On ne pouvait pas éviter l’annonce de Google TV pendant la conférence développeur Google I/O 2010 le 19 mai 2010.
Elle est en effet lourde de sens dans une offre qui évolue à une vitesse incroyable et comportant de nombreuses inconnues sur sa vitesse d’adoption par les consommateurs. Et aussi une transformation des modèles économiques à même de déstabiliser les acteurs traditionnels que sont les chaînes de télévision classiques et l’écosystème de la publicité télévisuelle.
Décryptage…
Au cœur de Google TV
Google TV, c’est avant tout du logiciel avec des composantes “client” et “serveur” :
- Le client, c’est l’association du système d’exploitation Android, du navigateur Chrome pour naviguer tout tout le web et du support intégré de Flash 10. S’y ajoute un protocole de pilotage pour l’intégration avec des set-top-boxes et des télécommandes. Le tout est destiné à être diffusé de manière intégrée dans les TV ou boitiers multimédia par les constructeurs.
- Le serveur, c’est l’ensemble des services en ligne de Google : le moteur de recherche, YouTube, et probablement d’autres comme Picasa Web Albums.
L’ensemble qui est gratuit de la tête aux pieds pour les consommateurs comme pour les industriels est financé par la publicité.
Le tout devant exploiter des services, contenus et applications tierces-parties, d’où l’annonce de Google TV dans la grande conférence développeur de Google. Ces applications seront diffusées dans l’Android Market. Google pourrait faire ainsi à la TV ce que Apple a fait au smartphone : créer une plateforme applicative dominante, avec un péage associé (cf “Les opportunités de la télévision numérique” publié en juin 2009).
L’annonce de Google TV était associée à celle de la mise en open source du n+unième format vidéo, le webM, qui combine le VP8 issu de l’acquisition de On2 Technologies, le codec audio Vorbis et un container à base Matroska (celui du .MKV). Le format sera supporté nativement dans Chrome, Flash, et par add-on dans Firefox et Internet Explorer. Ce format sera aussi supporté dans le silicium : notamment chez Qualcomm (dans la mobilité), Broadcom (mobilité et set-top-boxes), nVidia (surtout dans les PC), Texas Instruments.
Notons au passage que l’annonce de Google TV faisait intervenir deux personnes qu’il est intéressant de citer :
- L’homme orchestre de l’annonce est Vic Gundotra, le patron de l’engineering de Google, un ancien de Microsoft Corp qui y était General Manager de l’activité de relations développeurs. Et ce n’est pas le seul indien de l’équipe de Google TV !
- Vincent Dureau, le patron de l’engineering de Google TV et de YouTube, un français, ingénieur Télécom Paris et Agro passé par Thomson Multimédia (à Mountain View) et OpenTV. Il n’est en effet pas rare de trouver des français influents dans cette industrie, j’aurais l’occasion d’en reparler au sujet du cinéma numérique.
L’expérience utilisateur
A ce stade des démonstrations, l’interface utilisateur de Google TV reste sommes toutes assez classique.
C’est une sorte de moteur de recherche Web plaqué sur la TV plus qu’une réellement amélioration via les contenus web de l’expérience télévisuelle. S’y ajoutera “YouTube Leanback” (ci-dessous), une version “canapé” et “télécommande” de YouTube permettant de s’abonner aux vidéos favorites de ses amis et de se créer des chaines thématiques dédiées associées à un mot clé (en bêta en juin 2010). Il y a aussi Google Listen & Watch qui semble assurer une fonction équivalente, mais pour des contenus premium. L’histoire ne dit pas avec quel clavier on saisit ses recherches à partir du canapé, à part peut-être avec son smartphone. Une autre nouveauté présentée lors de l’annonce : l’ajout automatique de sous-titres s’appuyant sur les fonctions de traduction de Google.
Au delà, les démonstrations ne font pas état d’une grande créativité dans les scénarios utilisateurs : rien sur le “place-shifting” et le “time-shifting” (pour regarder un programme sur la TV, et sa suite sur son PC ou son mobile, ou réciproquement), pas de guide de programmes linéaires. L’accès à des contenus télévisuels classiques proviendra encore d’autres matériels comme les set-top-boxes avec lesquels le moteur de recherche de Google pourra s’interfacer à distance. S’est-on vraiment posé la question : “que veulent vraiment les téléspectateurs lorsqu’ils sont devant leur TV après avoir passé des heures devant leur micro-ordinateur ?”. Pas sûr ! Sans compter que le passage du PC à la TV suppose aussi de disposer de contenu de qualité visuelle supérieure au YouTube à 320×240 pixels.
Un peu comme pour l’Apple TV, l’offre Google TV semble donc plus adaptée aux jeunes de la génération Y, une tentative de les faire revenir devant le poste de télévision qu’ils ont en partie quitté même si les études de marché ne le montrent pas encore clairement. Les adultes habitués à une consommation télévisuelle plus classique, linéaire (direct) comme délinéarisée (enregistrée et programmée à partir d’un guide de programme) semblent pour l’instant un peu laissés pour compte (cf cet article de Fast Company au sujet des téléspectateurs adultes).
L’approche écosystème de Google
Il s’agit pour Google de séduire d’un côté les développeurs d’applications et de l’autre, les constructeurs. Le message clé : la plateforme est ouverte et open source. Sous-entendu : c’est gratuit, très important pour maintenir au plus bas les coûts et prix des matériels supportant Google TV.
Lors de l’annonce, Eric Schmidt, le CEO de Google, a mis paquet en rassemblant sur scène les CEO d’Intel, Sony, Logitech, Dish Network, Adobe et BestBuy. Pas des seconds couteaux !
Chacun est dans une situation un peu particulière qui mérite d’être rappelée…
- Sony va lancer des TV et lecteurs Blu-ray sous Google TV. La raison ? Le constructeur perd des parts de marché dans la TV, en particulier aux USA, et a besoin d’innover pour reprendre le dessus. Leurs dalles d’écrans proviennent entre autres de Samsung. Il leur faut donc ajouter de la valeur au dessus. Le choix de Sony ne traduit donc pas un engouement particulier des constructeurs de télévision, mais plutôt une stratégie de sortie pour un constructeur en déclin. Samsung serait parait-il intéressé, mais il est probable qu’ils soient quelque peu attentistes. Il y a bien “People for Lava”, ce constructeur de TV scandinave à la Bang et Olufsen qui propose déjà des TV sous Android, mais il est inconnu, donc passé sous silence. A noter que Sony est encouragé dans sa relation avec Google par le succès de ses récents smartphones Xperia X10 (ci-dessous à droite) sous Android au Japon.
- Logitech va proposer un boitier (ci-dessous) qui se connectera à une TV existante en HDMI, comme cette pléthore de boitiers exploitant les services et contenus Internet vus au CES 2010. L’offre de Logitech permet de toucher le marché des foyers déjà équipés de TV non connectées. C’est une set-top-box (sans disque dur) de plus qui s’ajoutera donc à celle de votre FAI ou de votre opérateur câble ou satellite. Le boitier sera piloté avec une télécommande Logitech ou avec un logiciel pour smartphone sous Android ou iPhone. Il reprend l’architecture logicielle des télécommandes Harmony 900 et tourne sous Intel Atom Sodaville CE4100, à ce stade, le seul processeur supporté par Google TV à ce stade. Le boitier pourra être étendu avec une webcam de Logitech pour gérer de la vidéoconférence en 720p, une fonctionnalité qui commence à faire son apparition dans les TV connectées (en général avec Skype). Le produit sera commercialisé seulement aux USA pour démarrer, ce qui constitue une approche minimaliste faisant penser au Zune de Microsoft. Et le prix n’a pas été annoncé. Par ailleurs, Logitech est le leader mondial des télécommandes programmables, qui pourront ainsi certainement s’interfacer avec Google TV via le protocole proposé par Google.
- Intel promeut grâce à Google son processeur Atom Sodaville CE4100. C’est un autre challenger du secteur, face aux Broadcom et autres ST Microelectronics qui dominent le marché des TV et set-top-boxes. Sodaville va ainsi équiper la prochaine Freebox 6 et la future Orange Box, toutes deux prévues d’ici la fin 2010. Sony ajoute un acteur significatif et international à ces premiers clients régionaux. Le processeur Atom présente plusieurs avantages, dont celui d’éviter les performances désastreuses des anémiques Yahoo Widgets dans les TV comme chez Samsung. Est-ce que Google TV permettra à Intel de gagner rapidement des parts de marché auprès des constructeurs de TV ? Pas évident ! Il faut aussi noter que les processeurs de Mips supporteront aussi Google TV. Android étant open source, il est adaptable à toutes les architectures de processeur. Celles qui sont basées sur un noyau ARM devraient s’y mettre.
- BestBuy pour la distribution de détail aux USA. Quel intérêt pour cette annonce ? Ces produits devront être distribués à l’échelle mondiale chez tous les distributeurs de détail et pas seulement chez BestBuy. Quid de la mise en valeur des TV connectées dans les points de vente ? Je n’ai pas vu une seule démo ou mise en évidence des Yahoo Widgets dans les TV Samsung dans les points de vente en France (Fnac, Darty, Auchan, etc). Avec les TV sous Google TV, il faudra que cela change et BestBuy pourrait donner le la.
- Dish Network est le second opérateur satellite américain, derrière DirecTV. Un cas intéressant car cette société est très innovante dans les scénarios proposés aux consommateurs, notamment depuis le rachat de la société Slingbox. Ils supportent le multiroom, le multidevices, le pilotage du guide de programmes avec des télécommandes à écran. Cependant, d’un point de vue de l’usage, l’annonce de Dish est décevante : il s’agit d’utiliser leur STB couplée (en analogique ou en numérique ? quid du cryptage des contenus premium ?) à un appareil supportant Google TV comme le boitier de Logitech. Le pilotage de la STB se fera visiblement via le protocole IP de Google, et sans les affres d’une commande infrarouge. Mais cela reste une intégration moyenne. Les chaines apprécieront aussi ce partenariat qui créé une couche “overlay” (superposée) au dessus de leurs programmes, et au passage, de leurs propres revenus publicitaires ! L’idéal serait pour les Google TV de supporter des tuners broadcast externes via une liaison USB, Ethernet ou autre (satellite, TNT, câble) avec une intégration unifiée de l’accès à tous les contenus TV numériques d’où qu’ils viennent.
- Et puis Adobe, bien content de placer son player Flash dans l’affaire après ses déconvenues avec le récalcitrant Apple.
Comme pour toute annonce de nouvelle technologie de grands acteurs de l’industrie, quelques partenaires mordent à l’hameçon, ici, un par catégorie ce qui est un modeste butin. Le temps et le marché font le reste et les partenariats se consolident et s’étendent à d’autres acteurs ou restent lettres mortes faute d’une exécution correcte et/ou d’une adoption par les consommateurs. Attendons donc quelques mois pour voir ! L’IFA de septembre 2010 et le Consumer Electronics Show de janvier 2011 seront des marqueurs intéressants de l’adoption industrielle de Google TV.
Ceux qui manquent à l’appel
Quelques acteurs clés n’étaient pas du tout cités dans l’annonce, et ce n’est pas par hasard :
- Les opérateurs télécoms et ceux de l’IPTV. La solution de Google semble positionnée en “over the top”, par dessus la tête des diffuseurs traditionnels ramenés à l’état de tuyaux. Ils vont apprécier ! Leur stratégie actuelle consiste à faire évoluer leurs set-top-boxes, parfois en reprenant le contrôle voire en internalisant les développements logiciels. Et à y intégrer progressivement l’accès aux contenus Internet. Un accès qui ne pose pas trop de problèmes techniques car la plupart des services en ligne proposent des API ouvertes. Après, il leur faut en général s’assurer que les contenus diffusés par ces canaux sont légaux.
- Les chaînes de télévision traditionnelles et les opérateurs du câble et du satellite. A part le cas de Dish Network, la présentation de Google TV n’intégrait pas le scénario de la consommation de télévision classique (TNT, satellite, câble, IPTV) qui restera dominante pendant encore de longues années notamment chez les adultes et seniors. Les chaines de TV vont évidemment être méfiantes envers ce cheval de Troie publicitaire que constitue Google TV. Elles vont éviter tant que faire ce peut d’être mangées à la même sauce que les journaux en ligne.
- Les contenus premium et la vidéo à la demande, vaguement évoqués dans l’annonce Google. En filigrane, c’est un peu la dominance du modèle “tout accessible tout gratuitement”, financé par de la publicité… Google.
- L’écosystème de la publicité télévisuelle. Il y a bien Google TV Ads mais c’est pour l’instant une régie publicitaire TV en ligne pour les chaînes TV traditionnelles et centrée sur le marché américain. Elle permet la création et la gestion de campagnes de publicité TV en ligne destinées aux chaînes de TV classiques. On peut y choisir le ciblage des campagnes, les chaines, les émissions selon des mots clés, etc. Mais le lien avec Google TV n’a pas présenté, ni même les formats de publicité spécifiques à Google TV. Il est clair qu’à terme, un succès de Google TV aurait comme conséquence immédiate un déplumage du revenu publicitaire des chaînes TV locales traditionnelles et au passage d’une grande partie de l’écosystème local associé (cf Didier Durand dans ZDNet).
- Par contre, l’écosystème de la publicité sur le web, notamment sous forme de vidéos, va profiter de Google TV qui va apporter un nouveau canal de diffusion.
Supposons que Google réussisse son coup au delà de ses espérances. Cela aurait un sérieux impact sur les revenus des chaînes TV, et indirectement, sur leur capacité à financer des contenus (notamment les séries TV et les films de cinéma pour ce qui est de la France). Avec moins de contenus financés par la publicité, les contenus premium payants pourraient prendre le dessus. Un autre impact serait un accroissement de la mondialisation des contenus et de leur diffusion. En effet, seules les économies d’échelle permises par l’accès aux marchés mondiaux permettraient de financer les contenus télévisuels “riches”. Bref, une grosse boite de Pandore ! A quelle vitesse va-t-elle s’ouvrir, là est la question.
Un marché qui reste très ouvert
En se situant dans une mouvance de l’intégration de contenus Internet dans l’expérience télévisuelle, Google TV est intéressant. Mais en soi, l’annonce n’a pas grand chose de révolutionnaire. C’est plutôt le rôle et le poids de Google dans la sphère Internet qui donnent sa plus grande signification à cette annonce.
Les concurrents ? Il y a les éditeurs de logiciels tels que l’israélien Boxee présent dans un boitier de D-Link annoncé au CES 2010, Apple avec son Apple TV un peu laissée à l’abandon, faute de modèle économique éprouvé, Yahoo qui semble un peu patiner avec ses Yahoo Widgets, et loin derrière tout cela, Microsoft, qui vient récemment d’annoncer que Windows Media Center sera diffusé en version embarquée (avec Windows 7 embarqué) auprès des constructeurs de set-top-boxes, … utilisant l’Atom d’Intel ! Et puis les éditeurs de logiciels pour set-top-boxes (NDS, OpenTV, Soft@Home, Netgem, …) qui devront rapidement intégrer l’accès aux services Internet pour suivre le rythme et aussi créer de la valeur en enrichissant l’expérience télévisuelle avec les contenus Internet. Le marché étant très fragmenté et naissant, il reste donc entièrement ouvert. Cf cette réaction de certains de ces concurrents de Google dans Engadget, dont l’approche éditoriale sur cette annonce est remarquable.
Si vous souhaitez creuser cette thématique, j’aurais l’occasion de commenter ces différentes tendances de la télévision numérique lors le la 5ème Université d’Eté du SNPTV le mardi 29 juin 2010 à Paris.
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Post remarquable de clarté, merci Olivier.
L’impression qu’il me laisse est que la force de Google semble plus se situer sur son avance en matière de marketing et de modèle économique (pour fédérer un écosystème très éclaté) que sa technologie elle-même (rien de nouveau dans la set-top-box en soi, ni dans les services serveurs).
Autre point : Google (comme les autres majors du domaine) semblant se concentrer sur le marché US dans un premier temps, n’y aurait-il pas des initiatives à mener sur le marché européen ?
Oui, il y a des opportunités locales significatives.
J’en vois plusieurs :
– Pour les opérateurs telcos, satellite et câble, innover aussi rapidement que possible en intégrant les contenus Internet dans leurs set-top-box, à la fois en “over the top” (Facebook, Twitter, …) et en enrichissant l’expérience télévisuelle (guides de programmes enrichis, rating utilisateurs, fonctions sociales associées aux programmes, recommandation, …). La Freebox 6 devrait être un bon exemple de cette tendance.
– La mise en oeuvre de HbbTV, qui est une initiative franco-allemande pouvant être potentiellement rejointe par les britanniques. Il s’agit d’enrichir les flux numériques des chaînes TV avec des liens Internet et de mettre en place des nouveaux services autour de ces chaînes. C’est une approche de “containment” des chaînes pour préserver leur audience lorsqu’elle va s’aventurer sur Internet, mais elle peut sauver la mise quelque temps. Google parie à juste titre sur une approche plus ouverte dans l’accès aux contenus.
– Les industriels européens de la télévision numérique devraient unir leurs forces que ce soit dans le matériel ou dans le logiciel. Des regroupements seraient d’ailleurs les bienvenus car ce marché est encore trop fragmenté.
– Enfin, il ne faut pas négliger tous les partenariats locaux sur les contenus. Les contenus ont encore une forte part locale et il sera difficile aux débuts pour Google de signer ces partenariats, notamment lorsqu’ils concernent des contenus “premium” (cinéma, sport, …).
Merci pour cette vision très claire, qui pose les vrais enjeux – aller au-delà des effets d’annonce, c’est suffisamment rare pour vous en remercier.
Je m’interroge souvent sur la question des moyens de micro-paiement, qui ne manquera pas de se poser pour contribuer à la monétisation, en plus de la pub, sur ce type de plateformes via des services premium : vod, jeux, etc… Le sujet a-t-il a été abordé pendant la conférence ? je ne crois pas que Google Check Out se soit réellement imposé, comme un standard sur ce secteur. Et je trouve que cette question cruciale – quelle solution de paiement pour une expérience utilisateur fluide, sûre, indolore – est finalement peu préemptée, dans ces cascades d’annonces, alors qu’on ne cesse de nous signifier qu’il faut en finir avec la culture du “tout-gratuit” sur Internet (cf la ruée un peu désespérée vers le payant des éditeurs de presse suite à la sortie de l’iPad). Alors, comment payer sur ces nouveaux supports ? Compte à recharger via CB ? iTunes via un iPhone ? Android ? Paypal ? Ou notre bon vieux SMS surtaxé ? Qu’en pensez-vous ?
Rien vu sur le sujet dans l’annonce de Google TV. On risque de retomber dans le modèle web classique. Mais des solutions comme Paypal ou le OneClick d’Amazon ont leur place à prendre. Il faudrait pouvoir payer simplement avec la télécommande.
Après, il sera intéressant de voir comment les opérateurs télécom pourraient s’approprier Google TV dans leur STB et assurer le billing de certains des services associés.
Des nouvelles solutions peuvent apparaître, comme peut-être Miniweb qui propose une plateforme d’agrégation et monétisation des contenus.
Une chose est sûre, si chaque service envoie une facture séparée, ça va être très rédhibitoire pour le client.
Bonjour,
Je m’intéresse beaucoup à ce sujet et je me pose encore plusieurs questions pour lesquelles votre expertise serait extrêmement précieuse! Merci d’avance pour votre éclairage!!
Si j’ai bien compris, il existe aujourd’hui deux modes de télévision reliée à internet :
– l’IPTV, via les set top boxes des FAI/opérateurs télécoms : dans ce cas, l’opérateur agit comme un intermédiaire entre le flux internet et le poste de télévision, il éditorialise son contenu dans une offre propriétaire, et diffuse les chaînes (TNT, câble, sat) en flux linéarisés, ainsi que des services de VoD (les siens, type VoD d’Orange, ou d’autres comme CanalPlay).
– l’OTT via les télévisions connectées. Dans le cas le FAI n’est plus qu’un “allocataire” de bande passante, mais pas un intermédiaire qui éditorialise son contenu. Le consommateur a directement accès aux contenus d’internet, qui seront “filtrés” par les interfaces proposées par les constructeurs (selon les applications disponibles etc). Seule Google TV permettra carrément la navigation sur le Web via Google Chrome. Le jeu se fait donc entre les constructeurs (qui développent éventuellement leurs propres plateformes comme Samsung et Internet@TV), les plateformes type Google TV, et les éditeurs de contenus. Les concurrents directs de Google TV sont donc les plateformes de navigation de TV connectées proposées par d’autres constructeurs. Enfin c’est ce que je comprends. Mais vous dites que les concurrents de Google TV sont Apple TV, Yahoo TV… sans évoquer les interfaces proposées par Samsung, LG… Je ne comprends pas bien où se situe la différence.
C’est du manque de certitude que j’ai sur ces définitions que quelques questions restent en suspens :
– Google TV peut exister sous forme intégrée au poste de TV à la façon des plateformes intégrées de Samsung par exemple (deal avec Sony pour certains modèles) mais également sous forme de set top box à relier à un “vieux” poste de TV. De même, la solution TV connectée de LG passera par une set top box. Du coup, il n’y a pas d'”opposition” entre set top box et télévision connectée, donc entre set top box et OTT. Par conséquent, comme vous le précisez, les FAI qui faisaient de l’IPTV via les set top boxes pourraient tout à fait aller concurrencer Google TV et les autres interfaces connectées proposées par les constructeurs, et créer eux aussi des interfaces de TV connectée. Leur problème ne serait donc plus la technologie de la TV connectée en tant que telle (bien que les FAI aient beaucoup investi pour l’IPTV et que c’est coûteux d’investir dans une nouvelle technologie), mais Google TV, Internet@TV de Samsung etc… Mais surtout Google TV qui possède une force de frappe internationale écrasante par rapport à eux. En gros, sommes nous d’accord que le problème des FAI et opérateurs télécoms, c’est qu’ils n’ont pas su pousser à fond ce qu’ils avaient commencé à faire en créant l’IPTV?
– Pour les chaines de TV traditionnelles de la TNT ou du cable/sat, le principe-même de la télévision connectée – l’OTT -, s’oppose au concept de linéarisation du flux TV. Pourtant, sommes-nous d’accord que les chaînes de télévision (et leur mode de diffusion en flux linéarisé) restent présentes sur la TV, bien que “connectée”? Du coup, le problème pour les chaînes de TV est surtout qu’elles vont être mise en concurrence directe, via le même poste de TV, à des services à la demande multipliés qui viendront bouleverser leur modèle traditionnel. Par ailleurs, cela soulève une autre question : ya-t-il une uniformité entre les constructeurs de TV connectée, pour l’accès aux chaînes de TV? Les interfaces proposent-ils tous l’accès aux chaînes ou bien faut-il conserver la set up box du FAI ou du cable/sat en plus de l’achat de la TV connectée ou de la set up box permettant l’accès TV connectée (comme c’est le cas pour Google TV)? J’imagine que cela dépend des constructeurs. Pour ceux dont les interfaces proposent l’accès aux chaînes de TV : s’agit-il systématiquement d’une application “regarder la TV en live” avec possibilité de zapper d’une chaîne à l’autre “à l’ancienne” (pour les chaînes de la TNT tout du moins, et éventuellement les chaînes cables/sat qui auront décidé de dealer avec les nouvelles interfaces), ou bien s’agit-il d’applications indépendantes par chaîne (par exemple, je ne regarde jamais TF1, ni France 3, mais M6 et France 2, donc je peux faire en sorte sur mon interface que seules les applications M6 et France 2 me soient proposées)? Je suis allée à la Fnac pour en savoir plus, mais que pensez vous de ces options? Peut-on par exemple imaginer, plutôt qu’une fonction “regarder la tv en live”, des applications téléchargeables pour chaque chaîne (là c’est sûr, elles ne seraient pas contentes), au sein de laquelle une arborescence serait proposée avec l’accès à la chaîne en live, l’accès au portail internet, l’accès à la catch-up, l’accès à l’offre VoD…?
– Dans ce contexte, pourquoi les chaînes s’en prennent autant à Google TV, et moins aux constructeurs de TV connectée qui proposent leurs propres interfaces (type Samsung et son Internet@TV)? Dans tous les cas, ils proposent des services délinéarisés de VoD etc qui vont fragmenter l’audience. La seule différence qui justifierait cette “haine” des chaînes pour Google est-elle que Google TV est la seule à proposer une navigation sur le Web via Chrome, et à en tirer des revenus publicitaires (qui impliquerait que tous les annonceurs préféreraient acheter de l’espace pub à Google qu’aux chaînes traditionnelles)? J’ai vu sur un blog que Google TV serait le “grand horizontalisateur” des contenus, dans la question de la verticalité ou de l’horizontalité du marché de la TV connectée, et que c’était cela qui posait vraiment problème aux chaînes de TV. Quelle est la différence entre Google TV et les plateformes proposées par Samsung, LG ou autres, qui fait que c’est Google TV et pas les autres qui sera le “grand horizontalisateur”? Juste la taille et la puissance?
– Enfin, en multipliant les contenus accessibles sur le poste de TV via Internet, notamment les services de streaming et autres VoD, ne risque-t-il pas d’y avoir de gros problèmes de bande passante?
Mille mercis!!!!!