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Transparence sur le revenu des startups

Post de Olivier Ezratty du 10 juin 2008 - Tags : Economie,Entrepreneuriat,Internet,Logiciels,Startups | 11 Comments

Dans différentes enquêtes sur l’innovation que j’ai pu lancer (voir le Thermomètre de l’ARPU) ou que j’ai suggéré à mes étudiants à Centrale Paris, il est souvent nécessaire de consolider les grandes données économiques sur des startups. De quelles données parle-t-on ? Essentiellement, du chiffre d’affaire au minimum. Ensuite, des effectifs, de la marge nette, et pour les acteurs de l’Internet, de leur trafic – de préférence en visiteurs uniques par mois.

Pourquoi en a-t-on besoin ? Pour étudier la démographie des startups, leur évolution et estimer lesquelles d’entre elles atteignent la taille critique, pourquoi et comment. C’est d’ailleurs le thème d’une table ronde que j’anime le jeudi 12 juin prochain pour l’association Cyber-Elles et l’Echangeur-PME à Paris. L’objet est précisément “Comment passer le cap” et devenir une vraie PME.

Mais pour la plupart des startups, celles qui ne sont pas cotées en bourse, ces informations ne sont pas disponibles. Elles sont le plus souvent ou fausses – car les entrepreneurs mentent pour présenter une image plus positive de leur situation que la réalité – ou inexistantes, pour se cacher vis à vis de la concurrence, ou pour ne pas avoir à mentir. C’est une pratique acceptée dans l’industrie et elle n’est visiblement pas spécifique à la France. Cela aboutit parfois à des situations ubuesques avec des startups (Internet) qui sont devenues les chéries des médias avec un patron omniprésent dans la presse, présentées comme des “success stories” mais dont la réalité économique est bien sombre et cachée et que la trésorerie s’approche du fond !

Heureusement, je suis tombé un jour sur une exception. Dans les rencontres X-Ange, du nom de cet investisseur en capital risque qui rassemble ses partenaires en mars de chaque année. Pendant les présentations ainsi que dans une “Lettre” distribuée aux invités, et normalement téléchargeable sur leur site web (mais le lien semble cassé…), on y trouve le chiffre d’affaire de nombre de startups de leur portefeuille. Quelle aubaine ! En voici un extrait :

  • Altaven, éditeur de logiciels financiers, 2,5m€ en 2007
  • Delamaison.fr, site de ecommerce pour la décoration de la maison, 6m€ prévus sur 2008
  • VoluBill, logiciel de facturation et d’analyse de flux de données, 8,3m€ en 2007
  • Assima, logiciel de formation, 11,7m€ en 2007
  • notrefamille.com, portail dédié à la famille (avec notamment, une fonction de généalogie), 9,7m€ en 2007. Mais l’entreprise a été introduite en bourse.
  • Harvest, logiciel financier de simulation patrimoniale et fiscale, 11,3m€ en 2007.
  • SideTrade, logiciels financiers, 7,3m€ en 2007
  • A2iA, logiciels de reconnaissance et d’extraction de données, 8,2m€ en 2007
  • Sefas, logiciels d’éditique, 9,3m€ en 2007
  • Nexway, solution de téléchargement de logiciels, 18m€ en 2007
  • Fimasys, logiciels financiers pour le crédit à la consommation, 11,4m€ en 2007
  • Sinequa, moteur de recherche pour entreprise (un concurrent d’Exalead), 3,8m€ en 2007.
  • Kxen, logiciel de datamining, $10,5m en 2007.

Pourquoi donc cette transparence ? Tout d’abord par ce que ces startups ont un revenu. Tout simplement. Ensuite, parce qu’elles sont en général dans le monde de l’entreprise et que leur modèle économique ne repose pas sur la création d’une audience suivie en différé de la mise en place d’un modèle publicitaire ou assimilé (affiliation, commissionnement). En gros, l’équation est la suivante : “éditeur de logiciel d’entreprise de quelques années d’existence = transparence” et “acteur de l’Internet non coté = pas de transparence”. Dans le cas des startups Internet vivant de la publicité, on peut éventuellement consulter les données de trafic dans les panels Nielsen et en déduire vaguement un revenu publicitaire. Pour les startups de commerce électronique, il est par contre très difficile d’extrapoler leur revenu à partir de données publiques.

Pour ce qui est des éditeurs de logiciels du portefeuille de X-Ange, leur taille est significative et devrait les faire rentrer toutes dans le top 100 des éditeurs français. Pourtant, elles n’apparaissent pas dans le Top 100 de Truffle Venture. Où est le lézard ? Ils n’ont simplement pas envoyé leur dossier…

De votre côté, connaissez vous d’autres investisseurs institutionnels qui publient ainsi le chiffre d’affaire des startups de leur porte-feuille ou dont les startups le publient ?

Cela permettrait de mieux connaitre le monde des startups de notre pays… et d’identifier celles qui sont devenues de véritables PME – sans avoir atteint la sortie industrielle ou introduction en bourse – et d’en tirer parti pour aider les autres.

RRR

 
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