Vendredi 15 novembre à  l’Epitech (Kremlin Bicêtre) avaient lieu la quatrième édition des Epitech Innovative Projects IP. Les élèves de cinquième année y présentaient leur projet mené sur trois ans. Le tout devant un jury de plus de 20 personnes issues de mondes variés (entrepreneurs, pôles de compétitivité, business angels, experts, responsables de l’open innovation de grandes entreprises, etc) et votre serviteur. Mes photos sont ici.

Il y avait notamment Alexandre Malsch, le créateur de Melty que l’on ne présente plus et qui avait gagné le premier EIP en 2009. C’est la star des anciens élèves de l’école ! Et le jury était présidé par Clarisse Reille, présidente de Grandes Ecoles au Féminin et DG de DEFI.

Dans cet EIP, douze projets de qualité ont été présentés dans un amphi de l’EPITECH plein à craquer. Certains pourront aboutir à la création de startups. Ces projets avaient été présélectionnés parmi les 91 projets d’élèves de la promo 2013. La liste des projets de toutes les promos de l’EPITECH depuis 2008 est ainsi disponible sur leur site. Il y aurait de quoi faire un peu d’analytics sur les tendances des sujets choisis par les élèves !

Les quatre qui se sont distingués par un prix étaient dans l’ordre décroissant :

• Animate : un toolkit pour le développement de jeux utilisant l’intelligence artificielle pour donner vie aux animaux. La démonstration présentait un lézard intelligent dans un système de réalité augmentée visible à partir d’un smartphone. Il existe probablement d’autres systèmes de ce genre dans certains jeux, mais l’approche “SDK” est intéressante pour apporter ce genre d’intelligence et d’auto-apprentissage à un maximum de jeux.

• Flat : un logiciel de composition de musique collaboratif s’appuyant notamment sur Google Hangout. Le tout était présenté avec une belle vidéo de démonstration. Un logiciel qui complèterait bien celui de Weezic qui permet de se faire accompagner dans ses entrainements par les autres instruments joués automatiquement à partir d’une partition. Pourquoi Flat ? Cela veut dire “bémol” en anglais.
• Koory : un service en ligne de préparation de voyages à plusieurs et sur plusieurs destinations. La démonstration était très bien faite pour rapidement choisir les destinations à plusieurs et obtenir les meilleurs tarifs pour les vols d’avion et hôtels. Reste à mieux comprendre l’environnement concurrentiel d’un tel service qui semble au premier abord assez encombré.
• Life : une application sociale qui récompense les utilisateurs dans l’atteinte d’objectifs personnels. C’est beaucoup moins mon truc et il y en a déjà pas mal dans ce genre sous des formes diverses et variées.

Les autres projets présentés – tous avec entrain – valaient aussi le détour :

• M-Cador : un logiciel de pilotage d’essaims de drones hélicoptères. Cela existe probablement déjà dans les environnements professionnels mais pourrait avoir des applications intéressantes avec les drones abordables du style de ceux de Parrot.

• Dispatch, un logiciel de répartition de ressources/personnes dans une classe, salle ou bureau en fonction de contraintes multiples. A l’origine, un besoin exprimé par une enseignante pour optimiser la répartition des élèves dans sa classe en fonction de leurs comportements. Mais cela peut avoir des applications dans plein de domaines et notamment dans les entreprises.
• My paperboy, une sorte de lecteur de flux d’informations permettant leur géolocalisation sur une mappemonde. Et on peut à la fois localiser une news sur la carte et au contraire, identifier toutes les news liées à un endroit en cliquant sur la carte. Le service est disponible en bêta. C’est peut-être une “feature application” mais elle est intéressante. On peut s’en servir pour localiser les endroits que l’on ne sait pas bien situer. Cela pourrait avoir du sens d’intégrer des “social network analytics” dans les cartes pour identifier les lieux “qui buzzent le plus”. Et le faire aussi bien à l’échelle internationale qu’à l’échelle d’un pays (départements, villes).

• Optimalistic, un logiciel d’optimisation de vos impôts (version particulier, pas Etat…). L’ambition de l’équipe est d’intégrer toutes les dispositions du code fiscal dans la solution en ligne et de la mettre à jour chaque année. Reste à savoir quelle est l’audience visée. Dans la démonstration, il s’agissait d’un couple ayant 50K€ de revenus. Les optimisations fiscales proposées sont assez classiques : dans les services à la personne et l’investissement immobilier. Reste à intégrer dans les conseils les chausse-trappes de nombreux investissements défiscalisants qui sont beaux sur le papier mais plein de pièges.

• Neuromot, un projet de pilotage de chaises roulantes d’handicapés exploitant le GPS, des détecteurs de présence et des casques EEG de captation des ondes cérébrales. La difficulté d’un tel projet est liée aux limitations des casques EEG (comme l’Epoc de Emotiv, ci-dessus à gauche, qui existe depuis 2009 ou le Muse d’Interaxon lancé en 2012, ci-dessus à droite). Ils captent des ondes cérébrales, certes, mais pas très précises sur ce que l’utilisateur veut faire. Et ils nécessitent beaucoup de calibrage. D’où le fait que l’équipe s’est aussi intéressée à un guidage automatisé exploitant un accéléro/gyro et des caméras.
• Epijarvis, un système de contrôle d’écrans associant la voix et les gestes qui n’est pas sans rappeler les fonctions du même genre que l’on trouve dans les Smart TV de Samsung depuis le début de l’année. Je n’y crois pas trop car c’est tout simplement fatiguant et cela ne règle pas la question de la saisie de texte. Réaliser celle-ci avec la main levée sur un clavier virtuel est aussi délicat qu’avec une télécommande gyroscopique. On en revient finalement facilement à l’usage d’un écran tactile (smartphone ou tablette) comme télécommande. C’est beaucoup plus simple et plus fiable. Et avec une combinaison avec Chromecast ou un équivalent genre Miracast (pour envoyer l’écran de son laptop ou mobile sur TV), le tour est joué !

• Full Immersion, un système de visioconférence utilisant des casques de vision stéréoscopique et la réalité augmentée. Pourquoi pas, mais reste à préciser ce que cela apporte de concret aux conversations.
• Instant Challenge, une plateforme de micro-jeux sociaux. Micro car pouvant durer juste une minute pour boucher les trous dans l’agenda des gens qui s’ennuient au travail.

Bravo aux élèves et à l’organisation ! C’était très rafraichissant.

Mais ce n’était pas tout pour ma semaine de “membre de jury”. J’ai notamment aussi présidé le jury du Trophée Startups Numériques de Télécom ParisSud dont les prix ont été remis mardi 12 novembre 2013. Le concours ouvert à tous permet à l’incubateur de Télécom ParisSud de se sourcer en projets au-delà des élèves des écoles Télécom ParisSud (l’école de management et l’école d’ingénieur).

Le gagnant était StreamRoot, un projet d’élèves de l’Ecole Centrale Paris qui propose une solution de réduction des coûts de streaming vidéo par un système peer-to-peer. L’utilisateur n’a pas besoin de charger quoi que ce soit car le système peer-to-peer qui est une sorte de “CDN réparti sur les clients”  est intégré dans le code JavaScript du player vidéo utilisé. Là encore, il y avait de nombreux projets de qualité !