J’étais à l’ESCP jeudi dernier, 5 mai 2011, pour assister à Techcrunch Recipes, la conférence de l’équipe de Techcrunch France sur les bonnes recettes d’un écosystème dynamique de startups. Elle était jouée et animée en anglais par Roxanne Varza, Selma Bekkaoui et Cédric Giorgi, ce dernier quittant Techcrunch France pour se consacrer à 100% à Seesmic.
Le tout avec une belle brochette d’une trentaine d’intervenants : entrepreneurs, investisseurs, incubateurs ou grande entreprise qui expliquaient tantôt que le verre était à moitié plein ou à moitié vide dans l’écosystème français de l’entrepreneuriat. A moitié plein pour le bas cout de la R&D grâce aux aides publiques, la qualité des formations d’ingénieur et le dynamisme croissant de l’écosystème. A moitié vide pour les lacunes dans le marketing, pour le manque d’ambition et pour les liens trop ténus entre la recherche, les universités et les entreprises et pour le trop faible nombre d’acquisitions par des groupes français (même si Orange et Pages Jaunes s’activent par les temps qui courent).
Mike Butcher (de TechCrunch Europe, ci-dessous) commençait par expliquer l’importance des plateformes et de leur écosystème, rappelant les révolutions industrielles dont l’Europe (et le Royaume Uni) est à l’origine mais qui leur ont échappé. Un très bon point qui mériterait d’être approfondi.
Il y avait quelques entrepreneurs bien connus tels qu’Alex Dauchez (CEO de Deezer, mais pas son fondateur…), Gilles Babinet (maintenant président du Conseil National du Numérique et très positif sur l’évolution de l’image de marque de l’entrepreneur en France), Pierre Kosciusko-Morizet (toujours chez PriceMinister, mais aussi cofondateur d’ISAI), Oleg Tschelzoff (de Fotolia, qui rappelait que la R&D est vraiment très compétitive en France), Fred Montagnon (Overblog et maintenant chez Wikio) et aussi Thibauld Favre (de AllMyApps). Chacun a traité à tour de rôle de la manière de trouver son modèle économique, sur la sortie ou sur les fusions acquisitions qui dans le cas de Wikio, font gagner deux années de croissance à chaque coup.
François Blum (ci-dessous, autant entrepreneur, actuellement dans L’Officiel des Paris en Ligne que mentor et coach de startups à la sauce “Obiwan Kenobi” au travers de sa structure Jiki Network) a fait un point très intéressant sur le montage de startups “me-too”. En rappelant que l’innovation étant souvent incrémentale, tout le monde est à peu près le me-too de quelqu’un d’autre et qu’il n’y a pas de honte à cela.
Différents intervenants de l’écosystème des startups à proprement parler exposaient leur activité : Alice Zagury (la très dynamique animatrice du Camping, l’incubateur de Silicon Sentier situé au Palais Brongniart à Paris), Amaury de Buchet (qui anime l’incubateur de l’ESCP et incarnait le foisonnement de projets issus des grandes écoles de commerce et d’ingénieur depuis quelques années), Michel de Lempdes (du Crédit Agricole Private Equity, rappelant les règles du jeu d’une sortie), Marc Fournier (de Serena Capital) ou encore Stéphanie L’Hospital (d’Orange, faisant le portrait-robot de cibles d’acquisitions : boite profitable, en croissance, avec du trafic et une bonne équipe).
Nous avions diverses startups de spécialités bien françaises sur les rencontres, la restauration ou le fashion (Michael Cohen, cofondateur et PDG de Storific, Fabrice Le Parc, fondateur et PDG de Smartdate, Nicolas Metzke de Hypeed). Un côté un peu trop carte postale car il serait bon que l’on sorte de ces clichés pour valoriser l’écosystème français des startups qui ne relève pas que de l’Internet dans le numérique.
Et puis enfin, l’événement n’aurait pas été complet sans l’incontournable petit concours de startups avec une sélection de cinq candidats français sur une soixantaine de candidats se donnant au difficile exercice du pitch en anglais : eLive, CleverCloud, GetVega, Tumbup et JimmyFairly. GetVega (les cofondateurs ci-dessus) a emporté la partie avec son système de génération de listes de comparaison d’achats par extraction de données sur les sites web, qui n’est pas sans rappeler les puissants outils génériques d’Outwit Technologies.
Expliquant le titre de ce post, le “clou du spectacle” était toutefois l’intervention de Meryl Job, la cofondatrice américaine de VideDressing, lancé fin 2009 (ci-dessus avec Cédric Giorgi). Il illustrait le thème de la création d’une startup en France par une étrangère. Et donc, de l’attractivité de la France.
VideDressing est une sorte de Price Minister du fashion où l’on peut revendre les surplus de sa garde-robe, du luxe au plus commun, pour les femmes, les hommes et les enfants. Même si les acheteurs et vendeurs sont des femmes à 85%. Ancienne de chez Chanel et New Yorkaise, Meryl Job a bénéficié de l’écosystème français des startups puisqu’elle a été initialement incubée chez Paris Pionnières. Elle a apprécié le dynamisme entrepreneurial français.
On est donc un peu soufflé ! Quoi donc, une américaine vient créer sa startup en France ? Pourquoi donc ? Un peu parce que la France est un pays qui compte dans la mode – tout comme New York dans la finance et la publicité – mais aussi et surtout parce que son associé et cofondateur de la société, Renaud Guillerm, est français ! Cela fait quelques raisons bien spécifiques qui ne permettent pas d’en faire des généralités. C’est un peu dommage pour la démonstration. On est encore loin des raisons pour lesquelles les étrangers se ruent dans la Silicon Valley pour y faire leurs études (Stanford) et/ou créer leur startup. Mais c’est un début. Et elle était tellement charmante ! On trouve ainsi de temps en temps des startups françaises créées par un mix de français et d’étrangers, une diversité de très bon aloi qui leur permet de s’ouvrir un peu plus sur le monde. Ce choix de Meryl Job par l’équipe de Techcrunch France (ci-dessous) est ainsi louable. Il mérite d’être chaudement encouragé pour les prochaines éditions de cette conférence.
Vous trouverez un autre compte-rendu de cette conférence dans Le Journal du Net ainsi que mes photos de l’événement dans les galeries de ce blog.
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Merci pour l’article et les photos !
PS : l’incubateur au féminin s’appelle « Paris Pionnières ».
Oops, corrigé…
“’innovation étant souvent incrémentale”. N’est ce pas un Oximoron ?
On parle bien d’innovations de rupture. Même si elles sont assez rares dans les faits…
Je pense que Michel discute surtout l’existence d’innovations incrémentales.
Quand il parle d’oxymoron, il veut dire qu’une amélioration incrémentale ne peut être qualifiée d’innovation.
Daniel