Nous allons terminer ici ce tour d’horizon des startups de la rentrée en trois parties avec la mobilité, les moteurs de recherche, les médias et la santé, des hommes aux animaux de compagnie !
Mobilité
La plupart des solutions présentées sur DemoFall et Techcrunch ont une composante mobile. Mais certaines applications sont spécifiquement produites pour les mobiles, et notamment pour les conducteurs automobiles. La recherche des modèles de mobile commerce se poursuit également avec plus ou moins de bonheur. Certaines sociétés sont plus soucieuses d’identifier ce modèle miracle que d’apporter un service réellement utile, mais il n’y en avait pas trop cette fois-ci.
- Un service en ligne de cartographie “indoor” pour mobiles sur les centres commerciaux, aéroports, campus universitaires et autres lieux publics (Micello). On peut y faire une recherche de produits, et les magasins en proposant dans un centre commercial donné apparaissent en couleur (exemple ci-dessous) ! Un travail de fourmi pour alimenter leur base ! Mais les cartes peuvent être créées par les organisations intéressées. Reste à monétiser correctement, mais la publicité et la génération de leads n’est pas loin ! Mais c’est plutôt cool.
- Un système de remboursement automatique de bons d’achats et coupons de promotions (MoLo Rewards) basé sur NFC / RFID. En gros, les mobile (supportant le NFC, ce qui n’est pas encore courant) interagit automatiquement avec la caisse au point de vente pour obtenir ces remboursements. Ce qui m’amène une question : si le remboursement est automatique et transparent, est-ce que l’utilité marketing des coupons resterait la même ?
- Un service qui transforme votre mobile en télécommande pour achats d’impulsion, en interaction avec votre télévision (Hand Eye Interactive Technology). Un personnage de comics Marvel apparait dans un film ? Un logo s’affiche, vous lancez l’application HIT sur votre mobile et elle reconnait le logo et vous pouvez d’un click acheter la figurine associée au personnage. Une offre de télé-achat s’affiche ? Le téléphone reconnait le numéro de téléphone à appeler que vous pouvez utiliser immédiatement. L’histoire ne dit pas comment ils ajoutent les logos sur les contenus télévisuels. Nombre de startups imaginent ainsi un monde d’hyperconsommation permanente. Seuls certains scénarios peuvent fonctionner à la longue. Et celui-là est loin d’être évident. L’articulation de l’écosystème et des partenariats de cette startup sera critique pour faire adopter le service.
- Une “boite noire” virtuelle pour votre téléphone (Rseven) qui enregistre tout ce qui se passe sur votre mobile (numéros appelés, les conversations elles-mêmes, les SMS, photos prises, etc) sur un site web qui permet ensuite la consultation chronologique des événements passés. Reste à comprendre l’intérêt de passer par un site web pour ce genre de données qui n’est pas vraiment faite pour être partagée, la synchronisation passant visiblement par son ordinateur personnel. Ah oui, certaines activités peuvent donner lieu à une publication sur Facebook.
- Un service qui simplifie l’interaction par SMS avec les sites web des marques, sans avoir à mémoriser un numéro de téléphone différent pour chaque site (DOTGO de Scientific Media). L’utilisateur envoie ses messages SMS au même numéro de téléphone, en les commençant par le nom de domaine de la marque, puis les codes permettant d’activer le service comme un code postal pour obtenir des renseignements sur les enseignes alentours, ou les prix de l’essence, etc.
- Un service mobile permettant aux conducteurs d’entrer en conversation téléphonique entre eux pour obtenir le meilleur moyen de contourner les embouteillages (TrafficTalk). C’est un service fremium : la base est gratuite, des alertes de trafic envoyées proactivement sont payantes, et il y a aussi de la publicité audio. Ca peut fonctionner aux USA avec des informations du genre “la 101 est bouchée, sort à la 45eme rue”. Le crowdsourcing et l’UGC, c’est bien, mais cela ne peut pas fonctionner dans tous les cas de figure. Ce genre de startup sera pénalisée par “l’effet de réseau” qui veut que la valeur du service ne sera manifeste qu’avec une masse critique de conducteurs utilisateurs là où vous êtes. En Europe et en France, ça pourrait se compliquer sérieusement. Genre le périphérique et les boulevards extérieurs de Paris sont bouchés et tu dois aller de la porte d’Orléans à la Gare de Lyon par Denfer sans connaitre le chemin. Ou comment éviter une manif place de la République. Bonjour l’explication au téléphone. Les GPS intégrant une réception de données sur le trafic restent une meilleure solution.
- Un autre service d’aide à la navigation pour smartphone basé lui sur une cartographie classique avec informations trafic temps réelles (Waze). A ceci près qu’il permet aux conducteurs de mettre à jour les données du système sur les embouteillages, travaux, contrôles de police, radars et autres obstacles. Sachant qu’en plus, en conduisant, la vitesse de votre trajet alimente automatiquement la base. Du déjà vu. La valeur du service dépend du volume d’utilisateurs. Il y en aura sûrement plein sur la 101 dans la Silicon Valley, mais quid du milieu de l’Arkansas ? Ils ont déjà 180000 utilisateurs en Israël, ce qui est un bon signe au vu de la surface du pays. Mais c’est un modèle économique gratuit de plus. Pourtant, la startup – israélienne – a déjà levé $12m !
- Un service téléphonique qui vous permet d’écouter des podcasts, des informations diverses, de lire votre journal en mode “text to speech” (du français MyVocal Holdings). Et ça fonctionne sur n’importe quel téléphone pour consommer le contenu, et nécessite le WAP pour accéder sur mobile au catalogue de contenus. Le service est particulièrement adapté à un usage en voiture. La monétisation ? Publicité audio et abonnement.
- Enfin, un outil de création d’applications pour mobiles exploitant les composants les plus courants et exploite notamment les fonctionnalités GPS des smartphones (de l’anglais Loc8 Solutions).
Dans les médias
J’ai noté quelques projets sans grand rapport les uns avec les autres dans le secteur des médias, avec beaucoup de “feature companies” proposant des fonctions intéressantes destinées à être intégrées dans des bouquets de services.
- Un guide de programmes TV structuré de contenus disponibles sur Internet (Clicker) qui permet de trouver les shows TV en entier et pas juste les extraits comme sur YouTube. Une version pour set-top-box est utilisable avec une télécommande, tournant sur le middleware de Boxee. La base comprend déjà 300000 épisodes de séries TV et 55000 clips vidéos. La monétisation est publicitaire mais les vidéos ne sont pas hébergées ou gérées par le site. Donc, pas de grosse structure de coûts, mais pas non plus de monétisation par des publicités intégrées dans les vidéos !
- Un site permettant de retrouver des extraits de films par une recherche textuelle (AnyClip) qui agrège les textes liés aux films et aux extraits par "speech to text" des films, les informations liées aux films, des métadatas qui peuvent être associées aux extraits de films, etc. Jusqu’à 500 tags par film. Le service propose une API publique pour la création d’extensions (pas précisées dans la présentation). Des partenariats sont noués avec Hollywood. Mais rien sur la monétisation dans la présentation ! L’équipe comprend cependant l’ancien patron de Sony US / Columbia comme investisseur et a déjà levé $3m. Cela fait penser à une application spécifique de Blinkx. Mais comment faire de ce site un site de destination à fort trafic ?
- Une plateforme SaaS de gestion des abonnés “offline” et “online” pour les médias (Z-Commerce for Media de Zuora). Le genre d’outil qui complèterait bien la startup française Revue2Presse qui présente en ligne les couvertures de la presse écrite.
- Un site “social” de plus pour écouter la musique (tunewiki) qui présente deux caractéristiques clés : l’affichage des paroles des chansons dans 30 langues différentes (pour celles qui sont documentées…) et une cartographie permettant d’obtenir le Top 10 écouté dans la zone sélectionnée (ci-dessous sur Paris), tout comme ce que ses propres amis écoutent. Et ça tourne sur mobiles: iPhone, BlackBerry et maintenant tous les mobiles Nokia dont le nouveau S6. Les chansons sont récupérées en “mash-up” sur YouTube. Donc essentiellement, deux features qui pourraient facilement intégrer Deezer comme Spotify.
- Un autre site social, cette fois-ci pour écouter la radio (RadioWeave) qui mixe automatiquement plusieurs stations (trafic, infos, météo, musique), du “text to speech” de vos réseaux sociaux, email, vos podcasts. Les utilisateurs peuvent créer leur propre station personnalisée. Une analogie pour comprendre : c’est une sorte de lecteur RSS de contenus audio temps réel. Vue l’abondance de moyens d’écouter de la musique sur Internet, ce petit service aura un peu de mal à se faire une place. Comme nombre d’entre eux, il s’utilise à la fois sur son navigateur classique et sur mobile.
- Et un site web de “social TV” pour la génération YouTube (Twirl TV) qui regarde la télévision à “4 pieds” (distance entre les yeux et l’écran lorsque l’on est allongé sur sa chaise à regarder une vidéo en plein écran). Il permet pour l’instant de visionner près de 5000 épisodes de shows et séries TV US, de savoir si ses amis sur Facebook ont fait de même, et de les inviter à le faire et à partager les avis dessus. Cela reste cependant encore assez brouillon. Attention, cela ne fonctionne pas en France car les droits de diffusion des ces émissions ne s’appliquent qu’aux USA. A moins d’utiliser un proxy ou un VPN.
Dans le search
Google continue de faire rêver. Le web sémantique aussi. Au menu :
- Un site de recherche de produits utilisant du web sémantique (Cazoodle Shopping Search) qui démarre, c’est bien original, par l’électronique de loisirs, et aussi avec le logement. Bof bof.
- Une sorte de méta-annuaire qui permet de faire des recherches de numéros de téléphones dans divers annuaires Internet (type pages jaunes) et internes (le carnet d’adresses de votre messagerie et vos réseaux sociaux), CallSpark.
- Un site référençant des données chiffrées structurées qui constituera un service vraiment appréciable lorsque son contenu sera très riche (Infochimps.org). Sorte de “superset” d’initiatives comme data.gov, ce site du gouvernement fédéral américain qui compile les données publiques. Mais enfin, rien n’empêche Google d’indexer les fichiers Excel, CSV et autres du web !
- Enfin, un service en ligne de crawling du web en mode SaaS (80legs) qui s’appuie sur 50000 serveurs dédiés en grid capables d’analyser 2 milliards de pages web pour $2 par millions de page. L’histoire ne dit pas où ils sont, il serait étonnant qu’ils aient été achetés par la startup, donc ils sont dans une fac ou un hébergeur qui les sous-loue. Ce n’est pas une application grand public. Elle sert aux entreprises qui ont besoin d’analyser ce qui se passe sur le web : les ayant droits de médias qui cherchent les traces de vidéos piratées, les moteurs de recherche spécialisés, les analyseurs d’opinion basés sur une analyse sémantique de contenus, etc. Vous direz : mais il y a Google Search ! Mais saviez-vous que lorsque vous faites une recherche, il n’est capable de vous retourner uniquement les 1000 premiers résultats ? Après, que nenni ! Donc, toute analyse exhaustive et quantitative du web est impossible à grande échelle avec Google Search. D’où le besoin d’outils spécialisés.
Dans la santé
La santé représente ces dernières années un pan entier d’innovations dans le numérique. Avec cette année des solutions surprenantes très américano-centriques :
- Cette place de marché de psychiatrie (BreakThrough), probablement un très bon business aux USA – même s’il ne faut pas confondre la psychiatrie avec la psychanalyse. Les psy y sont notés par les patients. De la science fiction en France ! Mais pas au Canada, en Belgique ou en Suisse.
- Avec un dossier patient mobile sur un stockage privé en ligne (Glidehealth), intégrant la totale derrière côté données : indications de race et de religion, la trace de tous les problèmes de santé, les échanges avec les médecins, partage de radios et examens, et les médecins sont notés. Un peu dans la lignée de Google Health et Microsoft Health Vault dont on ne parle pas en France car ces deux acteurs se gardent bien d’y agiter le chiffon rouge face aux projets de Dossier Médical Personnalisé qui trainent en longueur. GlideHealth vient de signer un gros contrat avec un groupe de santé de 100 docteurs à New York couvrant un million de patients.
- Un système servant aux entreprises pour récompenser l’amélioration de la santé des collaborateurs, notamment en matière de poids (HealthyWage). Les utilisateurs sont payés par leur employeur s’ils améliorent leur santé ! Ce qui en retour diminue les coûts d’assurance santé pour les entreprises car ceux-ci sont indexés sur le niveau de santé individuel (rappelez-vous l’histoire des “preexisting conditions” dont Barack Obama parlait pendant sa campagne au sujet de sa mère). Les gens sont payés au bout d’un an d’efforts et de résultats. Très americano centric d’un point de vue culturel. Mais on a bien entendu parler en France de payer les élèves lorsqu’ils font acte de présence dans les cours, là où l’absentéisme est élevé !
- Une solution d’enseignement à distance pour protéger les enfants des abus sexuels générés par les personnels des écoles (EthicsEd) ! Le cours s’adresse aux personnels, pas aux élèves. Si le Directeur est pédophile, il n’encouragera donc pas l’école à exploiter le cours, qui est commercialisé à $8 par utilisateur. Mais la “compliance” (respect des lois) donne lieu à un gros business de formation aux USA, dans la lignée de tout ce qui a suivi le votre de la loi Sarbannes-Oxley consécutive aux affaire Enron et Worldcomm.
- Ce système de diagnostic en ligne de problèmes de santés pour animaux domestiques (de l’allemand Petsicon). La startup typique qui s’attaque à un bon marché de niche… :).
Prochaine étape
C’en est terminé de ce long tour d’horizon. Pas de startup renversante, mais des morceaux d’innovations dont certains se généraliseront peut-être un jour.
Prochaine étape : LeWeb en décembre 2009 à Paris. La thématique : “L’Internet temps réel”. Tout un programme ! Surtout pour moi qui bloggue en prenant le temps…
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Bonjour Olivier,
Je suis peut être un peu hors sujet, mais une question me taraude; quelles techno sont utilisées par toutes ces Startup ? Sont elles toutes sur AppEngine (comme semblait le dire aujourd’hui David Chappell) ? L’info n’est peut être pas immédiate à trouver.
Cordialement,
Nicolas
C’est très variable. Il faudrait enquêter.
En France, je vois de tout : beaucoup de LAMP, du Ruby on Rails, du AIR/Flex et du Flash pour le RIA, un peu de .NET (surtout pour les solutions btob), plus rarement du Silverlight.
Dans le mobile, cela dépend si l’application cible l’iPhone (pas beaucoup de choix…) ou d’autres plateformes mobiles.