L’arrivée à la Réunion de Maud Fontenoy à la réunion après son tour du monde à la voile de cinq mois a été largement couverte par les médias. Tous ont salué à juste titre le courage et la persévérance de la navigatrice en solitaire, son bonheur, l’accueil des réunionnais, et la fête qui a suivi.
Mais il est un point les médias n’ont pas souligné (tout du moins ceux qui me sont passés sous le nez), c’est la débrouillardise de la navigatrice. En effet, quand elle a dématté, le mat de 28 mètres était foutu. Elle a d’abord du s’en débarrasser et elle a conservé la bôme pour en faire un mat de fortune. L’ensemble a l’air de faire au moins 10 mètres de hauteur, et il y avait deux voiles attachées à ce mat de fortune, qui lui ont permis de naviguer pendant trois semaines pour rejoindre la Réunion à partir du milieu de l’océan Indien.
Cette aventure est vraiment unique et extraordinaire. Ces bômes ont beau être probablement en fibre de carbonne et donc avec d’une faible densité, c’est un sacré exploit de que pouvoir en fixer une de dix mètres de haut au bâteau, verticalement et solidement, et tenir le coup avec pendant trois semaines. Personne ne se demande d’ailleurs comment elle a pu faire cela. Et je serais bien curieux de le savoir car son site ne parle que de l’usage d’une bête scie à métaux, sans plus. Les cordages qui tiennent le mât doivent avoir contribué à sa solidité. En faisant un racourci un peu exagéré, cela me rappelle un peu l’histoire d’Appolo 13, vous savez, l’anecdote du filtre à oxygène installé avec du scotch.
Pour mémoire, voici le bâteau de Maud Fontenoy après le dématage (source: Reuters) lorsqu’elle a croisé un cargo allemand:
Et le même au retour à la Réunion (source: L’Oréal Paris):
Au delà de cet aspect technique, cette arrivée de Maud Fontenoy était exemplaire. C’est le “projet de dans les livres” que l’on évoque dans les stages de motivation. Il faut dans la vie savoir se fixer des buts, alignés sur ses passions, et aller jusqu’au bout même si cela semble irréalisable au premier abord. Et ne jamais lâcher, toujours persévérer. L’une des activités de Maud est de donner des conférences sur la motivation dans les entreprises. Là, elle a fait un zéro faute et pourra allègrement remplir son agenda en conférences. C’est aussi une belle source d’inspiration pour les entrepreneurs en herbe. Car son projet est loin d’être une improvisation. Il y a un énorme travail de préparation en amont, des sponsors, des architectes, etc.
Le démattage avait du donner des sueurs froides au principal sponsor de Maud Fontenoy: L’Oréal. Et l’arrivée triomphale à la Réunion aura pour cette marque presque plus de valeur en termes d’image qu’une arrivée sans problèmes après ce tour du monde. Mais paradoxalement, les valeurs que l’on pourrait attribuer à cette marque du fait de cette performance ne collent pas forcément à ce qu’elle représente. Elle vend de l’apparence, du rêve, du savoir-être, elle touche surtout la population féminine. Les valeurs attribuables à la marque après l’exploit de Maud Fontenoy colleraient plus à une entreprise de sport (Nike), de high-tech (HP, Intel, Google), ou la culture du dépassement et du projet sont mis en avant plus que celle du paraitre. Mais par contre, cela colle bien avec la culture interne, très compétitive, qui règne au sein de L’Oréal. Quand aux autres organisations qui sponsorisaient Maud, elles relevaient plus de l’institutionnel (Ministère de l’Outre Mer, celui des Sports, le Musée de la Marine, la Marine Nationale, France Info, la ville de Meaux, et quelques marques moins connues). En tout cas, bravo à L’Oréal, car ce sponsor a bien soutenu sa championne, en préservant sa sécurité tout en l’aidant à aller jusqu’au bout.
Dans le genre de la personne “qui va au bout de ses rêves”, je suis tombé sur cette maison, celle de John Travolta, qui vaut le détour. Le mec a carrément un garage pour son Boeing 707 et son Gulfstream, à côté d’une piste d’aéroport visiblement partagée avec un autre copropriétaire, et d’un hélipad. Le détail de sa baraque qui se situe en plein milieu de la Floride, au nord ouest d’Orlando, est ici.
La photo aérienne de la “maison” :
La maison, vue de Google Earth (image qui a l’air d’être caviardée):
On s’éloigne un peu :
Et voilà la “copropriété” avec la piste qui va avec :
Rêver l’impossible, il n’y a que cela de vrai… !
Reçevez par email les alertes de parution de nouveaux articles :
le vrai Mac Gyver des mers c’est incontestablement Yves Parlier. Lors du Vendée Globe 2000-2001, en tête de la course au sud des Kerguelen, il casse son mât en 3 morceaux, en récupère deux, monte sa bôme en mat, s’arrête à l’abri d’une ile sans mettre pied à terre (pour ne pas être disqualifié), et entame un réparation qui va durer deux semaines pour se refaire un mat en fabriquant un mini four pour stratifier,… Et il repart finir le tour du monde avec un mat nettement plus court, et trouve aussi le moyen de se nourrir car il n’a pas assez de nourriture. Il arrive 34 jours seulement après le premier ! Pour ceux que cela intéresse lisez son livre “Robinson des mers”.
Sans dévaloriser le parcours de Maud Fontenoy (très décriée dans le milieu de la voile), ce qu’elle a fait (à savoir monter une bôme en mât) est à la portée de beaucoup de marins. Une qualité reconnue de Maud est d’être une excellente communicante …
OK, tu remets bien les choses en place pour relativiser la performance. Je n’y connais rien à la voile!
En tout cas pour Maud, il y a donc une bonne combinaison de savoir faire et de faire savoir. Indispensable pour la réussite!
Pour préciser un peu le message de Jacques, Yves Parlier avait le droit de poser pied à terre, pour peu qu’il restât dans la zone que la marée recouvre. Bon, ça ne fait pas beaucoup, certes, mais c’est mieux que rien.
Je suis plus un adepte des exploits en montagne que sur les océans, mais j’avoue avoir été bluffé par cette arrivée à bon port.
J’ai également pu constaté que la médiatisation (et donc le talent de communiquante de Maud) de cette aventure avait touché beaucoup de monde au sein de mon agence, et chez L’oréal.
Pari gagné, mission accomplie !
Quel sera le prochain rêve de cette navigatrice ?
John Travolta serait-il capable de monter sa bôme en mat ? that is the question…