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Voici une petite digression automnale pas forcément directement reliée à l’actualité.
Je me rappelle avoir souvent entendu dans une vie passée qu’un bon plan devait permettre d’atteindre un objectif très ambitieux. L’expression était “can you define what success looks like?”. L’expression me revient souvent à l’esprit lorsque j’ai l’occasion d’observer des startups, des entreprises ou même la puissance publique bâtir des plans, sur la comète ou moins loin. Avec un manque : ce succès recherché est rarement défini, comme s’il était imprudent de le caractériser. Définir le succès recherché est une méthode très américaine de définition d’objectif qui s’avère manifestement contre-intuitive dans la culture française.
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Dans les deux premiers articles de cette série, nous avons pu faire un tour circonstancié des cinq dernières décennies d’action de l’Etat en matière de stratégie industrielle. Il n’est certes pas bien glorieux dans l’ensemble. Tandis que dans le numérique, la majorité des initiatives ont échoué, quelques pépites intéressantes ont cependant pu être générées dans d’autres domaines comme dans l’industrie aérospatiale.
Faut-il jeter pour autant le bébé de l’Etat avec l’eau du bain de ses plans industriels ? Non, trois fois non car le rôle de l’Etat reste indispensable pour développer la compétitivité industrielle. Il mutualise de nombreux efforts transversaux comme dans l’éducation. Il peut adopter une approche long terme que peu d’agents politiques et économiques sont à même de fournir, notamment dans le financement de la recherche fondamentale. Il y prend bien plus de risques que n’importe quel investisseur privé.
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Les enjeux technologiques des années à venir ne manquent pas et ils risquent de bien chambouler les équilibres industriels mondiaux. Nous avons par exemple l’intelligence artificielle, la robotique, l’énergie, l’environnement et la génomique pour n’en nommer que quelques-uns, tous ayant, de près ou de loin, un lien avec le numérique.
A chaque nouvel enjeu, on en vient à se demander, au moins en France : “que fait l’Etat ?” et “avons nous une stratégie industrielle digne de ce nom ?”. On se met à rêver d’un Colbert, d’un Louvois voire d’un De Gaulle, lançant de manière lyrique de grandes ambitions industrielle pour le pays.
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