L’écosystème des logiciels photo – 5
Post de Olivier Ezratty du 11 septembre 2008 - Tags : Internet,Logiciels,Logiciels libres,Photo numérique,Startups | 7 Comments
Nous allons dans cette partie traiter de la sauvegarde et de la publication de vos photos. En commançant par la publication via des services en ligne classiques, de la publication avec des logiciels serveur de gestion de galeries photos, puis en traitant de la question des sauvegardes locales.
Services de stockage et de partage en ligne
Le partage de photos en ligne est devenu une fonction de commodité intégrée dans un tas de sites. Elle est soit assurée par des sites dont c’est la fonction première, et avec une composante “réseau social” forte ou pas (Flickr, Photobucket qui est numéro un aux USA, etc), soit par des sites dont c’est une fonction périphérique tels que les sites de tirage papier (Photobox, etc) ou les réseaux sociaux (Facebook, réseaux sociaux familiaux). On préfèrera les uns ou les autres selon le périmètre de la diffusion des photos : tous publics, environnement familial, d’amis ou professionnel.
Quelques tendances peuvent être identifiées dans ce secteur. Tout d’abord, une ouverture grandissante des systèmes. Les photos d’un outil sont souvent utilisables à partir d’un autre. Les photos de Picasa Web Album et de Flickr sont ainsi exploitables dans Photoshop Express. Seconde tendance : l’apparition du géotagging et du géomapping, qui va se généraliser avec l’intégration progressive de GPS dans les appareils photos. En attendant, le tagging se fait manuellement en déplaçant ses photos sur une carte. Troisième tendance : la publication directe de photos à partir de mobiles. Des sites spécialisés existent pour ce faire, mais cela sera à terme une fonction standard des sites de partage de photos. Dernière tendance, antérieure : le “social photography”, qui voit les sites de partage permettre aux utilisateurs de commenter et noter les photos, et même de les enrichir significativement comme avec Fotonauts.
Se pose avec ces systèmes l’épineuse question du tagging. Dans les services en ligne, il n’est généralement pas transportable avec les photos dans les systèmes en ligne. Cela serait bien si le tagging était uniquement dans les entêtes des fichiers JPEG des fichiers publiés et ainsi portables de votre gestionnaire de photos jusqu’au site web où vous les publiez. C’est l’utilité du standard IPCT qui n’est visiblement pas généralisé dans les services en ligne. La standardisation ira à la vitesse de la pression des utilisateurs car elle réduit le coût de sortie d’un système pour ses utilisateurs !
Allons-y donc pour le catalogue :
Ayant été invité à participer à la beta privée, j’ai pu pendant l’été tester ce système de publication de photos qui se veut à la fois très simples d’emploi, très design et ouvrant de nouvelles possibilités d’expression et de partage. La solution est la combinaison d’un logiciel client et d’un service web. Le logiciel client pour Windows ou Macintosh demande un téléchargement de 12,8 Mo. Le site repose sur QuickTime 7.5, ce qui ajoute 23Mo de téléchargement si on ne l’a pas déjà installé. Ce qui frappe dans un premier temps, c’est l’ergonomie, qui rappelle celle de Lightroom et des logiciels Apple, on n’en attendait pas moins ! Après avoir créé un compte utilisateur, on sélectionne ses photos sur son poste de travail pour créer des albums. Et sans rien demander, les photos sont uploadées sur le site de Fotonauts. Dans un premier temps en basse résolution, puis en haute résolution. Le site est immédiatement consultable.
On peut gérer ses albums Flickr, et autres sites de partage à partir du logiciel. On peut alors habiller son site avec du texte, récupérer les descriptions de ses lieux de vacances sur Wikipedia, ajouter à ses albums des photos récupérées ailleurs qui sont suggérées automatiquement (provenant de Flickr & co, mais aussi des albums partagés dans Fotonauts), ajouter une carte géographique Google Earth/Maps (et là l’intégration du GPS dans les appareils photos verra sa grande utilité… après un chinois, c’est au tour de Nikon d’annoncer un compact Coolpix doté de cette fonctionnalité).
Les albums sont publics ou privés et donnent lieu à contributions externes, notamment sous forme de ratings et de commentaires. Leur design sera de bien meilleure qualité que celui de la plupart des sites de partage de photo.
Si l’aspect partage et publication est plus sympa que sur Picasa et Windows Live Gallery, l’aspect gestion en local est absent du logiciel, pourtant “client riche”. Ce sera peut-être une étape suivante car l’ergonomie de cette fonction peut encore être améliorée.
Reste à savoir qui ce service attirera. A mon sens, une clientèle quelque peu sophistiquée par rapport à la moyenne qui va par exemple documenter ses voyages, un segment dans la photo analogue à celui des contributeurs de Wikipedia. Mais avec un tel service, ce sont les utilisateurs qui inventeront certainement les usages !
Le projet a démarré fin 2006 avec cinq anciens d’Apple, et à leur tête Jean-Marie Hulot, ancien CTO de Next Software qui a retrouvé Steve Jobs et Apple au début des années 2000 pour s’occuper de diverses briques logicielles, notamment la fonction de synchronisation qui équipe maintenant l’iPhone. Le projet est financé entre autres par Ignition, un VC US qui est un nid d’anciens VP de la Division Systèmes de Microsoft (un comble pour un ex-Apple) et par Banexi Ventures. Un rêve assez lointain pour nos entrepreneurs français classiques qui n’ont pas le réseau personnel de Jean-Marie Hulot. Qui rappelle que pour avoir des moyens, il est bon d’avoir un pont avec la Silicon Valley ! Le business model ? Pas encore fixé et loin d’être évident à bâtir, surtout s’il s’agit d’un modèle publicitaire ! La stratégie assez classique mais qui ne fonctionne pas à tous les coups consiste à créer une base d’utilisateurs et à se poser la question de la monétisation après…
Tirages papiers
Il y a enfin des dizaines de services de tirage papier rien qu’en France, avec notamment le leader Photoways et son service “lowprice” Photobox . Ces services proposent le partage en ligne des photos uploadées, mais sans les fioritures “social web” des services spécialisés à la sauce Flickr. L’originalité provient plutôt des variantes de tirages papiers photos et dans certains cas d’albums photos reliés.
Aux USA, Shutterfly est un service de tirage photos qui permet comme plein d’autres le stockage en ligne des photos. Et ce, gratuitement, et sans limitation de capacité ou de formats de photos. Les utlisateurs peuvent se créer des pages web personnalisées pour présenter leurs photos (Share Sites) un peu comme le fait Piczo. Le stockage gratuit est financé par les tirages papier ou autres (goodies, etc). La société côtée au Nasdaq est basée à Redwood dans la Silicon Valley, près d’Oracle. Elle a une dizaine d’années d’existence et réussit tant bien que mal à survivre aux Flickrs et équivalents !
Solutions à héberger soi-même
Le photographe professionnel ou le phototographe avec des compétences en informatique pourra souhaiter publier ses travaux sur un site dont il maitrise l’infrastructure logicielle.
Il existe pour ce faire de nombreux logiciels open source tournant en général avec PHP et MySQL. Les plus connus sont PHP Photo Gallery, Plogger, PhotoStack, CopperMine et Gallery 2, sans compter les plug-ins et extensions des systèmes de blogs comme WordPress ou les gestionnaires de contenus comme Drupal. Certains nécessitent une base de données, d’autres non. Ils se distinguent les uns des autres dans la facilité d’upload des fichiers, dans la personnalisation de la mise en page et les fonctionnalités de navigation dans les albums (liées notamment à un usage avancé de JavaScript et éventuellement d’Ajax). Un banc d’essai à part serait le bienvenu… peut-être un de ces jours !
Deux logiciels sont à signaler dans le lot :
Backup local
C’est un sujet stratégique ! Il est préférable voire indispensable de sauvegarder des photos sur un ou plusieurs supports physiques, répartis physiquement à plusieurs endroits. Que ce soit dans la famille, chez des amis, ou dans un coffre à la banque.
Il faudra aussi sauvegarder la résolution la plus élevée, et les versions RAW si possible. Dans ce cas, le Blu-ray est de rigueur, ou un chapelet de disques durs externes régulièrement renouvelés jusqu’aux générations suivantes.
Deux supports sont à privilégier :
Sans oublier des tirages papier de qualité… on ne sait jamais ! Dans le domaine de la sauvegarde, chacun invente un peu sa propre méthode. N’hésitez pas à faire part de la votre !
Le prochain épisode de cette série d’articles sera consacré aux sites de recherche d’images.
Article mis à jour le 16 septembre (sur Joomeo)
Lien du blog Opinions Libres : https://www.oezratty.net/wordpress
Lien de l'article : https://www.oezratty.net/wordpress/2008/lcosystme-des-logiciels-photo-5/
Cliquez ici pour imprimer
(cc) Olivier Ezratty - http://www.oezratty.net