Forum sur Microsoft chez Challenges.fr

Publié le 3 juillet 2008 - 2 commentaires -
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Voici une reprise de mon intervention d’hier dans un forum de la revue Challenges. Histoire de remettre cela dans un français un peu plus correct, d’ajouter quelques compléments et quelques illustrations !

Challenges

Le thème était “Microsoft après Bill Gates”. Et les questions portaient sur plein de sujets. Et Google, et Yahoo, et Ballmer, et Vista, etc. Alors, voici que voilà. Les photos et les textes en italiques sont des ajouts.

Comment soutenir Bill Gates dans sa mission caritative ?

Il faut consulter le site web de sa fondation et leur faire des propositions. La question la plus fréquente, c’est comment obtenir des financements de leur part pour une action clé. Je n’en sais pas beaucoup plus à vrai dire.

En amont, la fondation finance des travaux de recherche sur certaines maladies comme les maladies tropicales (Malaria). En aval, elle finance des campagnes de vaccin. C’est probablement là qu’il y a des choses à faire.

Où en sont les procès de Microsoft contre l’UE, sont-ils sortis d’affaires?

En fait, la procédure initiée dans les années 1990 s’est terminée il y pas longtemps avec des amendes pour Microsoft et une nouvelle règle de fonctionnement sur l’interopérabilité des logiciels Microsoft, que ce soit au niveau Windows Server ou Windows Media Player.

Maintenant, il y a certains concurrents de Microsoft qui ont relancé la machine et la Commission Européenne (direction de la concurrence) qui ont l’éditeur à l’oeil sur les évolutions de Vista comme ce qui se passe autour d’Office.

Petit point de sémantique: contrairement aux USA, il ne s’agissait pas vraiment d’un procès au sens classique du terme. Mais d’une enquête de la Commission suivie d’une décision, que Microsoft a ensuite contestée à la Cour Européenne de Justice, et Microsoft a perdu cet appel. La procédure n’était pas publique contrairement à la procédure américaine où c’est le Département de la Justice Américain (en charge de la concurrence) qui attaquait Microsoft devant un tribunal (première instance, de Washington DC).

Quel sont les chances à long terme de Microsoft face à Google ?

A long terme, pas facile de dire. La question est aussi : rattraper sur quoi ? Sur les moteurs de recherche ? Sur le chiffre d’affaire Internet ?

La position actuelle est la suivante : chiffre d’affaire de Microsoft sur Internet d’environ 3 milliards de $, et Google fait plus de 20 milliards. Donc, gros rattrapage en perspective d’un point de vue strictement mathématique ! Sachant que Microsoft croit actuellement à un rythme d’environ 35% (un peu au dessus du marché) et Google de 50%.

Ce qui est intéressant, c’est que Microsoft et Google ont à peu près autant d’Internautes "clients" (plus de 500 millions pour le premier et 700 pour le second). Mais le revenu par utilisateur généré par Microsoft est de moins du cinquième de celui que Google génère. La magie du search qui permet de faire de la publicité contextuelle opère en faveur de Google. Microsoft qui est plutôt bon des les outils de communication (Hotmail, Messenger) monétise plus difficilement ces services par de la publicité.

Pour rattraper Google, soit Microsoft arrive à créer une véritable rupture dans le service du search (par exemple, dans la recherche sémantique) et là, peut-être pourra-t-il gagner des parts de marché. Ou bien il trouve un contournement, par exemple autour de la mobilité ou des réseaux sociaux. En étant très créatif et disruptif.

Pour l’instant, aucune de ces deux pistes ne fonctionne. Leurs énormes investissements en R&D sur le search ne sont pas encore payants. Leurs acquisitions récentes autour du search non plus car elles seront longues à digérer.

Sur les réseaux sociaux, l’investissement dans Facebook de l’automne dernier est loin de constituer une avancée pour Microsoft. Il a juste enrichi le portefeuille publicitaire de Microsoft.

Steve Ballmer est il un bon patron ?

Ca dépend de la dimension prise en considération. Pour moi, globalement, oui.

Ses points forts :

  • Très dynamique et énergisant pour ses équipes
  • Excellent contact avec les clients. Il a une forte empathie.
  • Meneur d’hommes. Proche des gens. A un niveau assez incroyable pour un patron d’une boite de cette taille.
  • Très bonne mémoire, vision globale des choses.
  • Bonne écoute, contrairement aux apparences.

Voici un cadeau Bonux pour illustrer cela : une photo de Steve Ballmer entouré de collaborateurs de Microsoft France prise fin juillet 1998 à New Orleans. C’était un coup monté dans l’euphorie de la victoire de la France à la coupe du monde. Je tenais l’appareil photo (un Olympus de 1,3 mpixels qui mettait 3 secondes à déclencher la photo). Et comme l’appareil était très lent, je demandais à Thierry qui tient la tête de Ballmer, de la tenir plus longtemps. La majorité des gens sur la photo travaillent encore chez Microsoft aujourd’hui.

Ballmerenbarthez

Ses points faibles que j’ai en tête:

  • Pas très technologue, en tout cas beaucoup moins que Bill Gates, mais en fait, autant si ce n’est plus que plein de patrons de grandes boites du secteur des technologies.
  • Parfois… trop gentil ! Oui, il a du mal à se débarrasser des gens qui bossent pour lui et ne sont pas bons.
  • Parfois maladroit, notamment dans ses prises de parole publiques (le "cancer" associé au logiciel libre, alors qu’il pensait en fait à la licence GPL…).
  • La faiblesse de sa force de leadership : elle intimide trop certaines des personnes qui travaillent pour lui.

J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de lui présenter des plans, de discuter avec lui, comme avec Bill Gates. Et au bilan, j’ai beaucoup plus apprécié Ballmer. Gates est assez froid dans son approche, et pas facile à aborder. Alors que Ballmer donne l’impression (certes, peut-être factice) qu’on est presque "pote".

Comment vit-on la baisse de la bourse et du cours de Microsoft en interne ?

Ca a moins d’impact qu’il y a dix ans ou après la chute des valeurs technologiques de 2000/2001 car il n’y a plus de stock options attribuées chez Microsoft depuis 2003. Les collaborateurs bénéficient maintenant de plans d’attribution d’actions, avec un effet de levier financier et un impact beaucoup plus faible qu’avec les stock options, surtout pour ceux qui ne sont pas haut dans la hiérarchie. Leur fiscalité est aussi très élevée (charges sociales et IR).

Aujourd’hui, la rémunération chez Microsoft a tendance à se rapprocher de celle de beaucoup d’entreprises classiques du secteur. Même si ils ne sont pas à plaindre (en France) avec notamment une belle participation aux bénéfices de l’entreprise. Les commerciaux font plus attention à leur bonus lié à leurs ventes qu’au cours de l’action. Les autres, ont un bonus avec une échelle faiblement variable.

Petite exception: ceux qui ont plus de 5 ans d’ancienneté et avaient eu des stock-options avant 2002. Mais il y en a de moins en moins, et ces stock-options sont je crois plus ou moins "underwater" (attribuées à un cours supérieur au cours actuel).

Je pense qu’en interne dans ce genre de boite, on vit plus difficilement les moments où la société est la cible de fortes critiques dans les médias et où ces critiques ne sont pas forcément justifiées. C’est ce qui arrive aussi aux employés d’entreprises comme Total, la Société Générale et autres entreprises très exposées médiatiquement. On oublie parfois que leur exposition génère un sérieux impact sur le moral de dizaines de milliers de collaborateurs en France, quand ce n’est pas du stress…

Est-ce que Microsoft France embauche?

Oui, certainement, bien plus de 100 personnes par an, et notamment des consultants sur leurs technologies. Allez sur leur site pour voir les offres d’emplois. Ils embauchent aussi aux USA.

Deux explications: c’est encore une entreprise en croissance (aux alentours de 12% je crois en France) et il y a un turn over (faible au demeurant au regard de la profession), donc il faut bien remplacer ceux qui partent.

Je crois que l’effectif de Microsoft au niveau mondial a grandi d’au moins 8000 personnes sur cette année fiscale. Ils sont environ 90000. Et près de 1500 en France.

Je ne crois pas deux secondes que Bill Gates va prendre du recul… à mon avis c’est juste une histoire de communication. Qu’en pensez vous ?

Il y a un peu de vrai là dedans.

Bill Gates ne quitte pas Microsoft pour deux raisons:

  • Il en reste le Chairman (président du conseil d’administration). C’est donc lui qui nomme le CEO !
  • Il continuera de bosser sur la stratégie technologique de Microsoft, mais cette fois-ci à temps partiel au lieu d’être à temps presque complet.

Et puis, il fera ce qu’il voudra. Le jour où il pensera que son interventionnisme sera nécessaire, il le fera.

C’est en tout cas un gars qui a bien préparé son départ. Cela fait 10 ans que cela dure tout de même (Ballmer nommé Président en 1998 puis CEO en 2000)! Et cela va durer encore quelques années.

Il y a eu en tout cas un bon travail de communication, très orchestré par Microsoft Corp pour préparer ce départ et le marquer fortement. Les interviews de Bill Gates à la presse mondiale (dont Challenges), les interviews de ses collaborateurs et de ses concurrents, tout cela est (plutôt bien) orchestré. Microsoft aussi a ses spin doctors, même s’ils ne réussissent pas toujours leur coup !

Ci-dessous Bill Gates dans une photo prise en février 1999. Il cherche à répondre à une question posée par Daniel Ichbiah, qui l’interviewait ce jour là. La question était “Qu’est-ce qui est techniquement impossible à réaliser avec les (énormes) moyens dont vous disposez”? Réponse: “Aller plus vite que la lumière, … et ce qui en découle”.

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Microsoft représente-t-il encore un monopole menaçant pour les autres entreprises et le consommateur ?

Cela fait 10 ans que l’on entend cela. Et si menace il y a eu ou il y a, elle est assez bien jugulée : la concurrence reste vive, et les puissances publiques (USA, EU) se chargent de mettre la pression – notamment au niveau de l’interopérabilité.

Il y a 10 ans, on craignait que Microsoft contrôle l’Internet à cause de sa dominance avec Internet Explorer. C’était oublier la grande diversité de l’Internet et du marché des nouvelles technologies. Et donner au passage trop d’importance (en tout cas à l’époque) au navigateur.

Finalement, si menace il y a, elle est plus diffuse. Google est plus menaçant que Microsoft sur le contrôle de l’information par rapport aux craintes initiales concernant Microsoft. Regardez Firefox qui a maintenant plus de 21% de parts de marché. Et Linux sur les serveurs Web, etc. Et Adobe avec Flash. Le monde est multipolaire. Autant en géopolitique qu’en TIC.

Autre menace, nous faire perdre du temps lorsqu’il y a des problèmes de qualité dans les logiciels. Quand vous avez un problème dans Windows qui fait perdre disons une minute par jour (en étant gentil), il faut multiplier cela par presque un milliard (de PC dans le monde). 1 milliard de minutes par jour, cela fait combien de millions de $? Le poids qui pèse sur Microsoft est considérable de ce point de vue là. Quand ils améliorent à la marge la rapidité d’usage de Windows (ou Office), ou bien produisent des régressions, l’impact est énorme.

Avez vous des infos sur l’ambiance à Microsoft France, on dit que c’est détestable ?

Ca doit dépendre des équipes et du comportement du manager. Cela a toujours été le cas. Et cela doit être aussi le cas dans votre propre boite.

Ce qui change, c’est que le marché de l’informatique est de plus en plus difficile. La croissance n’est plus ce qu’elle était (NB: dans le marché de l’entreprise, qui représente environ 80% du CA d’une filiale). Résultat : la pression commerciale est plus forte. C’est la même chose chez tous les acteurs de ce secteur (le logiciel d’entreprise). Côté grand public, cela va mieux car le marché où est situé Microsoft est en plus forte croissance: la XBOX ne se porte pas trop mal, et MSN a une très bonne croissance en France (plus de 50% je crois).

Donc pour revenir au point de départ : l’ambiance varie énormément selon la manière dont les managers gèrent "la pression" vis à vis de leurs collaborateurs.

Est-ce que je peux mettre Windows Mobile 6 sur un iPhone ? Et inversement, est-ce que je peux mettre un OS ou une interface genre iPhone sur un smartphone Windows ?

A ma connaissance, non pour le premier point. Apple n’a pas ouvert l’iPhone à ce point !

Par contre, certains constructeurs de smartphones équipés de Windows Mobile 6.1 (la dernière mouture) n’hésitent pas à y ajouter des briques logicielles spécifiques. Je viens de lire je ne sais plus où qu’HTC avait installé un navigateur Opera sur son dernier smartphone. Les constructeurs comme les opérateurs essayent de différentier ainsi leurs offres. Ce qui est moins facile à faire avec un iPhone.

On retrouve la même différence qu’entre le marché Apple/Mac et le marché Microsoft/PC. Le premier est plus homogène, ergonomique mais moins ouvert. Le second est plus divers, plus concurrentiel mais moins ergonomique, ou tout du moins d’une ergonomie pour le moins très variable.

Les problèmes avec Vista sont-ils résolus ? Ou vaut-il mieux attendre Windows 7 ?

Cela dépend de quels problèmes on parle !

Côté performances, avec le Service Pack 1 et une machine récente (2 Go de RAM, une bonne carte graphique, un processeur dual core d’au moins 2 Ghz et un disque dur SATA), 90% des problèmes sont résolus. Tout du moins, si l’on ne stresse pas trop sa machine. Pour un usage courant dans le grand public, cela va. Mais il faut s’habituer à la nouvelle interface.

Pour la compatibilité avec les périphériques, la situation est maintenant à peu près normalisée. Sauf peut-être pour quelques périphériques très anciens.

Pour l’aspect "finition" (détails d’ergonomie dans l’interface utilisateur, notamment dans la gestion de photo), il y a encore du travail. Et on peut espérer des améliorations avec la prochaine version ou le prochain service pack.

J’ai l’impression que Microsoft a compris la bourde avec Vista et va essayer de mieux écouter ses clients. Ils ont d’ailleurs lancé un site web pour cela (voir par exemple http://www.istartedsomething.com/taskforce/).

Quel successeur à Bill Gates sera suffisamment charismatique pour fédérer tous les métiers de la société et toutes ses équipes ? Ballmer ? Ray Ozzie ? Kevin Turner ?

Les leaders fondateurs sont irremplaçables à l’identique !

De tous ces gens, Ballmer est le mieux placé pour moi. Ray Ozzie est peut-être un visionnaire, mais il n’a pas charisme et ce n’est pas du tout un manager. Cela ne l’intéresse même pas.

Ceci étant, je trouve qu’on glorifie trop Bill Gates comme manager de Microsoft. Cela fait 10 ans qu’il ne gouverne plus l’entreprise. Il aussi commis un tas d’erreurs (le plus souvent, d’ordre techniques, qui ne sont pas grand public). Parfois, il est un peu en décalage avec la vitesse d’absorption du marché, comme avec le Tablet PC. Il est faillible et il l’admet. Il a raison sur le long terme mais se plante souvent sur le court terme.

Maintenant, manager une boite de 90000 personnes requiert des compétences que n’ont ni Gates (dans les faits) ni Ozzie. Kevin Turner c’est un manager des ventes, pas du tout capable de superviser les équipes produits.

Donc, Steve Ballmer, même s’il n’est pas parfait, reste le meilleur compromis. Pour ce qui est de l’interne. Après, s’il fallait le remplacer par quelqu’un d’externe à la société, le choix serait à la fois plus large, mais aussi beaucoup plus risqué.

Comment MSFT peut-il rattraper Google dans les moteurs de recherche ?

J’ai déjà en partie répondu à la question.

Je pense qu’il faut qu’ils pensent d’abord à la valeur (incrémentale) qu’ils peuvent créer pour nous, Internautes, que simplement raisonner "part de gâteau du marché publicitaire".

L’approche segmentante de Google est judicieuse (Google Books, Maps, Patents, etc, ils couvrent plein de domaines horizontaux et verticaux avec leur moteur). Microsoft n’a pas jugé utile de diversifier son approche dans la recherche. Et leur moteur, même s’il est correct (notamment l’interface pour récupérer des images), n’est pas suffisamment différentiant pour justifier un saut à partir de Google. Par contre, MS fait des acquisitions tout azimut qui pourraient un jour payer (Powerset hier, Fast Search & Transfer il y a quelques mois). Et aussi leurs travaux de recherche.

Déloger Google du search est peut-être moins ardu que déloger Windows pour Linux. L’adhérence des consommateurs à Google n’est pas si élevée que cela. Si quelqu’un arrive à faire mieux, le passage de l’un à l’autre n’est pas difficile. Encore faut-il faire BEAUCOUP mieux pour y arriver.

Il ne faut pas oublier que Google aussi a les moyens de faire mieux. Et ils ont en plus une énorme infrastructure (les fermes de serveurs et le logiciel maison qui les opère).

J’en ai marre de Windows mais je n’ose pas franchir le pas et passer à Linux : (pbs de compatibilité, de pilotes, de drivers…) Que me conseillez vous ? Oser Linux ou rester avec Windows ?

Si je ne veux pas me fâcher avec mes anciens collègues, je vous dit "rester sous Windows".

Trève de plaisanterie: cela dépend de vos usages et des applications que vous utilisez. Si vous être un consommateur non informaticien et utilisez beaucoup de logiciels et matériels différents, restez sous Windows car sous Linux, vous risquez d’avoir des problèmes techniques pas faciles à résoudre sans aide technique pointue.

Mais Linux a fait d’énormes progrès au niveau compatibilité matérielle. Et même dans son ergonomie.

Le décalage avec Windows reste la complexité de la résolution de problèmes. Et aussi la qualité des applications grand public qu’on y trouve (il y a moins de jeux par exemple sous Linux).

J’utilise personnellement Ubuntu (l’un des Linux les plus grand public) pour les développements de mon blog. Et Vista pour le reste. Quand j’ai mis Ubuntu à jour avec la dernière version (8.04), j’ai perdu l’interface graphique et ai mis plusieurs heures à trouver comment la rétablir. Et en mode administrateur, mode caractère, recherches sur Internet et tout le toutim. Résultat : j’ai trouvé une astuce… qui n’était même pas documentée sur Internet. Un truc de "geek", pas pour le consommateur lambda (cf mes premiers pas avec Ubuntu en mars 2007).

Par contre, si vous êtes surtout un utilisateur du web et que vous ne dépendez pas de logiciels spécifiques à Windows comme Adobe Photoshop, Linux peut convenir.

Si vous cherchez l’ergonomie, n’oubliez pas la troisième piste: le Macintosh… :).

Pourquoi avez vous quitté Microsoft ?

Je voulais changer d’orientation : vers les technologies grand public, et avec de petites structures. Je n’ai pas trouvé mon bonheur chez Microsoft (tout en restant en France par contrainte familiale). Donc je me suis mis à mon compte, tout en restant en bons termes avec à la fois MS et mes anciens collègues. Et puis, je m’étais dit (en 2005), que 15 ans dans la même boite, c’était déjà pas mal. Que c’était le moment de changer. J’avais 43 ans. Un âge où on se pose facilement ce genre de questions (et où il est bon de s’en poser !).

Microsoft, ils vont aussi s’arroger 90% de part du marché des smartphones ? Ou ils laisseront vivre la concurrence ? Et comment celle ci peut elle vivre, d’ailleurs ?

Ce n’est pas la prévision des analystes. Cette part de marché (de Windows Mobile) devrait plafonner à environ 40%. La concurrence est rude avec l’iPhone et les moutures de Linux pour smartphone, dont Google Android. Les analystes prévoient que la part de marché de Linux va augmenter au point de baisser celle de Windows Mobile. Vers 2009/2010. Mais ce ne sont que des prévisions.

Par contre, Symbian bat un peu de l’aile (et a été racheté par Nokia, ce qui ne va pas améliorer sa situation).

Le marché des smartphones va donc rester très concurrentiel. Et je ne vois pas Microsoft le dominer comme il domine celui des PC avec Windows.

Pourquoi les pouvoirs publics – Mairie de Paris & co – font-ils tout pour éviter Windows ?

Ils ont plusieurs motivations:

  • Réduire les coûts de licence.
  • Réduire la dépendance vis à vis de sociétés étrangères.
  • Volonté d’adopter des standards dits "ouverts".

Mais tout cela se discute évidemment. Réduire les coûts de licence a du sens si cela n’augmente pas d’autres structures de coûts, notamment les services. Et là, cela dépend de la situation. Les grands logiciels libres du marché proviennent souvent aussi des USA. Pour les standards, cela dépend de quoi l’on parle.

En tout cas, les logiciels libres sont utilisés depuis longtemps dans le secteur public, notamment dans les infrastructures serveur.

Par contre, les grands effets d’annonce de migration massive aux logiciels libres de ces dernières années n’ont pas toujours été suivis d’effets. Soit que Microsoft a fait des efforts pour “revenir”, soit que les déploiements de ces logiciels libres ont été très lents et couteux, et sont au mieux très en retard par rapport aux prévisions. On n’en entend évidemment pas beaucoup parler !

N’est-il pas temps que Microsoft soit séparé en plusieurs morceaux, comme ATT en son temps, pour définitivement briser le monopole ?

Si vous découpez la boite avec d’un côté Windows et de l’autre le reste (pour faire simple), vous avez toujours cette dominance de Windows.

Le meilleur service à rendre aux concurrents de Microsoft du point de vue de sa structure, c’est de laisser Microsoft en l’état. Plus c’est gros, plus c’est dur à gérer !

Et ça veut dire quoi “briser le monopole” ? Il vaut mieux construire à côté que casser ce qui existe. Et pousser à l’interopérabilité des logiciels et à l’ouverture des formats. Les acteurs publics l’ont bien compris et c’est la direction qu’ils ont généralement choisie. 

Yahoo ressemble de plus en plus à une coquille vide. Quel intérêt pour Microsoft de débourser 45 milliards pour cette fusion ?

J’ai exprimé à plusieurs reprises sur mon blog le point de vue que cette acquisition, si elle un sens stratégique, était très difficile à réussir pour Microsoft, d’un point de vue opérationnel.

Par contre, ce n’est pas vraiment une coquille vide, mais cela pourrait le devenir si les cerveaux et les utilisateurs quittaient le navire.

Quelle stratégie Microsoft peut adopter dans les prochaines années pour faire face à la montée en puissance de l’Open Source ?

Plus d’interopérabilité, plus de partenariats croisés avec les acteurs de ce monde là.
Et aussi, tout simplement : améliorer ses logiciels. Faire plus et mieux.

Et aussi regarder du côté du SAAS (Software as a service), qui déplace le débat.

Pourquoi les entreprises sont elles si réticentes à adopter Vista ?

Quelques pistes:

  • Le bénéfice perçu n’est pas évident.
  • Le positionnement était peut-être un peu trop grand public au lancement (alors, qu’en fait, il y a énormément de nouveautés intéressantes pour les grandes entreprises).
  • Sa mauvaise presse, y compris chez les analystes.
  • La prudence.
  • L’inertie naturelle des grandes organisations (qui même dans le meilleur des cas mettent 5 ans à mettre à jour une base installée de PC).

L’échec du rachat de Yahoo! et son revirement vers Google met il Microsoft en danger sur sa course à la place de n°1 des moteurs de recherche malgré une Puissance financière, somme toute, plus importante?

Faute de temps, réponse courte. Je pense que cela ne change rien. Dans les deux cas, c’est très difficile de rattraper Google.

A quoi ressemblera Microsoft en 2025 ?

Au train où cela va, à une très très grosse boite relativement ingérable. Mais par contre, très diversifiée, donc relativement stable. Pas forcément numéro 1 partout où ils sont.
============================

Et voilà.

Notez que je ne suis Microsoftologue qu’à temps très partiel ! Mon activité est toujours centrée sur la réussite des startups françaises !

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Publié le 3 juillet 2008 Post de | Google, Internet, Logiciels, Microsoft | 18208 lectures

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