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Les technologies et l’assassinat de JFK

Post de Olivier Ezratty du 22 novembre 2013 - Tags : Facebook,Internet,Politique,Technologie,USA | 16 Comments

Je suis passionné par le sujet de la période JFK et de son assassinat depuis au moins la sortie du film JFK d’Oliver Stone en 1991. J’ai lu environ deux dizaines de livres sur le sujet, couvrant toutes les thèses conspirationnistes et aussi anti-conspirationnistes, sans compter ce qui concerne le court mandat de JFK.

Pour ce jour anniversaire, je vais passer en revue la question et notamment le rôle des technologies dans l’enquête, qui n’est pas encore terminée !

Pour la thèse officielle, j’ai commencé avec l’officiel Rapport Warren (890 pages sans les annexes), puis avec le fameux Case Closed de Gerald Posner sorti en 1993 et enfin, avec le moins connu mais imposant Reclaiming History de Vincent Bugliosi, publié en 2007. C’est un morceau de 1600 pages sans compter ses annexes sur un CD-ROM. Soit autant de pages que la moitié des autres livres que j’ai pu lire sur le sujet ! Ils font tous la promotion de la thèse du tueur isolé que l’on ne présente plus. Et pourtant, ils sont pleins de faiblesses, notamment dans la manière dont ils réfutent certaines thèses conspirationnistes.

Warren Commission ReportCase closedReclaming history

Dans la catégorie des complots, j’ai lu ce qui se disait sur la CIA en long en large et en travers, sur la mafia, sur la guerre du Vietnam et son lien éventuel avec l’assassinat (promu par Oliver Stone) et sur l’implication de LBJ lui-même. A chaque fois, ces livres partent de bribes d’informations ou témoignages puis partent sur des conjectures historiques sur les motivations des protagonistes.

jfkrushbookPlausible denialcrossfire-plot-that-killed-kennedy-jim-marrs-paperback-cover-artHigh treasonOn the trails of the assassinsConspiracyMVD5690DThe road to Dallasjfk-the-second-plotJK and the unspeakable

Les deux livres de Lamar Waldron, Legacy of secrecy et Ultimate sacrifice sont aussi faiblards que les autres sur la résolution de l’énigme mais sont très riches d’informations sur le contexte de l’époque et notamment la relation entre l’affaire JFK, la CIA et Cuba. L’auteur y montre qu’au minimum, la CIA a souhaité couvrir ses traces et notamment protéger un agent double à Cuba. Encore une affaire dans l’affaire !

Ultimate SacrificeLegacy of secrecy

Il y a aussi pas mal de livres racontant l’histoire de différents témoins ou protagonistes qui prétendent avoir été de près ou de loin impliqués dans le complot. Nous avons notamment le Le dernier témoin du journaliste d’investigation William Reymond qui fait écho à Blood money and power d’un ancien associé du cabinet d’avocats qui gérait les affaires privées de LBJ. Les deux alimentent la thèse de son implication dans l’assassinat. En s’appuyant sur le passé trouble de LBJ au Texas. Une thèse reprise dans un livre récent The man who killed Kennedy de Roger Stone, mais que je n’ai pas lu. Elle promeut le méta-complot, à savoir, celui qui associe à la fois LBJ, les milliardaires texans, la mafia et des agents de la CIA. La thèse s’appuie entre autres sur la conviction que Richard Nixon avait de cette affaire, que LBJ était derrière l’assassinat. Mais le livre s’appuie sur pas grand chose. Et si c’était la vérité, je dis bien “si”, elle ne pourrait pas facilement voir le jour. Comment les USA pourraient-ils accepter le déchirement de devoir avaler une telle couleuvre : que l’un de leurs présidents était en fait un assassin ?

Le dernier temoin William RaymondBlood money and powerThe case against LBJ

James Files (alias de James Sutton) a été interviewé avant sa mort. Cet ancien tueur à gage de la mafia prétend avoir été le tireur du Grassy Knoll envoyant en dernier ressort la fameuse balle qui explose le crâne de JFK. Dans First Hand Knowledge, un ancien de la CIA explique comment il aurait fourni certaines des armes utilisées dans le complot, mais c’est du témoignage “n+2” dans les degrés de relation avec les protagonistes donc fortement sujet à caution.

FilesOnJFKfrontFirst hand knowledge

Enfin, deux livres des anciens du Secret Service sont intéressants : The Kennedy Detail qui, s’il ne nous éclaire pas sur un éventuel complot, décrit bien la journée du 22 novembre 1963 de l’intérieur.

Et puis, dans The Echo from Dealey Plaza, le premier agent du Secret Service noir protégeant le président explique comment il a été renvoyé du service avant l’assassinat et comment il avait participé à l’arrestation d’un suspect à Chicago dont le profil ressemblait étrangement à Oswald et était lié à la mafia italienne. Cette thèse fait écho à celle de Robert Blakey dans The plot to kill the president selon laquelle la mafia italienne serait derrière le complot. Et aussi derrière les actes de Jack Ruby. C’est la thèse qui me semble la moins farfelue même si celle du tueur isolé la concurrence très sérieusement. Blakey était d’ailleurs la cheville ouvrière de la commission d’enquête de la chambre des représentants qui avait planché sur le sujet entre 1977 et 1979 et avait conclu à la forte probabilité d’un complot.

Le pire du farfelu ? La thèse selon laquelle la dernière balle fatale proviendrait d’un agent des services secrets situé dans la voiture située juste derrière la voiture présidentielle ! Là, je me suis abstenu de lire les livres sur le sujet !

KennedyDetailCoverEcho from Dealey PlazaPlot to kill the president

Avoir lu tout cela est dingue et relève d’une certaine forme de pathologie, n’est-ce pas ? Pour m’exonérer, disons que j’ai étalé cela sur deux décennies !

Retour à la thèse officielle

Alors que la majorité des américains ne croient toujours pas à la thèse du tueur isolé promue depuis la remise à LBJ du rapport Warren, les médias US et même les médias français considèrent maintenant que les thèses conspirationnistes sont toutes farfelues et ne présentent plus d’intérêt. On les examine sous un angle sociétal et on les met au même niveau que les thèses conspirationnistes sur 9/11. On peut même voir l’acteur Tom Hanks les ridiculiser dans des interviews pour NBC News ! Comme si c’était un spécialiste de la question !

JFK MSNBC No conspiracy

Les médias préfèrent chérir le souvenir de ce président que de creuser les méandres et la complexité des raisons qui ont pu conduire à son assassinat. Cela se retrouvait dans les choix de programmation de toutes les chaines de TV française ces derniers jours : Arte, France 3, Direct 8, Planète+ et d’autres couvraient “le jour J” mais s’arrêtaient là. Au moins ces nombreux documentaires permettent-ils de revivre les événements de l’époque. Il y avait une compilation assez bonne de visuels télé et argentiques de l’époque mélangeant images d’archives des médias et de particuliers. Ces images sont saisissantes et notamment celles des journées et heures précédant l’assassinat.

Ayant tout lu ou presque sur le sujet, je reste dans l’expectative. On trouve des incohérences dans toutes les thèses. Que la vérité soit celle du rapport Warren ou une autre, elle est masquée par un océan d’informations contradictoires. Chaque point amène son contre-point. Les témoignages cités par les uns semblent déformés par rapport aux originaux. On sait aussi que la Commission Warren a vu son travail très orienté dès le départ de sa mission. Que les enquêteurs indépendants étaient aussi victimes de troubles plus ou moins obsessionnels les conduisant à ne conserver que ce qui les intéressait dans leurs travaux !

L’affaire JFK est aussi intéressante dans son lien avec les technologies et notamment avec celles du numérique. Cela concerne l’enquête et l’exploitation des données liées à cet assassinat. Des technologies numériques relativement récentes ont apporté divers éclairages sur cette affaire. D’autres… pas encore !

Assassination science

Médias de l’époque

Le documentaire JFK: One PM Central Standard Time raconte comment les médias ont traité l’événement le jour même et notamment l’histoire derrière la fameuse annonce de la mort de JFK faite par Walter Cronkite de CBS Evening News (vidéo) ! Le documentaire a été diffusé sur la chaine Histoire le 18 novembre 2013.

D’un point de vue technologique, le documentaire rappelle que la TV n’était pas encore “fail proof” comme aujourd’hui. Les caméras TV devaient être réglées avant chaque diffusion. Et il y en avait peu. Résultat, une partie des annonces de la journée étaient en fait des messages radio diffusés à la TV. Plus d’information sur l’état de l’art de l”époque dans TV Coverage of the Kennedy Assassination.

Les correspondants sur place n’avaient bien entendu pas de smartphones ou de Twitter. Ils devaient pour la plupart utiliser des téléphones fixes et se bousculaient pour y accéder. Malgré tout, l’un des reporters sur place avait pu utiliser un téléphone embarqué dans un véhicule de presse.

Restauration du film de Zapruder

L’histoire du film de Zapruder est un roman à lui tout seul qui a aussi bien alimenté les thèses conspirationnistes. Le seul fait qu’il ait été caché plusieurs années au public américain est troublant. Ce n’est pas une affaire de conspiration mais plutôt de gros sous, le film ayant eu une forte valeur marchande. Ses droits avaient d’abord été achetés par Life Magazine.

Il a été publié sous forme de photos par la Commission Warren en 1963 puis dans la presse écrite. Il a été montré au public pour la première fois en 1969 dans le procès Garrison contre Shaw décrit dans le film JFK. Son premier passage à la télévision date en effet de 1975, soit douze ans après les faits ! Ce n’était pas l’ère de la transparence, mais de la prudence. Pouvait-on montrer comme cela une tête qui explose à la télévision ?

Le film tourné avec une caméra Bell & Howell 8mm dure 26,6 secondes et comporte 486 images (18,3 fps). Chaque image a été numérotée et on parle ainsi de la Z313 qui correspond à la balle fatale dans la tête de JFK.

En 1997, le film a été restauré numériquement par LMH Company (la société gérant des droits de Zapruder) et MPI Media Group et diffusé à l’époque dans le DVD Image of an Assassination. Le travail réalisé image par image a consisté à améliorer la qualité de chaque frame et à bien les aligner pour éviter les sautes d’images. Le résultat est saisissant. C’est cette version restaurée qui circule maintenant sur Internet et notamment sur YouTube. Est-ce que les héritiers de Zapruder bénéficient du revenue sharing de YouTube, c’est une autre histoire !

Image of an assassination

En 2013, une nouvelle version de ce film a été réalisée avec l’ajout d’images interpolées pour augmenter la perspective, mais sans changer ce qui se passe dans la voiture. C’est un “mash-up” utilisant plusieurs sources et pas seulement le film de Zapruder. Cette version du film ne permet pas de découvrir des éléments nouveaux. Tout au plus permet-il de mieux positionner les témoins aux alentours et de comprendre qui a vu quoi et quand.

Zapruder 2013

Une reconstitution 3D

Une reconstitution avec une simulation 3D de l’assassinat a été présentée dans Peter Jennings Reporting: The Kennedy Assassination — Beyond Conspiracy, un documentaire d’ABC datant de 2003. Vous la trouverez dans cette vidéo ainsi que celle-ci. Elle permet de valider la thèse de la balle dit magique qui a bien pu transpercer à la fois le cou de JFK et l’épaule du gouverneur Connally.

3D Dale Myers

Elle démontre qu’elle provient bien du Texas School Book Depository à l’étage même et à la fenêtre même où le fusil a été retrouvé. La simulation 3D a été créée par un spécialiste de l’animation, un certain Dale Myers et le projet s’est étalé de 1993 à 2003. Le gars s’est tapé la modélisation en 3D de toute la Dealey Plaza, des voitures, de JFK et Connally. Il a ensuite croisé sa modélisation avec tous les films et photos disponibles de l’époque pour bien positionner les parties mobiles. L’essentiel de la démonstration validant la trajectoire de la balle magique provient du fait que Connally n’était pas juste devant JFK dans la voiture, mais légèrement à sa gauche. Il était assis en effet sur un strapontin !

Magic bullet conspiracy (1)Magic bullet conspiracy (2)

Dale Myers a utilisé différentes versions du logiciel LightWave 3D de la société Newtek qui tournait sur des matériels de puissance croissante selon les années (de processeurs Intel 286 à des Xeon avec 4 Go de RAM. Le tout avait été complété d’effets réalisés avec Adobe Photoshop et After Effects (source). Petit détail, si cette simulation semble bien valider la thèse de la balle magique, elle se garde bien de creuser le cas de la dernière balle dont l’origine (par l’arrière ou l’avant) reste fortement sujette à caution ! D’ailleurs, les extraits du film de Zapruder montrés dans le documentaire d’ABC négligent généralement cette partie critique ! Ca décrédibilise un peu ce travail !

Analyse par activation chimique neutronique

Cette technique d’analyse de matériaux permet d’analyser de manière non destructive ses composantes chimiques. Appelée Neutron Activation Analysis (ou NAA), elle permet d’identifier la proportion de 70 éléments parmi les 118 que comprend le tableau de Mendeleïev. Cela sert notamment à effectuer l’analyse de balles et autres traces.

Dans l’affaire JFK, des tests NAA ont été réalisés par l’équivalent américain du CEA français entre décembre 1963 et janvier 1964, pendant les travaux de la Commission Warren. Ces tests ont servi à analyser les résidus de poudre explosive sur les mains d’Oswald ainsi que sur les fragments de balles récupérés sur JFK, Connally et dans la voiture présidentielle. Ils ont notamment servi à analyser la fameuse balle magique ayant traversé JFK et Connally et qui avait été retrouvé sur le brancard de ce dernier au Parkland Hospital.

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Conclusion de ces tests ? Bien, aucune ! De nombreux autres tests ont été réalisés jusqu’au milieu des années 2000. Mais ils ont été contestés et on ne peut dire si les fragments analysés provenaient d’une ou de plusieurs balles ! (source).

Cartographie

Il est bon de se demander si les déplacements de Oswald dans Dallas après l’assassinat étaient plausibles. Il n’a pas fallu attendre Google Maps pour y arriver puisque ces déplacements ont été cartographiés par la commission Warren tout comme un calcul de ses différents temps de trajets d’un point à un autre ! Et l’histoire se tenait bien.

Oswald trajet Dallas

Internet

Le film d’Oliver Stone est sorti en 1991, mais c’est l’arrivée du web au milieu des années 1990 qui a complètement changé la donne dans l’accès aux informations sur l’assassinat. On a vu fleurir les sites web spécialisés sur le sujet. On trouve à la fois des sites d’archives officiels comme celui des Archives Nationales et des sites ”privés”. Dans le non conspirationniste, vous avez une belle FAQ ici ainsi que ce site.

JFK Assassination sites

Parmi les sites ne supportant pas la thèse officielle, on peut trouver le très équilibré  22november1963.org.uk et notamment son abondante bibliographie. Si ce site est anglais, chaque pays y met du sien. On trouve ainsi un site français vaguement équivalent jfkofficielverite. Et puis, tout un tas de sites divers liés à un auteur, un livre ou une thèse.

Plus de 99% des archives de la Commission Warren sont aussi en ligne. La masse de documents disponibles en ligne est incroyablement dense. Elle couvre la vie de plusieurs centaines de personnages liés à l’affaire. Machin connaissait bidule qui travaillait avec chose. Avec deux degrés de séparation, toutes les thèses peuvent se développer. Il est aussi frappant de voir à quel point les informations se contredisent.

J’ai fait un test pour voir ce qui se disait du révolver qui aurait servi à tuer l’agent Tippit. Dans Wikipedia, on apprend que quatre cartouches ont été trouvées par les témoins sur la scène du crime dans les rues de Dallas et qu’elles correspondent bien au revolver qu’avait Oswald avec lui quand il a été arrêté dans un cinéma juste après ce meurtre. Jim Garrison pensait de son côté que ces cartouches avaient été placées là par d’autres tueurs pour incriminer Oswald. Selon lui deux des cartouches étaient de marque Winchester et deux des Remington. Alors que dans le corps de Tippit, on aurait trouvé trois balles Winchester et un Remington ! Et les experts balistiques, toujours selon Garrison, auraient conclu qu’il était impossible de valider ou pas que les cartouches correspondaient bien aux balles. Il indique aussi que les cartouches ne quittent pas un révolver à barillet aussi simplement !

OswaldsRevolver

Autre exemple, les sites anticonspirationnistes indiquent que les témoins du meurtre de l’agent Tippit comme Helen Markham ont reconnu Oswald au commissariat. Et lorsqu’on lit son témoignage tel que retranscrit par la commission Warren, on se rend compte qu’elle ne l’a pas reconnu (“Did you recognize anyone in the line-up?” : “No, sir.”, “You did not? Did you see anybody- I have asked you that question before -did you recognize anybody from their face? : “From their face, no”. “Did you identify anybody in these four people?”: “I didn’t know nobody”). Troublant !

Et l’expertise réalisée entre 1977 et 1979 pour le congrès américain est pour le moins vague. Résultat : même si c’est bien Oswald qui a tué Tippit, plus on dispose d’informations, plus on doute !

Dans d’autres cas, ce sont des témoignages en plein (j’ai vu/entendu ça vs je n’ai rien vu/rien entendu/rien reconnu), comme ceux de Jean Hill, qui sont démolis par des analyses. Les témoignages humains sont ce qu’ils sont : imparfaits et sujets à caution. Ainsi, c’est l’approche statistique qui prime à la fin. Il y a environ deux à trois fois plus de témoins qui ont entendu des balles provenir du dépôt de livres par rapport à ceux qui les ont situées en provenance du Grassy Knoll (cf cette analyse). Et 80% des témoins inventoriés ont entendu trois coups de feu. Les témoins peuvent se tromper et les enquêteurs faire un tri sélectif de leurs témoignages ! Ce créé un rapport signal-bruit gênant sauf si on est dans le périmètre de l’erreur statistique ! Bref, c’était du big data avant l’heure !

Autre exemple, les fameuses déclarations de Jack Ruby face au juge Warren. Au premier abord, il semble faire allusion à une conspiration dont il aurait été un instrument. A la lecture de la transcription son témoignage qui s’est étalé sur trois heures, ce n’est en fait pas si évident du tout ! Tout est comme ça dans cette affaire !

Bref, l’Internet est à la fois formidable pour la quantité d’informations qui rend accessible, mais leur lisibilité et le fact-checking ne sont pas plus faciles pour autant.

Tests ADN

Il y a bien eu des tests ADN réalisés en 2000 sur des résidus trouvés sur l’une des balles retrouvées dans la voiture du président. Ils visaient à vérifier que la balle avait bien traversé les vêtements de JFK. Résultats : pas de résultat !

“Scientists concluded from the test that the fibers were of a non-textile origin and did not come from the clothing of John F. Kennedy, nor of John B. Connally. The Department of Justice also had speculated that the organic fragments might shed light on the assassination, but DNA analysis of them proved inconclusive”.

Réseaux sociaux

S’il y a bien une technologie qui n’a pas encore été utilisée dans cette affaire, ce sont les réseaux sociaux. Pas au sens où on l’entend aujourd’hui. Mais au sens de l’analyse à postériori (forensic). A savoir qu’il serait possible, avec beaucoup de moyens, d’intégrer dans une base de données tous les textes disponibles, et de cartographier les liens entre les personnes (Oswald, Ruby, mafia, témoins, agents CIA, etc) et leurs rencontres et communications (dans l’espace et dans le temps). Puis de pondérer la véracité des témoignages. Puis… je ne sais quoi. Cela permettrait d’avoir une meilleure compréhension de l’histoire. Mais à quoi bon, vous direz… il y a d’autres choses plus importantes à faire !

Et aujourd’hui ?

Ladybug PointgreyPanoramic Dome    XIII

Un assassinat équivalent est-il possible aujourd’hui ? Côté armurerie, bien sûr. Sachant que les moyens sont plus sophistiqués. On cherche ainsi encore à savoir si Arafat a été empoisonné au Polonium et par qui. C’est relativement récent (2004). Et de nombreux films de fiction voire de bandes-dessinées comme la série des XIII (adaptée à la TV par Europacorp sur Canal+) ont brodé sur la thèse du complot et montré comment des manipulations pouvaient être construites. La fiction s’est inspirée des conspirations imaginaires ou réelles.

De son côté, la protection physique des présidents n’est jamais infaillible. On l’a bien vu avec la tentative contre Reagan en 1981. Ce sont les outils de captation d’aujourd’hui qui changent la donne pour une éventuelle enquête : avec les caméras de surveillance qui permettent de pister des suspects dans les lieux publics, avec les nouvelles caméras 360° à haute résolution qui permettent d’analyser une scène complète, avec la captation sonore multicanal, avec les smartphones, avec des outils de crowdsourcing de vidéo comme Evergig (utilisés normalement pour la captation de concerts), les reconstitutions d’un tel événement seraient très différentes. Sans compter les outils de surveillance électronique généralisée comme ceux de la NSA !

Autres conspirations

En fait, que JFK ait été assassiné ou pas par Oswald, il y a bien eu des tentatives d’étouffement d’informations autour de cette affaire.

La CIA voulait cacher toute implication de près ou de loin avec certains protagonistes de l’affaire et dans d’autres affaires (Cuba, etc), le tout dans un contexte très tendu de guerre froide. Oswald et plein de protagonistes ayant touché de près ou de loin à cette histoire avaient un rapport avec la CIA. Dans les années 1960, la CIA voulait aussi protéger la confidentialité de ses actions à Cuba, notamment ses tentatives d’assassinat de Castro et le fait qu’elle collaborait avec la mafia dans ce cadre. Ce “cover up” est avéré même si la CIA en tant qu’organisation n’est probablement pas l’organisateur de cet assassinat.

Le FBI cherchait à cacher diverses incompétences, ou le fait que Oswald était suivi par un de ses agents, James Hosty. La protection contre la publicité pour incompétence est l’un des plus grand générateurs de fausses pistes alimentant les théories du complot ! Et ne parlons pas de certaines méthodes de son patron tout puissant de l’époque, J. Edgar Hoover.

Le président Lyndon B Johnson a manifestement orienté les conclusions de la Commission Warren, préférant creuser la piste du tueur isolé. Au minimum pour éviter d’envenimer une situation déjà déplorable avec l’URSS et aussi pour protéger la CIA et le FBI. Au pire, pour cacher son implication directe.

Enfin, la famille Kennedy ne souhaitait pas ternir l’image de JFK. Plus on creusait dans l’affaire, plus on découvrait la face sombre du personnage ou du clan : les liens de son père avec la mafia, ses relations extra-conjugales et notamment avec Judith Campbell, la maitresse de Sam Giancana, l’affaire Marilyn Monroe, ses problèmes de santé et sa dépendance à certaines prescriptions, etc. De son côté, Bob Kennedy a longtemps cru que la mafia était derrière l’assassinat. Ne serait-ce parce qu’il s’était opposé à elle en tant qu’Attorney General. Mais il était en même temps impliqué dans les affaires concernant Cuba qu’il ne fallait pas ébruiter pour raison de sécurité nationale !

Tous ces “cover ups”, même s’ils ne visaient pas à cacher un éventuel complot sur l’assassinat de JFK, ont généré pas mal de fausses pistes et alimenté sans le vouloir diverses théories du complot ! Et elles subsisteront longtemps ! Et si Oswald était l’assassin : c’était à la fois un dingue à la vie torturée et un très bon tireur qui a changé le cours de l’histoire, ce qui est difficile à admettre !

PS : j’ai aussi eu l’occasion, en 2010, de visiter le Musée/Bibliothèque/Mémorial JFK de Boston. Le couloir qui évoque son assassinat ne comprend que quelques écrans qui rediffusent l’actualité TV de l’époque. Il ouvre sur une grande salle qui évoque l’héritage de JFK et notamment ce que son successeur Lyndon B. Johnson a pu réaliser, qu’il s’agisse des droits civiques ou de la conquête de la Lune.

JFK Library and Museum (25)

On tombe alors dans un énorme hall couvert d’un très grand drapeau US. C’est à la fois grandiose et émouvant.

JFK Library and Museum (32)

Tout comme l’est cette partie du musée qui décrit le “making of” étape par étape de son discours inaugural devant le congrès, le 20 janvier 1961.

JFK Library and Museum (18)

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