Science si fiction?

Publié le 8 juillet 2006 - Un commentaire -
PDF Afficher une version imprimable de cet article
  

En se baladant sur Internet, on peut découvrir un nombre impressionnant d’analyses de la véracité scientifique de films de science fiction ou “à effets spéciaux”. Tout y passe, comme les super-pouvoirs de Superman dans le dernier épisode qui sort la semaine prochaine en salle, dans les films de SF qui se déroulent dans l’espace, et sur les clichés associés. On en trouve même sous forme de présentations très sérieuses qui couvrent aussi bien les gadgets de James Bond que les films catastrophes à la Armagedon/Deep Impact. Nous avons aussi les spécialistes de Star Wars III qui expliquent pourquoi cela n’a aucun sens de “tomber” dans le vaisseau du Général Grievous dans la séquence d’ouverture. Dans “Star Trek Tech Is Not So Bold” paru en 2001 dans Wired ( et ), l’auteur s’étonne même de l’absence de ceintures de sécurité dans les vaisseaux spatiaux. Ces différents sites américains sont vraiment fascinants. Vous vous rendrez compte de l’extraordinaire soin que prennent les observateurs à identifier les invraisemblances dans ces différents films. Films qui rappelons le sont tout de même réalisés pour nous distraire et pas pour nous donner des leçons de physique!

Il y a ceux qui cherchent des poux aux films de SF, et puis il y a ceux qui font le lien avec la réalité. Il y a quelques années, j’avais lu un article que je ne retrouve pas qui indiquait par contre que près des deux tiers des objets de science fiction présentés dans la série télévisée Star Trek des années 1960 avaient été concrétisés ensuite. Les plus connus étant les téléphones portables et leurs déclinaisons, les écrans plats, les télécommandes en tout genre ou la visiophonie. Impressionant! C’est dire le côté visionnaire des créateurs de Star Trek à cette époque. En fait, un grand nombre d’inventeurs et d’innovateurs de la high-tech ont été nourris au biberon de la science-fiction. Ils s’en inspirent parfois pour créer de nouveaux produits que le commun des mortels a du mal à imaginer. Dans certains laboratoires de recherche, on réfléchi ainsi aux applications de la téléportation. Et oui, car elle existe au niveau des particules élémentaires (grâce à l’effet tunnel). Des expérience réussies au National Institute of Standards and Technology ainsi qu’à l’université d’Innsbruck en Autriche ont ainsi permis en 2004 de téléporter des atomes et pas simplement avec des photons. Reste évidemment à poursuivre les efforts et à imaginer des applications qui ne relèveront pas tout de suite de la téléportation d’individus comme dans Star Trek. Exemple plus prosaique, excusez du référent Microsoftien, les applications que l’on pourra réaliser avec la prochaine version de Windows (Vista) et ses interfaces Windows Presentation Foundation ressemblent de près aux exemples que l’on trouve dans plein de films de SF et qui étaient réalisées avec des logiciels de génération d’images de synthèse, ou bien en Flash.

Le côté inquiétant de tout cela, c’est que ces génies de la high-tech se posent rarement la question de l’impact sociétal de leurs créations. Que ce soit sur les excès de l’usage de ces technologies, sur les menaces sur la vie privée ou les libertés, sur l’éducation, etc. C’est souvent le rôle de la “société civile”, des associations ou bien des pouvoirs publics de se saisir de ces sujets. Comme ils le font sur les OGM, sur l’énergie ou sur la propriété intellectuelle. Aux USA, les innovateurs de s’embarassent pas de ce genre d’état d’âme. J’ai toujours été surpris par leur optimisme béat, typique de l’esprit “nouvelle frontière” qui habite toujours les entrepreneurs aux USA. Cet optimisme est en tout cas un bon gage de réussite.

Ces observations confirment surtout qu’il ne suffit pas d’écouter ses clients et de surveiller ses concurrents pour innover. Ceci n’amène généralement qu’à des innovations incrémentales, pas à des innovations de rupture. C’est ce que l’on trouve très (si ce n’est trop) souvent dans l’industrie du logiciel où le processus d’innovation est finalement assez lent. Les véritables innovateurs extrapolent ces besoins utilisateurs, et surtout en imaginer d’autres auxquels la technologie inconnue du commun des mortels (comme les nanotechs) permet de répondre.

D’où l’intérêt de bien relier les laboratoires de recherche avec les entreprises innovantes. Liens qui sont encore trop distendus. Le taux de transformation des projets de recherche en applications commerciales est inférieur à 1% d’après Laurent Kott (INRIA Transfert) avec qui je discutais de la question en mai dernier. Et ce, quels que soient les laboratoires de recherche. Taux de transformation incroyablement faible, d’autant plus que les projets de recherche qui aboutissent dans l’absolu ne sont pas la majorité non plus. En France comme ailleurs, le lien entre les projets les plus fous des chercheurs et de l’esprit d’entreprendre des créateurs d’entreprise mérite donc d’être consolidé. Pour que la science ne soit plus de la fiction!

RRR

 
S
S
S
S
S
S
S
img
img
img

Publié le 8 juillet 2006 Post de | Actualités, Technologie | 7081 lectures

PDF Afficher une version imprimable de cet article     

Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :


 

RRR

 
S
S
S
S
S
S
S
img
img
img

Un commentaire sur “Science si fiction?” :




Ajouter un commentaire

Vous pouvez utiliser ces tags dans vos commentaires :<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong> , sachant qu'une prévisualisation de votre commentaire est disponible en bas de page après le captcha.

Last posts / derniers articles

Free downloads

Understanding Quantum Technologies 2023, a free 1,366 pages ebook about all quantum technologies (computing, telecommunications, cryptography, sensing) also available in paperback edition on Amazon:

image

Free downloads

Understanding Quantum Technologies 2023 Short version, a 24 pages with key takeaways from the eponymous book.

image

Voir aussi la liste complète des publications de ce blog.

Derniers albums photos

Depuis juillet 2014, mes photos sont maintenant intégrées dans ce site sous la forme d'albums consultables dans le plugin "Photo-Folders". Voici les derniers albums publiés ou mis à jour. Cliquez sur les vignettes pour accéder aux albums.
albth
QFDN
Expo
791 photos
albth
Remise Légion d'Honneur Philippe Herbert Jul2021
2021
15 photos
albth
Vivatech Jun2021
2021
120 photos
albth
Visite C2N Palaiseau Mar2021
2021
17 photos
albth
Annonce Stratégie Quantique C2N Jan2021
2021
137 photos
albth
Maison Bergès Jul2020
2020
54 photos
albth
Grenoble Jul2020
2020
22 photos

image

Avec Marie-Anne Magnac, j'ai lancé #QFDN, l'initiative de valorisation de femmes du numérique par la photo. Elle circule dans différentes manifestations. L'initiative rassemble près de 800 femmes du numérique (en janvier 2022) et elle s'enrichit en continu. Tous les métiers du numérique y sont représentés.

Les photos et les bios de ces femmes du numérique sont présentées au complet sur le site QFDN ! Vous pouvez aussi visualiser les derniers portraits publiés sur mon propre site photo. Et ci-dessous, les 16 derniers par date de prise de vue, les vignettes étant cliquables.
flow
Gaëlle Rannou
Gaëlle est étudiante à 42 Paris et tutrice de l’équipe pédagogique (en 2021).
flow
Jehanne Dussert
Jehanne est étudiante à l'école 42, membre d'AI For Tomorrow et d'Open Law, le Droit ouvert. Elle est aussi fondatrice de "Comprendre l'endométriose", un chatbot informant sur cette maladie qui touche une personne menstruée sur 10, disponible sur Messenger. #entrepreneuse #juridique #santé
flow
Chloé Hermary
Chloé est fondatrice d'Ada Tech School, une école d'informatique alternative et inclusive dont la mission est de former une nouvelle génération de talents diversifié à avoir un impact sur le monde. #entrepreneuse #formation
flow
Anna Minguzzi
Anna est Directrice de Recherche au CNRS au Laboratoire de Physique et Modélisation des Milieux Condensés (LPMMC) à Grenoble. #quantique
flow
Maeliza Seymour
Maeliza est CEO et co-fondatrice de CodistAI, qui permet de créer une documentation du code informatique par une IA.
flow
Candice Thomas
Candice est ingénieure-chercheuse au CEA-Leti, travaillant sur l’intégration 3D de bits quantiques au sein du projet Quantum Silicon Grenoble. #recherche #quantique
flow
Stéphanie Robinet
Stéphanie dirige un laboratoire de conception intégrée de circuits électroniques du CEA-Leti qui travaille sur des systèmes sur puces intégrés, des interfaces de capteurs, des interfaces de contrôle de qubits et de la gestion intégrée de l'énergie. #recherche #quantique
flow
Sabine Keravel
Sabine est responsable du business development pour l’informatique quantique chez Atos. #quantique #IT
flow
Céline Castadot
Céline est HPC, AI and Quantum strategic project manager chez Atos.
flow
Léa Bresque
Léa est doctorante, en thèse à l'institut Néel du CNRS en thermodynamique quantique, sous la direction d'Alexia Auffèves (en 2021). #quantique #recherche
flow
Emeline Parizel
Emeline est chef de projet web et facilitatrice graphique chez Klee Group, co-fondatrice TEDxMontrouge, gribouilleuse à ses heures perdues, joue dans une troupe de comédie musicale, co-animatrice de meetups et est sensible à l’art et à la culture. #création
flow
Elvira Shishenina
Elvira est Quantum Computing lead chez BMW ainsi que présidente de QuantX, l'association des polytechniciens du quantique. #quantique
flow
Marie-Noëlle Semeria
Marie-Noëlle est Chief Technology Officer pour le Groupe Total après avoir dirigé le CEA-Leti à Grenoble. #recherche
flow
Gwendolyn Garan
Gwendolyn est travailleuse indépendante, Game UX Designer, Game UX Researcher (GUR) et 2D Artist pour le jeu vidéo, étudiante en Master 2 Sciences du Jeu, speaker et Formatrice sur l'autisme et la neurodiversité, l'accessibilité et les systèmes de représentation dans les jeux vidéo. #création #jeuvidéo
flow
Alexandra Ferreol
Alexandra est étudiante d'un bachelor Game Design à L'Institut Supérieur des Arts Appliqués (année scolaire 2019/2020) #création #jeuvidéo
flow
Ann-elfig Turpin
Ann-elfig est étudiante en deuxième année à Lisaa Paris Jeux Vidéos (Technical artist, 3D artiste), année scolaire 2019/2020. #création #jeuvidéo

Derniers commentaires

“[…] to Olivier Ezratty, author of Understanding quantum technologies 2023, the challenge for Europe is to position itself outside of where the US and China are likely end up...”
“Désolé, je suis passé à l'anglais en 2021 sans revenir au français. Traduire un tel ouvrage (1366) pages d'une langue à l'autre est un travail herculéen, même avec des outils de traduction automatique. Sachant...”
“Je suis un artiste conceptuel, certes je garde la grande majorité de mon travail dans ma tête par défaut d'un grand mécène. Mon travail de base se situe sur le "mimétisme" qui mène aux itérations et de nombreux...”
“Better than a Harry Potter! Thanks Olivier...”
“J'ai bien aimé le commentaire sur le film Openheiner avec l'interrogation du chercheur sur l'utilisation de ses découvertes. En continuation de ces propos, je propose d'écouter le débat suivant qui m'a semblé...”

Abonnement email

Pour recevoir par email les alertes de parution de nouveaux articles :


 

RRR

 
S
S
S
S
S
S
S
img
img
img