Bizspark Event @ Microsoft
Post de Olivier Ezratty du 27 mai 2010 - Tags : Entrepreneuriat,Internet,Logiciels,Microsoft,Startups,USA | 10 Comments
Mardi 25 mai, chez Microsoft à Issy les Moulineaux, plus de 250 personnes étaient réunies dans une conférence Bizspark, du nom de ce programme destiné à aider les startups.
La formule était assez classique : quelques intervenants de renom comme Guy Kawasaki ou Bernard Liautaud, des présentations de startups européennes (dans le style “Innovate” avec 5 mn de pitches et 3 mn de questions réponses avec un jury qui choisit deux boites à la fin de la journée) et un keynote d’un haut gradé de Microsoft, ici Jean-Philippe Courtois, patron de l’international (ventes mondiales hors Amérique du Nord) et toujours aussi “corporate”, du haut de ses 26 ans d’ancienneté.
Les participants comprenaient de nombreux intervenants de l’écosystème des startups : des VCs, des business angels, des conseils, leveurs de fonds, les startups elles-mêmes et quelques journalistes. Dans les faits, c’était une sorte de conférence européenne pour l’écosystème des startups avec 40% de participants étrangers.
La conférence était suivie le lendemain de “ReMix”, qui reprenait le contenu du MIX de Las Vegas de début avril 2010, la conférence “développeurs web” de Microsoft.
Qu’est-ce que Bizspark ?
BizSpark, c’est un programme qui rassemble 30000 startups à l’échelle mondiale dont 7000 en Europe et 500 en France. C’est dans le jargon marketing de Microsoft un programme “breadth” à savoir qu’il est destiné à une grande masse de sociétés et qu’il leur fournit des ressources essentiellement via le web : téléchargement de logiciels, support technique communautaire, visibilité dans un annuaire accessible par les acteurs de l’écosystème et notamment les investisseurs.
Bizspark One est l’équivalent “depth” du programme, aussi appelé IDEES en Frence, et destiné aux meilleures des startups – selon les critères de Microsoft – et qui bénéficieront d’une relation directe dite “1/1” avec les équipes de Microsoft, d’une visibilité dans des événements comme celui-ci et dans les outils marketing de la société comme dans certains de ses processus de vente.
Le programme Bizspark a été créé aux USA par Julien Codorniou, lui-même créateur en France du programme IDEES en 2005/2006. Après deux ans passés au siège de Microsoft à Redmond (près de Seattle), il est revenu en France comme Directeur des partenariats de la Division Plateforme et Ecosystème.
En termes d’impact, il n’est pas exagéré de dire que Microsoft est la société informatique qui a bâti les meilleurs outils pour aider les startups. Mais pour l’instant, ça lui sert plus à consolider son écosystème dans le secteur de l’entreprise qu’à accompagner ses business grand public (Internet, mobilité, etc) qui ont, à l’exception de la XBOX, toujours du mal à décoller.
L’ombre d’Apple
L’ironie de cette conférence était que les premiers intervenants, Dan’l Lewin, de Microsoft, et Guy Kawasaki, sont tous deux des anciens d’Apple ! Des “anciens anciens”, puisqu’ils y ont officié dans les années 1980 et ont participé au lancement initial du Macintosh. Dan’l Lewin qui est VP de Microsoft Corp en charge des startups a aussi travaillé avec Steve Jobs chez Next, en charge des ventes éducation et secteur public.
L’autre “ombre” était celle de l’iPad : utilisé par Guy Kawasaki lorsqu’il pilotait le matin le séquencement des présentations de startups, et pour consulter les flux Twitter de la conférence :
Mais aussi dans l’assistance, les utilisateurs d’iPad étant généralement américains comme ci-dessous.
L’ombre d’Apple et de Steve Jobs, c’est aussi lorsque Guy Kawasaki demande à Dan’l Lewin comment on travaille avec Steve Ballmer. Réponse : c’est un gars très énergique, précis, qui maitrise les chiffres, qui a une vue 360° des problèmes, qui a un job très compliqué, etc. Beaucoup de qualités, mais en creux, pas celles qui permettent d’innover et que l’on trouve chez cet imbuvable autocrate qu’est Steve Jobs.
J’aurais l’occasion de faire bientôt un post sur ce point et d’expliquer ce paradoxe apparent : comment le meilleur des pratiques de management produit le pire (chez Microsoft) et le pire du management produit le meilleur (chez Apple).
The Art of Innovation de Guy Kawasaki
Quand on ne l’a pas déjà vu quelque part, une première présentation de Guy Kawasaki sur l’art de l’innovation est toujours plaisante à écouter. Il y décrit en onze points les éléments clés d’une innovation réussie en exploitant son expérience d’entrepreneur et de VC, et aussi, en s’inspirant clairement des succès d’Apple.
Sa présentation est largement disponible sur le web : sous forme de slides et de webcast. Et puis dans différents bouquins, certains ayant été traduits en français. Autant dire que le monsieur se répète, ce, depuis de nombreuses années. Le lot commun des conférenciers demandés. Au menu : beaucoup de bon sens, des exemples marquants et exagérés, et pas mal d’humour.
Il commence par écharper les patrons de grosses boites qui font de longues présentations ennuyeuses (oops, il y en avait un deux heures plus tard dans la conférence…). Et pour simplifier le propos : nul et long = stupide et arrogant. Mais ses recommandations sont loin d’être appliquées par toutes les startups, on pouvait le voir juste après dans les pitches de la matinée !
Alors, passons en revue ses 11 points de l’art de l’innovation en les regroupant un peu logiquement :
Bon, une fois qu’on a entendu tout cela, que fait-on ? On retient surtout la règle 10/20/30 des bonnes présentations. Mais le reste a autant de valeur et mérite réflexion.
Bernard Liautaud et l’ambition de la startup
Bernard Liautaud est devenu une icone de la réussite en Europe. C’est en effet l’un des rares entrepreneurs qui a pu créer une entreprise de logiciel de plus de $1B. J’avais eu l’occasion de l’interviewer en 2006 pour ce blog et il est remarquablement persistent dans ses propos.
Son propos tourne autour de l’ambition qu’il faut avoir lorsque l’on créée une startup. Il a prouvé que l’on pouvait créer une grande entreprise européenne de logiciels. Il y a eu aussi Skype, MySQL, Autonomy, etc. L’écosystème a évolué : il y a des compétences et de l’argent. Et la France est un bon endroit pour démarrer, notamment du fait des aides publiques.
L’entrepreneur doit donc avoir une ambition d’impacter le marché global et pas seulement local. Bernard croise trop souvent des startups qui ont un grand potentiel mais n’ambitionnent pas d’attaquer les marchés nord-américain ou asiatiques. Il raconte alors son histoire maintenant bien connue de la création de sa filiale aux USA un an après la création de Business Objects. Business Objects a aussi été la première société européenne de logiciels introduite au Nasdaq. Il n’y a déplacé son siège qu’après, en 1997.
S’en suivent quelques trucs pour discuter avec les VCs :
En plus, ne vous vendez pas, attendez d’être achetés, ou faites en sorte d’être désirables. Notamment en développant votre présence sur le marché, par des partenariats et en devenant progressivement importants pour d’autres sociétés de votre milieu.
Les startups
Je ne vais pas les passer en revue une par une. La sélection était assez hétérogène. Que venait par exemple y faire un système de e-learning dédié au marché Turc et le n+unième système de shopping mobile géolocalisé ?
Il y avait toutefois quelques projets intéressants comme Sopima (Finlande) et son système en ligne de gestion de contrats, Siondo (UK), une sorte de AllMyApps pour faire son marché d’applications de gestion de PME en mode SaaS, ou Captain Dash (France) qui propose un tableau de bord interactif pour responsable marketing intégrant données externes et internes à l’entreprise. Mais j’ai loupé un bon tiers des présentations !
J’ai surtout noté deux pratiques opposées dans les présentations :
C’était aussi le cas de Sopima et de son système de gestion de contrat. On comprenait que gérer les contrats était difficile et source de pertes pour les entreprises. Mais pas trop pourquoi et quel élément du processus de gestion des contrats était traité par le service en ligne.
Quant aux différents jurys, composés essentiellement de VCs, leurs questions étaient trop souvent ultra-formatées et cela frisait parfois le ridicule du conformisme. La bozo-itude n’était pas loin !
Il est vrai qu’il n’y a rien de plus ressemblant à un événement de startups qu’un autre événement de startups. Celui-ci était de bonne facture, mais se distinguait surtout par l’intervention de Guy Kawasaki, pas venu en France depuis plus de 10 ans, plus que par tout le reste.
PS: mes photos de la conférence sont ici.
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Lien de l'article : https://www.oezratty.net/wordpress/2010/bizspark-event-microsoft/
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(cc) Olivier Ezratty - http://www.oezratty.net