La Convention Républicaine démarre aujourd’hui. Gênée par la tempête Gustav, elle ne va donc pas se dérouler comme prévu. Ce sera moins l’événement que la Convention Démocrate qui avait clairement des relents d’événement historique chargé d’émotions.
Après une convention démocrate en direct et en HD sur Internet, les républicains font en tout cas pâle figure d’un point de vue technologique. Avec juste des vidéos YouTube et aucune annonce sur du direct sur Internet. Le comble c’est que leur site ne fournit même pas les horaires de la convention. On a juste droit à une liste d’intervenants, qui est déjà périmée pour ce qui est de lundi puisque la durée de la convention est réduite de 7 heures à 2 heures à cause de l’ami Gustav.
Seuls sujets d’intérêt dans cette convention républicaine : le discours de Sarah Palin, la candidate à la Vice Présidence, pour voir si elle est aussi mauvaise que la décrivent les médias américains (selon le Monde, elle n’aurait un passeport que depuis deux ans…). Et les interventions de Carly Fiorina (ex HP) et de Meg Whitman (ex eBay). Et l’annulation des interventions de Georges Bush et Dick Cheney arrivent à point nommé ! Les circonstances évitent ainsi à McCain l’association avec celui qui semble être le plus mauvais président que les USA aient connu en plus de 80 ans (on va remonter pour être gentil à William Harding, l’homologue et contemporain de notre Paul Deschanel).
Alors, qui va gagner ? Difficile à dire. Les USA sont-ils prêts à voter pour un noir ? Ont-ils envie de “changement” pour rebasculer côté démocrate ? Est-ce que McCain va réussir à faire le coup de la rupture de Sarkozy par rapport à Chirac ?
Posons donc la question à Google Trends. En 2004, Bush (terme générique largement associé à Georges W.) était plus recherché sur Internet que son concurrent John Kerry. Et Bush a gagné.
Cette fois-ci, Barack Obama a le dessus sur John McCain depuis le début de l’année, avec un intérêt qui s’est calmé pendant l’été pour les deux prétendants à la Maison Blanche.
Vous direz : ce sont les Internautes du monde entier qui préfèrent Obama. Oui, mais lorsque l’on demande à Google Trends les résultats sur les USA, le résultat est assez voisin.
Côté Conventions, la Convention Démocrate a eu largement le dessus sur la Convention Républicaine. Et cette dernière va faire les frais de Gustav et d’un parterre d’intervenants moins marquants du point de vue des symboles que la fille et le frère de JFK et les fils de Martin Luther King ou encore Al Gore.
Poursuivons avec Alexa qui nous donne le trafic comparé des sites des deux conventions. Là aussi, il n’y a pas photo. Les républicains n’intéressent pas grand monde !
Résultat : les Internautes élisent Obama, y compris aux USA si l’on considère que l’intérêt vaut “vote pour”.
Et en France ? En 2007, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy étaient difficiles à départager sur Internet. Il y avait même un léger avantage à Royal en fin de campagne. Mais pas assez pour marquer une tendance. Malgré le fait que les sondages donnaient quasiment systématiquement Sarkozy gagnant avec plusieurs points d’avance.
Bon, on est bien avancé…
Une part de rationnel nous dit que McCain va gagner car Obama ne peut pas gagner. Mais un autre rationnel – la qualité des candidats et de leur programme -, et les comparatifs ci-dessus nous indiquent qu’un événement historique se prépare peut-être avec une élection de Barack Obama.
Rendez-vous le 5 novembre au petit matin !
Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :
Olivier,
Une petite erreur dans le 3 paragaraphe “Seuls sujets d’intérêt dans cette convention démocrate: le discours de Sarah Palin”
C’est republicaines au lieu de démocrate.
En effet, merci. C’est maintenant corrigé.
“si l’on considère que l’intérêt vaut “vote pour”.”
Voilà un raccourci bien rapide. McCain fait partie du monde politique national depuis plus de 20 ans et était déjà candidat en 2000. Obama a commencé à émerger avec son discours de la convention 2004. Grosso modo les gens savent qui est McCain et à quoi s’attendre, ils découvrent Obama et cherchent à le connaître et le comprendre. Je ne vois pas la corrélation entre le nombre de recherches et l’intention de vote.
Par ailleurs, le “comportement internet” varie selon les tranches d’âge, CSP, etc. Celà introduit un effet de biais par rapport au comportement effectif de vote, et il ne faut pas oublier les forts taux d’abstention aux US. Faire une recherche depuis son PC quand on a 20 ans (Obama est populaire parmi les jeunes) et qu’on s’enflamme pour un candidat qui présente et parle bien, c’est une chose, mais d’habitude, ça se traduit peu en votes le jour du scrutin.
L’électorat “heartland” qui discute à la sortie de l’église ou écoute Rush Limbaugh à la radio n’est pas forcément visible dans ces grandes tendances de fréquentation Internet. Va-t-il sortir voter pour un McCain considéré par certains républicains comme un traitre à la cause ? Obama leur déplaît moins que les Clinton, donc le vote de parti n’est pas garanti…
Lors de primaires, Ron Paul dominait sur un certain nombre d’indicateurs internet, que ce soit sur en traffic ou en argent levé par les “netroots.” Il a certes eu des résultats honorables pour un libertarien, pour autant il n’a emporté aucun Etat.
D’où mon “si” que tu n’as pas pris à sa mesure…
Il y a une différence entre les US et la France à prendre en compte: le taux d’équipement en accès Internet y est bien plus élevé, je crois 20% de pénétration en plus. Il explique certainement le différentiel entre les résultats Google Trends et l’issue de l’élection de Sarkozy, celui-ci ayant bénéficié de la faveur de deux populations faiblement Internetisées : les personnes âgées et une part supérieure aux habitudes de cols bleus.
Bien entendu, les données Internet ne traduisent pas ce qui se passe dans le middlewest conservateur. En même temps, l’intérêt pour Obama dans les populations que tu cites pourrait très bien se traduire par une baisse d’abstention les concernant. L’élection de 2000 a laissé des traces avec ces 541 voix qui ont fait “l’histoire” et pas forcément dans le bon sens. Et cette élection revêt un aspect historique pour les américains. Ce n’est plus le “more of the same” de 2000 !
Dont acte pour ton “si”. Je n’ignore pas la pénétration élevée d’internet à travers l’ensemble de population américaine, mais ça ne veut pas dire que les usages sont homogènes. Les talk radios c’est énorme et c’est essentiellement un phénomène de droite, une partie de l’expression et de l’audience “politisée” s’y concentre. De même pendant longtemps la gauche américaine comme les étrangers n’ont pas vu la montée en puissance de Fox News (qui depuis a perdu un peu de sa superbe, bushisme forcené oblige).
Pour illustrer mon propos, je me permets de pointer vers un de nos sites qui montre l’audience plus élevée de Palin (inconnue jusqu’alors à part en Alaska) que de Biden (grande gueule connue et candidat au début des primaires). Beaucoup de Démocrates on regardé le discours de Palin en espérant la voir se prendre les pieds dans le tapis, et tout le monde voulait la découvrir.
Quant à la défaite d’Al Gore en 2000, si elle avait tant frustré l’électorat, Kerry serait passé en 2004… 2000 c’est très loin pour les Américains. En revanche il est clair qu’Obama a un avantage dans la mesure ou Bush a causé un tort indéniable au GOP et à la cause conservatrice.
Oui, l’amérique profonde est très conservatrice, c’est bien connu. C’est l’amérique des grandes villes cotières qui vote démocrate et le reste du pays républicain. Cette élection comme les autres se jouera dans les “swing state” dont le vote n’est pas systématique d’un côté ou de l’autre. Il faudra regarder les sondages état par état pour se faire une idée. En consultant les sondages US avant 2004 on se rend compte que Bush avait acquis son avance après la convention républicaine. Mais que l’élection s’est jouée à relativement peu de choses du point de vue tant du nombre de voix que du nombre de grands électeurs. Les sondages des jours qui viennent seront intéressants. Ils risque bien de montrer un McCain qui reprend du poil de la bête et s’équilibre avec Obama, faisant des résultats de cette élection un suspens jusqu’au dernier moment.