La seule promesse vraiment tenue liée à l’affiche de l’Université d’Eté 2009 du MEDEF était cette lunette télescopique de l’enfant de l’invitation.
On la retrouvait sur place sous la forme d’un festival d’objectifs d’appareils photo… que je me fais un malin plaisir ici à commenter pour nous changer des crises planétaires.
Les photographes
Etant amateur de photo, il m’est toujours intéressant de regarder de près comment les pros travaillent dans ce genre d’événement. C’est une bonne source d’inspiration pour faire soi-même des progrès.
La concentration de “people” attirait comme d’habitude une bonne douzaine de photographes professionnels suréquipés. J’ai beau être assez frappé de ce côté là, je suis encore un petit scarabée par rapport à certains.
L’équipement des photographes professionnels – souvent indépendants – est souvent un couple de réflex Canon EOS 1D et 1Ds (III). L’un est adapté à la haute résolution et l’autre à la photo “sportive” avec une cadence de 10 images par secondes. Les pros ont aussi souvent un Canon 5D Mark II (remplaçant le 5D qui date de 2006) notamment lorsqu’il faut se déplacer “léger”. Derrière la majorité Canon, on trouve quelques pros équipés en Nikon D3 ou autre. Petite manière de les repérer : les pros équipés Canon ont souvent un objectif en partie blanc crème et les pros Nikon ont un objectif tout noir. Petite exception : les autres marques de boitiers, et les photographes équipés de boitiers Canon et d’objectifs d’autres marques comme Sigma ou Tamron. Mais les pros diront que ce n’est pas pro de ne pas prendre du Canon en optique.
Les photographes pros travaillent souvent en meute (ci-dessus et ci-dessous) et se ruent sur les intervenants avant le début de chaque session. Ceux-ci se prêtent bien au jeu et posent. Ensuite, ils butinent en se déplaçant dans la salle, si possible près de l’estrade. Un intervenant qui parle et qui bouge les mains est plus intéressant que lorsqu’il fait la pose !
Les objectifs
Pour bien photographier un événement, il faut en général disposer d’un bon téléobjectif qui permettra de saisir un intervenant de loin. Ceci, dans toutes les conditions d’éclairage. Pour les plénières du MEDEF, la salle était bien éclairée, mais avec un contre jour assez fort nécessitant de passer en manuel pour le réglage de l’appareil.
Le téléobjectif bon à tout faire pour les conférences des pros Canon est le 70-200 2.8 IS USM de Canon (IS = stabilisé, USM = autofocus motorisé, 2.8 = ouverture maximale du diaphragme, le plus petit étant le mieux, et 70-200 la plage de focale du zoom). L’ouverture à 2.8 permet de capter un orateur dans toute salle sous quasiment tout éclairage, même sans flash. Les pros utilisent parfois un flash qui envoie son éclair vers le plafond pour éviter de générer une peau blafarde. Eclairer le plafond permet de créer une sorte d’éclairage artificiel diffus de la pièce. Encore faut-il qu’il y ait un plafond et qu’il soit blanc…
Voici un objectif tout terrain rarement vu chez les pros : le 50-500mm de Sigma. Mais était-ce un photographe pro ? Il était monté sur un Canon EOS 5D Mark II en tout cas. L’avantage est d’avoir une grande plage de focale. Ceci se fait en général au détriment de la qualité de l’image et aussi de l’ouverture. Ce télé ouvre à 4.0/6.3. Cela veut dire 4.0 lorsqu’il est à 50 mm et à 6.3 lorsqu’il est à 500 mm. Ouverture moyenne qui certes peut-être compensée par la grande sensibilité du Canon 5D II qui monte allègrement à 6400 ISO, mais insuffisante en intérieur à moins d’utiliser un flash.
Ce photographe équipé Canon et 70-200 disposait d’un émetteur Wifi dont l’utilité n’était pas claire. Probablement un déclencheur de flash à distance, mais il n’avait pas de flash à distance. L’émetteur wifi chez Canon se place en général en dessous de l’appareil.
Un pro a en général deux appareils : un avec un télé et un autre avec un grand angle. Ici, le grand angle est un zoom 24-70mm qui ouvre à 2.8. C’est le complément idéal du 70-200mm.
Un autre téléobjectif Canon, le 100-400mm qui ouvre à 4.5-5.6. Il agrandit deux fois plus que le 70-200mm. Mais il ouvre bien moins. Il est donc adapté aux situations où l’éclairage est correct ce qui était le cas sous la tente du MEDEF. Mais en intérieur, il vaudra mieux l’éviter.
On passe au lourd et au plus rare, ici un téléobjectif mono-focale de 200mm ouvrant à 2.0. Bien pour les portraits ou photos de groupes de qualité réalisés à distance. Mais par rapport au 70-200mm dans une salle aussi bien éclairée, c’est un peu too much.
Et on passe au monstre, pourtant pas le plus gros des téléobjectifs chez Canon, ce 400mm 2.8. Le photographe avec qui j’ai pu discuter l’apprécie pour son “piqué”’ (la netteté des images sur toute la photo) et son ouverture. Il utilise curieusement un flash (580 EX Canon) même à assez grande distance, pour améliorer à la marge l’éclairage en contre jour des intervenants). Ce télé coûte la bagatelle d’environ 8000€ et pèse plus de 5 Kg :). Ce n’est plus un sac à dos qu’il lui faut mais une valise à roulettes !
Pour le “rest of us”, dans les compacts, il y avait sur place deux valeurs sures : les Canon G10 et les Panasonic Lumix LX3 et LZ7. Ces derniers ont des automatismes vraiment performants et une très bonne qualité d’image, tant qu’il y a de la lumière. Après, avec le flash, cela se gâte un peu.
Enfin, si les photographes pros sont généralement des hommes, on peut constater qu’un grand nombre de cameramen sont des camerawomen. Un phénomène que je n’explique pas particulièrement.
Et mes photos ?
J’ai publié les photos que j’ai retenues d’une abondante moisson sur Picasa Web Album sachant que certaines émaillent mes différents articles. Faites pour la plupart avec un 5D II et un 70-200mm, et quelques unes avec un 16-35 mm.
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pour l’anecdote, c’est en regardant l’objectif d’un “pro” l’an dernier que j’ai reperé mon doubleur de focale 2x, et que je l’ai acheté dans la foulée 🙂 mais en effet il avait un f/2.8 et non pas le f/4 que j’ai pris.
et puis n’oublions pas le blogueur lui-même photographié AVEC son matériel, son Canon 5D Mark II comme les pros. 😉
http://www.flickr.com/photos/feuilllu/3882831750/in/set-72157622...
Mes propres photos d’amateur de l’évènement avec un modeste Lumix LX-3
http://www.flickr.com/photos/feuilllu/sets/72157622219749192/det...
Petite différence : pour les pros, l’appareil principal est souvent un EOS 1Ds ou 1D (mark III actuellement), utilisé en double (longue et courte focale). Le 5D ou 5D II est plutôt un appareil de complément utilisé lors de déplacements où il faut être “léger”.
Nuance : le capteur du 5D II peut-être considéré comme meilleur que celui des 1D. Mais pas l’autofocus qui est bien supérieur et plus réactif sur la série des 1D/1Ds.
Je ne sais pas si c’est lié à votre équipement, mais vous avez un talent exceptionnel pour capter les émotions, les pensées des sujets par vos clichés. Vous êtes un très bon photographe. J’avais pu le constater lors de votre derniers reportage sur le Web 2008, ainsi que lors du voyage de NKM en Corée, et maintenant lors de ce meeting. Ce sont des archives très interessantes sur ce qui se prépare actuellement dans le numérique. Vous devriez intégrer dans votre blog, un coin “photothèque” classée par thème, par date, etc. Et avec un service payant. Vous devriez vous aussi proposer des innovations dans ce domaine en servant de “labo”.
Merci Sylvain pour ces compliments.
L’équipement permet d’avoir quelque chose de correct sur la photo.
Voici quelques autres trucs sommes toutes classiques :
– Bien faire attention au cadrage et recadrer éventuellement “au tirage”
– Bien saisir la gestuelle, notamment lorsque c’est possible, les mains. Un réflex est plus approprié qu’un compact ou un bridge car il permet de saisir l’instant au dixième de secondes près.
– Prendre les photos de loin pour que les sujets ne posent pas et soient naturels. Ou au contraire, de près, après avoir créé une certaine complicité avec eux.
– Prendre beaucoup de clichés pour faire ensuite le tri. L’oeil du photographe s’exerce à près de 60% dans le choix après avoir pris les photos.
– Pour les portraits, jouer sur la profondeur de champ (qui permet par exemple de flouter l’arrière plan). Facile avec un réflex “full frame”, et quasi-impossible avec un compact et même un bridge.
– Utiliser de préférence la lumière naturelle en évitant le flash. Maintenant que les réflex ont une très bonne sensibilité et avec une optique qui “ouvre bien” (2.8 pour un télé par exemple), on peut se passer du flash dans presque toutes les circonstances. Cela donne parfois des photos un peu trop bruitées, mais elles restituent mieux l’atmosphère qu’une photo prise avec un flash.
– Seule exception à la règle précédente, les photos prises en studio avec des flashes de studio, qui permettent un contrôle de la lumière très fin qui n’a rien à voir avec celui d’un flash interne à l’appareil et même un flash monté dessus (sur les réflex pros).
– Prendre les photos en RAW pour corriger la balance des blancs avec un logiciel (Adobe Lightroom dans mon cas). Pour gagner du temps, les pros ont maintenant tendance à n’utiliser que le JPEG et à régler la balance des blancs en manuel ou à faire confiance à l’appareil. Comme je préfère faire de la qualité, j’utilise RAW+JPEG.
Bonjour,
Sympa, votre reportage sur les zooms.
Je viens de voir cela suite à une recherche sur “le flash monté sur un téléobjectif”.
Votre article sur le sigma 50-500mm est rigolo. L’ayant pour des photos extérieurs, il est assez remarquable, mais beaucoup ne le connaisse pas. Rare de le voir dans les mains d’un photographe, soit pro ou amateur.
Par contre, je ne l’ai jamais essayé en intérieur. Les essais étaient sombre. Avec flash, la photo a moitié noir.
Dû coups, la flash est déporté sur le téléobjectif au niveau de l’attache pied.