Opinions Libres - Le Blog d'Olivier Ezratty

Dans quel monde voulons-nous être connectés ?

Post de Olivier Ezratty du 3 février 2014 - Tags : Internet,Mobilité,Sociologie | 6 Comments

J’ai eu l’occasion d’animer le 3 décembre 2013 une table ronde sur l’impact sociétal du numérique lors des Assises du Numérique 2013.

Celle-ci comprenait Philippe Portelli, le Directeur des Usages Numériques de l’Université de Strasbourg, spécialiste des méthodes et outils pédagogiques numériques, Isabelle Flory, Directrice Entreprise et Solution Europe de l’Ouest d’Intel et Benoit Thieulin, le fondateur de la Netscouade et aussi Président du Conseil National du Numérique.

Nous sommes près de deux mois plus tard et il me semble intéressant de revenir sur l’intervention de la quatrième des panélistes : Laurence Allard. C’est une sociologue de l’innovation, une sémiologue et ethnographe des usages des TIC, et elle s’intéresse aujourd’hui à l’anthropologie des puces, des capteurs, du tout connecté et du Big Data. Cela n’enlève rien à la qualité des autres intervenants !

Mythologie du portable

Maître de conférences à l’IRCAV-Paris 3/Lille 3, elle est auteure entre autres de “Mythologie du portable” (Le Cavalier Bleu, 2009) et elle a co-dirigé l’anthologie “Donna Haraway – Manifeste Cyborg et autres essais. Sciences-Fictions-Féminismes” (éditions Exils, 2007). Elle va publier en février 2014 “Téléphone Mobile et Création” aux éditions Armand Colin. Voir son site professionnel et son blog consacré à l’actualité des mobiles.

Dans son activité de recherche, elle observe de près les comportements des utilisateurs de technologies numériques au travers de toutes les couches de la société. Cela lui donne un recul très intéressant sur les transformations de la société que vous trouvez donc étayés ci-dessous, en reprenant les principaux thèmes de sa rapide intervention dans la table ronde.

Je vous rassure : Opinions Libres ne devient pas un blog de sociologie du numérique ! Mais de temps en temps, cela peut-être utile de sortir des sentiers battus ! C’est aussi une forme d’oxygénation intellectuelle après le déluge d’objets numériques dont je vous ai fait part dans le dernier Rapport du CES 2014 ! J’aborde aussi de temps en temps ces sujets de “sociologie du numérique” dans certaines de mes interventions en conférence, histoire de souligner les changements sociétaux introduits ou permis par le numérique.

Ce qui suit est donc le propos mis en forme de Laurence Allard.

Quels sont les fondamentaux des changements induits par le numérique dans la société ?

L’ethnographie des usages innovants suppose à la fois pointer le nouveau, le changement, la mutation et de mettre en perspective historiquement, culturellement et sociologiquement. Il y a parfois du pas très nouveau dans le nouveau : recevoir un mail (inventé en 1971) sur son mobile reste encore aujourd’hui le principal motif d’équipement en smartphone quand on fait des observations dans les boutiques de téléphonie mobile “moi aussi je veux pourvoir répondre à des mails sur mon téléphone “. Il faut appréhender les usages dans la durée avec ce principe empirique que les innovations naissent au moins deux fois : internet mobile (WAP 1998-2007/caméraphone 1992-2007-…) avec des contenus et des usages qui glissent d’un terminal à l’autre.

1993 2013  smartphone only

La mutation n’est pas non plus réductible à un imaginaire de science fiction. Peter Thiel, le fondateur de PayPal passé par la Singularity University, déplorait : “On attendait des voitures volantes et à la place on a eu 140 caractères“. Après tout, on peut préférer que chacun tweete ici et maintenant aux rêves de SF de quelques uns ou qu’en Afrique, les femmes utilisent de simples SMS pour effectuer des petits paiements, que “Roméo et Juliette” de Shakespeare  soit lisible sur des téléphones bon marché ou que des bases de données mobiles outillent les campagnes de vaccinations contre la polio depuis 2003 de l’OMS et ce, avant les Mooc ou le quantified self d’aujourd’hui.

La leçon des usages mobiles est que le changement majeur est venu d’usagers inattendus : on fait souvent allusion à Martin Cooper qui a été inspiré par le Communicator du Capitaine Kirk de Star Trek pour inventer le premier téléphone mobile chez Motorola mais ce sont les femmes pauvres du Bangladesh qui dès 1997 louaient des minutes de téléphone mobile sur les voies de communication.

N’en fait-on pas un peu trop avec les natifs digitaux ?

Pourquoi, est-il nécessaire de prendre de la distance par rapport à ce discours du changement pour le changement, car le récit de l’innovation s’écrit comme une course de vitesse, comme un monde toujours à venir.

Ce discours sur l’innovation a des effets contre-productifs laissant penser à certains usagers qu’ils seront « largués » d’avance et que seuls quelques jeunes natifs digitaux peuvent survivre dans cette course de vitesse.

Des jeunes que l’on caricature souvent comme des singes savants voire de mutants du numérique, qui passeraient leur journées à s’envoyer des selfies grimaçantes sur Snapchat sans que cela n’ait aucun sens pour eux.

Il faudrait plutôt prendre au sérieux leurs pratiques de travail auto-organisées avec des pages de classe sur Facebook qui jouent le rôle de réseaux d’entraide et, parfois, de débat sur les sujets de société. Cette éducation informelle entre pairs est une bonne base de départ pour ne pas louper le lancement des Mooc en France.

La génération Y serait l’âge étalon du numérique. Certains entretiens avec les usagers commencent par “moi je suis un dinosaure” (une femme de 30 ans). Ceci montre l’impact des représentations numériques qui nourrissent les pratiques elles-mêmes. Des effets lifting « imaginaires » chez certains seniors sont aussi énoncés quand ils se mettent au numérique avec des situations de communication intergénérationnelle ainsi revitalisées. Comme par exemple, ce grand père grand pourvoyeur de jeux pour DS achetés moins chers sur Internet  ou cette grand-mère qui Skype tous les matins avec ses enfants et petits enfants expatriés. Ils ont l’impression de « rajeunir » par la pratique du numérique associé aux jeunes. Ce sont d’ailleurs les séniors qui passent le plus de temps sur Internet soient 26,9 heures par mois devant les 35-44 ans (Comscore, mars 2013) et ils pratiquement majoritairement le commerce en ligne. Les achats en ligne des séniors représentent 48% des dépenses effectuées sur Internet (Influencia, juin 2013) !

Les changements majeurs d’Internet ne concernent donc pas seulement la Génération Y mais comme le dit ce retraité de la SNCF de 82 ans, “il n’y a pas d’un côté ceux qui vont sur internet et ceux qui ne peuvent pas y aller mais ceux qui sont curieux et les autres”.

La révolution numérique a déjà eu lieu et c’est le mobile qui l’incarne massivement

Comment définir le numérique dans un sens plus précis, à l’heure du digital ? On rencontre plutôt des praticiens d’une panoplie d’outils, de services et de contenus connectés au quotidien. Le multi-équipement personnel est à 64% entre ordinateur (fixe/portable), mobile et tablette (Arcep/Credoc, 2013) et 17% des Français utilisent trois terminaux pour se connecter à Internet par jour et il y a 6 écrans par foyer en moyenne (Médiamétrie, juin 2013).

Matériellement parlant, le numérique en une panoplie ajustée sur mesure, entre besoins, désirs et contraintes financières ou sociales, hybridant outils, services, contenus.

Cette panoplie est pratiquée dans un mix entre incompétence et virtuosité et ce, à tous les âges.

  • Jacques, 82 ans, retraité à Strasbourg, sait télécharger des films rares sur Emule mais n’est pas à l’aise au clavier. Il scanne donc des lectures manuscrites et les envoie par mail.
  • Denise, 58 ans, DRH à Paris, envoie des photos sur clé USB par la poste à ses amies car “la poste je connais “.
  • Aude, 32 ans, cadre marketing, se moque d’elle-même qui ne sait jamais comment s’y prendre pour faire des recherches sur internet. Elle tape « crèche de noêl » et cela lui prend des heures !

On observe une créativité ordinaire à l’œuvre, faite de réinventions des fonctionnalités, de détournement des services. C’est un “hack d’usages” au quotidien. Comme quand des élèves qui ont manqué un cours et oublié leur manuel se les envoient via Twitter (un lycée de 17 ans à Paris).

Au sein de cette panoplie d’outils, les mobiles occupent une place particulière : plus de 100% de taux de pénétration en France avec 71 millions de cartes SIM, 53% des utilisateurs de mobiles français ont un smartphone, 18,4% des foyers français sont équipés en tablettes soient 6 millions. La France compte 48 millions d’internautes mobiles (dits « mobinautes ») (Acep, Comscore, troisième trimestre 2013). Deux classes d’âge sont majoritairement représentées chez les possesseurs de smartphone : les 25-34 ans et les 55 ans et plus.

Addiction ou attachement ?

Le mobile est souvent décrit comme un “compagnon d’existence” dans les entretiens avec les usagers. Contrairement aux descriptions psychopathologisantes, cela n’implique pas que nous soyons addicts ou mutants. L’attachement à des machines n’est pas réductible une addiction tout comme l’attachement aux animaux domestiques ne dérive pas vers le pathologique.

Etre connecté suppose toujours de se déconnecter partiellement du fait même que le numérique renvoie à une panoplie d’outils, de services et de contenus très amples auxquels on n’est pas connecté tout le temps à tout. Dans la vie numérique, on est toujours et connecté et déconnecté à la fois comme l’explicite cet usager : “Je n’ai pas de mobile mais je me rattrape sur Facebook” (un militant d’association environnementale, 32 ans, Paris).

On observe des tactiques du bien vivre communicationnel que les usagers aménagent dans le cadre d’une connexion qu’on peut qualifier de “disjonctive” comme déroutiniser ses usages ou faire la vigie/standardiste pour prioritiser les appels par exemple.

Il y a une confusion entre l’addiction et la “fatigue de la connexion” qui est souvent énoncée par les usagers parce qu’ils doivent justement réfléchir à comment répondre, par quel canal, service outil (voix, SMS, mail, ordinateur, mobile…).

La voix intérieure vs la voix lointaine

Le paradigme des innovations dans les télécoms a longtemps été de communiquer avec d’autres à distance. Ensuite, des usages “in real life” du numérique comme quand on partage des photos et des vidéos à plusieurs se sont développés.

Mais on peut faire l’hypothèse que le mobile sert également aujourd’hui de média de notre “voix intérieure” comme pour se connecter à soi-même. On peut l’observer au travers des SMS de colère ou des tweets d’ennui. Comme ce gérant de société qui explique “quand je suis dans la salle d’attente, j’envoie des SMS et quand je rallume mon téléphone, il faut répondre … c’est l’enfer”, un enfer que l’on a créé soi-même. Ce gérant de société avait avant tout ici communiqué avec lui-même. C’est aussi le cas de la photo mobile qui ne se résume pas aux selfies. Une photo mobile est une photo que l’on prend huit fois par jour en moyenne et souvent sous le mode psychique “je vois/j’envoie” comme par exemple ces usages de Snapchat : «pense à moi/je pense à vous» ou comme prendre au quotidien des photos sur son environnement, villes, paysages, détails et partager son émotion en envoyant sa photo sur ses comptes.

Le rapport au temps

Les technologies de communication ont toujours eu des effets sur la perception du temps et de l’espace. Les outils numériques nous donnent le sentiment d’agir sur le temps. Nous en avons donc une conscience plus aïgue d’où l’impression permanente de manquer de temps.

Les outils mobiles semblent ainsi exploités pour permettre en continuité différents temps comme les temps de préparation (dans des notes/mails mobiles en brouillon) et celui de la mise au propre sur micro-ordinateur. C’est aussi l’entrelacement du travail et de la vie personnelle avec ordinateurs et mobiles qui articulent donc différents temps : préparer son week-end pendant la pause au travail et travailler chez soi pour rattraper le retard. Les pratiques de consommation permettent d’observer cette structuration du temps par le mobile. Consommer s’apparente désormais à une enquête méthodique en plusieurs temps associant le offline et le online, le showrooming sur Internet et dans les magasins, la comparaison des prix, les arbitrages entre la disponibilité immédiate ou un prix plus attractif en échange d’une attente de la livraison, etc.

Est-ce que des fondamentaux de la société pourraient encore changer du fait de l’émergence de technos à venir ? Objets connectés ? Big data ?

Si la révolution numérique a déjà eu lieu, elle est en grande partie dans notre poche sous l’apparence d’un téléphone mobile. Mais un nouveau paradigme technologique du numérique s’ouvre avec le tout connecté. Son enjeu est aussi anthropologique : quelle est la définition et la place de l’humain dans ce monde à venir où la connexion à des réseaux de communication sera étendue à toute chose sur terre (cf cet entretien) ?

Le tout connecté, c’est évidemment aussi l’Internet des Objets connectés avec déjà 12 milliards de machines et d’objets communicants à comparer aux 6 milliards d’humains eux-mêmes connectés aux réseaux mobiles et aux plus de 2 milliards qui sont connectés à Internet. A l’horizon 2020, il y aura entre 18 et 200 milliards de « choses » connectées qui vont générer leurs flots de données alimentant le “big data”.

Il faut y intégrer les arbres de la ville de Paris, intégrant une puces RFID servant de carte d’identité, les chiens et chats «pucés» pour les reconnaître, les retrouver et mieux les soigner. Il existe aussi des fleurs qui tweetent et des bactéries connectées.

savoir que tu es un chien metadonnées

Le tout connecté et les immenses masses de données qui peuvent en être captées et valorisées ouvre des enjeux anthropologiques. Comment ne pas se faire dominer par la peur du futur ? La peur est mauvaise conseillère. On peut parfois être effrayé à l’écoute de certains récits de prospective. Pour certains, l’extension de la connexion des réseaux de communication informatisés à des non-humains est la preuve d’une mutation de l’humain. Une mutation de l’humanité vers la transhumanité, c’est-à-dire une humanité imbriquée à la technologie, avec des cyborgs mi-humains/mi-machines. C’est le futur envisagé par Ray Kurzweil dans sa théorie de la singularité (“The Singularity is Near” publié en 2005)  qui désigne le moment où les ordinateurs deviendront plus intelligents que les humains, ce qui devrait arriver selon lui vers 2045. Ray Kurzweil est aussi depuis 2013 le “Director of engineering” de Google et il promet un “ordinateur du futur qui aura la taille d’une cellule” et des “humains fusionnant avec les machines”.

C’est un techno-récit futuriste digne de la science fiction. Il présuppose une anthropologie compétitive entre les humains et les non-humains, ces non-humains qui de façon tout à fait ordinaire et non problématique peuplent nos vies depuis l’histoire de l’humanité. C’est pourquoi il faut s’intéresser de près aux enjeux anthropologiques du big data et des objets connectés.

L’idéologie transhumaniste invoque un homme augmenté au futur, une espèce améliorée par les puces, les capteurs et les implants connectés. Or quels sont les humain(e)s qui expérimentent déjà au quotidien les prothèses artificielles, d’implants ou de puces ? C’est l’humanité la plus fragile, c’est l’humanité diminuée ! Ces technologies que l’on nous présente comme celles d’une démultiplication des capacités de l’Homme, servent avant tout à pallier le manque d’un organe ou d’une faculté. Il y a là curieusement un imaginaire de la prothèse et autres béquilles de l’humanité diminuée recodée en instruments de puissance pour l’humanité dans sa rivalité – perdue d’avance selon Kurweil – avec les machines.

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Par exemple, avec les Google Glasses, l’imaginaire de la prothèse, des lunettes faites pour pallier à mauvaise vue est détourné pour “augmenter la vision de la réalité”. Le caractère de nouveauté n’est pas si radical encore une fois car voir à travers un écran est une activité qui s’enracine dans l’histoire de l’humanité (cf la perspective comme construction symbolique sur un point de vue subjectif). Aujourd’hui, les algorithmes remplacent la camera obscura, qui était aussi le produit de savants calculs de l’époque. Le vrai problème des Google Glasses ce n’est d’ailleurs pas tant l’image que le son puisque, pour activer la recherche, il faut passer par la commande vocale “OK Glass, Google take a picture, send a message”. A tel point qu’il existe maintenant un logo anti-Google glass dans certains bars aux USA (Seattle) !

L’idéologie transhumaniste est une idéologie de puissance qui fait jouer à la technologie un mauvais rôle : celui de pouvoir réaliser la domination de l’homme par la machine, d’être l’agent de la mutation de l’espèce humaine. Alors que, dans la vie de tous les jours, nos faits et gestes les plus quotidiens sont instrumentés par des objets techniques. Est ainsi alimentée une peur de la technologie, ce qui est déjà une certaine façon d’être dominée par les machines.

Alors dans quel monde voulons-nous être connectés et comment voulons-nous vivre avec les nouvelles entités connectées ? Cela suppose de penser dès à présent la relation nous liant aux entités connectées avec lesquels nous partageons nos existences comme avec le téléphone mobile qui est souvent décrit comme un “compagnon d’existence” dans les entretiens avec les usagers, qui décrivent aussi comment ils font corps avec leur machine (‘’”je sais faire des textes en conduisant mon scooter ce n’est pas recommandé mais je suis très doué” , un gérant de société de 30 ans).

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Contrairement aux prescriptions des futurologues, ces usagers interrogés ne sont pas des mutants, des posthumains mais des gens ordinaires. Cette relation d’attachement à des machines est aussi peu problématique que celui qui nous lie à nos animaux domestiques.

Etre attaché, c’est ne pas forcément être addict ou abandonné. C’est être encore réflexif sur son usage, attentif à sa connexion et à des déconnexions comme on l’a vu plus haut.

Nous pouvons faire l’hypothèse d’une « relation de compagnonnage » d’entre les espèces et les entités avec lesquelles nous sommes de plus en plus connectés, avec les machines et les animaux, comme relevant d’une relation de “biosocialité connectée”. Et ce, dans le cadre d’une anthropologie symétrique, c’est-à-dire non-compétitive entre le vivant et les machines. Il s’agit ici d’un lien d’incarnation, que l’on prête vie aux machines, on fait corps avec les machines. Le stade le plus fort de la pratique d’un objet technique, c’est quand on l’a encorporé (embodied). Il n’est pas dans notre corps, mais on fait corps avec lui comme par exemple le pianiste virtuose qui a presque son clavier “sous la main”.

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C’est également un lien de responsabilité, parce que ce qui nous unit aussi, c’est de savoir ce que l’on doit faire de ces machines, de penser à leurs usages et de toujours en avoir une appropriation réfléchie, active et non pas passive et apeurée. Plutôt que de se livrer à une compétition stérile entre les êtres et avec les machines, il est temps d’œuvrer à une réappropriation par les usagers de la connexion généralisée.

Dans le cadre de cette anthropologie, il n’y a pas de déterminisme technologique, ni de fatalité aux usages possibles des données et du tout connecté. Il faut encourager les appropriations d’intérêt général au service de l’intelligence collective, des capteurs, des données, du calcul et de la connexion étendue. Les données et les objets connectés peuvent être fort utiles pour consommer mieux ou pour mieux connaître notre monde incertain.

Il existe de nouveaux usages de la connexion généralisée, des capteurs et des calculs qui peuvent faire émerger une figure de big data utiles aux citoyens. Comme par exemple, l’utilisation de capteurs communicants pour la prévention des éruptions volcaniques, la mesure de la pollution ou l’usage du Big Data après des catastrophes humanitaires pour rapprocher les personnes séparées. Ce sont par exemple ces animateurs et bénévoles du réseau Digital Humanitarian Network en partenariat avec les Nations Unies qui, après le passage du typhon Yolanda aux Philippines, ont trié tous les tweets et photos en provenance des villes et villages sinistrés pour évaluer leur pertinence et véracité et les tagger en fonction du niveau de gravité des dommages pour permettre de donner aux humanitaires des indications sur les lieux prioritaires où porter leur efforts.

Le tout connecté nous connecte aux autres, aux humains comme aux non-humains mais aussi à nous-mêmes et il reste à imaginer des usages orientés vers le bien-vivre communicationnel et le bien-commun.

RRR

 
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