J’ai fait un petit tour d’une demi-journée au Salon Solutions Linux le 16 mars 2010. Le salon était situé dans un bout du Hall 1 à la Porte de Versailles. Un salon de taille modeste, ce, malgré la très bonne santé du business de l’open source en France, en croissance régulière d’environ 30% par an selon Pierre Audoin Conseil, concentrée dans les activités de services.
Au delà d’un tour rapide des stands, je venais surtout écouter les premières conférences plénières, moyen de faire le point sur le discours du moment. Elles avaient lieu dans une salle dédiée, avec en moyenne une cinquantaine de participants, faute probablement de grands noms du secteur pour attirer les spectateurs.
Il faut noter que le salon ouvrait deux jours après la fin du Salon de l’Agriculture, qui avait laissé comme trace une odeur de campagne (animale) assez incongrue avec l’objet du salon.
Alexandre Zapolski de Linagora
C’est à Alexandre Zapolski que revenait le rôle d’ouvrir la conférences des keynotes de ce salon. Pourquoi lui ? Au moins à deux titres : il est le PDG de Linagora, l’une des SSII du libre françaises qui se porte le mieux, si ce n’est la plus grande des “pure player”, et également cofondateur de la FNILL, la fédération nationale des industries du logiciel libre. Dans le secteur privé, c’est l’un des plus actifs promoteurs de l’open source de manière continue depuis une bonne dizaine d’années.
A lui donc de faire un bilan contrasté du logiciel libre entre 2000 et 2010, presque un passage de l’illusion à la désillusion ou tout du moins à une forme de maturité car la dynamique de l’open source se porte bien dans l’ensemble :
- Contraste de la dynamique : en 2000, le keynote du salon avait lieu dans le grand amphithéâtre du Palais des Congrès de Paris, avec 1500 personnes. Là où Microsoft organise ses TechDays dont les keynotes qui ont lieu trois jours d’affilée rassemblent entre 1500 et 3000 personnes. A l’époque, il y avait Bob Young, le fondateur de Red Hat, Miguel de Icaza, du projet Mono, Larry Augustin de VA Linux et Richard Stallman, le “pape” du logiciel libre. Cette décrue de participation n’est heureusement pas un révélateur d’un désintérêt pour l’open source, loin s’en faut !
- Contraste de l’environnement politique : on passe de l’ère Jospin et d’un soutien politique affiché aux logiciels libres (avec la création de la MTIC suivie de l’ATICA, puis de l’ADAE et de la DGME sous Raffarin) à l’ère Sarkozy où le RGI (Référentiel Général d’Interopérabilité) est “vidé de son sens” (traduction : Microsoft a réussi à y caser son format XML de la suite Office…), où l’on créé une bien maigre branche “logicielle libre” dans le Pôle de Compétitivité Systematic, sans parler de l’HADOPI et de la LOPSSI qui hérissent naturellement les poils du monde de l’open source. Le tout étant couronné par un contrat cadre de Microsoft au Ministère de la Défense de 100m€ sur 4 ans, quand un Ministère moyen dépenserait aux alentours de 4m€ en logiciels Microsoft (ca mériterait une étude comparative…). Ce qui serait un scandale à dénoncer haut et fort. Et dans le symbolique, Zapolski enfonce le clou en évoquant les vacances de Sarkozy en 2007 aux USA, à Wolfeboro et dans une maison appartenant à un “des cofondateurs de Microsoft” ! Le symbole d’une collusion ? Renseignement pris, ce Mike Appe a quitté Microsoft en 1994 après avoir occupé des positions diverses de rang intermédiaire et non stratégiques (ventes aux USA, support client, etc). Il n’en était nullement cofondateur, étant arrivé en 1987, 12 ans après la création de l’éditeur. C’est maintenant un investisseur, basé au Royaume Uni ! Alexandre peut juste se consoler avec le “Liberty Linux” (à base d’Ubuntu) installé par Linagora à l’Assemblée Nationale (qui a cependant fait grincer les dents de Mandriva). Les USA seraient mieux lottis, avec le grand programme de eSanté de l’administration Obama qui sera construit autour de logiciels open source. Et de rappeler aussi que RedHat aurait vu son démarrage bénéficier d’un contrat de $50m de l’administration américaine pour sécuriser une distribution Linux (c’est aussi par un contrat avec la CIA qu’Oracle a pu démarrer à la fin des années 1970…).
- Les évolutions graduelles de l’open source : RedHat et Mandriva sont toujours là, mais Ubuntu, créé en 2004, a pris une belle importance sur le desktop. Entre temps, on entend moins parler de la distribution Slackware, tout comme des solutions de travail collaboratif SPIP et ZOPE, très promues il fut un temps dans l’administration. Aujourd’hui, le libre monte dans les couches applicatives : SugarCRM, Talend, OpenESB, OpenERP, PostgrSQL, etc. Les logos de ces logiciels sont “plus léchés”. Et le secteur privé s’y met enfin et représenterait “85% du marché” (des services, s’entend). Mais l’industrie de l’open source a mis de l’eau dans son vin et adopté le principe du “Freemium”, aussi largement utilisé dans les logiciels commerciaux et sur Internet. Ce qui aboutirait à un “faux logiciel libre”, là où les versions de base des logiciels sont open source, et donc gratuites, mais où les couches applicatives supérieurs sont commerciales et payantes. Exemple non cité par Alexandre : OpenTrust, anciennement Idealx, l’un des éditeurs phares du logiciel libre en 2000, spécialisé dans la sécurité. Regardez leur “A propos” et cherchez la mention du libre ou de l’open source… :). Les grands clients seraient déçus par ce modèle fremium. Rupture d’une promesse non écrite de gratuité des licences alors que l’on entendait pourtant bien que “free” ne voulait pas dire “gratuit” mais “libre” ? Ou déçus d’une baisse de qualité des logiciels ?
- Contraste concurrentiel : en 2000, l’ennemi à combattre était Microsoft. Point barre. IBM se lançait de manière tonitruante dans l’open source en étant un des plus grands supporters et contributeur de Linux. La concurrence devient multi facettes avec l’ogre MISOG : Microsoft, IBM (et oui), SAP, Oracle et Google, qui devient lui aussi dangereux malgré ses contributions diverses à l’open source. Deux des cinq intervenant dans les plénières. Danse avec les loups !
Et Linagora dans tout cela ? Il a démarré à l’incubateur Télécom Paris Sud, puis dans un garage près de la Bastille, puis à l’Opéra sur deux étages et avec 30 personnes, et maintenant, rue de Berri avec 150 personnes, et plus de 200 prévues sur 2010. En 2000, Alexandre Zapolski annoncait qu’il ferait 100 millions de F de CA en 2010. Sans préciser son CA 2010, il annonce maintenant un objectif de 100m€ de CA pour 2020. Renseignements pris sur son site web, il faisait 16m€ de CA en 2009, soient 104 millions de F. Pari tenu ! Entre temps, le gros de la manne des services de l’open source est récolté par les grandes SSII qui font de l’open source dans toutes les couches en suivant l’évolution du marché.
Canonical
Nicolas Barcet de Canonical, l’éditeur d’Ubuntu, était là non pas pour parler d’Ubuntu sur les postes de travail, mais dans le cloud. J’ai surtout noté que l’offre de cloud d’Ubuntu s’appuie sur les API d’Amazon EC2, l’offre de plateforme applicative du leader du cloud computing. Leur offre permet aussi de rapatrier le “cloud” chez soi, comme une chaîne de TV française serait en train de le faire. En adoptant les APIs Amazon, Ubuntu permet donc à un client d’Amazon de rappatrier son infrastructure en interne sans changer ses logiciels, en théorie.
Dans un graphe que je n’ai pas récupéré, la France serait “en bonne position” dans l’usage du cloud. Derrière le Canada et les Pays-Bas… ! La gloire !
Microsoft
Quel symbole d’avoir Microsoft comme troisième intervenant dans cette série de keynotes !
A commencer par Alfonso Castro, qui joue dans la filiale française, le rôle de passerelle avec le monde de l’open source. Microsoft est fidèle au Salon Solutions Linux avec une présence ininterrompue depuis sept ans.
Selon Alfonso, Microsoft soutient l’open source de quatre manières : par les produits, les standards, la documentation et la collaboration. Et de donner des exemples dans toutes ces dimensions. Côté standardisation, Microsoft participerait à 150 organismes dans le monde et supporterait plus de 10000 standards dans son offre (ca fait beaucoup…). La collaboration avec les concurrents relève surtout de la validation de l’interopérabilité entre les solutions open source et les plateformes Windows. Les logiciels libres courants qui tournent sous Linux sont ainsi disponibles sous Windows.
S’ensuivait une intervention un peu monocorde de Tom Hanrahan, Directeur de l’Open Source Technology Center de Microsoft Corp au siège de Redmond. C’est un ex Intel qui a travaillé sur un OS écrit en Ada, puis de Sequent Computer (qui faisat du mini SMP sur base Intel), racheté par IBM, puis de l’OSDL (Open Source Development Lab) devenu plus tard la Linux Foundation.
Il expose les différentes contributions de Microsoft au monde de l’open source avec notamment une contribution au code du noyau de Linux avec 20K lignes fournies, au niveau de drivers, et sous licence GPL2. Microsoft serait la 142ème entité contribuant à Linux, un rang pour l’instant bien modeste. L’éditeur fournit environ deux patches par mois et prévoit de doubler le rythme rapidement.
Alors, Microsoft soutient-il l’open source comme la corde soutient le pendu ? Si les deux présentations furent bien applaudies, notamment lors de la conclusion qui insistait sur le fait que ces évolutions étaient le résultat de la demande des clients, il convient évidemment d’adopter une lecture plus cynique de cette stratégie :
- Cela reste une stratégie d’endiguement (containment), pour limiter l’emprise des logiciels libres chez ses clients, notamment les plus grands d’entre eux.
- L’interopérabilité est un moyen de limiter cette emprise, notamment dans le monde des serveurs. Avec la consolidation des serveurs et la virtualisation, le risque est grand de voir Windows Server se faire marginaliser. Ainsi, pour Microsoft, il vaut mieux que Linux soit virtualisé dans des serveurs Windows que le contraire. D’où le partenariat avec Novell qui motive certainement une grande partie du boulot sur le noyau de Linux et ses drivers.
- Microsoft a besoin de faire tourner les logiciels libres sous Windows (client et serveur) pour préserver son écosystème logiciel et éviter de justifier un passage à Linux parce qu’il s’y trouve des applications open source qui ne tourneraient pas sous Windows. La préservation du système d’exploitation sera toujours plus importante que celle de l’application !
- Un peu comme chez IBM, les logiciels “Open Source” de Microsoft restent marginaux. Ce sont des outils divers, des drivers, des couches d’interopérabilité (dont on peut trouver un inventaire dans Codeplex). Rien qui n’affecte le coeur de métier d’éditeur de logiciel commercial, même en cloud. Quelqu’un dans la salle (ci-dessous) demandait si Windows deviendrait open source. La réponse était claire: “Non”, oubliant au passage de citer le fait qu’il est possible de se procurer le code source des différentes versions de Windows, sans qu’il soit “open source” (modifiable et redistribuable) pour autant. Cela fait des années que l’on prédit que Microsoft sera obligé d’adopter le modèle open source, que le modèle commercial est condamné. Si cette prédiction est validée un jour, elle ne le sera que très lentement !
Philippe Montarges – Lien entre open source et innovation
Cet intervenant est Président de l’Open World Forum (une conférence internationale dont la prochaine édition a lieu à Paris en septembre/octobre 2010) et aussi d’Alter Way, une SSLL (société de services en logiciels libres) de 10m€ et 90 personnes.
L’objectif ? Faire le lien entre l’open source et l’innovation. Il commence par évoquer le principe de l’Open Innovation, promu par un professeur du MIT, Henri Chesbrough. Une méthode d’organisation de l’innovation des grandes entreprises tournée vers l’extérieur : partenariats avec laboratoires de recherche, liens avec des startups, politiques d’acquisitions, adoption ou création de standards, etc. Une approche qui fonctionne dans toutes les industries. Et qui mêne aussi à des solutions commerciales payantes comme à leur lot de brevets, logiciels ou pas.
Il pose plus de questions qu’il n’y répond finalement. En se demandant si le logiciel libre est le “générique du logiciel”, comme dans la pharmacie. La création de valeur se positionne en fait plus sur l’accessibilité (au logiciel) et dans les innovations au niveau du processus du développement logiciel (multi-intervenants, distribué, avec des facteurs de motivation divers, etc). C’est finalement une industrie de processus.
En guise d’innovation, les grandes nouveautés de l’open source correspondent bien à une généricisation des logiciels. On vient de le citer avec l’offre de cloud d’Ubuntu qui reprend les APIs d’Amazon EC2, c’est le cas également avec tous ces nouveaux pans des applications métiers qui sont investis par le libre : le CRM (SugarCRM), les ERP (OpenERP), les ETL (Talend, ETL = outils de transformation des données pour alimenter les bases de données), etc.
Il y a une exception de taille : l’univers de l’Internet où l’open source est à l’origine d’innovations puisque c’est un espace où les principaux logiciels d’infrastructure et de développement logiciel sont tous open source ! On peut ainsi dire (de manière certes ampoulée) que l’open-source est consubstantiel à l’ouverture et à la standardisation de l’Internet.
Bull et l’informatique responsable
Jean-Pierre Laisné est une personnalité connue de longue date dans l’open source français. Il est chez Bull depuis plus d’une demi-douzaine d’années après avoir créé Linbox, une société qui ambitionnait de distribuer des PC sous Linux et s’est transformé depuis en SSLL. Jean-Pierre est fier d’appartenir à une entreprise qui a renoué avec la croissance ! Mais il est aussi le président de l’OW2 (ObjectWeb), un grand méta-projet de middleware open source d’origine essentiellement française (INRIA, Bull, etc).
Il évoque l’importance d’une informatique responsable mais pour entrer tardivement dans le sujet par rapport au libre, après un long propos liminaire sur la “responsabilité sociale et environnementale” des entreprises.
Stands du salon
Ma petite visite permettait de prendre la température de ce milieu…
- Toujours autant d’associations de promotion des logiciels libres : APRIL, AFUL, etc. Et aussi régionales comme Informatique Libre en Ardennes (ci-dessous). Quelle idée d’avoir un stand à Paris pour cela… surtout, pour se faire c… !
- Les associations professionnelles de l’open source foisonnent ! Entre la FNILL (88 membres, petites et grandes SSLL et éditeurs open source), Alliance Libre (sorte de cluster de SSLL de la région nantaise, 28 membres, lancée par la SSLL Smile) ou Libre-Entreprise (une quinzaine de membres, tous en région, et un peu en Belgique), allez savoir ! Les nombreuses associations régionales du libre se sont en tout cas fédérées au sein du Conseil national du logiciel libre en février 2010, qui regroupe 10 associations et 200 entreprises et qui semblerait s’opposer au parisianisme de la FNILL.
- Le marketing de base dit “du pauvre” des exposants est classique : des mugs et des tee-shirts. L’offre logicielle est peu mise en valeur. C’est plutôt l’aspect communautaire qui prédomine, le salon étant une occasion de faire des rencontres, mais finalement, pas beaucoup de prosélytisme. Cela peut adopter un côté plus déjanté comme ce stand ci-dessous dont la finalité n’était pas claire (des militants anti-Hadopi ?).
- Des projets de logiciels open source d’entreprise comme Glpi, un gestionnaire de parc informatique en mode web utilisé par au moins 1600 entités identifiées à ce jour.
- Le matériel open source… ca existe aussi, et promu notamment par OpenPattern ! Cette petite société française vise à créer un SoC (system on chip) avec des composants tous en open source, le tout devant être utilisé pour la création d’une “home gateway”, sorte de centrale domotique. Bon courage… !
- Le wifi gratuit était promu par wireless-fr.org. Sauf que, sur le salon, point de Wifi gratuit à l’horizon !
- Il y avait aussi un village tunisien. Et pour cause, la Tunisie est une destination intéressante de “nearshore” francophone.
- Les grands acteurs : Bull, Ubuntu, Microsoft et Oracle. Mais plus d’IBM, qui se fait maintenant relativement discret sur l’open source d’un point de vue marketing. Finies les grandes déclarations d’il y a dix ans ? L’open source est devenue une routine pour l’activité de services d’IBM, mais un modèle soigneusement évité par les deux branches logicielles d’IBM, qui reposent sur un modèle commercial des plus traditionnel, et qui est la première source de marge opérationnelle du groupe.
Il manque à ce petit tour d’horizon de l’open source entrevu lors de Solutions Linux un grand succès, un échec relatif, et une déception pour l’open source :
Les succès de l’open source dans l’embarqué
Le grand succès de l’open source, c’est clairement sa prédominance dans le marché des systèmes embarqués. Rares sont les set-top-boxes de la télévision numérique qui ne tournent pas sous Linux. Que ce soit la Freebox, le Cube de Canal+ ou autres LiveBox, toutes sont sous Linux et exploitent un grand nombre de “stacks” (briques) open source. Le tout étant cependant intégré dans des produits boite noire fermés.
L’open source a également investi le marché des mobiles. Que ce soit avec Android dont la montée en puissance en fait l’un des principaux concurrents émergents de l’iPhone dans les smartphones, ou bien même avec Symbian, qui a mué de logiciel propriétaire en open source. L’open source est parfaitement adapté à un marché industriel où de grands acteurs construisent leur solution sur des briques open source en les maitrisant de bout en bout.
Cela reste malgré tout un marché hybride ou se mêlent des briques open source et propriétaires pour constituer des offres plutôt “boite noire”.
L’échec relatif sur le poste de travail
Tout du moins dans les pays occidentaux ! Après un départ tonitruant (de Linux) en 2007, les netbooks sont maintenant à forte dominante Windows, surtout depuis que Windows 7 fonctionne parfaitement avec les processeurs Atom. Par contre, à l’échelle mondiale, près de 30% des netbooks seraient sous Linux.
La part de marché de Linux sur les postes de travail n’a pas l’air d’augmenter significativement (située entre 1% et 2% en unités de la base installée, à l’échelle mondiale), et comparativement, le Macintosh fait plus de progrès (entre 3% et 5% en unités en shipments à l’échelle mondiale).
On a toujours beau jeu d’accuser les ventes liées de Windows dans les PC, un obstacle business non négligeable. Mais les spécificités de Linux restent un frein à son développement dans le grand public sous la forme d’OS pour PC, ce malgré les efforts et la prise de part de marché d’Ubuntu au sein des distributions Linux. OpenOffice de son côté continue son petit bonhomme de chemin, mais le noyau dur de ses développeurs a tendance à s’effriter, notamment chez Sun et l’inconnue subsiste après le rachat de ce dernier par Oracle (tout comme pour MySQL qui tombe également dans l’escarcelle du leader des bases de données… commerciales). Si on en trouve deci delà dans certains comptes publics voire privés, ce n’est pas la gloire.
Illustration du phénomène : la presse écrite autour des logiciels libres qui reste dominée par des mensuels destinés aux “geeks”. Et une rare exception destinée aux utilisateurs lambda : Linux Pratique.
Le plus grand succès de l’open source sur le poste de travail reste certainement Firefox qui a grignoté les parts de marché d’Internet Explorer au delà de toute espérance et même bien plus que ce permettent les nouvelles mesures imposées à Microsoft par la Commission Européenne. On peut aussi citer VLC, le logiciel de l’association Videolan, un standard pour toute forme de visualisation de vidéo. Finalement, à l’inverse de l’entreprise, les logiciels open source rentrent dans le grand public par les “couches hautes” plus que par l’infrastructure.
L’impact sur l’industrie française du logiciel
Le modèle collaboratif et économique de l’open source a souvent été mis en avant comme une opportunité de rendre l’Europe et la France plus indépendante des américains, et surtout une opportunité de différentiation économique. Résultat après plus de 10 ans d’efforts : les leaders du marché sont en majorité américains ou étrangers, et bien peu sont français, à fortiori, avec un business model viable.
Malédiction de l’open source ? Invalidation de ce modèle de développement ? Pas vraiment car à l’échelle mondiale, il fonctionne plutôt bien pour un nombre croissant de catégories de logiciels comme nous l’avons vu dans les couches applicatives des logiciels d’entreprises.
C’est plutôt un phénomène qui affecte déjà les éditeurs de logiciels commerciaux français et européens et aussi dans l’Internet : la difficulté à bénéficier d’un “first mover advantage” et d’exporter, et surtout de s’implanter sur le marché américain qui structure tous les autres, en particulier dans le “btob”. Les éditeurs open source ne sont pas aidés car souvent créés par des entrepreneurs plus “geeks” que la moyenne, et donc avec un profil moins “business” (commercial, marketing).
On a quelques bons exemples de logiciels open source français qui ont bien réussi à l’échelle mondiale grâce à une implantation aux USA : JBOSS (racheté par Red Hat) et plus récemment, Talend qui semble bien décoller. En Europe, il y a notamment MySQL (digéré à bon compte par Sun puis Oracle) ainsi que Alfresco (UK).
A l’instar du reste de son économie du logiciel, l’open source en France est donc surtout un métier de services, dans la lignée d’un existant marqué par le poids de ce secteur de l’industrie informatique locale.
Il y-a-t-il eu création de valeur d’un point de vue macro-économique ? L’équilibre est délicat à mesurer mais semble tout de même positif.
- D’un côté, il y a eu transfert de valeur dans le périmètre des services entre certaines plateformes commerciales et les plateformes open source. De 30% à 50% de croissance annuelle depuis des années dans un marché qui croit au mieux à un gros chiffre selon le Syntec Informatique. Les éditeurs open source représentent par contre une très faible part du CA de l’industrie de l’édition. Ce qui est normal puisque la valeur se matérialise par du service et pas par des licences payantes.
- De l’autre, la facture logicielle des clients a pu s’alléger lorsque les logiciels open source ont remplacé des logiciels propriétaires. La facture totale logicielle + services est donnée par les analystes et les clients comme plus faible dans les solutions open source que commerciales. Mais cela a autant pénalisé des éditeurs étrangers que des éditeurs français. D’un point de vue macro-économique, l’open source a donc permis de réduire un peu les importations, mais il n’a pas augmenté la production intérieure ni à fortiori les importations. Ce qui me fait dire depuis longtemps que pour un pays comme la France, la stratégie open source est plutôt une stratégie d’acheteur qu’une stratégie industrielle (sous-entendu : créatrice nette d’emploi et d’exportations). Elle a cependant certainement permis collectivement à diverses industries d’être plus efficaces, comme dans l’embarqué que nous avons déjà cité. D’autant plus que du point de vue de l’activité humaine et des compétences, les briques open source sont très présentes si ce n’est dominantes dans l’enseignement supérieur, la recherche, l’informatique industrielle et les développements sur Internet.
Maintenant, pour les entreprises, open source ou pas, la bataille critique s’est déplacée vers le Saas et le cloud computing. Elle reproduit des schémas anciens avec des infrastructures bâties soit sur des briques open sources (LAMP et autres) ou bien propriétaires (soit au niveau des APIs comme chez Amazon, soit au niveau plateforme comme avec Microsoft Azure).
Il n’est ainsi pas étonnant de retrouver une initiative d’infrastructure de cloud computing dans les projets numériques qui seront soutenus dans le cadre du grand emprunt. Mais là encore, si l’approche est trop locale et trop technique, il adviendra ce qu’il est advenu aux éditeurs de logiciels français du libre : une marginalisation. Le défi des porteurs de ce grand projet est de bien s’armer pour éviter cette fatalité.
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le wifi etait disponible sur les trois jours à partir d’une liaison adsl fournie par Mozilla Europe.
il y a peut etre eu des ralentissement, et nous avons été un moment à court d’adresses IP à distribuer (forgées dans notre garage ??), preuve du succes du dit réseau wifi gratuit !
Raphaël Jacquot
Secrétaire Fédération France Wireless
Merci Raphaël pour la précision et aussi pour l’initiative !
Le nombre de réseaux Wifi fermés était en tout cas impressionnant lorsque j’ai cherché à me connecter pendant les plénières le mardi matin. Ce qui fait désordre en un pareil lieu !
Oui les réseaux fermés sur place était nombreux, chaque borne d’électricité de paris expo et un routeur wifi a par entière.
Ce qui fait que sur un salon comme solution linux, on arrive a avoir plus de 100 bornes wifi…
Un petit peu dur pour trouver la bonne 🙂