce qui explique les prix relativement élevés.”
Vous avez un talent d’auteur et de larges connaissances en techniques. Votre site est un véritable modèle de ce que le net peut faire de bien. Cela fait que sur le point cité ici, j’ai manqué tomber de ma chaise. Les prix de l’immobilier sont trop élevés à cause d’une bulle de crédit, d’un soutien de l’état qui se voudrait aux acquéreurs mais qui est contre-productif, etc. En aucun cas du fait de manque de logements dans l’absolu puisque 2 millions de logements sont vides en France. En revanche on pourrait dire manque de logements en bon état à prix abordables dans les zones d’activités économiques.
http://www.bulle-immobiliere.org/drupal/
Précision utile en effet. Merci ! C’est en effet dans les zones urbaines actives que le manque de logement est significatif. Mais le manque de logements en France date il me semble de bien avant les bulles de crédit récentes. L’Abbé Pierre en 1954, c’était avant les bulles de crédit ! Et cela concernait le logement social, un sujet toujours d’actualité. Ce n’est pas pour rien que la loi SRU existe !
Autre point de benchmark : le coût du logement est plus faible en Allemagne qu’en France du fait d’un parc locatif plus important (bonnes explications ici : http://lexpansion.lexpress.fr/immobilier/comment-l-allemagne-empeche-les-prix-de-l-immobilier-de-flamber_249642.html, reste à savoir à qui appartient le parc locatif en Allemagne !) et il ne se construit pas assez de nouveaux logements en France par rapport à la demande.
En Allemagne, le logement pèse moins sur le budget des ménages qui peuvent ainsi consommer plus car ils sont moins endettés puisque plus souvent locataires. Avec un phénomène de vases communicants entre le coût de l’immobilier et la consommation interne et indirectement de la croissance… A méditer !
“le consommateur indique à Google ce qu’il cherche et Facebook cherche à le deviner” c’est effectivement comme si ces deux là creusaient le même tunnel mais par des bouts opposés. Drôlement bien exprimé ! Et court !