Dans une interview du 9 septembre 2008 suite à la parution de son bouquin “The war within” racontant l’histoire de la guerre en Irak depuis 2006 vue de la maison blanche, l’ancien journaliste du Washington Post Carl Bernstein révèle que l’armée américaine emploierait une nouvelle arme secrète en Irak pour identifier, détecter et éliminer physiquement les “leaders ennemis”. La révélation n’a pas encore été reprise par les grands médias, notamment en France. Pourtant, elle semble d’importance, même si elle reste quelque peu imprécise.

Bernstein indique que cette “capacité” relève d’un projet digne du projet Manhattan (la création de la bombe atomique pendant la seconde guerre mondiale), et une révolution aussi importante que l’usage de l’aviation ou des tanks dans la guerre. Et aussi que l’information, lorsqu’elle sera détaillée, sera très surprenante. Sauf que … pas de détails !

La révélation de Bernstein amène quelques questions clés :

• De quoi s’agit-il ? On est en pleine Area 51 et autres gamberges. On peut trouver quelques indications de lecteurs sur Wired et dans DailyKos. On y parle de système à base d’ADN (détection d’individus), d’imagerie à base de “signature thermique”, de nano particules, de cape d’invisibilité, d’une arme montée sur un tank créant une boule de feu faisant tout fondre aux alentours et utilisée dès 2003, et aussi de lasers chimiques aéroportés. Que des supputations, mais aucune piste sérieuse n’a pour l’instant vu le jour. Est-ce que la “capacité” (capability) exploite des technologies connues et poussées à leurs limites et avec des moyens matériels et financiers délirants, ou des technologies véritablement nouvelles qui nous seraient inconnues ? Motus.
• Pourquoi a-t-il eu cette information (en discutant visiblement avec des généraux pendant l’enquête menant à son bouquin) ? Il indique que les “ennemis” en Irak sont au courant de l’existence de cette “capacité”. Pourtant, il n’en révèle pas les détails. Est-ce de l’intox ? Ou un moyen de leur faire peur ?
• Comment les USA peuvent cacher de tels secrets à l’heure de l’Internet, des mobiles et des blogs ? Ils n’ont pourtant pas réussi à cacher ce qui se passait dans leurs prisons en Irak. Et là, silence. Le patriotisme joue certainement. Mais est-ce suffisant ? La planque budgétaire ne pose quant à elle aucun problème vues les sommes qui ont été consenties à la guerre en Irak ($10B par mois…).
• Si cette “capability” repose tout ou partie sur des moyens d’espionnage ultra-sophistiqués, au delà de ce que la NSA et son programme Echelon sont capables de faire habituelllement, quelles sont les menaces pour les citoyens normaux que cela pourrait créer ?
• Est-ce que les candidats à l’élection présidentielle sont au courant de la nature de cette “capacité” ? C’est possible dans la mesure où ils reçoivent les “President Daily Briefs” tous les jours depuis au moins leur nomination officielle (uniquement pour les candidats démocrates et républicains, pas les indépendants comme Ralph Nader ou Ron Paul). Ce sont les briefs du DNI (Director of National Intelligence) qui coordonne depuis 2005 les services de renseignement (CIA, DIA, NSA, etc). Ils fournissent une analyse de la situation mondiale et des menaces qui pourraient affecter les USA. Mais pas forcément les sources d’information, ni les détails. Des briefings des candidats ont également lieu sous forme de réunions. Un signe tout de même : Barack Obama qui indique début septembre que les renforts envoyés en Irak ont obtenu des résultats au delà des espoirs les plus fous (“succeeded in reducing violence "beyond our wildest dreams."). Alors qu’il s’était opposé à cette campagne militaire. McCain l’a d’ailleurs mouché sur ce point pendant le débat de la semaine dernière. Ils savent tous les deux ce qu’il se passe mais ne peuvent pas en parler ! Cela rappelle l’affaire Gorgi pendant le débat Mitterrand/Chirac de l’élection présidentielle de 1988.

Bref, on est en plein Tom Clancy !

Ah, vous le savez sans doutes, Carl Bernstein fait partie du duo avec Bob Woodward qui avait été le déclencheur médiatique de l’affaire du Watergate. Il a fallut attendre plus de trente ans, en 2005, pour apprendre l’identité de “gorge profonde”, qui était Mark Felt, un directeur adjoint du FBI à l’époque des faits.

Il nous refait maintenant le coup, mais à plus grande échelle !

Des pistes ?