Voici un compte-rendu latéral de la Hello Tomorrow Conference, dont c’était la seconde édition, organisée à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette à Paris fin juin 2015. Latéral car je vais surtout me focaliser sur les startups. Cette conférence valait le détour et était originale à plusieurs points de vue.
Par la thématique : elle couvrait les innovations dans de nombreux secteurs d’activité. Le numérique y était certes présent, mais marginalement. Et c’était un bonheur, car on n’y voyait ni modèles publicitaires, ni sauce de big data pour pister les comportements des consommateurs et revendre les données aux marques, et presque pas d’applications mobiles et d’objets connectés ! Presque une bouffée d’air. Les innovations présentées à la fois par des intervenants d’organisations et entreprises établies et par des startups ? Dans l’énergie, les matériaux, l’agro-alimentaire, la santé et les transports ! Cela reflète la nature multi-dimentionnelle de l’innovation qui est loin d’être réduite au secteur du numérique, même si les outils numériques servent bien évidemment à bâtir tout un tas d’innovations dans d’autres domaines comme dans les transports et la santé.
Par l’audience : avec 350 étudiants et doctorants, 700 entrepreneurs, 170 investisseurs de nombreux pays, une centaine de média et 500 représentants de grandes entreprises, notamment issues des nombreux sponsors et exposants (Airbus, Air Liquide, Carrefour, Michelin, Airbus, Sanofi, Roche, Orange). Il y avait aussi le CEA, l’INRA et l’INRIA. Ces sponsors étaient là pour valoriser leur approche d’innovation ouverte et intervenaient uniquement comme membres des jurys des présentations de startups. Un bon compromis qui évite l’auto-promotion ! L’audience était particulièrement assidue dans le grand amphi de la Villette. Quasiment tout le temps, il contenait au moins 400 personnes, ce qui est pas mal du tout.
Puis par l’organisation : pilotée par Xavier Duportet (27 ans, jeune entrepreneur scientifique créateur de PhageX qui développe des antibiotiques ultra-ciblés s’attaquant à l’ADN ou l’ARN des bactéries pathogènes, lauréat du MIT 35 et aussi intervenant de l’Echappée Volée à Chambord en juin 2015) et une brochette de jeunes volontaires issus du croisement des sciences et de l’entrepreneuriat.
L’événement rappelle par certains aspects la conférence leWeb : une moitié de l’audience était internationale, la conférence était entièrement en anglais et de nombreux étrangers d’un bon niveau intervenaient. Une grosse différence : la modération et l’animation était réalisée uniquement par des jeunes de moins de 30 ans, certains étant encore étudiants. C’est plutôt rafraîchissant de voir ces nouvelles générations se prendre ainsi en main ! Il y avait aussi des airs de TEDx avec en lieu et place de l’habituel rond rouge où se placent les intervenants, un triangle vert jouant le même rôle !
Dans une demi-douzaine de sessions thématiques, cinq startups pitchaient leur projet pendant quatre courtes minutes suivies de trois minutes de questions/réponses avec le jury. Ces startups étaient toutes installées sur des stands à l’extérieur de la salle de conférence, permettant d’en savoir plus ensuite sur leur compte. Après ou avant les pitches s’ajoutaient des interventions type “keynotes” d’organisations et entreprises dans les mêmes domaines. En général, bien illustrées, mais plutôt généralistes. J’aurais toutefois apprécié y voir un peu moins d’évangélisation et un peu plus de vraie science !
3500 startups ont été scannées dont 700 dans la santé pour alimenter ce concours. Et là, les prix étaient en cash, pas avec des services en nature de prestataires divers : 15k€ pour les lauréats par catégorie et pour le gagnant finaliste 100k€.
Quid des modèles de ces startups ? Comme dans de nombreux projets technologiques du numérique, on sentait une difficulté “à scaler”, le besoin de trouver des partenaires industriels et des relais internationaux. Leur dosage technologique était assez variable : de la valorisation d’un véritable procédé développé en interne à des logiques d’intégration. Parfois, elles proposaient des solutions “end-to-end”. Dans d’autre cas, des modèles open source hardware sympathiques mais pas destinés à créer des PME de taille critique. Le numérique était plutôt en arrière plan. Les projets ont un fort impact sociétal, ciblant notamment les pays en voie de développement. Les startups présentées étaient toutes créées par des ingénieurs ou des PhDs, et financées en amorçage. Quelques-unes d’entre elles étaient issues de projets incubés dans la Singularity University aux USA.
Voici donc un récapitulatif de ce que j’ai pu voir par secteur d’activité. Sachant que je n’ai pas pu tout voir, la conférence comprenant une plénière parallèle à d’autres sessions toutes aussi intéressantes les unes que les autres.
Agro-alimentaire
Ces projets étaient intéressants sur le fond mais pas forcément bien positionnés dans la chaîne de valeur de leur secteur.
- eatLimmo (Mexique) : le “pain point” de ce projet issu de la Singularity University ? Aider les gens à perdre du poids. Comment ? En produisant des aliments moins caloriques et moins chers, en exploitant un procédé de recyclage de déchets de fruits servant à générer des jus de (mangues, goyaves et avocats). La démonstration sur leur stand ? La cuisson de petits muffins réalisés avec leur mélange de farine et de la poudre issue de ce recyclage. C’est intéressant et intrigant et on a envie d’en savoir un peu plus.
- compadre (Pérou) donne dans le commerce équitable. Au départ, un four solaire pas cher permettant de gérer le séchage du café, au final, l’ambition de recréer un nouveau circuit équitable de distribution de ce café augmentant le revenu des agriculteurs. Le lien entre les deux n’est pas évident à piger.
- pnat (Italie) a conçu une sorte de petite ferme flottante pour de l’agriculture aquaponique (sans terre) utilisant de l’eau douce générée par désalinisation d’eau de mer par condensation sur les vitres et récupération par le bas. La société basée à Florence et Venise prévoit de vendre à la fois les fermes et les engrais associés. Ils ciblent en priorité les zones côtières et notamment les rives des émirats qui ambitionnent d’obtenir un peu d’autonomie alimentaire. Reste à trouver des plants qui survivraient aux températures élevées de la région (>40°C à l’ombre), surtout sous serre !
- Wavve Stram (USA) veut traiter un gros “paint point”: les 3,5 millions de morts annuels dans le monde liés à la consommation d’eau insalubre. La solution : des poudres à base de graphène pouvant servir à alimenter les filtres de génération d’eau potable, capable d’améliorer la qualité de la filtration par rapport aux filtres traditionnels qui ne sont pas assez efficaces. Le go to market ? Vendre ces poudres aux fabricants de filtres. La startup a été créée par un franco-américain établi à Houston. C’était le gagnant de sa catégorie.
- Bee Smart (Bulgarie) s’attaque à la mortalité des abeilles. La solution consiste à mettre en place tout un tas de capteurs qui permettent aux apiculteurs de suivre la santé de leurs abeilles via la température, l’humidité et les vibrations sonores. Mais ce n’est pas le tout de mesurer, il faudrait aussi les guérir ! C’est une autre affaire visiblement hors du champ d’action de la startup ! On commence à peine à comprendre d’où provient la surmortalité des abeilles !
A noter en plus de ces finalistes, la startup française Algama et ses algues alimentaires créées à partir de cyanobactéries, les espèces vivantes les plus anciennes sur terre (3,8 milliard d’années) et probablement responsables de la création de l’oxygène dans l’atmosphère grâce à la photosynthèse. Algama et eatLimmo ont tous deux été couverts par Engadget ce qui témoigne d’un bon écho de la conférence Hello Tomorrow jusqu’aux USA !
Les sources alternatives de protéines sont l’objet d’autres startups, notamment celles qui en créent à partir d’insectes, comme le français Ynsect, qui intervenait dans une autre session. Quand à cet autre français Myogenix qui intervenait dans la même session, il utilise une technique d’accélération de la diversification génétique naturelle d’espèces vivantes pour créer des variétés de plantes plus productives, sans passer par la case OGM.
Energie et environnement
Les projets de ce genre originaires de startups étaient pour la plupart destinés aux pays en voie de développement.
- Turbulent (France) propose d’installer des micro-barrages dans les petites rivières qui ne gênent par la circulation des poissons. Ils s’appuient sur un système de vortex circulaire vertical et nécessitent très peu de maintenance. Reste à créer une cartographie des rivières où cela pourrait être installé et d’intégrer ces sources d’énergie dans le “grid” électrique.
- Biocarbon Engineering (UK), part du constat que l’homme détruit les forêts bien plus rapidement qu’il les replante, avec un déficit annuel de 11 milliards d’arbres ! La solution : utiliser des drones pour planter des arbres plus rapidement en larguant des petites “bombes” biodégradables contenant de quoi enterrer la semence et l’alimenter. Une application très originale des drones ! C’était le gagnant de la compétition.
- Saros Desalination (USA) présentait une station de production d’eau potable qui utilise le mouvement des vagues comme source d’énergie. Un secteur aussi couvert par une société établie, BlueRise, qui intervenait dans une autre session.
- PowerWindow (Pays Bas) évoquait son système permettant aux fenêtres de générer de l’électricité photovoltaïque. Le principe consiste à envoyer la lumière captée partiellement dans le double vitrage vers une étroite cellule PV classique située dans le bas de la fenêtre. Un film posé sur la vitre convertit une partie de l’énergie lumineuse en rayons infrarouges, un guide de lumière les envoyant en bas de la fenêtre. Des cellules photovoltaïques souples adaptées à la captation de lumière infrarouge les convertissent en électricité. On se demande comme cela se compare aux solutions de vitrages qui captent directement l’énergie solaire PV comme la technologie Wisapps du français Sun Partners. Et surtout quelle est l’équation économique complète de la solution.
- Solenica (Italy) présentait Lucy, un système d’éclairage interne utilisant un miroir pour éclairer le plafond en exploitant la lumière du soleil entrante. L’engin a l’air d’être capable d’orienter dynamiquement le miroir en fonction de l’origine du soleil. Cela ne fonctionne visiblement que dans des conditions d’éclairage bien particulières ! Ce projet fait penser aux systèmes d’éclairage intérieur exploitant des fibres optiques, comme chez les français Parens et Echy.
Matériaux et manufacturing
Poursuivons ce tour d’horizon avec quelques startups dans le secteur des matériaux innovants et de leurs usages.
- Blitab (Autriche) présentait un prototype de tablette pour aveugles dont les lettres en braille protudent dynamiquement. Le procédé n’est pas celui de la startup Tactus que j’avais découverte au CES 2014 et qui exploite un liquide envoyé de manière sélective dans des poches entre deux films plastiques. L’équipe ne précise pas son fonctionnement car il est en cours de dépôt de brevet. Le prix cible de la tablette est de 2500€. C’est un très beau projet.
- Nanoly (USA) élimine le besoin de réfrigération pour le transport des vaccins en les encapsulant dans des “nano-protections”. Cela permettrait de faire des économies de $65m rien que sur les vaccins DTP. C’était le gagnant de sa catégorie. Un marché niche mais un vrai bon besoin !
- VsParticle (Pays-Bas) propose de créer des produits sur mesure à base de nanoparticules métalliques. En gros, de créer n’importe quoi “atome par atome”. Cela permettrait notamment de créer des batteries plus efficaces ou de la peinture pour voiture capable de jouer également le rôle de cellules photovoltaïques. L’industrialisation est prévue pour 2017. Ils n’ont levé à ce stade que 100K€ !
- Atomnaut (Australie) a créé une sorte de microscope électronique capable de photographier en 3D des surfaces au niveau atomique. Cela sert surtout aux procédés d’inspection dans la fabrication de semi-conducteurs et autres nano-systèmes. Le modèle économique est original : il est basé sur un prix de la photo “par atome”.
- Phonoptics (France) permet de capter du son avec de la lumière via une fibre optique. C’est utile dans les environnements difficilement accessibles ou extrêmes. Ils travaillent notamment avec Renault, Areva, Thales et Schlumberger.
Santé
C’était le domaine avec les applications présentant semble-t-il le meilleur potentiel de marché, au vu du volume potentiel de diffusion des innovations.
- Admetsys (USA) propose un système exploitant une pompe à insuline asservie par un lecteur de glycémie connectés à une perfusion en continu. Il permet aux hôpitaux d’équilibrer la glycémie de diabétiques en cours d’opération ou post-opération. La machine peut en effet ajouter du glucose dans le sang en cas d’hypoglycémie. Cette société américaine a une tête de pont au Danemark pour l’Europe.
- Pathmaker Neurosystems (France), issue de l’Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière de Paris, propose des systèmes de neuro-stimulation électriques adaptés aux pathologies qui affectent le contrôle de la motricité.
- Hoope (Pérou) présentait une bague de détection de maladies sexuellement transmissibles. Elle fonctionne avec une languette consommable de microfluidique et de détection d’anticorps. Elle est reliée à une application mobile. La bague sera vendue en pharmacie à $50. Ils veulent aussi détecter par le même procédé diverses maladies infectieuses comme le sida ou la malaria voire même divers cancers. La prise de sang se fait sans douleur. Le projet est aussi issu de la Singularity University.
- Antag (Danemark) présentait une solution pour lutter contre l’obésité à partir d’un inhibiteur de l’hormone GIP (Gastric Inhibitory Polypeptide) qui stimule la production d’insuline. L’hormone qui est produite dans le duodénum intervient aussi dans le métabolisme des lipides. Ils ont obtenu à ce stade 845K€ de financements non dillutif et les tests cliniques sont prévus pour 2017. Comme pour nombre de remèdes miracles, il faudra donc attendre pour vérifier son efficacité ! Ce d’autant plus que l’administration du polypeptide passe pour l’instant par une injection régulière et advitam. Ils étudient la manière de l’administrer via une pilule ce qui nécessite probablement de l’encapsuler dans un lipide résistant aux premières phases de la digestion. Cela ne veut pas dire qu’il faut se jeter pour autant, en attendant, sur les nombreux remèdes miracles comme la Cartinine, qui est proposée dans les publicités de VPC dans divers magasines, et dont les effets ne sont pas validés.
- Instent (France) propose un stent connecté s’adressant aux cinq millions de patients qui ont un stent posé suite à un accident cardiaque. Le sent connecté permet de suivre de près le traitement anticoagulant qui est associé et d’ajuster les doses. Ils en sont au stade des premiers tests sur animaux. Il reste aussi à miniaturiser le capteur. L’équipe prévoit d’étendre le principe à d’autres usages, comme le suivi du fonctionnement de prothèses diverses comme celles du genou. C’était le gagnant de sa catégorie. Petit détail : le développeur de la partie électronique de ce stent connecté est Bruno Carreel, doublement polytechnicien (X et EPFL) et fils d’Eric Careel, fondateur de Withings/Invoxia/Sculpteo. Un bel atavisme technologique !
Dans les talks, nous avions aussi Nina Tandon de Epibone, une société qui créé des os artificiels en cultivation in-vitro, Khalid Ishaque de Pixium Vision qui redonne la vision aux aveugles en connectant des capteurs photo au nerf optique. Et enfin, Robert High d’IBM Watson, qui expliquait notamment comment ce fameux logiciel de machine learning était capable d’aider à la création de thérapies personnalisées pour certains cancers.
Transport et mobilité
Les innovations dans les transports étaient aussi à l’honneur dans cette conférence, du plus près (ville) au plus loin (espace), sur terre, sur mer et dans les airs.
- Smart Grid Control (France) présentait une solution de nature pas bien claire pour la connectivité au sein des voitures. Les usages présentés dans le pitch étaient variés : personnaliser les fonctions du véhicule, anticiper l’humeur du conducteur, les embouteillages, l’identification de pièces à remplacer. L’ensemble s’appuie sur un composant relié aux capteurs, le tout fonctionnant dans un réseau embarqué dédié fonctionnant de manière synchrone et à base de courant porteur (CPL). Le système ASG ferait gagner 30 Kg et 150€ par véhicule, mais on ne sait pas par rapport à quoi ! Il semble là qu’il s’agisse d’une plateforme matérielle. Reste à lui adjoindre une plateforme logicielle, Android ou autre pour pouvoir attirer des développeurs. Cela fait un peu penser à l’architecture embarquée Asteroid de Parrot qui s’appuie sur un réseau Broadcom.
- PADAM (France) ambitionne de créer un service de transport complémentaire aux transports en commun traditionnels à base de mini-bus que l’on réserve en ligne. C’était le gagnant de sa catégorie.
- Dronamics (Bulgarie) est le projet le plus original du lot, avec la création d’un service de transport cargo aérien basé sur des drones (à ailes, de forme voisine des drones militaires, mais pour transporter jusqu’à 350 Kg de charge sur 2500 km, à 1€ au kilo pour 2000 km). Ils veulent commencer par l’Afrique. Les aéroports ? Ce sont les aéroports traditionnels et les pistes d’atterrissage sur terre battue. La startup a choisi un modèle d’intégration verticale : construire les drones et opérer un service de transport avec. Cela se tient si la R&D et les coûts d’industrialisation ne sont pas trop élevés pour les drones.
- Protei (France, Japon) présentait un petit voilier robotisé à forme variable (shape-shifting). Au départ, le pitch commence par évoquer la pollution générée par les grands porte-containers. Puis, quand on arrive aux usages du voilier, cela n’a pas grand chose à voir avec le transport de marchandises. Il s’agit en fait de dépolluer les océans et de mesurer la radioactivité autour de Fukushima. Le projet est “open source” hardware.
- Rovenso (Suisse) conçoit des robots de transport Rovéo (ci-dessous) et Liséo. Ils sont capables de transporter des charges et de monter des marches. La première application ? La maintenance dans les centrales nucléaires.
Il y avait quatre interventions pour rêver un peu, histoire d’aller plus vite sur terre, vers la Lune, vers Mars et vers les étoiles :
Dirj Ahlborn de Hyperloop présentait le fameux projet de train circulant dans un tunnel sous vide et à 1200 km/h. L’idée est de commencer par relier les grandes villes américaines et au passage de concurrencer le transport aérien ! Les rames seraient en partie alimentées par de l’énergie solaire. C’est l’un des nombreux projets lancés par Elon Musk que l’on ne présente plus. Et par rapport aux projets qui suivent relatifs à la conquête spatiale, Hyperloop est très plausible !
Xavier de Kestelier de Forest+Partners, une agence d’architectes, présentait un concept architectural de maison pour la lune qui tient compte des difficultés de l’environnement (rayons cosmiques, variations de température, etc) et est capable d’héberge quatre personnes. Une fantaisie ? Pas tant que cela, car le projet avait été commandé par l’ESA (European Space Agency). Mais on n’y est pas pour autant car ce n’est pas le tout d’avoir une maison, il faudrait aussi l’approvisionner avec ce qui manque sur la lune : de l’oxygène et de quoi se nourrir. Il y aurait de l’eau sur la lune, certes, qui pourrait notamment servir à produire de l’oxygène, mais cela ne suffit pas pour créer un écosystème carboné autonome !
David Miller, le CTO de la NASA qui exposait les ambitions de l’agence dans la conquête de mars et la perspective de conquérir des exoplanètes. Dommage : il lisait son texte sur son antisèche papier, ce qui est peu courant pour un intervenant américain ! La même présentation faite par le ou la DirCom de la NASA n’aurait pas été très différente !
Enfin, Rick Tumlinson du New Worlds Institute et de Deep Space Industries essayait de nous convaincre que tout était possible et qu’il fallait se lancer dare-dare dans la conquête d’exoplanètes, et de préférence via le secteur privé. Il avait été par le passé un avocat du retour sur la lune. Sa présentation n’avait pas grand chose de scientifique et relevait plus d’une forme extrême d’idéologie du progrès avec son lot d’incantations subjectives. Les 50 plus proches étoiles du système solaire sont situées entre 4 et 16 années lumières du soleil. Dans le meilleur des cas, il faudrait plusieurs dizaines de milliers d’années pour arriver à atteindre une exoplanète, et pour savoir sur terre que l’objectif est atteint et décider d’y envoyer plus de monde (cf ce petit article sur le sujet) ! Ca calme.
IT et sécurité
Dernier sujet, le numérique !
- Smart Composite Antenna (France) propose une technologie d’antenne composite pouvant s’adapter à toutes sortes de formes, notamment les voitures. Elle aurait les mêmes performances qu’avec les antennes métalliques. Mais le prix n’est pas encore défini ! La startup rennaise sera créée d’ici octobre.
- Archon Dronistics (Italie) propose l’automatisation de drones hélicoptères pour la gestion de zones de catastrophes naturelles. C’était le gagnant de sa catégorie.
- Biowatch (Suisse) présentait un système de biométrie s’appuyant sur la détection des veines de l’utilisateur intégrée dans une montre connectée. Cela aurait du sens si c’était la seule montre qu’il faille porter. La technologie est donc destinée à être plutôt commercialisée en OEM.
- Nanometresis, présentait un logiciel d’analyse de surface de nanocomposants.
- Artomatix exposait son logiciel de création artistique graphique. Sympa mais cette manie d’automatiser la création !
Un évangéliste d’Intel, Steve Brown, a fait quelque chose qui commence à m’agacer : évoquer la loi de Moore comme s’il parlait à des écoliers ! Et de présenter le double enjeu : soit augmenter la puissance avec une surface stable de processeurs, soit diminuer la taille. Et s’adapter notamment aux besoins des objets connectés comme les capteurs de santé pour les vaches. Il présentait les pico-ordinateurs : Edison, Curie, CHIP (ordinateur à $9), le Amazon Dash (un bouton permettant de commander un produit que l’on peut sticker sur un appareil ménager).
Aux débuts de la conférence, Obe Felten, responsable du business development de Google X en présentait les projets divers qui sont déjà bien connus et notamment Google Car et Google Translate. Avec la philosophie transcendentale suivante : il faut s’occuper des problèmes des vrais gens et les rendre heureux ! Et les coupler à des solutions radicales et des technologies de rupture.
Conclusion
Des conférences que j’ai pu voir récemment, la Hello Tomorrow était à la fois l’une des plus originales et les plus intéressantes. Elle ouvre de nombreuses pistes de réflexion. Elle donne envie d’en savoir plus sur la dimension autant scientifique que business de nombreux projets présentés.
Pour s’en faire une idée, j’ai intégré dans l’Eventoscope, un récapitulatif en logique floue des points forts et des points faibles d’un certain nombre de conférences liées de près ou de loin au numérique, reprenant les principaux conseils détaillés dans “L’overdose des événements digitaux et entrepreneuriaux“. Ces événements ont tous en commun d’être financés directement ou indirectement par les grandes entreprises qui mettent en avant leurs actions dans l’innovation ouverte.
Curieusement, la Hello Tomorrow Conference qui était pourtant organisée par des jeunes de moins de 30 ans n’était pas plus interactive que l’Assemblée Générale de l’EBG organisée la même semaine, qui était un peu à l’opposé, avec ses patrons du CAC 40 dans les intervenants et ses responsables marketing et “Chief Digital Officers” dans l’audience. A contrario, de jeunes entrepreneurs peuvent avoir un propos tout aussi intéressant que le très clairvoyant CEO du groupe Accor, Sébastien Bazin qui intervenait à l’EBG.
L’un des points communs à toutes ces conférences est la variété des sujets couverts. Toutes les industries sont concernées par les les disruptions technologiques aussi bien du numérique que dans leur domaine (santé, transports, énergie, etc). Elles sont de plus en plus transversales et peuvent être radicales dans leur capacité à transformer à la fois les business existants et la société. Le risque est, à chaque fois, de survoler un trop grand nombre de sujets sans bien les approfondir, en mode “évangélisation de premier niveau” comme c’était trop souvent le cas dans la Hello Tomorrow Conference. Ces conférences contribuent en tout cas, avec les grands médias, à élever le niveau d’appréhension de ces enjeux. Elles valorisent aussi les entrepreneurs de tous les secteurs d’activité, dont nous avons besoin pour renouveler le tissu industriel français. La tendance n’est donc pas prêt de s’arrêter !
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compte-rendu intéressant sur certaines des startups présentes à Hello Tomorrow par @olivez http://t.co/NKN74fxP5w #HTC2015
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Les startups vues à @hellotmrc des innovations dans l’énergie, l’agro-alimentaire, la santé et (…) par @olivez http://t.co/UOjxB0Xnbi
Un bon nombre de star-up très intéressantes, surtout dans l’agroalimentaire, qui est un secteur dans lequel il faut vraiment investir sachant qu’il n’y bientôt plus de quoi nourrir tout le monde. Très bon article en tout cas.
Une bouffée d’oxygène dans l’#innovation que @hellotmrc… Lire le compte rendu “latéral” d’@olivez http://t.co/YoGhZFCr3J
J’ajoute que c’est une des rares conférences qui a un impact international pour des jeunes entrepreneurs académiques européens. Il y a des tonnes de prix locaux (Paris, Londres; Suisse pour moi) mais hello tomorrow est une occasion de faire sortir les jeunes de leur écosystème. Pour nous, à l’EPFL à Lausanne, cela a eu un bel impact… merci pour cette synthèse.