Ca fait un peu réchauffé, mais voici un compte rendu de deux manifestations liées aux startups auxquelles j’ai participé il y a deux semaines. J’ai pu y croiser quelques startups intéressantes.
Journées XAnge (12 mai à Paris à L’Echangeur)
Organisées tous les ans par ce fond d’investissement en capital risque, les journées XAnge sont un bon moyen de prendre la température de ce milieu et de découvrir quelques startups intéressantes. Ce fond qui est une filiale commune de La Poste et des Galeries Lafayette semble bien géré avec un portefeuille de qualité de 25 investissements. Le plus notable en 2008 : 8 sorties pour des investissements réalisés entre 1999 et 2006.
La demi journée a commencé avec quelques envolées philosophico-numériques de Philippe Lemoine de Laser, créateur entre autres du Forum Action Modernité, Think tank sur les évolutions de la société qui veut “préparer le futur”. Il évoque trois crises : 1) La finance : on ne sait plus définir la valeur des choses, 2) La crise du corps de l’entreprise qui n’est plus un champ clot et doit se redéfinir par rapport à son extérieur, avec une vision transsectorielle des valeurs et un référentiel, et 3) Le rapport entre la personne et la sphère économique.
Sinon, j’ai pu découvrir ou redécouvrir quelques startups de bonne qualité d’ensemble. Il faut dire que la plupart ont des modèles économiques classiques, qui ne sont pas basés sur la publicité :
- Stantum : la société bordelaise inventeur du “multitouch” qui fournit sa technologie aux fabricants d’écrans associant matériel et une plate-forme logicielle. Elle pourrait devenir une belle réussite internationale au gré de la croissance de ce domaine émergent. Elle emploie 30 personnes et ferait 1,25m€ de CA.
- ASK et sa chaine de valeur de produits sans contacts basés sur le RFID. Le prix d’une puce RFID va de de 5c à 2€ selon l’information stockée. ASK en a diffusé 135 millions, notamment pour le Pass Navigo de la RATP. Ils sont en test avec Mastercard.
- MobileTag et sa chaine de valeur logicielle de gestion des codes barres 2D. Ils équipent notamment tous les aéroports pour les portes d’’embarquement exploitant les tags 2D sur mobiles.
- Webedia, la société qui édite le site web PurePeople, qui avec ses 2,5 millions de visiteurs uniques par mois a dammé le pion à toute la presse traditionnelle (Gala, Voici, etc) qui ne s’est pas mise au web assez rapidement. Allez sur le site, vous y découvrirez un élément clé du modèle économique…
- MixCommerce, un bon projet qui prend en charge toute la chaine du commerce électronique – y compris logistique – des marques. A déjà Chanel et Le Tanneur, Aigle International et Kookaï comme clients, parmi d’autres. Le projet démarré il y a un peu moins de deux ans par Philippe Rodriguez, un ancien de Microsoft France, vient de lever 5,5m€ chez X-Ange et Innovacom après avoir levé 2,5m€ au démarrage de son projet, et l’échec de son projet précédent, Wantuno. La société emploie déjà 22 personnes. Son Directeur Général est Pascal Brochard, un autre ancien de Microsoft.
- Pixways et un nouveau service d’échange et de vente de photos entre professionnels, qui lance par ailleurs wordassignment.com (pas encore live), une place de marché de photographes professionnels pour leurs clients potentiels.
- Believe qui édite de la musique en ligne et bouscule toute sa chaine de valeur. Avec 6m€ de revenu en 2008 pour 6m€ de levés.
- Wedia et sa solution NOHETO Open4 de “cross-media publishing” qui permet de créer des contenus pour les publier ensuite dans tous les médias physiques (papier) ou virtuels (web).
Puis, nous avons eu droit à une intervention Nicolas Routier, Directeur Général Délégué en charge du Courrier à La Poste. Qui a évoqué les lenteurs et la volonté pour innover dans ce grand groupe. Avec une innovation originale : des timbres qui sentiront le chocolat et qui seront vendus par les chocolatiers… :).
StartWest (13 mai à la CCI de Rennes)
J’étais invité à intervenir dans cette conférence régionale de rapprochement entre startups et investisseurs potentiels. Sous forme d’un échange avec Cédric Ingrand de LCI (Plein Ecran), j’ai pu traiter des facteurs clés non technologiques de succès des startups. En cinq parties : le leadership, la proposition de valeur, le plan marketing, l’international et la qualité d’exécution. Et en terminant par le bonus de la “chance” qui peut se provoquer par les réseaux et les rencontres.
Cet événement rassemblait un peu plus d’une centaine de participants et une trentaine de projets présentés dans la santé, les greentechs et le numérique. Il était organisé très correctement avec notamment de bonnes conditions de présentation pour les startups et une excellente documentation remise aux participants sur les startups. Dans les présentations, on trouvait les habituels travers des entrepreneurs avec des slides trop remplis, des positionnements pas bien clairs sur les métiers des entreprises. Mais tout de même un niveau de qualité correct par rapport à ce que je peux voir d’habitude.
Voici quelques retours sur les présentations que j’ai pu voir, avec des “me-too” mais aussi quelques solutions originales :
- Cybervia et son offre de Media Center pour la maison capable de diffuser tous les contenus dans toutes les pièces, l’ensemble étant piloté par une interface web et les contenus HD étant supportés, y compris ceux qui proviennent du satellite. J’ai déjà entendu cela quelque part ! L’offre a l’air bien complète sur le papier. Reste à voir l’interface utilisateur qui n’était pas démontrée dans la présentation et comment une telle solution pourra être diffusée au delà du circuit bien étroit des intégrateurs de home cinéma pressentis par la société. L’équipe semble avoir une approche trop technique de son sujet, ce qui se voit notamment sur son site.
- Une solution d’affichage dynamique chez INNES qui combine matériel et une solution logicielle client-serveur, le PlugNCast. L’affichage s’appuie sur une petite set-top-box et un serveur de média. Si le logiciel est bien fait, c’est très bien. Le marché est cependant très encombré. C’est d’ailleurs l’une des activités de Zap-Meeting, la startup de mon ami Didier Langouet, situé près de Lyon.
- Powedia et sa solution de montage vidéo dynamique pour les médias en ligne, issue d’un projet de l’INRIA, qui gère l’insertion publicitaire dans les contenus créés en fonction des profils des utilisateurs.
- BOOZTER et son système de classification automatique de mails, diffusé via les opérateurs télécoms. Avec déjà quelques clients opérateurs “dans le pipe”. Le système ajoute un flag aux mails selon leur classification avec détection sémantique des mails demandant par exemple à réaliser des actions. Il fonctionne avec le systèmes de messagerie existants tels que Gmail ou Outlook.
- Tazcard qui propose un environnement logiciel de développement de solutions exploitant le NFC (RFID à courte portée) et le Zigbee (réseaux sans fil domotiques).
- Tikeasy qui porte une ambition déjà rencontrée chez nombre de startups : créer une tablette facile d’emploi pour équiper les familles et notamment les personnes âgées pour les mettre en contact avec le reste de leur famille. Le tout repose sur du matériel, probablement sourcé en Asie, et une plateforme logicielle applicative pour l’alimenter. Pleins de défis pour un tel projet, les trois premiers étant de créer une réelle valeur et simplicité d’usage, de motiver des développeurs pour créer un écosystème d’application et de faire connaitre puis commercialiser le matériel vers le grand public.
- Et toujours des projets de réseau social et/ou travail collaboratif pour les entreprises comme SEMSOFT et UNEEK (et quelques autres vus chez Scientipôle Initiative la même semaine). La queue de comète des startups positionnées dans l’entreprise 2.0 n’est pas encore passée. La différentiation de ces projets n’est pas toujours évidente. Un bon positionnement dans la cacophonie ambiante est indispensable. Il n’est pas remplacé par deux ou trois clients prospects associatifs brandis pendant la présentation !
Dans Start-west, il y avait aussi quelques startups “exotiques” que je n’ai pas vues comme Market Innov Tech et son système de création de frites surgelées light, DIDHAPTIC et son simulateur de pose d’implant dentaire et S’TILE qui propose un procédé de fabrication de plaquettes de silicium par frittage qui évite le couteux système de l’étirage de lingots de silicium et de leur sciage en tranches.
Bref, tout ça pour se rappeller que l’innovation en France n’a pas lieu qu’à Paris…
Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :
Merci pour la découverte de ces sociétés que je ne connaissais pas (ou presque pas).
J’aime bien le modèle de PurePeople; simple et lucratif 🙂
merci bcp pour ces information …