Les temps nouveaux de la décroissance

Publié le 5 septembre 2009 et mis à jour le 6 septembre 2009 - 13 commentaires -
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Ce thème était abordé dans au moins un table ronde et deux plénières de l’Université d’Eté du MEDEF 2009 : “La décroissance prospère”, “Notre planète du pôle sud au pôle nord” et “Quand nos enfants auront 100 ans”. Voici en vrac quelques points forts de ces débats. En tout cas, qui m’interpellent…

Pourquoi la décroissance ?

La décroissance n’est plus une lubie d’illuminé écologiste, c’est maintenant quasiment une certitude et même une nécessité. La croissance est la drogue des économistes et des politiques qui mesurent la santé des économies par l’évolution du PNB. Mais la décroissance à la fois économique et démographique, les deux étant intimement liés, sont inéluctables pour au moins trois raisons :

  • Il y aura moins d’énergie car la majorité de l’énergie que l’on consomme est un stock d’énergie fossile qui ne se renouvelle pas et les énergies renouvelables vont trop lentement prendre le relai. Le choc sera rude d’ici quelques dizaines d’années, voire même avant. L’atteinte du pic de production du pétrole va enclencher des réactions en chaînes multiples : moins de transports et d’échanges, moins de mondialisation, plus de productions locales. Toute la production humaine va se renchérir.
  • Il y aura moins de ressources végétales du fait du réchauffement climatique et de la montée des océans, sans compter ce que l’homme a détruit sur la planète.
  • Nous aurons probablement une conséquence indirecte de ces deux phénomènes mais aussi de l’enrichissement général de l’ensemble de la planète (à l’exception peut-être du continent Africain) : la baisse de la population mondiale. L’impact de la baisse de la natalité sera postérieur à celui de l’allongement de la durée de vie (cf Gilles Pison de l’INED, et son étude des pyramides des âges, aussi ci-dessous pour la Chine). Sachant paradoxalement que la première population à baisser devrait être celle de l’occident puisque, par tête de pipe, c’est celle qui use le plus la planète. Cela tombe bien, c’est là que la natalité est la plus faible. Russie, Japon, Italie… Même si, à part au Japon, elle est en partie compensée par l’immigration.

Pyramide des ages en Chine

La décroissance est donc à la fois une nécessité (c’est l’homme qui détruit la planète) et une conséquence des événements en marche (il détruit des ressources limitées donc conduit à une décroissance, et la décroissance démographique en route sur le long terme).

Comment gérer la décroissance ?

Ce n’est pas le tout de prédire, il faut gérer. Personne ne gère encore la décroissance !

  • On est déjà dans la décroissance à l’échelle de l’histoire humaine. Par la déplétion et par la raréfaction, notamment des matières premières et de l’énergie. Les richesses viennent du sous-sol et s’épuisent. Ce capital s’épuise. Il faut s’habituer à cette phase de décroissance et il faut montrer que c’est possible.
  • Il faut commencer en France à arrêter d’encourager la natalité, ce que l’on fait depuis un siècle. En France et en Europe, on est très nombreux par rapport à notre empreinte écologique. Il faut multiplier le nombre de personnes par leur impact écologique. L’Afrique est un continent “très creu” par rapport à sa surface et à l’empreinte carbone de sa population.
  • On peut (malheureusement) continuer à détruire la planète même avec juste un milliard d’habitants (vs 7 actuellement). Il faut faire de manière différente et pas seulement “moins”. Et notamment redéléguer des processus à la nature qui sont aujourd’hui artificiels.
  • Le développement écologique génère beaucoup de travail manuel. Il permet ainsi une meilleure distribution du travail et donc des richesses (vs des usines automatisées et une concentration de la richesse sur les détenteurs de capital).
  • La décroissance amènera à limiter les échanges physiques. Il y a aujourd’hui de l’import et de l’export de lait entre le Royaume Unis et la France, ce qui est incensé. Il faut créer des zônes de “régionalisme critique” pour augmenter les échanges intra-région. Une grande partie de la mobilité est futile. Il faut produire plus localement. Cela interviendra tout seul avec le renchérissement des coûts du transport.
  • Internet est-il une chance pour la décroissance ? Pas beaucoup débattu. A noter que Cisco a divisé par trois ses frais de déplacements en développant l’usage de la visioconférence avec son offre Téléprésence.
  • Le capitalisme peut-il accepter la décroissance ? Le capitalisme fonctionne par l’emprunt, le taux d’intérêt et la croissance pour rembourser ce qui est emprunté et avec tous les intermédiaires financiers. Cette forme de capitalisme va disparaitre en 2025 selon Yves Cochet. On va assister à une démondialisation qui fera la part belle à la monnaie d’échange (fondante) vs la monnaie d’accumulation (spéculative, etc). Toutes les crises proviennent d’un excès de dettes. Maintenant, on en est au niveau des gouvernements. Qui va sauver les gouvernements ? La dette a un côté artificiel et c’est un problème dans le contexte de la décroissance. La décroissance fera à terme exploser la bulle de la dette des états.
  • Le développement durable est un alibi des capitalistes, une imposture. Il y a des choses non monnayables qui font partie de la prospérité. Et d’ailleurs, est-on nécessairement pauvre et/ou malheureux dans les petits pays ?
  • Les besoins vitaux des êtes humains ne sont pas satisfaits d’un côté (accès à l’eau potable, …) et le superflu prédomine de l’autre avec une abondance, sans satisfaction pour autant. Les billets d’avion devraient être au poids et pas à la personne. Les nomades ne portent pas de superflu sur eux et sont donc maigres…
  • La décroissance ne sera pas forcément heureuse. Elle est porteuse de dangers et de troubles.

La décroissance vue des pôles

Le titre de cette plénière était “Notre planète du pôle sud au pôle nord” (vidéo). A noter l’absence remarquée de Jean-Louis Borloo dans cette plénière, seul ministre annoncé ayant semble-t-il fait défaut.

Trois éléments clés ou clivages du débat :

  • La glace fond, c’est là où l’impact de l’homme est le plus fort et le plus visible. En même temps, les pôles ont enregistré l’histoire de la terre (air emprisonné dans les couches de glace) permettant de comprendre l’impact du CO2 sur le climat. On sait ce qui va arriver…
  • Mais l’homme refuse d’accepter la réalité. On sait mais on ne fait rien quand même. Heureusement, maintenant que les américains ont changé de position après l’absurde refus de Kyoto par Bush 43, on va pouvoir aller de l’avant. Le scepticisme est cependant ambiant sur le sommet de l’ONU sur le climat qui a lieu en décembre 2009 à Copenhague. Et un échec serait dramatique.
  • Il faut adopter nous-mêmes un nouveau mode de consommation, une approche poussée par Yann Arthus-Bertrand. Consommer moins et mieux. Cette approche bottom-up sera-t-elle suffisante ? Michel Rocard pense que non et prône une approche top-bottom influencée notamment par les politiques publiques et par la fiscalité (taxe carbone, etc). Il faudra probablement les deux pour réussir…

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Quand nos enfants auront cent ans

Le plus étonnant dans ce débat est qu’on y entendait quasiment rien sur l’impact du réchauffement climatique sur la vie de nos enfants dans plus de 100 ans. La discussion était plutôt sociologique. Inconscience ? Lacune de prospective ?

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  • L’économiste Michel Godet met en parallèle l’inquiétude sur le taux de natalité des baleines… et celui des italiens et des catalans qui est le même, mais ne soucie personne. On a toujours peur de la population des grands pays (Inde, Chine). Au regard du thème de la décroissance, pourquoi donc faudrait-il tant s’inquiéter quand un Européen a une empreinte carbone dix fois supérieure au moins à celle d’un chinois ? Il évoque aussi un autre phénomène sociologique mal étudié : les familles monoparentales et la solitude dans les villes. A mon sens, les familles monoparentales sont un luxe des pays riches qui explique beaucoup de choses : le manque de repères pour de nombreux enfants, les troubles scolaires, la crise du logement, et indirectement, une petite part du bilan carbone (on consomme plus pour se chauffer du fait d’un trop grand nombre de logements par rapport à la population).
  • Toujours Michel Godet, pas avare de simplification marquantes : les retraites sont un système Madoff : les derniers arrivés payent pour les premiers arrivés. Au passage, dans un autre sujet, les TIC n’améliorent pas la communication. Cela permet surtout de parler avec les gens qui ne sont pas là et pas avec les gens qui sont là…

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  • Roger Bessis, pionnier de l’échographie, met en parallèle la sexualité et la reproduction. La reproduction biologique serait un romantisme en voie de disparition. On peut maintenant détecter des défauts anatomiques et géniques et déclencher un eugénisme à petite dose. Quel est l’eugénisme licite ? Quelles nouvelles inégalités d’accès va-t-il créer ? On pourrait avoir deux espèces humaines en cohabitation : l’une, dépouillée de problèmes génétiques, et l’autre, sujette à maladies diverses. Le politique doit se mêler de cela. Il y a un gros manque de pédagogie sur les lois bioéthiques. Les enfants auront-ils cent ans? Cela va arriver…
  • Pourquoi les français sont-ils tristes et pessimistes ? S’inquiéter, c’est s’occuper de l’autre. Un ado qui va mal se porte mieux avec un entrepreneur. Il lui donne confiance, le renarcissise. Les entreprises peuvent diminuer le travail des psy.

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Je retire quelques conclusions de ces différents débats : la décroissance est enclenchée mais ses mécanismes ne sont pas encore bien compris et encore moins planifiés. Surtout au niveau des entreprises. La concurrence économique mondiale pollue tous les raisonnements alors qu’à l’échelle de la planète, on travaille dans un environnement fermé et fini. Enfin, ce genre de session aurait pu être éclairé par un ou deux prospectivistes.

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Publié le 5 septembre 2009 et mis à jour le 6 septembre 2009 Post de | Economie, Environnement, Sociologie | 31274 lectures

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Les 13 commentaires et tweets sur “Les temps nouveaux de la décroissance” :

  • [1] - Marc a écrit le 5 septembre 2009 :

    La conclusion fait froid dans le dos. Si c’est le sentiment dominant exprimé lors de ce congrès, alors il faut s’attendre à une série de désastres. Personne ne voulant être responsable, et surtout pas la génération des baby-boomers qui constitue l’essentiels des personnes sur la photo ci-dessus, personne ne prendra ses responsabilités. Les choses iront comme avant, jusqu’au moment où planète et peuples n’en pourront plus.

    Il y a des lucides comme Dave (http://peakwatch.typepad.com/peak_watch/2009/08/the-incredible-shrinking-boomer-economy.html), mais ils sont malheureusement totalement pessimistes.

    • [1.1] - Olivier Ezratty a répondu le 5 septembre 2009 :

      Très intéressant ce lien. En fait, il y aura un jour une explosion de la bulle de la dette des états. USA en premier. La déflagration sera intéressante. Est-ce que l’économie sera alors prête à absorber le coup ? Il faudrait qu’au moment où cela interviendra elle se soit re-régionalisée et dé-mondialisée, tout du moins au niveau de la finance.

      L’annulation de la dette, cela existe. Par exemple, un pays d’Afrique peut voir une partie de sa dette vis à vis des pays riches annulée car les pays riches peuvent (pouvaient) absorber cela dans leur bilan. Maintenant, qui sont les riches des pays occidentaux ? Leurs propres citoyens, en général les plus aisés, les économies du pétrole et les quelques pays excédentaires. Si tu annules la dette, tu appauvris les plus riches. Est-ce si grave ? Vu comme cela, pas tant que ça. Mais il y a plein d’autres side-effects qui vont évidemment bousiller toute l’économie. Et donc toutes les populations au passage, de l’ouvrier chinois à l’ingénieur allemand.

      En fait, plein de désastres sont possibles. Et ils ne sont pas bien anticipés pour être jugulés. Je me dis toujours en faisant mes courses “quel bordel cela sera le jour où il y aura un début de pénurie”. Mad Max n’est pas loin !

      Yann Arthus Bertrand disait en substance et en conclusion : “L’optimisme, c’est de commencer à se révolter”.

      • [1.1.1] - Marc a répondu le 5 septembre 2009 :

        Si les Etats-Unis font un jour défaut sur leur dette publique, la première conséquence sera la disparition du fameux “risk-free rate” (taux de rendement du T-Bond) sur lequel est basé l’ensemble du système financier mondial. La deuxième sera l’effondrement “à l’Argentine” de l’économie américaine, donc celle de l’UE par dépendance.

        Je préfère ne pas voir ça. Là, il n’y a pas d’incertitude sur les effets de ce genre de crise. Nous avons vécu ça dans de petits pays, c’est très moche. Alors, à l’échelle du globe…

  • [2] - Christophe Faurie a écrit le 5 septembre 2009 :

    Je me demande si cette histoire de décroissance est bien fondée. La richesse d’un pays, c’est ce qu’elle produit et ce à quoi elle donne une “valeur”. Dans la définition d’Adam Smith, il n’y avait que les biens matériels, mais maintenant, il y a aussi les services (qui ne polluent pas).
    L’avenir peut voir un basculement de la production du “non durable” au “plus durable”, sans que la croissance du PIB n’en soit affectée. Au contraire.
    Quant au fait que nous soyons trop nombreux, ça ne me semble pas évident. J’ai lu, par exemple, un article du monde, qui expliquait qu’en éliminant les gaspillages on pourrait nourrir la planète de 2050 avec notre production actuelle (si mes souvenirs sont bons).
    Toutes ces conversations ne sont-elles pas simplement le résultat de l’influence du blues ambiant? Participants déboussolés? Ce n’est pas forcément une mauvaise chose: il me semble que l’humanité n’est jamais aussi efficace, et sympathique, que quand elle doute.

  • [3] - Marc a écrit le 5 septembre 2009 :

    @christophe

    Les services ne sont pas isolés de l’économie basée sur le carbone. Ils polluent tout autant.

    Pour que l’économie bascule vers le “plus durable”, il faut substituer aux énergies fossiles des énergies renouvelables et recycler en permanence les matières premières. Or, nous ne savons faire ni l’un, ni l’autre avec un bilan énergétique acceptable.

    La croissance dans ce cas (et oublions cette notion crétine de PIB qui a été bonne pour les années de reconstruction après-guerre mais est aujourd’hui obsolète et terriblement misguiding) vient des améliorations techniques et de l’éducation (productivité). Il n’y a plus de croissance basée sur une anticipation de richesse future, puisque l’on connait la quantité finie de richesses que l’on manipule.

    Mais ça n’arrivera pas. Au lieu de coopérer, on va se faire la guerre pour les ressources naturelles jusqu’à ce qu’elles soient épuisée. Et après, rien.

  • [4] - Jean-Christophe a écrit le 5 septembre 2009 :

    Bonjour Olivier,

    Merci pour ce long billet ! Je plussoie tout particulièrement à cet extrait (que je reprends ci-après pour pouvoir le linker) :

    Le capitalisme fonctionne par l’emprunt, le taux d’intérêt et la croissance pour rembourser ce qui est emprunté et avec tous les intermédiaires financiers. Cette forme de capitalisme va disparaitre en 2025 selon Yves Cochet. On va assister à une démondialisation qui fera la part belle à la monnaie d’échange (fondante) vs la monnaie d’accumulation (spéculative, etc). Toutes les crises proviennent d’un excès de dettes.

  • [5] - nimier a écrit le 5 septembre 2009 :

    Olivier,

    je crois que cette longue declaration en décroissance tient plus de l’idéologie en temps de crise alors que les politiques et economistes dans leur eclatante majorité n’avaient prédis la crise actuelle…maintenant ces démiurges envisagent la décroissance:

    – l’énérgie sera demain atomique portable, pile à hydrogène et differents modes moins connnus du grand public mais dans les tubes du MIT..le pétrole relèvera du passé.

    – la biosphère: l’homme sait la faire proliferer à outrance (fermes d’aquaculture par exemple) et les ressources alimentaires que l’on sait mettre en oeuvre permet de nourrir deux fois la population mondiale actuelle.

    La décroissance est un beau discours pour le petit peuple alors que tous les puissants de la planète fondent leurs enrichissement sans but sur la croissance et continue de nous inciter à proliferer et plus consommer…

    • [5.1] - Olivier Ezratty a répondu le 5 septembre 2009 :

      Nuances…

      Tout d’abord, les intervenants qui ont mis ce thème en avant n’étaient pas des politiques, tout du moins au pouvoir. Le seul politique était un vert (Yves Cochet) et les autres étaient des chercheurs, un agriculteur, une sociologue, et un syndicaliste ! Toutes personnes qui n’ont rien à voir avec la crise des subprimes (en cause comme en analyse) qui a engendré l’actuelle récession.

      Côté énergie, calmons-nous. L’énergie atomique portable n’est pas pour demain et elle serait de toutes manières aussi “fossile”. La pile à hydrogène nécessite de l’hydrogène qu’il faut produire avec une autre source d’énergie. Sans hydrocarbures, on sera condamné à utiliser des énergies renouvelables comme le solaire où il y a énormément d’efforts faisables à faire. Le nucléaire va nous permettre de temporiser quelques dizaines d’années supplémentaires, pas beaucoup plus. Sauf si ITER donne un jour des résultats dans la fusion nucléaire, le Graal énergétique actuel.

      La question de la biosphère et de la décroissance n’est pas seulement liée au besoin alimentaire. Il y a la nature de l’aliment (la viande notamment bovine coute plus cher en équivalent CO2 que d’autres sources de protéines). Il y a l’impact global CO2 de l’espère humaine, par exemple pour se chauffer ou se déplacer.

      De toutes manières, la pyramide des âges dans tous les pays annonce une décroissance démographique à un horizon de quelques dizaines d’années. Elle pourrait éventuellement être accélérée par des “désordres” (euphémisme pour révoltes, guerres, pénuries, populations déplacées, etc) liées aux autres phénomènes.

  • [6] - Bern2.0 a écrit le 6 septembre 2009 :

    Internet est-il une chance pour la décroissance ?

    Pas sûr, si le eCommerce semble laisser une empreinte carbone inférieure à celle de la distribution physique (même si c’est compliqué à démontrer), la croissance exponentielle des volumes stockés font exploser la consommation d’électricité et les besoins en bande passante. Un avatar dans “Second Life” laisserait une empreinte carbone supérieure à celle d’un africain… Ca laisse songeur. Si le très-haut débit va permettre de limiter les transports (cf Cisco), va-t-il compenser l’augmentation en énergie nécessaire ?

  • [7] - Nicolas Guillaume a écrit le 8 septembre 2009 :

    @Marc

    L’empreinte carbone des services est bien inférieure à celle de l’industrie.Et elle est surtout bien inférieure en consommation de ressources naturelles.
    Il y a aussi un effet multiplicateur de l’optimisation de la consommation de ressources : en faisant de la R&D, en optimisant les flux logistiques, en rendant les infrastructures plus “intelligentes”,etc on consomme moins de ressources. Si on passait à de l’irrigation controlée par ordinateur, on économiserait 50% de l’eau consommée dans le monde. On a les ressources, comme le note @Christophe, le problème c’est qu’on les gaspille (et les derniers échanges sur les “opprimés” du chauffage au fioul avec la taxe carbone ne m’encourage pas beaucoup).

    @Bern2.0

    On est de plus en plus “en flux tendus” et on ne stocke plus avec l’économie internet (y compris au niveau du monde).
    Le problème de l’Afrique, ce n’est pas l’empreinte carbone, c’est l’eau ! Et je préférais qu’ils aient une empreinte carbone “Second Life” supérieure si cela pouvait les aider à gérer leurs ressources.

  • [8] - Antoine C a écrit le 11 septembre 2009 :

    Après la “fin de l’histoire” voici la “fin de la croissance” !

    A la chute du mur de Berlin de nombreux experts/historiens nous parlaient de la fin de l’histoire. On a vu la suite !

    Aujourd’hui, au milieu d’une période de crise, des experts (les mêmes ?) nous parle de la fin de la croissance.

    On ne peut souscrire à cette vision. La croissance est inscrite dans nos gènes. L’humanité ne peut pas s’empêcher de créer de la richesse : création artistique, intellectuelle, création d’entreprise, innovation, recherche fondamentale etc. La création, donc la croissance, est le fondement même de l’homme.

    La croissance est peut être encore plus fondamentale. Depuis l’apparition des premiers êtres unicellulaires sur notre bonne vieille planète, la vie n’a fait que croitre, organiser, complexifier (et modifier l’environnement !).

    Je suis convaincu que les problèmes environnementaux ne seront pas résolus par la décroissance mais bien par une croissance et une innovation encore accélérées.

    • [8.1] - Olivier Ezratty a répondu le 11 septembre 2009 :

      Justement, on n’est pas obligé de coupler croissance et innovation. On peut générer de l’innovation même en temps de décroissance.

      La terre me fait parfois l’impression d’être comme l’Ile de Pâques, dont la population avait détruit toute la forêt pour disparaître ensuite, faute d’écosystème permettant sa survie.

      Maintenant que l’on a mieux conscience du côté fini voire décroissant des ressources naturelles de cette planète, on est un peu comme l’Ile de Pâques au 16eme siècle.

      Lis ou relis “Collapse” de Jared Diamond…

      • [8.1.1] - Antoine C a répondu le 11 septembre 2009 :

        Il est incontestable que nous vivons sur une planète qui a, par définition, des ressources finies.

        Mais il est utile, il me semble, de garder en tête quelques ordres de grandeur :
        – taux de consommation d’énergie mondiale : environ 1.6e+13 W
        – rayonnement solaire au sol par km2 : 7e+8 W
        – ratio : 22 800 km2
        – ramené à la surface éclairée de la terre : 0.018%

        Mon but n’est pas ici de démontrer que l’énergie solaire est la solution à nos problèmes mais bien de donner des ordres de grandeurs : la consommation d’énergie totale de l’humanité représente 0.018% du rayonnement solaire intercepté par notre planète !!

        Oui, les ressources sont finies mais elles sont absolument gigantesques. Pour rebondir sur ton commentaire, notre Ile de Pâques est bien grande !

        Parler de décroissance par manque de ressource n’a pas de sens. J’imagine assez le même genre de conversation entre deux Homo Erectus s’inquiétant du manque de bois devant leur caverne il y a 450 000 ans ! 😉




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