Aujourd’hui se terminait Capital Week, une série d’événements étalés sur trois jours sur l’innovation, les startups et surtout leur financement, organisés par Martech & Finance.
J’avais eu l’occasion de faire le tour des principaux événements organisés en France où les startups ont l’occasion de présenter leur projet en regrettant le manque d’ampleur et d’ambition au regard de ce que l’on peut trouver aux USA avec TechCrunch 50 ou Demo. Et bien, malgré la crise et la défection de totalité des sponsors privés habituels (Microsoft, télécoms, etc), cette année a été un bon cru pour Capital Week.
Dans l’ensemble : des contenus intéressants et surtout une affluence plus importante que l’année dernière. Les organisateurs étaient déjà bien heureux de voir au moins 20% de participants en plus par rapport à 2008 lors de la première journée sur Capital Workshop, organisée à l’Université Pierre et Marie Curie à la Pitié Salpêtrière (Paris). Et ils étaient tout sourire le dernier jour au Palais Brongniart, avec plus de 1000 participants décomptés après le déjeuner (vs un max de 300 en 2008). Il faut dire qu’ils avaient aggloméré plusieurs conférences complémentaires en un même lieu : Capital IT, et TEPA-Capital PME, une conférence complétée d’un espace “salon” avec 80 sociétés (startups, investisseurs, incubateurs). On peut y voir là l’impact de l’effet “TEPA ISF” car il y avait semble-t-il beaucoup de business angels dans l’assistance, y compris des “gros poissons”. Seul regret “symbolique” : l’absence de personnalité politique (Pécresse, NKM, etc) alors que des événements de cette taille dans le domaine des startups ne sont pas légion (à part LeWeb).
Cette réussite est à transformer l’année prochaine. Il y a une belle opportunité pour Martech, pour le Ministère de la Recherche et aussi pour la Ville de Paris d’organiser – en se basant sur ce succès – une grande semaine des startups. En réduisant le nombre d’événements, en améliorant la lisibilité, en attirant un plus grand nombre d’entrepreneurs pour les former, et encore plus d’investisseurs pour les financer. Il faudrait plus de sponsors et probablement rendre l’entrée gratuite pour les jeunes startups.
Capital Workshop
Capital Workshop était la première partie de la conférence, mardi 7 avril. Elle permet à des entrepreneurs en herbe de passer en revue les divers aspects de la création de l’entreprise.
Il y avait près de 150 participants, pour la plupart issus du Concours National d’Aide à la Création d’Entreprises de Technologies Innovantes du Ministère de la Recherche. Une grande partie de temps était consacré aux financements publics (prêts d’honneur, Oséo et CIR) et privés (business angels et loi TEPA, levée de fonds, relations avec les investisseurs). D’autres disciplines tout aussi importantes étaient couvertes comme le marketing, le recrutement et la propriété intellectuelle. Pour moi (et donc pour vous), c’était une opportunité de capter des bribes d’information me permettant de mettre à jour le guide de l’accompagnement des entrepreneurs, dont je prépare la prochaine édition.
Les intervenants étaient généralement de qualité tels que Laurent Kott (INRIA Transfert), Jean-Denis Cornillot (Acta Finance, un leveur de fonds), Séverine Herlin (Vianoveo, marketing) ou encore Vanina Paoli-Gagin (avocate, conseillère du Sénateur Adnot). Leur temps étant compté, on peut regretter que les intervenants n’indiquaient pas les vraies astuces du métier, qui sont nombreuses (comme pour obtenir une aide Oséo).
Et il n’y avait pas de secteur et de Wifi dans les salles ! Grrrr. Et les sessions n’étaient pas enregistrées, tout du moins par l’organisation. Il ne faut cependant pas trop les blâmer. Ils font avec les moyens qu’ils ont.
Capital IP
C’était une nouveauté cette année, l’organisation parallèlement à Capital Workshop d’une conférence sur la propriété intellectuelle, un sujet des plus critiques pour les startups issues de la recherche. C’était l’occasion pour l’équipe de CapIntech de distribuer la brochure sur le sujet à la préparation de laquelle j’ai pu contribuer.
Capital Transfert
Cette seconde journée, avec moins de participants, était consacrée à la présentation de projets issus de la recherche dans trois catégories classiques: santé, greentechs et numérique. Dans une salle de classe avec un maximum de quarante participants, nous avons ainsi vu défiler 11 projets numériques, dans l’ensemble intéressants. Avec notamment deux projets dans la vision en relief. Projets à la recherche de fonds d’amorçage.
Capital IT & TEPA PME
Le dernier jour, il y avait un maximum d’une cinquantaine de participants (mais bien plus que l’année dernière) pour écouter les présentations rapides de 16 startups, à dominante “btob”. C’était moins intéressant que la journée précédente car les boites étant plus matures, elles présentaient des offres moins innovantes. Les présentations avaient d’original qu’elles associaient le CEO de la startup et le business angel qui la soutenait. Le tout face à un parterre d’investisseurs et incubateurs divers. Avec peu de VCs à vrai dire.
L’après-midi, 80 startups et acteurs de l’innovation occupaient un petit stand dans le rez-de-chaussée du Palais Brongniart. C’était avec la conférence TEPA Capital PME, l’endroit de plus forte affluence. Le lieu du networking par excellence.
Entendu sur place
Quelques perles…
- “On est nuls en marketing” (de Jean-Denis Cornillot, du leveur de fonds Acta Finance). Un bon résumé de la caractéristique de la majorité des startups surtout dans leurs phases de démarrage.
- “ Un leveur de fonds permet de gagner du temps et d’éviter les escrocs” (le même). Rappelle ce débat sur les FCPI.
- “Votre présentation était intéressante mais on n’a pas compris ce que vous faisiez exactement”, réaction (classique) d’un participant à Capital IT, après une présentation de startup qui avait négligé de présenter (démo, animation) ce que faisait son logiciel. D’autant plus que ce logiciel était censé améliorer l’ergonomie des applications sur mobile !
- “On n’a jamais eu autant d’aides à l’innovation, mais on ne se développe pas à coup de subventions mais de clients et de chiffre d’affaire” (Emmanuel Libaudière, Martech & Finance, l’organisateur de l’événement). Basique, mais bon à rappeller.
- “Tu as eu raison de soulever le problème d’aide aux startups en phase d’amorçage chez Oséo. On l’a vérifié de notre côté et la situation est grave. Il y se créé un déséquilibre dangereux pour l’écosystème de l’innovation qui ne sera pas comblé par les business angels qui n’interviennent pas aussi en amont qu’Oséo le faisait. ” (un conseil en stratégie et leveur de fonds).
Deux constats
- De plus en plus de jeunes qui se lancent dans la création d’entreprise. Je l’ai constaté dans mes activités d’enseignement à l’Ecole Centrale, et c’est corroboré par des collègues qui enseignent dans d’autres grandes écoles, d’ingénieur comme de commerce.
- Pas d’atmosphère de crise. A part ne fait que l’on ne voit plus de modèles économiques publicitaires dans les startups. Et qu’il y a beaucoup de “btob” (business to business).
Au même moment…
Avaient lieu :
- L’annonce de la création d’IT-Translation annoncée le dernier jour de Capital Week. C’est une émanation d’INRIA et d’INRIA Transfert qui vise à financer et coacher des projets numériques issus de la recherche. Avec un apport de fonds propres à hauteur de 300K€ complétés d’une aide en coaching. D’où vient le financement ? De la revente d’ILOG à IBM, alors qu’INRIA Transfert disposait de parts dans la société qu’elle avait contribué à créer. Le coaching reprendra ce que l’équipe d’INRIA Transfert proposait déjà. L’objectif est de cofonder huit entreprises par an. INRIA-Transfert devient “INRIA-Participations”, pour gérer les participations détenues par INRIA-Transfert et les parts de fonds gérés par I-Source Gestion. Une approche intéressante mais mise en oeuvre à toute petite échelle !
- Le maintenant fameux vote contre la loi HADOPI à l’Assemblée Nationale. Mais personne n’en parlait sur place. L’assemblée des business angels n’est pas encore “Twitter addict" ! Et aucune startup présentée n’était directement liée aux contenus concernés par cette loi.
Prochains épisodes : quelques informations glanées sur Capital Week, et un survol de startups numériques intéressantes présentées les deux derniers jours.
Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :
Je vois que la revente d’Ilog à IBM a servi à quelque chose… C’est assez dingue quand même messieurs les responsables d’Inria Transfert… On verra dans quelques années les conséquences de tout ceci. Sans doute seront elles très positives pour l’emploi en France, et son savoir faire en NTIC. Sait on jamais…