Voici un nouvel épisode de la série d’entretiens “Decode Quantum” que j’enregistre régulièrement en compagnie de Fanny Bouton et Richard Menneveux de Frenchweb / Decode Media. Il en inaugure la “saison 2”, la première s’étant déroulée entre mars et juillet 2020.
Cet épisode n’est pas des moindres puisqu’il nous permettait d’accueillir Alain Aspect que les spécialistes du quantique connaissent très bien. Il n’est pas le doyen du secteur qui compte aussi quelques prix Nobel tels que Serge Haroche ou Claude Cohen-Tanoudji. Mais il a marqué la physique quantique par sa fameuse expérience réalisée en 1982 avec Philippe Grangier et Jean Dalibard, qui démontrait pour la première fois de manière expérimentale l’intrication quantique de photons. Cette expérience qui “invalidait les inégalités de Bell” élaborées par John Stewart Bell en 1964 permettait de clore un débat lancé par Albert Einstein en 1935 dans le fameux texte coécrit avec Boris Podolsky et Nathan Rosen qui décrivait “le paradoxe EPR”.
Dans sa carrière de chercheur, il ne s’est pas arrêté à cette expérience. Il a ensuite poursuivi ses travaux en explorant les condensats Bose Einstein, des gaz portés à très basse température qui ont des comportements quantiques particuliers, d’abord à base d’hélium. Cela a abouti à des avancées technologiques actuelles telles que le calcul quantique à base d’atomes froids. À ce titre, il est d’ailleurs conseiller scientifique de la startup Pasqal, que nous avions accueillie dans un entretien précédent de cette série avec Georges-Olivier Reymond et Antoine Browaeys.
Alain Aspect est aussi le promoteur de la notion de “seconde révolution quantique”, une expression qu’il a créé en 2003 simultanément avec deux chercheurs américains, Jonathan Dowling et Gerard Milburn.
Alain nous raconte toute cette aventure dans ce long entretien de 1h19 à consommer avec délectation !
Cet épisode avait été enregistré en juin 2020. La série se poursuivra dans les semaines qui viennent avec d’autres entretiens du même genre, avec Philippe Duluc et Cyril Allouche d’Atos, puis Bruno Desruelles de Muquans, Daniel Dolfi de Thales et Iordanis Kerenidis du CNRS.
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Bonjour,
Je souhaitais souligner un aspect devant aider tous les étudiants ou lecteurs éclairés dans le domaine,peut-être aider pour la vulgarisation. Comme le souligne Alain Aspect, les trois tomes de “Mécanique Quantique” de Claude Cohen-Tannoudji, Bernard Diu,Franck Laloe, est un ouvrage remarquable,ou les relations entre opérateurs et équations aux dérivées partielles sont expliquées, et d’expérience le lien n’est pas trivial,quand on a compris cela, on a fait un grand pas. Bonne lecture.
Merci pour cette interview passionnante.
Il est important de dire que, dans les années 70-80, les thésards devaient réaliser des prouesses techniques avec peu de moyens financiers.
J’ai suivi avec enthousiasme vos explications sur YouTube pour mettre en évidence la double nature de la lumière : corpusculaire et ondulatoire. Je suis mécanicien avec une formation de vaporiste pour la propulsion à vapeur des bâtiments de la Marine nationale. Cette double nature de la lumière m’a rappelé l’eau à l’état liquide qui se transforme en vapeur. À pression constante, en examinant la phase d’ébullition, les thermodynamiciens identifient précisément le pourcentage d’eau et de gaz pendant ce court moment de l’ébullition. Il semblerait que cette transition eau/vapeur soit très complexe si on observe les molécules et en dessous. On trouve et de l’eau et de la vapeur à chaque étape au sein de l’ébullition mais en des proportions différentes.
Peut-être le physicien trouverait-il un parallèle avec le changement d’état de l’eau et les deux états observés de la lumière ?
Dans le cas de l’eau c’est la température qui gouverne le changement d’état.
Dans le cas de la lumière, existe-t-il une autre unité que le degré Kelvin qui serait responsable d’une « ébullition des photons» ?
C’est à dire que la lumière serait une ébullition permanente et on peut l’observer dans l’état corpusculaire ( = état liquide de l’eau) mais aussi dans l’état de vapeur ( = état gazeux de l’eau).
M. Alain Conne a l’intuition que le temps n’est pas fondamental dans la physique quantique, le temps émergerait de « l’aléa quantique.». :https://youtu.be/tLdQqsWPAKI
Si une unité de mesure est créée pour identifier cet « aléa quantique », il faudrait « mesurer » l’état quantique de la lumière quand elle est corpusculaire puis quand elle est une onde. Ces deux « mesures » mettraient en évidence un gradient différent de cet aléa quantique. Le fait qu’il y ait simultanément deux états de la lumière proviendrait de cet aléa quantique qui crée une «ébullition » continue de la lumière et on peut donc y trouver à la fois un corps et une onde.
Le synchrotron de Grenoble a été relancé en août 2020 et il est capable de produire le plus puissant rayon lumineux au monde dans un synchrotron. Si ce nouveau rayon lumineux permet de faire des recherches utiles à la physique quantique, il faut prévoir les expériences correspondantes.