Il y a quelques semaines, on pouvait lire beaucoup de choses sur le fonctionnement de l’Elysée depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la Présidence. Et on pouvait voir notamment des photos du Président au travail dans son bureau. Celle-ci, ci-dessous, provenant de L’Express, m’a intrigué. On y voir quelque chose qui pourrait ressembler à un écran d’ordinateur portable ouvert. Or, le candidat lui-même avait indiqué
En fait, en zoomant, on se rend compte qu’il s’agit d’une sorte de sous-main en position verticale. Je ne sais pas trop à quoi il peut servir, mais ce n’est sûrement pas un Acer Ferrari ou l’un de ces nouveaux portables au dessus en cuir. Peut-être une photo de Cécilia et de ses enfants?
Bref, malgré cette apparence trompeuse et pas forcément voulue, le président n’utilise pas encore d’ordinateur. Ses conseillers n’ont pas encore trouvé le moyen de l’appâter. Vers 1997, son prédécesseur Chirac s’était mis au PC par le biais d’une de ses passions: le sumo. Son PC installé dans son bureau à l’Elysée lui permettait de consulter les résultats de matches de sumo se jouant au Japon. Et peut-être ensuite, de suivre l’actualité des arts premiers, qui ont donné lieu à la création du Musée du Quai Branly. Qu’est-ce qui attirera Sarkozy?
La question est symbolique car elle fait écho au rôle des TIC dans le gouvernement. Si on descend en dessous de la présidence, on avait déjà vu que notre nouveau Premier Ministre
- En France, il nous faut aussi compter sur les nombreuses administrations indépendantes comme la CNIL, l’ARCEP ou le CSA qui ont tous leur mot à dire dans la convergence numérique.
Ce premier aperçu des cabinets donne un arrière-goût un peu désagréable. Contrairement à ce qui avait pu se pratiquer dans les cabinets de l’ère Jospin et même après sous Raffarin et Villepin, il n’y a pas beaucoup de conseillers techniques qui ont une expérience de l’industrie. Ce sont, à l’exception de Caroline Pons-Hollande, plutôt des hauts-fonctionnaires très classiques issus des grandes écoles et d’administrations centrales. Ils sont certes assez jeunes, dans la trentaine, mais quelle expérience terrain ont-ils? De plus, les moyens de coordination et de gouvernance des TIC au Ministère de la Recherche ne sont pas bien clairs. Il n’y a pas encore de stratégie bien lisible au niveau de l’accompagnement de l’innovation.
Mais a-t-on un benchmark? Quels sont les pays qui ont créé un poste au rang de Ministre ou de Secrétaire d’Etat dédié aux TIC? Souvent, ce sont les pays en voie de développement (en Côte d’Ivoire, en Ouganda, en Thailande) où les TIC sont considérées à la fois comme une facilité essentielle pour le développement économique, mais aussi comme un outil à surveiller, comme du temps où nous avions en France un “Ministère de l’Information”! Chez nos voisins allemands, c’est le Ministère de l’Economie qui a en charge les “technologies” sans plus de précisions. Les anglais ont un “Secretary of State for Innovation, Universities and Skills”, créé à l’occasion de l’arrivée de Gordon Brown au 10 Downing Street, et équivalent au nom près de notre Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur mais avec une responsabilité sur la formation continue des adultes. Chez les Danois, on trouve un Ministère des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation”, aux attributions voisines, couvrant l’enseignement supérieur, la recherche, les télécoms, les TIC et l’innovation. Probablement la meilleure intégration qui soit pour orienter le pays vers la modernité. Comme quoi les scandinaves là aussi sont une référence!
Faut-il pour autant attendre que l’Etat fasse la pluie et le beau temps dans les TICs? Pas à ce point, mais il peut impulser le marché et l’innovation (cf à la fin de ce post). Il peut structurer l’organisation de la concurrence dans les télécoms et les médias pour favoriser l’émergence d’innovations, comme dans la télévision numérique. Il peut continuer à promouvoir l’équipement en PC et en ADSL, notamment dans les zones défavorisées et dans les régions, tout comme dans les PME, notamment par le biais des innovations de l’administration électronique (télédéclarations…). Il peut aussi et surtout restructurer le beans du système des aides à l’innovation qui est à la fois bien trop fragmenté, complexe, et encore trop favorable aux grands groupes. Enfin, il faut pousser pour que le MIT Européen soit lancé en France.
Bref, il y a du pain sur la planche.
On attend le boulanger… ou la boulangère Valérie.
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Intéressante revue, qui montre qu’il n’y a pas encore de politique volontariste en TIC, au même titre que pour l’environnement, alors que c’est presque aussi important… Mais laissons se mettre en place les équipes, nous jugerons sur pièces.
Bonjour,
Alors candidat à la Présidence, Nicolas SARKOZY avait déclaré dans une longue interview au Journal du Net: ” Je confierai à un membre du gouvernement la mission de prospective, de pilotage et de coordination de la politique de l’internet et du numérique “. C’est toujours possible et souhaitable, et il est encore trop tôt pour juger de la suite.
http://www.journaldunet.com/diaporama/070420-net-nicolas-sarkozy-france-ere-numerique/3.shtml
Bien cordialement
BN-EPI
http://www.epi.asso.fr
9 juillet 2007
je vous ai eu au tel via Frederic Lau.
je vais tester un ministère important sur le sujet des TIC
je vous raconterai si vous me donnez vos coordonnées
NP
Cette rapide revue montre bien les différentes missions d’un gouvernement au regard des TIC. On peut les synthétiser en trois axes:
– Développer l’administration électronique très logiquement associé à la réforme de l’état puisque la dématérialisation devrait modifier fondamentalement les processus et l’organisation de nos administrations;
– Définir la politique industrielle, dors et déjà regroupé au MINEFI
– faciliter l’accès au TIC et à ses usages (équité sociale)qui est effectivement répartie principalement à la culture et à l’éducation (ce qui n’est pas choquant).
Dès lors, je ne vois absolument aucun intérêt à créer un ministère commun qui serait écartelé sur des missions totalement différentes; Pour toutes ces missions, le problème n’est ni la volonté ni la vision, le gouvernement Francais est particulèrement prolixe sur ces deux points. Le problème vient de l’exécution et notamment de la capacité à constituer des équipes compétentes, solides, qui travaillent dans le temps sur ces sujets.
Il convient donc de ne pas faire l’erreur d’isoler les TIC, mais au contraire que chaque Ministre, chaque directeur, chaque fonctionnaire investissent pleinement les TIC comme d’un outil incontournable pour trouver de nouvelles solutions;
C’est une très bonne segmentation! Qui montre effectivement qu’une concentration des moyens “TIC” n’est pas nécessaire au sein d’un unique ministère. Mais cette vision d’ensemble mérite à elle-même une certaine coordination car il y a des liens. Liens entre l’administration électronique et la politique industrielle (par exemple, dans le cas des logiciels libres). La politique industrielle nécessite un croisement des efforts entre le Minefi et le Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur. Notamment, afin de simplifier les aides à l’innovation (certe pas spécifiques aux TIC). Sans compter le saucissonnage introduit par la régionalisation qui voit se démultiplier les organisations parfois redondantes d’aides aux startups.
Tout à fait d’accord!
il ya un besoin et des manques de coordination, l’abscence de stratégie économique formalisée et partagée sur les logiciels libres est malheureusement un bon exemple.
La simplification des aides à l’innovation est effectivement une priorité. Le départ de Jean-Pierre Denis, de la présidence d’OSEO est peut-être le premier signe que ca va bouger de ce coté (la cour des comptes avait fait un rapport assez sévère sur la gestion de l’organisme)…
Je me permets de vous faire part de l’existence des initiatives du programme Adèle ( Administration Electronique) et en particulier de l’initiative Développements informatiques que j’ai eu en charge jusqu’en mai 2007, et qui a pour objet de définir une stratégie interministérielle sur les développements informatiques. Le premier plan d’actions de cette initiative a été finalisé en avril 2007 et présenté aux DSI des ministères le 29 juin 2007: les développements en seront donnés sur le site synergies.
Le programme ADELE était en effet riche et a bien avancé en 3 ans. Mais par rapport à mon propos, il ne couvre qu’une partie du sujet, à savoir plutôt l’administration électronique. Je m’intéresse plus particulièrement à la “politique industrielle”, si l’on peut considérer qu’il est encore du ressort de l’Etat d’en avoir une dans ce domaine.
Et alors… où est l’intérêt de la chose?
quel est le sujet et où se trouve l’innovation?
cordialement votre
Laura Garcia, si votre remarque concerne le post, le point est que le nouveau président a raté l’occasion de marquer symboliquement un attachement pour l’innovation et les TIC. A la fois par son comportement personnel réfractaire à l’ordinateur personnel (et certes, pas au mobile) et pas l’absence des TIC dans les attributions des Ministères et d’un rôle de coordination sur le sujet. On est loin d’Al Gore, et d’ailleurs, il n’y a pas d’Al Gore dans toute l’Europe.
Mais j’ai entendu dire qu’un secrétaire d’Etat ou Ministre Délégué serait bientôt nommé pour être en charge des TIC. Cela pourrait éventuellement changer la donne, même si ce n’est que symboliquement, une fois encore. Cette fois-ci dans le bon sens.
Ah et au passage, dans les photos du bureau de Sarkozy dans l’autre sens parues cet été dans la presse (notamment dans Marianne), on découvre que le truc en cuir est un porte documents vertical rempli de courriers divers…
Que pensez-vous de cette photo parlante de Segolenne?
http://laura-garcia-vitoria.blogspot.com/search?q=Respuestas+a+mi+amigo+Luis%2C+artista+operativo+
Cette photo n’est pas porteuse d’un sens particulier.
Cela peut être Ségolène Royal en train de dicter un texte à une secrétaire. Donc, du banal… et du traditionnel.
Ségolène répond aux bloggeurs! disait le Monde
http://laura-garcia-vitoria.blogspot.com/search?q=segolene