J’ai cette année participé une nouvelle fois – comme “bloggeur” – aux Universités d’Eté du MEDEF qui avaient lieu à HEC (Jouy en Josas) les 31 aout et 1ier septembre 2011, mais pas le 2 septembre. Comme chaque année, je partage avec vous quelques impressions sur cet événement de rentrée du patronat français quasiment simultané avec les Universités d’Eté des partis politiques et en amont de la rentrée sociale qui voit les syndicats se réveiller de la torpeur des vacances.
Dans ce compte rendu, je vais décrire le format de cet événement et ses dessous, la place donnée à l’innovation et aux startups, quelques moments clés des débats, et quelques signaux faibles observés sur place. Vous pourrez aussi parcourir ce compte-rendu sous forme illustrée avec mes photos dans les galeries photos de ce blog.
Un format rôdé
Le format de ces Universités d’Eté est stabilisé. Un intervenant de prestige en ouverture, des sessions plénières et des sessions non plénières qui alignent une bonne douzaine d’intervenants et durent deux interminables heures. Elles traitent de sujets assez vagues, ce qui présente l’intérêt d’avoir un casting souple répondant aux exigences du moment, valorisant telle ou telle personnalité, et notamment les abonnés fidèles que sont Christophe de Margerie (Total), Michel Pébereau (BNP Paribas) ou Maurice Lévy (Publicis) qui sont mis à toutes les sauces. Chaque intervenant fait un exposé liminaire de 5 à 10 minutes, et selon les débats, un véritable échange avec les autres intervenants s’instaure. Certains sont évidemment plus bavards : les Ministres, ou encore Henri Guaino qui a bien dû faire une mini-conférence de 20 minutes dans sa session. Le public peut poser des questions à la fin des tables rondes, si l’animateur a réussi à contenir le temps de parole de ses nombreux intervenants. C’est parfois du tout préparé, comme pour le discours d’ouverture d’Herman Van Rompuy, où les questions semblaient posées par des membres du comité exécutif du MEDEF.
Le thème général de cette année était “Village et Planète – Objectif B20”. Traduction : c’est l’occasion de promouvoir l’initiative de création du B20 qui est le pendant entreprises du G20. Si Sarkozy est à l’initiative du G20 (2008), le MEDEF semble à l’origine de ce B20 qui doit se réunir à l’occasion du sommet du G20 qui a lieu à Cannes début novembre 2011. Il fédère les MEDEF des pays du G20. Mais dans les tables rondes, les sujets tiraient un peu dans tous les sens et donnaient dans la logique floue. Certains rappellent un peu les thèmes du bac de philo comme ”A quel terme peut-on penser ?” ou “Lire l’avenir dans le présent”. D’autres sont très vastes : “Pour la réciprocité”, “Leadership et générosité” ou “Le féminisme est un humanisme”. On y parle évidemment de la crise économique et financière, de gouvernance, de social et un peu de management.
Les 6000 personnes qui déambulent dedans et dehors à HEC pendant ces universités sont de pédigrées très variées. Les patrons du CAC40 sont sur les tribunes. Les autres, plutôt de PME ou startups, sont dans l’audience. Sauf rares exceptions comme Yseulis Costes, mais dans un débat de plénière sur le rôle des femmes. Une bonne moitié de l’audience – au nez – n’est pas constituée de “patrons”, mais plutôt d’associations professionnelles diverses, de prestataires de service (relations publiques, communication, lobbying), de consultants divers (dont votre serviteur, sous sa couverture de bloggeur-photographe), et enfin de journalistes et bloggeurs. Ce qui explique l’assez bonne mixité de l’audience, car le patronat reste très masculin en France. Bref, nous avons un échantillon de la société civile. Certains diraient : ce sont les “élites autoproclamées”. Elites, je ne sais pas. Pouvoir, business et média, très certainement.
L’audience est certes ravie de pratiquer son networking de rentrée scolaire mais elle compte peu au regard du cirque médiatique qui entoure l’événement. Comme pour celles des partis politiques, ces Universités sont l’occasion pour le MEDEF et sa présidente d’envoyer des messages clés au grand public et aux politiques au travers des médias. Moins d’un an avant la présidentielle, le MEDEF tenait à faire passer en filigrane quelques messages aux politiques présents, notamment sur ce qu’il attend d’eux en matière de gouvernance, de régulation financière et de gestion des équilibres mondiaux. Les patrons se sont relayés pour réaffirmer la prédominance de l’économie réelle face à la finance, mais Laurence Parisot a tout de même salué nos banques françaises qui sont “remarquables” (les vilains sont donc les banques étrangères et notamment américaines…). Il y a aussi les sempiternelles complaintes sur les 35 heures, sur les charges qui pèsent sur le travail, sur le besoin de règles du jeu équitables avec la Chine et sur le respect de la propriété industrielle. Ce à quoi s’ajoute aussi un accès équitable aux matières premières victime d’une spéculation sans rapport avec l’évolution de la demande (selon Louis Gallois d’Airbus). Laurence Parisot et les grands intervenants étaient ainsi assaillis par les journalistes, et notamment ceux de la TV. Laurence Parisot se prêtait donc au jeu des séances photos avec les intervenants, aux interviews en groupe (ci-dessous) ou individuelles, et il en allait de même pour les intervenants, surtout les politiques.
J’ai pu observer avec amusement le petit manège des journalistes de Dimanche+ (Canal+) qui se démenaient pour interviewer les politiques présents. Le truc est bien connu : sous couvert d’interviews sur des sujets généraux, ils cherchent la petite bête, la bévue, la citation qui fera mouche et dans un angle qui n’est pas clairement annoncé à la personne interviewée. Et cela peut facilement déraper. Je suis ainsi tombé par hasard sur un Gérard Longuet très très énervé face à un journaliste TV qui l’interviewait au sortir de sa table ronde en l’interrompant sans cesse (ci-dessous). On n’était pas loin du coup de boule ! Je me demande si cela va passer quelque part.
Le MEDEF orchestre aussi son propre média, MEDEF TV où en plus de la retransmission des sessions, il diffuse des interviews de personnalités qui interviennent ou pas dans les tables rondes (voir sur YouTube et DailyMotion, comme cela, pas de jaloux). Et certaines plénières étaient même retransmises sur La Chaine Parlementaire, comme le sont d’habitude les grands événements politiques.
A côté des conférences
Ces Universités sont aussi un “mini-salon” avec des stands d’institutions diverses et surtout l’Espace Business Innovation, la zone dédiée à l’innovation technologique et en partie aux startups qui existe depuis plusieurs années. On pouvait y croiser Alioscopy (affichage 3D), Withings (objets communicants), Total Immersion (réalité augmentée), Sculpteo (service d’impression 3D en ligne), Balloon (modération de conférences, qui équipait les sessions de la conférence, présent pour la seconde fois). J’ai fait la connaissance de l’association “Entreprendre pour apprendre” qui couvre tous les cycles (primaire, secondaire, supérieur) et propose notamment le programme de la mini-entreprise dans le secondaire. Sur le stand se trouvait une jeune collégienne de 14 ans qui avait lancé un projet de piège à limaces ingénieux. Comme ce n’est pas ma spécialité, difficile d’évaluer le procédé, la concurrence et le modèle économique !
Il y avait Mia Electric, une entreprise franco-allemande qui se lance dans la voiture électrique utilitaire. C’est en fait la société qui a repris une partie des actifs d’Heuliez en juillet 2010. On trouvait aussi des stands de grandes entreprises, également sponsors de l’événement telles que Orange Business Services, Schneider Electric et SFR.
Tout ceci complété par la remise des Trophées de l’Observatoire de la Relation Grandes Entreprises et PME Innovantes, par l’IE Club, un sujet aussi pas mal abordé dans les débats, notamment par le DG d’Airbus Fabrice Bréguier ou par Christophe de Margerie de Total. Les binômes gagnants sont indiqués sur le site CapeCalm de Marie Rufo. Sur la douzaine de candidats, il y avait cinq binômes dans le numérique, dont Auchan et TraceOne, GFK et Qosmos ainsi que Microsoft et I-DISPO.
Interventions notables
Les meilleurs intervenants que j’ai pu entendre étaient un homme d’église (le père Etienne Michelin) et les militaires (Edouard Guillaud, le chef d’Etat-major des armées, et Valérie Guyot, pilote de chasse) en ce sens qu’ils communiquaient bien sur le registre du leadership et des valeurs. Tout un symbole ! Il y avait aussi les intervenants étrangers comme Herman Van Rompuy, pas trop mal malgré un discours lu, Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE et ancien Ministre des Affaires Etrangères du Mexique qui se moquait ouvertement de l’avis que les chefs d’entreprise pourraient donner sur un tas de sujets de gouvernance publique, la tunisienne Lilia Labidi, l’égyptienne Mona Makram-Ebeid, l’ancienne ministre grecque Dora Bakoyánnis (“la Grèce n’est pas un pays perdu”), l’étonnant Ben Verwaayen, DG d’Alcatel-Lucent qui se payait la tête des politiques ou encore le malien Cheick Modibo Diarra, président Afrique de Microsoft qui a réussi l’étonnante prouesse d’intervenir sans citer son employeur ni même son métier pour évoquer les rêves de l’Afrique !
Comme les années passées, je vais faire un récapitulatif de quelques bons mots entendus et cela ne rentrera pas dans les détails car il n’y en avait pas en général ! Ni ne citerai le débat correspondant car cela importe finalement assez peu !
- Herman Van Rompuy (cf le texte de son discours) évoquait une dizaine de “vérités” à avoir en tête en phase de crise tout en montrant que la construction européenne avançait malgré les coups de boutoir : “S’endetter pour investir et pas pour consommer, dans le public comme dans le privé”, “Quand la dette est trop élevée, il faut retourner à l’équilibre budgétaire”, “Il faut un équilibre entre rémunération et prestation”, “L’union fait la force. Les pays de l’UE ne doivent pas chercher à tirer la couverture çà eux. L’Europe n’est pas une idée purement mercantile”, “L’ennemi de l’idée européenne, de la paix et de la solidarité est le populisme et le chacun pour soi”, “Les vérités évidentes sont tout de même des vérités” et “Pour gouverner mieux, il faut gouverner moins mais ce n’est pas toujours vrai, cela dépend des secteurs”. Et il ne pensait pas à la Belgique…
- Charles Beigbeder : “nous sommes en crise perpétuelle, la parole publique est la base de la pyramide de confiance et elle est dévaluée. L’Etat doit se remettre en cause et aller au-delà de la taxation des soda. Il manque 150 milliards pour équilibrer le budget !”.
- Frédéric Lefevbre (secrétaire d’Etat de plein de choses, dont les PME) évoque un “milliard d’Euros” qui auraient été rendus aux entreprises après les Assises de la Simplification (des processus administratifs). Une loi devrait arriver fin septembre pour boucler l’ensemble. Les entreprises n’auraient plus à faire de déclarations (70 en tout !) que deux fois par an et la feuille de paye serait divisée par deux (à priori, seulement en nombre de lignes). Il souhaite éviter d’abaisser les seuils de taxation des hauts revenus pour ne pas décourager les entrepreneurs de PME ce qui est un peu tiré par les cheveux. Il souhaite que les fonds publics financent l’innovation “à l’aveugle”, en s’en remettant au secteur privé pour les choix, ce qui est presque le cas dans le cadre du grand emprunt.
- L’américain Gary Shapiro, patron de la Consumer Electronics Associations et organisateur du CES de Las Vegas, évoque les trois manières d’atteindre l’équilibre budgétaire : réduire les dépenses, augmenter les impôts et développer l’économie. Il pousse une stratégie fondée sur l’innovation (cf son bouquin : The Comeback, How Innovation with restore the American dream). Cela demande d’accepter la prise de risque, l’échec, la rémunération du succès avec une incitation fiscale adaptée, une rapidité d’action, une focalisation sur le futur et éviter de protéger le statu quo. Et aussi “Education comes when you fail and lose”. Tout le crédo américain concentré en 5 minutes ! L’échec de l’enseignement secondaire aux USA serait du au fait que les enseignants sont payés de la même manière, quoi qu’ils fassent. Et une perle digne d’un Républicain pur jus : “Government strategy should be to get out of the way”.
- Jacques Attali : “un monde plus libre va créer plus de richesses. Il y a un potentiel de croissance énorme avec les progrès techniques à venir mais ils ne sont pas en état de créer une nouvelle vague de croissance et de productivité comme les précédentes vagues technologiques”. Il croit en l’impact révolutionnaire de la batterie à hydrogène (la pile à combustible, ce qui est bien discutable dans la mesure où ce n’est pas une énergie primaire). Il évoque l’open innovation et la mise en commun des brevets. Il propose l’abandon de brevets sur un domaine clé de croissance technologie à très long terme, estimant que cela pourrait accélérer le progrès technique. A méditer !
- Pascal Lamy, directeur général de l’OMC (et socialiste) : “les thèses de la démondialisation sont erronées et basées sur une fausse analyse de la globalisation. Elles sont aussi un moyen de mettre ses propres problèmes sur le dos des autres. Ce sont surtout les perdants qui se plaignent et dans les pays développés. Il faut éviter d’instrumentaliser la mondialisation, ni la diviniser. Elle n’est pas heureuse. Elle demande plus de gouvernance”.
- Laurent Fabius : au sujet de la dette, “on ne peut pas contrôler un problème avec le mode de pensée qui l’a généré”. Sous-entendu : il est temps qu’il y ait une alternance politique !
- Ben Verwaayen, DG d’Alcatel-Lucent : “La réalité ne part pas en vacances. C’est le privé qui créé de l’emploi. Les politiques sont là pour parler”. Pan dans le bec.
- Hubert Védrine, réaliste : “Vous voulez une contribution des entreprises à la gouvernance mondiale ? Mais il n’y a pas de gouvernance mondiale ! Le système est marqué par des rapports de force avec une combinaison d’acteurs publics et privés très puissants et en concurrence”.
- Henri Guaino (conseiller spécial du Président de la République) : “Les pays qui réussissent ont une approche long terme et stratégique. Les américains ont plus de stratégie collective que les européens. Sans stratégie, on devient une variable d’ajustement de tous les autres. Ce sont les dettes privées qui plombé les dettes publiques. On va passer dans un cycle de désendettement mais il faut continuer à investir. C’est la raison d’être du grand emprunt : emprunter pour investir pour rembourser demain les dettes d’aujourd’hui. Si ce n’est pas la raison qui l’emporte, on se prépare à un monde compliqué”.
- Etienne Klein, directeur de recherches au CEA dans la physique des particules évoquait la notion élastique du temps : “Les grands projets scientifiques (fusion avec ITER, recherche de particules élémentaires avec le LHC) sont à très long terme. Quel sera l’état de la société lorsque ces projets aboutiront ? Formera-t-on encore des physiciens ? Il ne faut pas confondre temps et emploi du temps. Il existe un seul temps mais avec des temporalités différentes. Notre façon de parler du temps n’a pas changé depuis le 4eme siècle et Saint Augustin. Elle n’a pas été impactée par Galilée, Newton et Einstein. Nous vivons de plus en plus dans l’autarcie du présent. Il y a des décennies, on faisait des prédictions sur la vie en l’an 2000. Mais les ados d’aujourd’hui n’ont pas de configuration de 2050. Le futur existe-t-il déjà dans l’avenir ? Ou futur est-il le néant ? Où bien créé-t-on le présent dans le futur ? A la clé de la solution : la réunification de la mécanique quantique et de la relativité générale…”. Fascinant ! En aparté, il m’indique que “dans le passé, il y avait plus d’avenir”.
- Nathalie Kosciusko-Morizet (ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement) qui n’a visiblement plus d’iPhone mais utilise un iPad 2 : “Les français écoutent quand on dit des choses intelligentes. Nous sommes en crise permanente, on est baladé par l’actualité. La sécheresse faisait l’actualité avant les vacances. Mais malgré l’été qui a été pourri côté météo, la sécheresse subsiste car il y a un déficit structurel sur les nappes phréatiques. Il faut réussir à investir sur le long terme. Nous avons besoin de de plus en plus d’énergie mais à court terme, on est coincé. La première chose à faire est d’économiser l’énergie. C’est une activité très technologique”.
- Nicolas de Tavernost, président de M6 : “M6 ne serait pas là si la chaine appartenait à un fonds d’investissement privé. Elle a perdu Pi fois ce qui était prévu au début. Il n’est pas possible de créer une boite comme M6 avec un TRI de 20% sur 5 ans”. Il faut du temps…
- Edouard Guillaud, chef d’état-major des armées, se “désespère de la désespérance”. Il classe les postures en trois catégories : (1) l’attitude béate, angélique, éperdue de paix perpétuelle, adepte de la fin de l’histoire et du soft power, considérant que les guerres sont anachroniques et que le commerce annule les instincts belliqueux, (2) l’hypocondriaque défaitiste, le catastrophisme, le pessimisme, le renoncement avant d’entreprendre et (3) le réalisme espérant, l’optimisme de volonté qui admet l’adversité. Le stratège doit voir loin et s’inspirer du passé pour comprendre ce qui se produit. Il investir dans l’avenir pour investir l’avenir. Il évoque ensuite ces jeunes de 20 ans qui risquent leur vie pour chercher sous le feu leurs camarades blessés et le pilote d’hélicoptère qui a sauvé son équipage et des diplomates alors qu’il était blessé (en Côte d’Ivoire). Et la chute qui gagne le cocotier à l’applaudimètre : “Le désespoir m’est totalement inconnu”.
- Mona Makram-Ebeid, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire, qui évoque évidemment la révolution dans son pays et le rôle positif de l’armée qui a protégé la population. Une armée tellement admirée que pour Mona elle a “gagné la guerre d’octobre 1973”. Elle trouve que les occidentaux ont oublié les forces politiques laïques et qu’effectivement, les Frères Musulmans sont la force politique la mieux organisée. Mais elle note l’arrivée d’une nouvelle garde réformatrice qui s’inspire du modèle turc (elle doit faire référence à Atatürk et pas au gouvernement actuel). Elle termine pas un magnifique “Je n’ai pas une goutte de sang français mais la France coule dans mes veines”.
- Lilia Labidi, ministre tunisienne des Affaires de la Femme, évoque la situation de la femme en Tunisie : c’est le seul pays arabe ou la pilule est autorisée, il y a parité aux élections et même le mouvement islamiste Ennahda est engagé sur cette parité. Mais “Les idiots, il y en a partout. Et certains pensent qu’il faut revenir en arrière avec l’imposition de la femme au foyer”. 30% des filles en milieu rural ne sont pas scolarisées et 60% des diplômés au chômage sont des femmes. La situation est compliquée avec 25% de la population en dessous du seuil de pauvreté et 900000 réfugiés Libyens dans le pays qui ne compte que 10 millions d’habitants.
- Le Père Etienne Michelin, prêtre et enseignant en théologie, commence par nous annoncer que “nous allons tous mourir” et que notre devoir est surtout de transmettre (à nos enfants, la culture, le savoir, l’envie, et aussi une planète en bon état). S’ensuit une histoire métaphorique sur de futurs parents japonais qui veulent nommer leur fille « Petite espérance » ou » Petit mystère » (d’où la photo avec les idéogrammes ci-dessus). L’enfant est objet d’espérance. Sur ce, il nous gratifie de 15 secondes de silence comme cadeau.
- Marie-Christine Saragosse, directrice générale de TV5 Monde, fait une très belle intervention sur le rôle de sa chaine TV dans le monde. C’est une chaine généraliste, qui ne se résume pas à l’information, et n’a pas de démarche d’influence hégémonique. Elle se veut très multilatérale avec notamment beaucoup d’images “du Sud” destinées “au Nord”. La francophonie n’est pas un lieu de peur, mais un lieu d’échanges. Et puis quelques citations (toujours, style bac de Philo…) : “Il vaut mieux désirer ce que l’on a que ce que l’on a pas”, “Privilégier l’action par la volonté que d’attendre le futur des autres” et “Désapprendre à espérer pour apprendre à vouloir”.
- Alain Weill, président de NextRadio TV : nous sommes les champions du monde du désespoir et du pessimisme, tout du moins collectivement, car individuellement, les français sont plus optimistes. On le voit par le taux de natalité qui est élevé. Il y a une plus grande confiance dans l’avenir dans la sphère privée. Il évoque le fait que la fête de l’école aux USA est le jour de la rentrée et le jour de la sortie en France (ce qui est à moitié vrai…).
- Anne Lauvergeon, présidente du conseil de surveillance de Libé et ex-Areva (Anne-rêva) traitait des valeurs de l’entreprise multinationale et du besoin d’avoir un socle solide valable partout, du besoin de sens moral. J’ai noté que pour elle, l’entreprise devait être plus restrictive et exigeante que le pouvoir politique.
- Jean-François Copé, qui s’emmêle un peu les paluches dans le débat sur la femme et l’humanisme. Avec du : “Le féminin de député est suppléante”, “On n’est pas prêt d’imaginer des hommes de ménage” et “les femmes ont “beaucoup de chances d’être dans notre pays”.
Tout ceci correspond aux débats auxquels j’ai assisté. Il manque donc certainement d’autres “bons moments” de la conférence dans ce compte-rendu.
Quelques signaux faibles
En dehors de tous ces débats, quelques petites observations de détail :
- S’il y avait bien une petite conférence sur les réseaux sociaux (ci-dessous), aucune table ronde de la conférence principale ne traitait du numérique. On pouvait même être surpris d’y entendre un pessimiste Jacques Attali évoquer les révolutions technologiques à venir (nanotechnologies, robotique, santé, éco-technologies) en indiquant qu’aucune d’entre elles n’était en mesure de créer une révolution industrielle et économique de l’ampleur des précédentes.
- Laurence Parisot est venue discuter avec les bloggeurs. Mais je l’ai loupée car elle était une heure en retard sur l’agenda. Je n’aime pas attendre !
- L’absence de maitrise de l’anglais fait un peu peur. Il y avait pas mal d’écouteurs de traduction utilisés en plénière lorsqu’une intervention avait lieu en anglais, et pas seulement avec les plus âgés.
- Les mobiles sont des objets de distraction de plus en plus visibles des intervenants dans les tables rondes, et cela frise à l’impolitesse pour le reste de la table ronde et pour l’audience. Les tablettes le sont également, mais sont finalement plus discrètes car posées sur la table. Les hommes comme les femmes sont affectés !
- J’ai trouvé la Rolex (du symbole de la réussite) de Séguéla… et quelques autres belles montres.
- Le pouvoir, l’argent et les médias continuent de s’accaparer ou d’attirer les jolies femmes. On a beau faire tout ce que l’on veut en matière de féminisme ou d’égalité des chances, cela reste une loi immuable.
- Le photographe qui trimbale son géantissime 400 mm ouvrant 2.8 me l’a prêté quelques minutes pour m’emprunter mon télé 70-200. J’ai pu ainsi faire quelques portraits de loin comme celui-ci de Jean-Pierre Elkabach ci-dessous, avec un excellent piqué. Un Elkabach comme dans les Guignols, tutoyant et serrant de manière un peu obséquieuse la main de Jean-François Copé à son départ. Mais diable, que c’est lourd et embarrassant ! Au risque de me répéter, mes photos de la conférence sont ici dans les galeries photos de ce blog.
Et pour terminer, un grand merci à Nicolas Stomp (au milieu ci-dessous) et à toute l’équipe de relations avec les bloggeurs du MEDEF qui nous avait invités. Le “nous” comptait une centaine de bloggeurs et entrepreneurs comme Eric Blot, Charles Liebert, Bertrand Duperrin, Marie Rufo, Pierre Mawas, Charles Nyourit, ci-dessous. J’ai pour l’instant repéré le compte-rendu d’Hervé Kabla, mais je me demande s’il n’a pas fait cela de chez lui avec le stream vidéo live.
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Toujours aussi percutant, et quelles photos!
Non, le CR a été fait en direct jeudi matin, malgré la piètre qualité du WiFi et la 3G balbytiante. Mais j’ai raté le passage de Laurence Parisot.
Tu trouveras quelques notes prises en direct et de belles photos chez Yann Gourvennec également (visionary.wordpress.com)
Sacré Etienne Klein, l’extrait de son discours me rappelle pile poil le cours que j’avais suivi à l’époque. Cette madeleine de Proust scolaire me rappel que le temps passe vite (voici une expression qui d’ailleurs peut déclencher une bonne heure de dissertation de la part de notre expert du temps).
Merci Olivier pour ce compte-rendu.
Très intéressante l’intervention d’Etienne Klein! Ah, le dictat du présent. Nous ne savons plus bien qui en est responsable (les financiers, les politiques, les communicants, les médias ou nous les citoyens consommateurs de média?). Et surtout comment pouvons-nous nous en détacher?
Et j’aime beaucoup l’intro d’Etienne Michelin : ne jamais oublier que nous allons tous mourir. Cela changerait tellement de choses si nous l’avions tous à l’esprit au moins une fois de temps en temps!
J’ai bien noté que NKM avait troqué son iPhone pour un iPad. Pour le reste, je reste sur ma faim. La philo pour combler le vide de la pensée ?
Merci pour ce compte rendu !!!
Merci pour votre compte-rendu instructif, vivant et sans langue de bois, comme toujours !
J’en profite pour vous signaler une petite faute (répétition de “de l’anglais”) et pour vous poser une question concernant vos très belles photos qui illustrent magnifiquement votre article. J’ai remarqué que les personnes semblent prises à leur insu : leur publication sur un blog ne posent elles pas problème ?
Peut etre border line, mais cette conference a ete diffusee a la tv sur LCP, avec des plans de coupe sur l’audience…
En tout cas, si les interesses me le demandent, je supprime les photos en question !