Cela fait maintenant 15 ans que le déclin puis la fin de l’ordinateur personnel sont annoncés.
Il a bien des signaux qui montrent que cette industrie tri-décennale commence à patiner, mais cela ne signifie en rien qu’elle est morte ni que les utilisateurs abandonnent leur ordinateur personnel ! La mort du PC est donc bien prématurée comme nous allons le voir ici même, même si cela enfonce quelques portes ouvertes.
Signaux du déclin
Plusieurs signaux semblent accréditer la thèse du déclin, voire de la mort du PC.
Tout d’abord, les ventes de PC se sont légèrement tassées en 2011. L’iPad aurait contribué à cette décrue, surtout au détriment des netbooks qui avaient connu une très forte croissance entre 2008 et 2009. Il est incontestable que l’équilibre des usages entre création et consommation de contenus fait pencher la balance vers les tablettes et smartphones dans le grand public. Dans le même temps, il se vend quatre fois plus de mobiles que de PC par an. Et dans les pays en voie de développement, la pénétration des mobiles est bien meilleure que celle des PCs.
Il y a bien sûr Hewlett Packard qui s’apprête à se séparer de son activité PC et se prépare à abandonner le marché grand public, à part les imprimantes. Avec le rachat d’Autonomy, et celui plus ancien d’EDS, HP prend la voie d’IBM pour devenir une grosse SSII pour entreprise (pléonasme) avec “un peu” de technologie en propre. Ils conservent heureusement les serveurs dans leur portefeuille matériel.
Enfin, on peut constater un relatif retrait de l’innovation dans l’univers des PC, tout du moins au niveau des produits finis. Le PC sous Windows étant devenu une commodité, Apple est redevenu une référence dans le domaine, notamment avec ses laptops. Malgré tout, les composants qui font les PC évoluent sans cesse. C’est une innovation par l’intégration assez banalisée de composants en permanente évolution. Dans la suite de ce post, le vocable “PC” recouvrira cependant aussi les ordinateurs d’Apple.
Signaux de la persistance
La croissance des ventes de PC a été soutenue sur trois décennies ce qui est une belle performance. Il s’en est tout de même vendu 350 millions d’unités en 2010 ! Le marché du PC est caractérisé par un fort taux de pénétration dans les pays développés, au multi-équipement et à un remplacement qui se ralentit car les usages portent de plus en plus sur la consommation de contenus et services Internet, pas très gourmands en ressources machines, même si la photo et la vidéo justifient parfois d’upgrader sa machine. Il reste l’outil numérique le plus généraliste pour la maison. On y connecte tout un tas de périphériques, on a le choix de la taille et du nombre d’écrans. On y joue aussi.
Le Forrester comme le Gartner Group anticipent certes des ventes de plus 200 millions de tablettes en 2014, soit à peu près autant que de PC portables à ce moment là. Mais aucun des analystes ne prédit une baisse significative de la base installée de PC ! Elle était de 1,4 milliards d’unités en 2010 et devrait atteindre 2,3 milliards en 2015 (selon Gartner). On est loin de la mort même s’il y a de deux à trois fois plus de mobiles dans la nature. Mais il y a pour l’instant moins de smartphones ou mobiles connectés à Internet, et les utilisateurs de ces derniers ont en général un PC/Mac !
Ceci cache cependant de fortes disparités géographiques avec une croissance des ventes dans les pays hors OCDE où le marché du primo-équipement est encore dominant. Et tout cela, malgré le rôle prédominant du mobile, premier terminal numérique de plein de consommateurs dans ces pays où l’infrastructure électrique et Internet fixe est ou défaillante pour l’une et inexistante pour l’autre. A la décharge des parangons de la mort du PC, ces données ne font pas la distinction entre grand public et entreprise, ni par tranche d’âge d’utilisateurs. Et comme pour les tablettes, ces chiffres ne sont que des prévisions, donc faits pour être démentis par le monde réel. Il est d’ailleurs curieux que les analystes du Gartner mélangent des tablettes type iPad avec des PC dans leurs prévisions, mais n’intègrent pas les ebooks. Car les tablettes et les ebooks ont des usages certes différents, mais les tablettes peuvent servir de liseuses au détriment des ebooks ! Et cela ne pourrait qu’aller en empirant (pour les ebooks).
Et donc, de quoi le départ d’HP du monde du PC est-il le signe ? Ce n’est en fait qu’une tendance longue amorcée il y a plus de vingt ans avec la commoditisation du PC et la la conséquence de la faible valeur ajoutée de la conception de PC par rapport à la création des composants intégrés dans les PC. La valeur a migré vers les composants et vers l’Asie depuis longtemps. La quasi-totalité des PC sont assemblés en Asie par des sociétés de sous-traitance type FoxConn. L’intégration verticale s’y manifeste plutôt “par le bas”, avec des fabricants de cartes mères (Asus, MSI) qui font de l’assemblage sous leur marque ou celle d’autres “constructeurs”. A l’envers, le second “constructeur” mondial qu’est Acer est surtout une entreprise marketing, sans R&D ni usines ! La commoditisation des PC a comprimé les marges et dans une certaine mesure la capacité d’innovation des constructeurs. Ce qui explique qu’Apple soit redevenu ce qu’il était avant l’arrivée de l’IBM PC en 1981 : le leader du marché de l’ordinateur personnel… tout du moins, pour les portables.
Ce transfert de la valeur vers l’Asie s’est déjà produit ailleurs : avec les écrans de TV il y a aussi près de 20 ans. Les composants clés sont les dalles, les processeurs et de plus en plus, le logiciel.
L’autre facteur qui préserve la place du PC dans le numérique est son rôle dans les les entreprises. Il s’y porte très bien car il n’est pas prêt d’y être remplacé par des tablettes. On y travaille sur ces PCs ! On y créé de l’information ! On y fait plusieurs choses à la fois, on ne passe pas son temps à y consommer des contenus ! Les tablettes ne sont donc pas l’instrument principal adapté aux entreprises pour l’instant sauf pour quelques métiers mobiles.
Deux boutades pour terminer : la base installée mondiale de mobiles (plus de 5 milliards) est supérieure au nombre d’utilisateurs de brosses à dent (4 milliards) ! Est-ce la mort de la brosse à dents pour autant… ? Et puis, la plupart des Cassandre qui prédisent la mort du PC le font en écrivant sur un PC ou un Macintosh en général ! Mais, certes, pas forcément ceux qui les lisent !
Sémantique du PC
La question de la définition du “personal computer” reste ouverte ! Est-ce un ordinateur défini par sa configuration matérielle ? Par son processeur à base Intel ou compatible Intel ? Par son interface homme/machine à base de clavier-écran-souris ? Pas évident ! On trouve ainsi, marginalement, des PC Media Centers utilisés principalement avec une télécommande ! Et… sans grand rapport, le genou articulé de Jean-Michel Billaut tourne sous Windows XP et dispose d’un port USB (non, ce n’est pas une blague, il me l’a montré !) ! On peut aussi ajouter un clavier à un iPad, ce qui n’en fait pas un PC pour autant. En fait, il y a confusion des genres entre “personal computer”, dont la définition peut être très large, et “desktop computer” qui correspond à celle ci-dessus.
La planète numérique a multiplié les types d’ordinateurs à l’envie avec des appareils plus ou moins spécialisés, adaptés aux “circonstances” : debout, assis, en transport, chez soi, dans le salon, au bureau. La tablette peut ainsi se substituer à l’écran TV pour consommer la TV en différé et même en direct. Ce n’est pas la mort de la TV pour autant.
Le “desktop computer” peut donc se définir comme le type d’ordinateur que l’on va utiliser plutôt en position assise, avec une surface plane devant soi (le bureau), et plutôt avec un clavier, une souris et un écran. Ce dernier est d’ailleurs de plus en plus grand, au format 16/9, car avec lui aussi, on consomme de plus en plus de médias. Les adolescents y consomment très probablement plus de télévision que sur la TV dans le salon. La souris semble un déterminant important, mais celle-ci pourrait s’effacer partiellement avec l’avènement d’écrans tactiles pour PC.
Par contre, le remplacement du couple clavier/souris par la reconnaissance de la parole reste marginal, faute de fiabilité suffisante. Il est cependant facilement remplacé par des manettes de jeux pour les gamers, sans compter les PC haut de gamme qui servent de base à un système de simulation de vol.
Les PC se distinguent de leurs alter-égos smartphones et tablettes par la métaphore de leur interface utilisateur : elle est construite autour des données pour les PC tandis qu’autour des applications avec les smartphones et tablettes et avec des contenus en silos. Les TV connectées ont tendance à suivre le même chemin avec également des contenus en silos intégrés dans des applications leur permettant d’y accéder.
Cette différence fondamentale de métaphore est un autre marqueur d’horizontalité et de verticalité, évoquée dans mon précédent article sur la bataille entre Apple et Google dans les mobiles. L’interface utilisateur du PC est horizontale au niveau des données. Un fichier JPEG ou PDF que l’on a sur ses supports de stockage seront exploitables indifféremment avec tel ou tel logiciel de lecture ou d’édition. Sur smartphone/tablettes, la métaphore principale est l’application. Les données sont visibles dans leur silo. C’en est même absurde dans le cas d’iOS. Pour transférer un fichier PDF sur un iPad ou un iPhone, il faut le faire au travers de l’application qui va le lire, telle que iBook ! Cette verticalité apporte deux bénéfices : elle valorise les applications et permet leur monétisation et elle est relativement simple à appréhender pour l’utilisateur. Mais c’est une forme d’aliénation et de régression par rapport à l’horizontalité du PC et aussi de l’Internet.
Se pose aussi la question des outils généralistes (le PC) par rapport aux outils plus spécialisés (tablette, smartphone, TV). Les PC ont toujours été les plus généralistes des outils numériques. On y fait à peu près tout, avec la plus grande liberté : métaphore orientée données, multi-application, stockage d’information, consommation ou création de données, choix d’interface et du nombre d’écrans. C’est aux PC à qui sont attachés la plus grande diversité de périphériques. Et malgré les coups de boutoir des appareils spécialisés, l’usage des PC subsiste. N’est-il pas ironique qu’il faille absolument connecter un iPad tout neuf à un PC ou un Macintosh pour le configurer via iTunes avant de pouvoir l’utiliser ? Pourquoi n’est-ce pas possible directement via Internet et une simple liaison wifi ?
Quelques incertitudes
L’histoire n’est pas entièrement écrite à l’avance. Des “cygnes noirs” comme Apple ou Facebook peuvent germer de manière inattendue et transformer toute l’industrie du numérique.
Il existe ainsi tout un tas d’incertitudes sur les évolutions technologiques à venir qui pourraient conditionner l’évolution relative des tablettes, ebooks et PC sans compter les évolutions profondes de la société :
- Est-ce que des interfaces hommes-machines innovantes vont réellement reléguer le couple clavier-souris aux oubliettes, notamment pour la saisie d’informations ? On n’en voit pas la couleur pour l’instant. Donc, si cela arrive un jour, cela sera probablement sur le long terme au vu du “pipe” dans les laboratoires de recherche en logiciels et les fabricants de composants (>5 à 10 ans).
- Les systèmes d’exploitation généralistes comme Android et Windows (en tout cas dans la version à venir, la 8), peuvent-ils prendre le pas sur iOS et l’iPad sur les tablettes ? Cela n’en prend pour l’instant pas le chemin, même avec Android. Les tablettes Android sont censées supplanter les iPad d’ici un à deux ans selon diverses études de marché, mais cela patine un peu. On voit peu de constructeurs réussir sur ce créneau à part peut-être Samsung. De plus, Apple maitrise tellement bien la supply chain des composants pour ses tablettes qu’il assèche les sources d’approvisionnement de ses concurrents qui auraient bien du mal à suivre si leurs tablettes venaient à bien se vendre !
- A l’opposé, est-ce que Apple pourrait réussir à dominer durablement le marché des tablettes là où il a échoué dans les ordinateurs personnels pendant les années 1980 ? Les analystes prévoient un raz-de-marrée des tablettes sous Android. Je n’en suis pas si sûr. J’ai assisté au lancement d’innombrables de ces tablettes au CES en janvier 2011. Et franchement, ce n’est pas la gloire huit mois après. Morotola Xoom, bof ! Samsung qui est obligé de revoir sa copie juste après le lancement de l’iPad 2 ! Sans compter les losers à la naissance qu’étaient le RIM Platbook et le HP Touchpad, avec leur OS que l’on qualifiera de “propriétaire”.
- L’autonomie des tablettes va-t-elle continuer à progresser ? Aujourd’hui, elle dépend à la fois des batteries et de la consommation des composants tels que le processeur. Les processeurs mobiles ont fait d’énormes progrès ces dernières années. Mais l’autonomie d’une tablette, en général de 8 heures, est la même que celle d’un netbook bien calibré, et voisine de celle de nombreux laptops à base de processeurs basse consommation. Le différentiel d’autonomie n’est donc pas marqué entre tablettes et laptops/netbooks.
- Comme va évoluer la technologie des écrans ? En termes de résolution, d’épaisseur et de consommation ? Va-t-on voir apparaitre des écrans adaptés à la fois à la consommation de médias, aux usages courants et à la lecture ? De telles évolutions pourraient accélérer le déclin des ebooks en faveur des tablettes. Les écrans des laptops et des PC vont-ils devenir tactiles à un cout raisonnable ? Ou bien les écrans vont-ils être carrément être intégrés dans la surface du bureau sur lequel on travaille (en gros, le concept de Microsoft Surface appliqué au bureau) ?
- Comment va évoluer le form-factor des laptops ? Tous les constructeurs cherchent désespérément à imiter le Macbook Air. Ils commencent à y arriver côté épaisseur et poids, mais ce n’est pas encore cela pour le design. D’autres vont progressivement ajouter le support du tactile dans les écrans des laptops. Et finalement, nous aurons peut-être un jour des laptops en forme de tablet-PC, avec écran pouvant être tourné et mis sur le clavier. Et un Windows 8 adapté à ce genre d’usage avec à la fois une métaphore bureau pour un usage classique et une métaphore tablette orientée application. Les premières démonstrations de Windows 8 montrent que c’est la voie qui est en cours.
- Comment vont évoluer les services du cloud computing pour supplanter le rôle de stockage d’information dévolu aujourd’hui aux PC ou aux NAS ? Quid de leur tarification et de leur fiabilité ? Cela sera à la fois un affaire technologique, économique et aussi de perception.
- De même, comment va évoluer la miniaturisation des éléments clés de l’ordinateur, son processeur et sa mémoire ? Est-ce que tout tiendra dans une montre ou un smartphone et que le reste n’en sera que des périphériques pour l’interface utilisateur (clavier, souris, écran tactile ou non, micros, webcam, etc)?
Quid au passage de l’abandon de WebOS par HP ? Ce n’est pas une grande surprise, même si la plaisanterie a couté $1,2B. Ca ne pouvait de toutes manières pas aller loin. Le lancement de WebOS avait été raté en 2009 avec le Palm Pre. Le Touchpad était quant à lui déficient qualitativement, pas compétitif au niveau prix, et aussi dénué d’applications que le Pre. Il était impossible de rattraper le terrain perdu face aux autres acteurs. HP n’est pas un acteur du mobile, donc malgré sa taille, n’avait pas d’effet de levier pour redresser la barre. Sans compter une méconnaissance du monde fragmenté des développeurs logiciels et de contenus dans le grand public. Ce qui est remarquable ici comme pour Facebook avec Places ou Google avec Buzz, c’est la rapidité à laquelle les décisions sont prises dans ces entreprises pour mettre fin rapidement aux échecs et en tirer des leçons.
Conclusion
Le numérique est – comme en géopolitique – un monde multipolaire très mouvant. L’émergence d’un nouveau support ne signifie pas forcément la mort des précédents mais s’explique par des complémentarités. Les usages s’additionnent mais ne se soustraient pas. La radio n’a pas été tuée par la TV, mais on l’écoute plutôt en voiture et moins chez soi. Au contraire, le PC ou “desktop computer” s’utilise “au bureau” chez soi ou au travail, et les smartphones et tablettes lorsque l’on est en déplacement. L’équilibre entre création et consommation de contenus conditionne aussi de plus en plus le choix de l’outil de travail. Tant que les utilisateurs créeront un tant soi peut d’information, ils utiliseront des PC et des systèmes d’exploitation généralistes avec une métaphore “document” sous des formes différentes.
PS : dans la série des trucs dont la mort est prématurément annoncée, il y a la messagerie électronique. Je n’y crois pas du tout. Mais la notion de messagerie électronique est mise en œuvre, comme le PC, de manière de plus en plus diversifiée. On aura cependant toujours besoin d’envoyer des messages à une ou plusieurs personnes. Les systèmes voisins comme Twitter reproduisent ainsi le message d’une personne à une autre (via le DM)… mais pas à plusieurs. Facebook a reconstitué en son sein un système de messagerie. On a donc toujours besoin de messagerie électronique et les nouveaux outils ne font que reproduire les fonctions de la messagerie pour pouvoir la phagocyter. Mais pas toujours de manière appropriée.
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Merci pour cette analyse de qualité, comme toujours.
La “mort du PC” est effectivement plus une accroche de journaliste qu’une réalité.
Néanmoins, dans le grand public, il me semble que le rôle et l’image du PC ont totalement changés récemment. Il y a quelques années, chaque innovation technologique (matérielle ou OS) créait un phénomène d’attraction, d’envie. Qui poussait à un renouvellement relativement rapide (qu’il soit vraiment justifié – ou non – par l’usage…).
Ce n’est plus le cas aujourd’hui : tant que “cela marche”, pourquoi changer ?
C’est évidemment lié à une forme de maturité du marché, mais aussi à un déplacement de l'”objet du désir” : Aujourd’hui, ce sont les mobiles et tablettes qui portent ce désir… et la part associée dans le budget du ménage.
Le résultat est simple : je pense qu’on a tendance à faire durer au maximum une machine. Quitte à ne pas toujours suivre les évolutions d’OS, si ce sont elles qui nécessitent le remplacement du matériel (Cf Win XP).
A titre personnel, cela fait déjà quelques temps que je n’ai plus la même excitation à chaque nouvelle sortie de mon OS préféré (OS X en l’occurrence. Mais c’est pareil pour Windows : j’ai installé Seven mais je n’ai pas l’impression d’en avoir un usage vraiment différent d’XP).
Je serai curieux de connaitre des chiffres sur les durées de détention des PC/Mac : ont elles augmentées ces derniers temps, ou est ce une illusion de ma part ?
(J’ai aussi le sentiment que le grand public renouvelle moins souvent ses Mac que ces PC, et je serais intéressé de confronter cela avec des chiffres…).
Point complémentaire : en tant qu’utilisateur de tablette depuis maintenant presque 18 mois, je constate que mon usage domestique continue d’augmenter, mois après mois. Ainsi, je suis en train de passer d’un usage quotidien de mon Mac domestique à une usage occasionnel (quelques fois par semaine). En particulier après avoir passé quelques semaines de vacances loin du Mac, mais avec l’iPad.
Bien sur, il n’est pas question de me débarrasser du Mac, mais cela ne pousse pas non plus à le renouveler rapidement…
Enfin, je partage pleinement votre analyse sur le monde de l’entreprise, voir l’usage professionnel en général : le PC fait totalement partie du paysage, comme le bureau et le téléphone.
Avec la même capacité très limité à générer de le marge pour ses fabricants…
En effet, le cycle de vie des PC est maintenant plus long, même si je n’ai pas de données sous la main le démontrant. Dans les entreprises, il est d’environ 5 ans et doit être équivalent dans le grand public. Il me semble cependant que les laptops sont plus fréquemment renouvelés que les desktop, ce qui se retrouve dans la proportion des ventes : d’année en année, la proportion des ventes de laptops dans les PC augmente depuis plus d’une dizaine d’années.
Mais on n’en est pas encore à la durée de vie des appareils électroménagers qui peut facilement dépasser 10 ans.
En fait, le PC/Mac est devenu un “utilitaire” qui ne fait plus rêver, c’est vrai. Ce n’est pas un objet de désir, il s’est banalisé. Les nouvelles moutures de Windows et MacOS sont elles aussi très “utilitaires”. Dans le cas de Windows que je connais mieux, il faut savoir que Windows 7 utilise mieux les ressources matérielles que Windows Vista. Il contribuera à allonger un peu la durée des PC. Windows XP est encore dans la nature alors qu’il fête ses 10 ans dans quelques jours !
Comme je l’ai évoqué dans d’autres articles (notamment sur les tablettes), l’équilibre entre tablettes et desktop est lié aux usages. Plus on consomme des contenus, plus la tablette est appropriée. Plus on créé de contenus, au delà de quelques lignes dans un réseau social, plus le desktop est approprié. La part création/consommation dépend beaucoup des utilisateurs, des métiers et des contextes. Mais dans la masse, la consommation prédomine, ce qui érode quelque peu l’usage des desktops. Mais plutôt dans le grand public que dans l’entreprise.
Après, si le desktop de l’entreprise évolue un jour vers un client léger sauce Chromebook ou équivalent avec du cloud computing, cela restera un outil de bureau ! Il y aura juste une différence de mise en oeuvre technique, à priori, relativement transparente pour l’utilisateur. Tant que le réseau est disponible !
L’expression “mort du PC” apparait plus ou moins décrire la réalité selon la définition que l’on donne à PC comme vous le soulignez justement.
Dans ma vision, le PC ne “meurt pas”, il évolue, il s’hybride, à l’image d’un espèce vivante.
Par ailleurs une de vos photos me rappel un objet que j’avais vu chez nos voisins belges:
http://www.stone-world.org/2009/03/27/insolite-le-fauteuil-design-pour-le-geek/
Un autre moyen de communication dont la mort est annoncée depuis de nombreuses années est les groupes de discussion… Usenet est pourtant incomparablement plus efficace en terme de rapidité de lecture/écriture de messages que des forums web « équivalents ». Dommage que la pseudo-austérité du texte brut rebute souvent les gens de nos jours…
La fin du protocole NNTP. Film à 23h.
Bonne continuation, Olivier, à votre site toujours aussi bien documenté.
La technologie tue l’économie. Les jeunes israéliens ne profitent pas de la croissance de leur pays et voient les prix de l’immobilier devenir inaccessibles. Le pays attirent les investisseurs et les problèmes pour la vie quotidienne avec. Je dis stop !!! Et vous ? Ne vous sentez vous pas coupables ???
http://www.france24.com/fr/20110815-israel-manifestations-contre-vie-chere-immobilier-chomage-croissance-salaire-pauvrete
Merci pour l’info sur le marché de la brosse à dents. Effectivement, ça explique les problèmes d’haleine qu’on rencontre fréquemment. Même si le taux de renouvellement de ces ustensiles doit être plus élevé que celui des téléphones mobiles.
Ceci étant, plus que la mort du PC, ce qui serait intéressant serait d’étudier la morphologie du marché du PC: l’évolution de la durée de vie, ou de la part des systèmes d’exploitation, ou encore des laptops vs stations, ou encore de Linux vs Windows, etc.
De toute façon, tant qu’il y aura des développeurs, il y aura des PC…
Je me demande si pour une part de la population, le taux de renouvellement des mobiles n’est pas supérieur à celui des brosses à dents, même dans les pays occidentaux… 🙂
Côté marché :
– Il se vend toujours de plus en plus de laptops et de moins en moins de desktops.
– Linux n’a pas mordu sur l’usage de Windows dans le grand public. Il reste aux alentours de 1% de la base installée. Et est effectivement très utilisé par les développeurs.
– Le Macintosh a gagné quelques parts de marché sur les PC sous Windows, surtout dans les laptops. Si elles restent inférieures à 5% en unités dans le monde, elles sont aux alentours de 10% aux USA.
– Windows XP est encore le système d’exploitation le plus utilisé alors qu’il a 10 ans cette année (mais bon, a été mis à jour depuis) ! Mais heureusement, Windows 7 a dépassé Vista. Cf http://en.wikipedia.org/wiki/File:Operating_system_usage_share.svg.
Donc, autant dire que la situation est plutôt assez stable depuis environ une dizaine d’années.
Bonjour,
Analyse intéressante… On m’a offert un ipad… et malgré je continue à préférer mon vieux et fidèle macbook pro qui est parfaitement adapté à la bureautique et à internet!!
Je ne crois pas à la mort du PC, du moins pas encore. En effet l'”innovation” des tablettes ne me semble pas constituer un modèle disruptif. Juste un accessoire très utile pour consommer du média.
Concernant HP je ne suis pas d’accord avec vous, je me permet de remettre mon analyse que j’avais écrite pour un autre blog:
Franchement à ce niveau là d’incompétence ce n’est plus se tirer une balle dans le pied mais se faire Hara-kiri!!!
C’est ce qui se passe quand on choisit un “pur” CEO software (il était avant CEO de SAP) qui pour l’instant n’a su faire preuve ni d’ouverture d’esprit ni de vision.
C’est quand même dingue de faire une annonce pareil alors qu’ils n’ont pas donné toute leurs chance aux produits!!!
(Comme vous dites, je serais à la place du futur repreneur j’offrirais le champagne pour leur remercier de me dévoiler toutes leurs cartes…)
Ils avaient l’opportunité” avec le rachat de PALM de devenir le plus sérieux challenger d’APPLE sauf que selon moi plusieurs erreurs ont étés commises.
La première a été de changé le nom de PALM qui avait une belle histoire et une réelle légitimité en HP Web os… (Demander dans la rue à n’importe quelle personne PALM ça parle!!!)
PALM avait tout pour faire un COME BACK et revenir au premier plan (en sortant le palm pré il aurait pu faire la même chose qu’avait fait Jobs avec l’imac en 98) sauf les moyens financiers. HP avait l’argent. En théorie le rachat de Palm avait du sens.
Sauf que quand ils ont sortis la tablette TouchPad ils ont commises la même erreur qu’avec le PalmPre le produit n’était pas prêt…
Ils ne savent pas mettre leurs équipes sous tensions chez HP???
Deuxième erreur, lorsque PALM a sorti son premier smartphone Pré, le logiciel de synchronisation était plus une “bidouille” qu’autres choses faut de moyen financier.
Après le rachat pourquoi n’avoir pas fait travailler des équipes et fait un vrai logiciel de synchronisation qui aurait été le pendant d’itunes chez apple? et d’autres part qui aurait installé sur toutes les machines vendu par HP??? (il savent bien faire du logiciel chez HP non?)
(Ironie de l’histoire, je ne sais pas si vous vous rappelez l’accord HP-Apple concernant la vente d’ipod rebadgé sous le logo HP, cela n’avait d’ailleurs pas marché car entre l’original et la copie…, et qui prévoyait aussi l’installation d’itunes sur toutes les machines vendu par HP???)
Cette installation native d’un logiciel de synchro sur toutes les machines HP auraient boosters l’intérêt des developeurs pour la plateforme…
De même pourquoi HP n’a pas fait travaillé ces équipes sur un véritable HP store???
Troisième erreur, avec le rachat de motorola mobility par google, les samsung, HTC, et autres doivent être en train de s’inquiéter quand à l’avenir de la plateforme Android. Il y avait sans doute une carte à jouer… (D’ailleurs microsoft va elle la jouer et en profiter pour donner un coup de boost au démarrage de windows 7 mobile ???)
En effet à la grande époque de PALM, l’OS était sous licence et cela n’empêchait pas PALM d’être leader aussi bien sur le soft que le hardware…
Quand on veut défier un adversaire aussi redoutable qu’APPLE, soit on mets tous les moyens nécessaires soit on ne vas pas sur le ring.
J’ai vraiment l’impression qu’il n’on pas donné leurs chances à des produits réellement innovant que ce soit en smartphone ou en tablette et qui en plus aurait pu disposer disposait d’un avantage concernant l’impression (HP qui est aussi leader dans ce domaine aurait pu faire quelque chose de redoublement plus efficace qu’airprint…) …
Ils ont sans aucun doute décu un grand nombres d’aficionados (dont j’en suis) qui auraient sans doute acheté leurs tablettes si celle ci avait été disponible et plus abouti.
Quelle gâchis.
A la place des actionnaires d’HP je remercierais le board et le CEO…
Bonne soirée,
Boris Cohen
Merci pour cet article intéressant et riche comme souvent.
Concernant Linux, il est difficile de mesurer sa base installée réelle, du fait qu’il n’est pas vendu comme Windows et Mac OS. Paradoxalement, à cause d’Android il a une grosse base installée sur les mobiles, mais à l’insu (si on peut dire) des utilisateurs. Je suis persuadé que si les PC étaient vendus préinstallés avec des bureaux Linux bien configurés, ça marcherait bien (et quel repos pour Mme Michu qui n’aurait pas de problème potentiel de virus et compagnie).
Je me permets de signaler une petite faute de français dans « La planète numérique a multiplié les types d’ordinateurs à l’envi
e» (le “e” final en trop).Les 2 minutes culturelles : http://fr.wiktionary.org/wiki/%C3%A0_l%E2%80%99envi et http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?id=4452 .
La pénétration de Linux de 1% est estimée par des études sur les navigateurs utilisés par les Internautes. Cela reflète donc assez bien la base installée, en excluant juste les PC sous Linux qui sont pas connectés et qui ne doivent pas être légion !
Les ventes de PC bundlés avec Linux ont été testée sans grand succès jusqu’à présent. L’absence de virus est peut-être liée aux qualités de Linux mais aussi à sa faible base installée ! Je précise que j’utilise Linux (Ubuntu) pour les développements de mon blog depuis 5 ans mais n’y ai pas pour autant basculé le reste de mes usages dits bureautiques et aussi photo.
Il faut dire que de nos jours, sans communication, on vend moins facilement. Si un grand constructeur vendait avec publicité, ne serait-ce qu’une fraction des montants engagés par Microsoft ou Apple, une partie de sa gamme sous Linux avec un minimum de support (au moins pour les changements d’habitude), ça devrait marcher.
Il est clair que la conception d’Unix et de Linux est ce qui le rend assez sûr. L’argument de la faible base installée ne marche pas pour les serveurs Web, où Linux est en pointe. J’ajoute que, quelque soit la raison de la fiabilité de Linux, autant en bénéficier.
Une collègue non informaticienne à qui j’avais installé une machine en double boot Windows/Linux a vite eu sa partie Windows infectée, alors que pour la partie Linux elle dort sur ses 2 oreilles, et je n’ai quasiment pas d’administration à effectuer dessus.