Pour terminer ce compte-rendu en trois parties de Capital Week, passons en revue quelques une des startups qui “pitchaient” pour trouver des investisseurs.

Startups vues dans Capital Transfert

Capital Transfert était dédié aux projets issus de la recherche et le plus souvent en phase d’incubation. Il y avait trois tracks : un sur la santé, un sur le développement durable et un sur le numérique, auquel j’ai participé. Avec des présentations très rapides dans une petite salle de classe d’une quarantaine de participants, surtout des incubateurs comme Agoranov ou des pôles de développement régionaux. 6 minutes de pitches et quelques questions, puis hop, au suivant. Une occasion de découvrir des projets exotiques intéressants, le plus souvent dédiés à des marchés niches.

Voici ceux qui m’ont le plus marqué :

• “Station de micro-assemblage”, un projet à valoriser de l’Université de Franche-Comté. Il s’agit d’une technologie d’assemblage robotisé de composants d’une taille inférieure au dixième de millimètre basée sur un ensemble de travaux de recherche appliquée associant vision artificielle, micromécanique et micromanipulations. Visiblement, un laboratoire à la pointe des nanotechnologies mécaniques. Ils visent des applications diverses : horlogerie, biomédical, aérospatial et militaires. Ils peuvent soit faire fabriquer leurs propres machines, soit s’appuyer sur un industriel de la machine outil dans les nanotechnologies.

• Inventiv  Security propose la Versus Box, un dispositif antivol pour les ordinateurs des entreprises qui surveille leur présence via un boitier qui ressemble à un switch et détecte leurs cartes réseaux. Il complète les dispositifs de cryptage des données.  J’ai trouvé le système astucieux mais plutôt adapté aux ordinateurs (et autres objets) qui sont fixes dans les entreprises.

• ILObjects propose IlobTrack, un outil de visualisation graphique de la navigation dans un site web permettant d’identifier à la fois les zones d’intérêt pour les lecteurs et les dysfonctionnements du site. Les applications touchent autant à l’ergonomie qu’à la surveillance. Le système pourrait être complété par une visualisation des backlinks qui aboutissent dans le site.

• Mixmod est un autre projet issu de l’Université de Franche-Comté. C’est un logiciel de classification automatique des données avec des applications diverses. Il permet d’identifier les “clusters“ dans des données statistiques pour réaliser par exemple une segmentation automatique de clients dans une base de CRM. Le logiciel étant publié en GPL, il est fort probable que le mieux que ce projet puisse générer est une société de service à petite échelle.
• FlashItEasy propose un outil de design de sites web en Flash en simplifiant l’usage pour les graphistes et concepteurs de sites web tout en automatisant le référencement sur les moteurs de recherche. La technologie sera utilisable à terme sur d’autres moteurs de rendu comme Silverlight de Microsoft ou encore Java. Mais il sera dur de convaincre les web agencies de passer par un tel outil exotique. Et nous n’avons pas pu voir à quoi cela ressemblait !

Et terminons avec deux sociétés qui se positionnaient dans la vision en relief, très dans le vent :

• Yelocom est cible le marché émergent de la production de films en relief. Il s’agit d‘une chaine de production complète de cinéma numérique 3D. Il était difficile dans la présentation d’identifier ce qui relevait de l’intégration de logiciels existants et du développement de briques logicielles. Mais son positionnement semblait à propos car l’intégration de cette chaîne complexe procure déjà une forte valeur ajoutée.
• Kolpi présentait un outil de visualisation en relief pour des robots de contrôle. Avec un mélange de vision réelle stéréoscopique et d’informations numériques associées, plus un contrôle des commande haptiques du robot (à retour de force). Il s’appuie sur affichage autostéréoscopique type Alioscopy. La société vise le marché des robots sous-marins dans un premier temps, puis extension du marché à divers robots de contrôle et de maintenance. La part de service et de personnalisation semble encore très importante dans le produit. Et par ailleurs, quand on va sur leur site web, on se rend compte que la société se cherche un peu.

Startup vues dans Capital IT

Les projets présentés sur Capital IT étaient plus mûrs, à la fois comme entreprises, et dans leur cycle de financement. Tous avaient déjà levé des fonds chez des business angels et en étaient à l’étape d’une levée de fonds chez des VCs. Ces projets étaient à la fois plus mûrs, et plus… classiques. Avec pas mal d’applications pour entreprises (que je ne couvre pas in extenso ici).

• Brand Online Commerce propose une solution clé en main logicielle pour gérer un site web de marque de luxe et gérer également le backoffice, la relation client et la logistique. Cela rappelle le concept de MixCommerce qui n’est pas spécialisé sur un marché donné. Le marché est porteur donc la société devrait réussir si elle “exécute bien”.
• Kalistick propose Cockpit, un service logiciel en SaaS pour auditer la qualité du code source d’un logiciel, ciblant Java et C#. Le fonctionnement a l’air assez classique avec audit du code source couvrant la structure, la complexité et les commentaires, puis générant des tableaux de bord. L’originalité est le fonctionnement en mode SaaS sachant que la solution s’interconnecte avec les outils de gestion de version du code. Le site web de la société est bien fait.
• LLTech est une solution matérielle et logicielle pour réaliser des biopsies au niveau cellulaire en quelques minutes alors que les techniques traditionnelles passent par des laboratoires et durent plusieurs jours. Cela sert par exemple à identifier des tumeurs lors d’opérations du sein. Le projet avait une réelle utilité sociétale et était très bien présenté.

• Neli Technologies propose une solution de diffusion de la TNT pour le grand public reposant sur les courants porteurs. Cela remplace le câblage d’antenne hertzienne qui couvrirait maisons et appartements. Mais concurrence aussi le Wifi dans le cas des personnes équipées d’ADSL Triple Play. Le coût de l’ensemble (1 émetteur et 3 récepteurs) me semblait un peu élevé (200€ à fabriquer et vendu 300€) sans compter la marge, insuffisante. Après, il faut distribuer cela et le retail, ce n’est pas de la tarte !
• VODemotion est un portail vidéo destiné aux mobiles et proposant des “trucs et astuces” pour la vie courante, notamment des recettes de cuisine. C’est à base de contenus créés par les utilisateurs (UGC) qui sont rémunérés. Le problème est que ce business est financé par la publicité. Je n’en connais pas qui fonctionne de telle manière en rémunérant les utilisateurs d’UGC, et d’ailleurs même sans les rémunérer…

• Ulteo propose l’Open Virtual Desktop, une solution de virtualisation de poste de travail à la Citrix en open source. Créé par des anciens de Mandriva et d’Intalio, ce dernier ayant mieux réussi que le premier dans le monde de l’open source. Ils rêvent de créer un nouveau MySQL ou JBOSS. Au pire, ils deviendront une société de service en logiciels libres d’infrastructure.
• Webwag propose une plateforme de widgets pour mobiles, déjà vue à différentes reprises comme sur leMobile2.0 où j’intervenais il y a deux mois.
• E-Steresys propose un poste de radio numérique design doté d’un écran alimentée par des informations provenant d’Internet (c’est de l’hybride IP+broadcast). La société est financée par SFR Développement. Le poste de radio coûtera 300€ dans sa première version. Bon, je ne suis pas dans la cible car le seul endroit où j’écoute la radio, c’est la voiture… :).

A noter que certaines de ces startups n’ont pas de site web digne de ce nom… Un basique dans l’exécution qui laisse à désirer.

Bonus sonore

Dans les allées de stands, j’ai croisé la société Trinnov pour qui j’ai un faible. Ils proposent en gros le meilleur système d’égalisation sonore multicanal au monde. Tout simplement. Il repose sur du logiciel et un microphone de calibrage unique à cinq capteurs. Trinnov commercialise un système pour les professionnels avec un rack tournant sous Linux, dédié aux salles de concert ou conférences comme aux studios. Ils licencient également leur technologie logicielle associée à leur micro à des fabricants d’amplificateurs audio-vidéo comme Sherwood dont le R970 devrait enfin voir le jour, à moins de 2000€.

Et voilà.

Joyeuses Pâques !