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CEATEC 2013 : les à côté

Post de Olivier Ezratty du 10 octobre 2013 - Tags : Composants,Innovation,Loisirs numériques,Mobilité,Technologie,TV et vidéo | No Comments

Cette dernière partie de mon compte-rendu de ma troisième visite au CEATEC sera consacrée à mes visites à Tokyo hors du cadre du CEATEC.

La première partie était consacrée au salon en général, au marketing des exposants et à la mobilité. La seconde à la 4K, à la TV connectée et aux interfaces utilisateurs. La troisième aux composants et la quatrième à la santé, à l’habitat, à l’énergie et aux transports.

Musées des sciences

Première étape : les musées des sciences et techniques, pour voir comment la passion pour ces dernières pouvait être transmise, notamment aux jeunes générations.

Situé en centre-ville près du Palais Impérial, le Tokyo Science Museum fait penser au Palais de la Découverte avec, sur cinq niveaux, de quoi occuper les enfants avec de nombreuses expériences. On a la même démonstration autour de l’air liquide qu’au Palais de la Découverte. Dans l’ensemble, la pédagogie est similaire à celle du Palais de la Découverte de Paris mais le musée est mieux équipé et en meilleur état. Tout est fait pour donner envie de s’orienter vers les métiers scientifiques. Les visiteurs sont essentiellement des groupes d’écoliers ou des parents avec leurs enfants.

Tokyo Science Museum (15)Tokyo Science Museum (24)Tokyo Science Museum (50)

Le musée est particulièrement bien fourni en effets visuels comme ci-dessous avec des lampes à arc reproduisant le phénomène des aurores boréales (si j’ai bien compris car il n’y avait pas d’explications en anglais).

Tokyo Science Museum (91)

Le second musée des sciences est le National Museum of Emerging Science and Innovation (Miraikan), situé dans l’ile artificielle d’Odaiba. Le bâtiment est récent et d’allure futuriste. L’intérieur fait penser à un analogue de la Cité des Sciences de la Villette à Paris. On y trouve plus d’objets contemporains : un gros moteur de fusée, un bathyscaphe, etc. L’approche est moins expérimentale que dans le premier musée.  Le clou visuel est un énorme globe terrestre de plus de six mètres de diamètre inauguré en 2012. Ce Geo Cosmos construit par Mitsubishi est constitué de 10362 écrans OLED totalisant 10 millions de pixels. Y sont présentées différentes explications de la vie sur terre (images satellite, cartographies, etc). Situé dans un énorme hall, le globe flotte en l’air et quelques spectateurs peuvent être allongés en bas sur des sofas pour admirer le spectacle. C’est un très bon outil pédagogique.

Odaiba Miraikan Science Museum (45)

Aux débuts du parcours autour du globe sont affichés sur des présentoirs un trombinoscope des centaines d’hommes et de femmes qui sont allés dans l’espace, classés par année. Et nombreux sont ceux qui y ont apposé leur autographe. Sympa comme symbolique !

Odaiba Miraikan Science Museum (36)

Quelques différences notables avec nos équivalents français sur ces deux musées :

  • Les thèmes abordés le sont un peu plus en profondeur avec plus d’explications sur les murs.
  • Il y a pas mal de robots en tout genre, ce qui n’est pas surprenant. Dont cette hôtesse d’accueil avec qui les enfants dialoguent.

Tokyo Science Museum (50)

  • Il y a un peu plus de gamification des zones avec des jeux vidéo. Les enfants ont l’air d’apprécier !

Tokyo Science Museum (52)

  • La question environnementale est abondamment couverte, notamment au niveau des énergies renouvelables, surtout le solaire photovoltaïque.
  • Les désastres naturels font aussi l’objet d’une attention particulière. On trouve dans le premier musée un simulateur de tremblement de terre qui va permettre aux enfants de dédramatiser cette expérience inéluctable pour la plupart des japonais. Mais les typhons et autres tsunamis sont aussi décrits et surtout la manière dont l’homme s’en défend.

Tokyo Science Museum (36)

Tokyo Science Museum (35)

  • La présence des marques industrielles japonaises est forte. Leur sponsoring est bien visible. Nissan, Hitachi, Cyberdyne, etc.
  • Il y a aussi un esthétisme visuel assez recherché dans certains zones.

Tokyo Science Museum (69)Tokyo Science Museum (86)

Tokyo Science Museum (90)Tokyo Science Museum (89)

Tokyo Science Museum (13)Tokyo Science Museum (15)

Autres musées

Pas loin du musée précédent se trouve le Maritime Museum, un musée de la marine installé dans un imposant bâtiment en forme de paquebot. Il est malheureusement fermé pour rénovation. Seule une petite annexe est ouverte à l’extérieur pour donner un aperçu du contenu de ce musée.

Odaiba Maritime Museum (7)

En attendant, on peut visiter un navire d’exploration à quai, le Soya. Il a été construit en 1938 au Japon pour l’Union Soviétique, et jamais livré du fait du conflit entre le Japon et l’URSS. Il a ensuite servi comme navire de transport de munitions pendant la seconde guerre mondiale, puis aux explorations de l’Antarctique.

Odaiba Maritime Museum (2)

Par loin et à côté du centre commercial Diver City se trouve un Gundam géant de 18 mètres de haut. C’est un robot “mecha” issu d’une série TV culte japonaise. Sa construction est très réaliste ! Il parait que c’est un truc mythique pour les fans de robots japonais. Je ne connaissais que les Power Rangers et les Transformers !

Odaiba Gundam (8)Odaiba Gundam (2)Odaiba Gundam (5)

Dans cette même ile d’Odaiba se trouve un énorme showroom Toyota en cours de rénovation. Il est accompagné d’un petit musée automobile mis en scène comme dans un hôtel de Las Vegas.

Odaiba Toyota Automobile Museum (3)

J’ai aussi fait un tour au Musée Métropolitain de la Photo de Tokyo qui est structuré en trois expositions temporaires, l’une sur la beauté (de l’eau, de la terre, du feu, des arbres, …), l’autre sur les animaux et la troisième sur la vie au Japon. Je m’attendais à une esthétique particulière et ai été finalement plutôt déçu par ce que j’ai vu, sauf peut-être avec les animaux. Les photos y étaient interdites, ce qui n’est pas surprenant.

Invité par les organisateurs du CEATEC, j’ai fait une journée de visites avec d’autres médias étrangers, dont pas mal d’américains. Le parcours comprenait la visite du musée EDO qui couvre la période historique du même nom de l’histoire du Japon, soit les deux derniers siècles. Le bâtiment est très original. C’est un énorme parallélépipède monté sur quatre pattes. L’intérieur est un énorme hall avec une mezzanine. On y trouve notamment un temple reconstitué. Le musée est très bien fait. Au passage, il n’utilise pas d’artifices numériques dans son approche muséale. Par contre, on y trouve plein de cartes, de chronologies, d’arbres généalogiques de Shoguns et de maquettes. Cela fait penser à du DataViz avant l’heure !

Tokyo Edo Museum (4)Tokyo Edo Museum (20)

Tokyo Edo Museum (13)Tokyo Edo Museum (12)

Au passage, je suis toujours surpris de l’incohérence architecturale d’une grande ville comme Tokyo. Cela ne colle pas avec le côté soigné de la culture japonaise, leur sens de l’ordre, du détail et du raffinement. Une discussion avec un américain qui a vécu cinq ans à Tokyo m’a fourni une explication qui s’applique probablement à pas mal d’autres villes : ce bazar est lié à la corruption des collectivités locales pour l’obtention de permis de construire ! Elle a été très intense dans les années de reconstruction de l’après-guerre. On retrouve cette incohérence dans plein d’autres villes telles que Séoul ou Shanghai. En Asie, Beijing semble être une exception à ce phénomène tout du moins en centre ville. Mais je n’ai pas assez parcouru le continent pour en faire une généralité.

Tokyo view from Tokyo Tower (7)

Showrooms de Panasonic et DoCoMo

S’en est suivie la visite des showrooms de DoCoMo et Panasonic. Les démonstrations présentées par DoCoMo ne sont plus ébouriffantes comme elles pouvaient l’être quand le Japon était très en avance sur l’Europe et les USA côté mobilité. Au menu :

  • Une vidéo qui présente la mobilité du futur et qui s’appuie sur l’usage d’un agent intelligent exploité avec des lunettes qui imitent le concept des Google Glass. C’est une sorte de mascotte dans le mobile qui répond aux questions. Dans le scénario, elle retrouve l’identité d’une personne rencontrée dans un déjeuner. Le déjeuner met en scène deux japonais et deux français obséquieux.

DoCoMo showroom (10)

  • Un espace de travail collaboratif en 3D avec un espace à plat éclairé en 3D par projecteur vidéo et un écran face à soi. Le scénario ? La conception collaborative d’un kimono sur mesure. C’est adapté au folklore local mais à la fin, cela fait cher le TCO du kimono ! Si cela ne tenait qu’à moi, j’éliminerai la 3D, je remplacerai la projection sur la table par un grand écran plat tactile multi-touch (qui couterait moins cher) et j’intègrerai un scénario de manipulation de notes et documents interagissant avec l’interlocuteur en face. C’est aussi ce que devrait devenir la Téléprésence de Cisco !

DoCoMo showroom (41)

  • Un système de traduction vocal tournant en standalone sur smartphone. Je l’ai testé du français au japonais. Comment vérifier que cela fonctionne bien ? Le système retraduit dans l’autre sens ce qu’il a traduit in the first place. Et l’on peut constater que c’est approximatif, comme toutes les techniques de traitement automatique du langage.

DoCoMo showroom (22)

  • Une tablette pilotable du regard, dite ibeam, qui intégrait le capteur infrarouge du suédois Tobii qui est un peu la référence du secteur de l’eye tracking. Petit détail gênant : le calibrage est tellement long que l’on se dit que le tactile est finalement plus simple, tant que l’on peut utiliser ses mains et ses doigts.

DoCoMo showroom (31)

La particularité de ces démonstrations est qu’elles n’intègrent quasiment rien dans l’Internet fixe et rien sur la TV. La raison est que DoCoMo n’est qu’un opérateur mobile, sans offre fixe. C’est une autre branche de NTT qui gère l’infrastructure d’accès à Internet, infrastructure au-dessus de laquelle des ISP proposent des services type triple-play comme chez nous.

Chez Panasonic que j’avais visité en février 2009 à l’occasion du voyage officiel de Nathalie Kosciusko-Morizet en Corée du Sud et au Japon (que j’avais accompagné comme “bloggeur”), la mise à jour n’était pas évidente à saisir, à part les écrans 2K qui sont passés au 4K. L’écran géant plasma de 155 pouces n’est toujours pas fabriqué en volume. J’ai déjà décrit une partie de la visite dans un article précédent sur le CEATEC 2013 concernant la Smart Home. Comme les photos sont interdites, il n’est pas évident de se constituer des souvenirs de la visite à part l’habituelle photo de groupe à la sortie ! Ce n’est pas très malin d’un point de vue de la communication. Mais on se garde bien de le leur dire pour ne pas les vexer !

Panasonic Showroom (4)

Et voilà. Hop hop dans un A380 d’Air France et le retour à la vie presque normale en France ! Prochain grand salon pour moi, le CES de Las Vegas en janvier 2014.

Air France A380 (9)

RRR

 
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