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Au cœur de la prochaine Bbox de Bouygues Telecom – 2

Post de Olivier Ezratty du 26 juin 2014 - Tags : Actualités | 1 Comment

Dans cette seconde partie sur la nouvelle Bbox dont nous avons déjà décortiqué les aspects matériels, passons en revue les nouveautés concernant l’interface utilisateur et l’accès aux contenus.

L’interface utilisateur et les contenus

Il y a en France deux types d’opérateurs : ceux qui font tout leur logiciel en interne, comme Orange et Free, et ceux qui font appel à des partenaires pour les grandes briques logicielles, avec SFR, Numericable, Canal+ et Bouygues Telecom.

Ici Bouygues Telecom a fait appel à Google pour le système d’exploitation, Android (et pas encore Android TV). Puis iFeelSmart pour l’interface utilisateur qui est la partie la plus visible de la box et enfin Spideo, pour la recommandation. Au lancement, Gameloft était aussi mis en avant comme pourvoyeur d’une quinzaine jeux pour la console à son lancement, dont “Moi Moche et Méchant” et “Asphalt II”. C’est le même éditeur de jeu qui était au lancement de la Freebox Révolution en décembre 2010 !

La nouvelle Bbox boote en environ 30 secondes. Elle est généralement en mode veille et se remet en route presque instantanément. Quand elle démarre, elle se met directement en mode TV broadcast. La “home page” de la box est la chaine TV ou le contenu vidéo que l’on est en train de regarder. L’ensemble de l’expérience utilisateur est construite autour de la consommation de chaines TV et de vidéo.

Ecran Miami 6 - Une seule interface

Quatre flèches en overlay s’activent avec la télécommande pour accéder à diverses fonctions organisées en quatre parties : les chaines TV, les suggestions, les applications et les autres services dont l’accès à Internet et la configuration.

Passons tout cela en détail :

  • La navigation dans les chaines TV : on scrolle verticalement dans la liste des chaines disponibles qui mélange celles qui viennent de la TNT, de l’IPTV managée et de chaines OTT dites “non managées”. C’est géré de manière transparente pour l’utilisateur. De ce côté là, l’interface rappelle un peu celle de la Freebox Révolution. Une fois la chaine sélectionnée, on voit le programme en cours ainsi que les programmes à venir sur la chaine. Les métadonnées sur les programmes TV sont fournies par Plurimedia, une filiale de Lagardère Active.

Navigation dans les chaines

  • Un guide de programme plutôt classique et que l’on peut filtrer par genre et aussi avec une recherche de programme.

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  • Une fonction de recherche sur les chaines live et les contenus à la demande (replay, enregistrements réalisés par la box, VOD, S-VOD) avec des filtres thématiques et de la recherche par mots clés. C’est la première fois que l’on peut rechercher des contenus sur l’ensemble de l’offre de contenus proposée. Toute l’offre ? Non, pas encore car le replay de TF1 et M6, ceux de Canal+/Sat et le catalogue de CanalPlay Infinity font encore bande à part et nécessitent l’usage de leur propre application. A ceci près que les applications en question sont voisines des versions tablettes Android et n’ont donc pas nécessité de développement spécifique pour cette box. Mais l’arrivée d’une fonction de recherche sur le replay qui couvre tous les contenus de France Télévisions ainsi que de diverses chaines de la TNT comme BFM et Arte et autres créé un précédent pour “horizontaliser” l’accès à la TV en replay, une fonction clé pour les utilisateurs. La Bbox est ainsi capable de présenter et de faire de la recherche sur plus de 1600 contenus disponibles en replay. Les résistants devront céder un jour où l’autre pour cette fonctionnalité qui est clairement “user friendly” ! Il faut noter que si d’aventure Netflix faisait son apparition dans la box, son catalogue serait indexé par son moteur de recherche car Netflix favorise cette pratique là où il est diffusé !

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  • Une fonction de recommandation qui fonctionne également en mode multi-sources, y compris sur les contenus de replay TV qui sont accessibles par la recherche. Elle affiche des “Vous aimerez…” basés sur l’historique de consommation, les contenus TV enregistrés, toutes les actions délibérées et contrôlables par l’utilisateur. Elle propose des envies par thèmes et par similarités avec des contenus donnés comme ceux que l’on vient de voir. L’ensemble de ces fonctionnalités est paramétrable de manière très fine dans la configuration de la box. Une fois le contenu trouvé, on peut directement le consommer ou l’acheter s’il est payant (VOD).

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Recommandation

  • L’accès aux contenus non-linéaires est assez classique au premier abord avec de la VOD (la boutique VOD de TF1 Vidéo), de la S-VOD (Canal Play Infinity, via leur application) et de la TV de rattrapage. Il n’est pas impossible que cela intègre au lancement l’application de Netflix. Comme ce dernier publie les métadonnées de son offre, la recherche pourra en plus peut-être se faire à partir de la recherche “horizontalisée” de la box.

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  • L’accès aux applications qui commence avec celles des chaines TV live regardées et permettant notamment l’accès aux contenus de rattrapage. C’est une sorte d’équivalence des applications HbbTV. Plus précisément, d’une simple touche, l’utilisateur a accès aux différentes applications (Android) que la chaîne TV a choisi de mettre en avant en liaison avec ses programmes. Ici, avec les exemples de France 2, M6 et TF1.

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  • Puis l’accès aux applications de Google Play comme les centaines de jeux Android supportant les écrans TV. Cela comprend aussi le navigateur Chrome et la version Android TV de YouTube qui est parfaitement adaptée à l’interface TV. Les applications des chaines sont des adaptations très rapidement réalisées de leurs versions tablettes Android. Les applications installables sont signées par Bouygues Telecom pour assurer la sécurisation de la box.

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  • Une fonction Media Center permettant  à un accès et une navigation intelligente pour les ressources du réseau et des supports de stockage attachés à la box (carte SD, disque dur). Elle s’appuie sur un middleware DLNA développé par AWOX. Belle particularité : elle présente les métadonnées de tous les contenus vidéo, quelle que soit leur origine. C’est-à-dire, les jaquettes des films et leur descriptif. Elle permet aussi de naviguer de manière assez agréable dans ses photos ainsi que dans sa musique, que l’on peut chercher et trier par genre, elle aussi alimentée par des métadonnées riches. Cette fonction de Media Center rappelle celle de Popcorn Hour que l’on trouve dans des boitiers Media Center d’équipementiers réseaux comme Netgear ou D-Link. Mais l’utilisateur est aussi libre d’installer son propre logiciel Media Center dans les applications Android de la box tels que les solutions open source style XBMC ou freemium comme Plex.

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  • Un zapping très rapide pour passer d’une application en cours comme un jeu aux contenus vidéos et à la TV live et réciproquement en un quart de tour. C’est une première.
  • La Bbox joue aussi le rôle d’une clé Chromecast pour Youtube et les autres applications supportant Chromecast côté smartphone, tablette PC et Mac. Mais Canal Play Infinity n’est pas encore supporté. En clair, cela permet d’envoyer à sa box et donc à sa TV des vidéos que l’on choisit d’abord sur son smartphone, sa tablette et même un PC ou un Mac.
  • L’interface propose des outils de configuration développés par iFeelSmart qui sont plus accessibles et simples à utiliser que ceux d’Android, qui sont visibles dans les applications.
  • Des outils de diagnostic de pannes réseaux qui existent déjà ailleurs mais semblent très bien présentés et didactiques, illustrés avec des visuels pour vérifier par exemple les branchements sur la box. Cette application a été développée par Bouygues Telecom sous Android. Ces informations sont aussi exploitables à distance par le service client de Bouygues Telecom pour dépanner les clients. Il s’appuie sur le protocole standard TR69 de remontée d’alertes aux opérateurs.

Dans tous les cas de figure, la navigation dans les contenus proposés est très fluide avec des vignettes toujours visibles pour les contenus. Elles sont chargées à la volée avec des vignettes standards par type de contenu qui sont présentées si le débit réseau ne permet par d’avoir en temps réel les vignettes nécessaires. Autre particularité de l’interface, une fonction “back” intelligente pour revenir en arrière dans sa navigation avec la touche “Retour” de la télécommande. Les textes mériteraient juste d’être un peu mieux travaillés car la justification sur des colonnes étroites génères des blancs dans le texte assez peu télégéniques.

L’interface utilisateur a été testée auprès de nombreux utilisateurs non technophiles. Cela a aboutit à une plus grande “verbalisation” de l’interface avec des labels textuels plus explicites indiquant où l’on se trouve dans l’interface qui peut sembler un peu complexe de prime abord. C’est probablement l’un des principaux reproches qui lui seront faits.

Sous le capot, l’interface de la Bbox d’origine iFeelSmart a été développée en natif sous Open GL. Cela explique la très grande souplesse de l’interface par rapport à des solutions construites autour d’HTML 5 qui est certes standard mais beaucoup plus lourd à l’exécution.

Le support mobile passe pour l’instant par le biais d’un appariement entre la box et son smartphone et un petit logiciel de télécommande virtuelle. Le lien se fait avec le protocole Anymote de Google et l’usage d’un QRCode. On peut lancer Chrome avec son mobile et naviguer dedans.

Telecommande

Tout ceci est bien beau mais il y a évidemment encore quelques lacunes qui seront progressivement comblées avec le temps. Pour l’instant, l’absence de fonctions sociales dans l’interface TV. Idem pour les fonctions de domotique. Il n’y a pas encore de support de vidéo 4K, même en OTT du fait de l’absence de décodeur HEVC dans le chipset Marvell. Une version de l’interface iFeelSmart de la Bbox devrait être aussi proposée un jour sur tablette et smartphone. Enfin, on ne peut pas encore partager les contenus enregistrés sur la Bbox sur son réseau et avec ses mobiles.

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Dans la troisième partie, vous découvrirez comment ce projet a été lancé, un point sur les annonces de Google à Google I/O côté Android TV,  et en saurez un peu plus sur les startups impliquées dans le projet et notamment iFeelSmart et Spideo.

RRR

 
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