L’écosystème des logiciels photo – 1
Post de Olivier Ezratty du 5 septembre 2008 - Tags : Logiciels,Photo numérique,Startups | 10 Comments
Le monde des logiciels pour la photographie est en pleine effervescence. Il accompagne la migration presque totale du marché aux appareils photos numériques, entamée il y a plus de dix ans. Une migration qui a eu comme conséquence d’élargir le marché de la photographie, d’augmenter le nombre d’utilisateurs d’appareils réflex, et aussi d’augmenter de façon prodigieuse le nombre de photos prises et gérées par les consommateurs.
J’ai eu l’occasion de croiser récemment quelques équipes de startups françaises dans ce domaine comme Fotonauts et Oloneo, sachant que d’autres comme DXO Labs et Photomatix occupent déjà bien le marché. Ceci m’a donné l’envie de les mettre en valeur et de faire au passage une revue d’horizon de quelques tendances de ce marché. Ce que je vais intégrer dans une série d’une demi-douzaine de posts qui démarrent ici même.
Les innovations dans la photo numérique
Le champs de l’innovation et de l’offre dans le traitement de la photo numérique est immense. Car il ne suffit pas de prendre des photos, il faut les améliorer, et notamment corriger certains défauts provenant des capteurs numériques, il faut les trier, les organiser, les diffuser, et pas seulement par tirages papier, et ensuite, les retrouver et les présenter ! La pléthore d’appareils, des mobiles aux compacts, bridges et réflex, s’accompagne donc d’une flopée d’accessoires matériels divers et surtout de logiciels et services web pour accomplir toutes ces tâches.
On peut faire le parallèle entre l’évolution de matériels, des télécommunications et des logiciels. La croissance du marché des réflex, les évolutions en résolution et en qualité des capteurs, l’usage croissant du format RAW avec les réflex, l’ADSL, les mobiles, les cadres photos connectés, tout concours à faire plus de photos numérique et à les partager. Et aussi à demander plus de qualité.
De nombreuses innovations dans le traitement de la photo numérique sont le résultat de travaux de recherches pluriannuels, dont pas mal reposent sur des fondements mathématiques complexes. On appelle cela le “computational photography”. Ce sont ces projets qui ont permis de créer des fonctionnalités poussées permettant par exemple d’enlever automatiquement un objet d’une photo, d’extraire une personne pour changer l’arrière plan, d’enlever automatiquement les yeux rouges. D’autres innovations servent à corriger les photos en tenant compte des caractéristiques, limitations et défauts des capteurs numériques (dynamique dans les hautes lumières avec ce que l’on appelle le HDR – ou high-dynamic rendition) et des optiques (vignettage, déformations).
Catégories couvertes
Dans les posts qui suivent, je ferai le point sur cinq catégories de logiciels de traitement de la photo destinés surtout aux photographes :
Avec cette richesse de solutions, il est facile de s’y perdre. Surtout dans la mesure où il n’existe pas vraiment d’outil miracle bien intégré “faisant tout”. Le consommateur devra ainsi faire le choix d’une combinaison d’outils, en tatonnant un peu, et en se documentant par différents moyens. Nous reviendrons sur ce choix à la fin de cette série de posts.
Simplifiant la vie des consommateurs, l’intégration et l’interopérabilité s’améliorent cependant entre ces différentes solutions :
Les formats d’images
Les formats de photos numériques sont variés mais l’interopérabilité est moins problématique que dans d’autres catégories de logiciels (bureautique, CAO, etc). Le format le plus répandu est le JPEG dans le grand public, le TIFF chez les professionnels, et les variantes constructeurs du format RAW pour les possesseurs de réflex. Le format RAW est en gros ce qui sort du capteur numérique (en RGB) et sans traitements. Son avantage principal est de stocker chaque pixel sur 12 bits au moins (et 14 dans la nouvelle génération de réflexs depuis un an et quelques) au lieu des 8 bits que l’on a dans les JPEG. Cette résolution de couleur facilite les traitements comme les ajustements d’éclairage à postériori et notamment la correction des zones dites “brulées” (blanches) car trop éclairées. Comme chaque format RAW dépend du constructeur, les logiciels qui récupèrent et traitent des images RAW doivent intégrer des convertisseurs multiples, un au moins par marque.
Dans ce concert, Microsoft a sorti un nouveau format : le HD PHoto qui est censé combiner les avantages du RAW (dynamique de couleurs) et du JPEG (compression) avec une meilleure qualité d’image à taux de compression égal à celui du JPEG. Ce codec photo est supporté par Photoshop, IrFanView, XnView, et la plupart des logiciels de Microsoft. Le format est exploitable librement sans royalties. Mais cela ne suffit pas pour en faire un format couramment utilisé, même si HD Photo pourrait être standardisé par le consortium JPEG.
Segmentation utilisateur
La variété des logiciels traduit celle des besoins qui vont de l’amateur qui ne veut pas se prendre la tête ni investir quoi que ce soit jusqu’au professionnel qui cherche à gagner du temps, à générer de la qualité, et est prêt à investir.
Ma petite revue, qui ne prétend pas être exhaustive penche pour l’aspect expert/professionnel, mais sans exclusive. Je ne couvre pas les logiciels spécifiques pour le Macintosh comme Appertune et iPhoto, ne disposant pas de machines à la pomme chez moi !
Modèles économiques
Avant de parler outils et fonctionnalités, jetons un coup d’oeil sur les modèles économiques des logiciels photo, qui expliquent certaines évolutions récentes.
Nous avons une cohabitation entre trois types de modèles :
Les modèles économiques classiques du logiciel :
Les modèles économiques de l’Internet et des télécommunications :
L’absence de modèle économique avec :
Pour faire simple, c’est un grand marché en volume, mais un marché où il est difficile de se faire une place. Même si les moyens de distribution du logiciel via Internet permettent de faire du volume plus rapidement qu’avec un réseau de vente physique traditionnel.
Tendances
Quelles pourraient êtres les tendances? J’en vois au moins deux :
Une consolidation à la fois des fonctionnalités et des acteurs. L’expérience utilisateur en a aussi besoin alors qu’elle est encore assez malmenée. Les logiciels de gestion d’image couplés à des sites de publication sur Internet vont probablement jouer un rôle pivot de plateforme autour desquels vont se greffer les fonctionnalités d’édition de photos.
Et une intégration de plus en plus d’intelligence dans les appareils photos eux-mêmes pour reproduire de manière aussi fidèle que possible la vision humaine et sa dynamique. Histoire d’éviter les manipulations intermédiaires autrement que pour altérer la réalité.
Prochain épisode, les logiciels d’édition de photos.
Vous pouvez commencer à réagir en indiquant la combinaison de logiciels que vous utilisez pour traiter, gérer et publier vos photos. Histoire d’avoir un petit sondage vaguement représentatif !
Lien du blog Opinions Libres : https://www.oezratty.net/wordpress
Lien de l'article : https://www.oezratty.net/wordpress/2008/lcosystme-des-logiciels-photo-1/
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(cc) Olivier Ezratty - http://www.oezratty.net